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CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT)

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can K. II. Gifford, dans l’introduction à sa traduction anglaise des Catéchèses, p. xxxii. Dans l’ordre acluel, la communication du Saint-Esprit est inséparable de la ision des péchés ; Cyrille le savait et l’admettait, puisqu’il affirme expressément l’action et la présence du Saint-Esprit dans les âmes justes de l’Ancien Testament, xvi, 3 ; xvii, 18, col. 920, 989. La différencc, assignée par lui dans ce dernier texte, c’est que rnaintenant la grâce est donnée avec surabondance, dans sa plénitude, ûirepgo>.i-/.w ;, a-J-roTeÀûç. Voici quel serait, d’après l’ensemble de la doctrine cyrillicnne et le contexte immédiat, le sens du passage discuté : Il ne faut pas borner les effets du baptême ebrétien à la rémission des péchés et à la grâce de l’adoption (qui l’accompagne), ce serait l’assimiler au baptême de Jean qui n’allait pas plus loin ; le nôtre confère, en outre, tout ce qu’il tient de la passion du Christ dont il réalise en nous la figure et les fruits, c’est-à-dire la parfaite régénération des enfants d’adoption, tt)v àÀEuBepîou Tïjç uloOîo-îa ; àva-|, évvï)<ïiv, i, 2, col. 372, une grâce surabondante, au dedans l’empreinte du Saint-Esprit par le caractère baptismal, au dehors le titre officiel d’enfants de Dieu avec le droit d’entrer immédiatement au ciel, si nous mourons en cet état. Ce qui appartient en propre au sacrement de confirmation, on le verra plus loin.

c) Mode d’efficacité. — Les Catéchèses contiennent deux affirmations dont la synthèse constitue une doctrine qui n’est nullement en contradiction, mais au contraire en pleine conformité avec l’enseignement de l’Église romaine. L’efficacité propre du rite sacramentel apparaît d’abord dans un relief saisissant : grâce à l’invocation du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l’eau acquiert une vertu sanctificatrice, 8uvajj.iv àytrir/iToç s7nv.TâTai, iii, 3, col. 429 ; l’onde salutaire devient ainsi, suivant une autre expression de Cyrille, la mère du baptisé, xx, 4, col. 1080. Paroles si expressives, que les partisans de la causalité physique des sacrements n’ont pas manqué d’invoquer l’auteur des Catéchèses en faveur de leur opinion ; les protestants eux-mêmes ont senti la difficulté et n’y ont répondu qu’en dénaturant la doctrine catholique : Haud raro verba occurruntmagicumquemdam effectuai baplismotribuenlia, quasi ex opère operato per immersionem homo regeneraretur. Neque vero hujusmodi sententia Cyrillojure potest imputari, cum gravissime moneat Cat., au/, n. 35-30, ne quis sine fxde ad lavacrum accédât. Plitt, p. 143. Mais, depuis quand la causalité ex opère operalo exclut-elle la nécessité de la foi dans le sujet du sacrement, quand il s’agit des adultes ? C’est le contraire que la vraie doctrine catholique exige, non pour que le baptême soit valide, mais pour qu’il soit fructueux. Concile de Trente, sess. VI, can. 6. Et telle est la seconde affirmation que nous trouvons dans saint Cyrille en termes équivalents ; car il suppose que ses auditeurs peuvent s’approcher du sacrement de baptême de deux manières différentes, avec foi et dans une intention pure, ou au contraire sans foi, ou du moins avec des dispositions imparfaites. Dans le premier cas, ils seront baptisés et illuminés par l’Esprit ; dans le second, il en sera d’eux comme de Simon le Magicien, « qui fut baptisé, mais non pas illuminé. .. L’eau les recevra dans son sein, mais l’Esprit ne les adoptera pas… Ils seront baptisés par les hommes, mais non par l’Esprit. » Proc, 2, 4 ; Cat., XVII, 36, col. 335, 342, 1010. Voilà pourquoi le saint docteur consacre sa procatéchèse à dissuader ses auditeurs devenir à la piscine sacrée poussés par des motifs pervers ou même futiles.

d) Nécessité du baptême. — Saint Cyrille connaît deux baptêmes, figurés par l’eau et le sang qui jaillirent du côté transpercé du Sauveur, xiii, 21, col. 797. Hors le cas du martyre ou baptême du sang, le baptême de

l’eau est nécessaire au salut, iii, 4, 10, col. 432, 140, Cette nécessité est proclamée on ces deux endroits d’une façon si absolue, qu’on s’est demandé si l’auteur des Catéchèses n’excluait pas la possibilité d’une justification quelconque en dehors du baptême d’eau et du baptême sanglant. En réalité, il ne parle jamais du baptême de désir, mais ce serait exagérer sa doctrine que de lui donner une signification aussi rigoriste. La néci absolue du baptême considéré comme moyen de salut, nécessitas medii, entraîne, pour quiconque peut le recevoir, un devoir corrélatif de se soumettre à cette obligation, nécessitas prsecepti. Parlant à des adultes catéchumènes, l’orateur ne fait qu’énoncer ce grave devoir, quand il dit, n. 4 : « Auriez-vous pratiqué toute sorte de bonnes œuvres, si vous ne recevez pas le sceau baptismal, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » S’ensuit-il que la justification ne puisse pas avoir lieu avant ou sans le baptême d’eau ? Le contraire est évident par la suite du’passage, où Cyrille invoque l’exemple du centurion Corneille. C’était un homme juste, vrai croyant, possédant le Saint-Esprit et favorisé de dons extraordinaires ; cependant il dut recevoir le baptême du Christ. Pourquoi ? « Pour que, l’âme étant régénérée par la foi, le corps eût aussi part à la gi par le moyen de l’eau. » Ainsi, avant la réception du sacrement, l’âme de Corneille était déjà régénérée, et cela en vertu de sa foi, foi vive assurément et renfermant au moins implicitement le vœu du baptême. Ainsi encore, le bon larron fut justifié sur la croix, grâce à son seul désir de faire le bien, xiii, 31, col. 810. Ajoutons la doctrine générale du docteur palestinien sur le grand amour de Dieu pour les hommes, amour qui lui a fait multiplier « les portes d’entrée de la vie éternelle » , c’est-à-dire les moyens de salut, xviii, 31, col. 1052. Dom Touttée, diss. III, n. 64 sq., col. 236.

e) Auteur, sujet et ministre du baptême. — Comme toutes les œuvres de sanctification, la régénération du chrétien et tous les autres effets du baptême sont attribués par Cyrille au Saint-Esprit ; mais l’auteur ou l’instituteur du baptême est Jésus-Christ. On lit, il est vrai, dans un passage des Catéchèses que saint Jean fut le premier auteur de ce rite, Tonxvvï)ç yàp r, v àpyr, -o ;. m, 6, col. 433 ; mais il s’agit alors manifestement du baptême considéré dans son élément extérieur et purement matériel, l’eau appliquée par manière d’ablution symbolique. Car la vertu propre du baptême chrétien, administré sous l’invocation de la sainte Trinité, vient de Jésus-Christ seul, de celui qui baptise dans le Saint-Esprit et qui a voulu recevoir le baptême même de Jean pour conférer à l’eau régénératrice ses merveilleuses prérogatives. Ibid., n. 9, 11, col. 439, 442.

Saint Cyrille ne considère jamais le sujet du sacrement de baptême dans toute son extension ; mais il suppose évidemment l’aptitude de tout être humain à recevoir ce sacrement, quand il proclame l’universalité de l’appel divin à la grâce baptismale : ’O pèv yàp vju-s : o ; xàXeâ TiavTaç â7t>û> ;, iii, 2 ; XVII, 35, col. 428, 1009. Le silence qu’il garde sur le baptême des enfants s’explique par l’objet même de ses instructions, la préparation spéciale des adultes qui avaient donné leurs noms pour entrer dans l’Église. Quels rites accompagnaient ou plutôt précédaient alors à Jérusalem la réception du sacrement par ces adultes, les deux premières catéchèses mystagogiques nous l’apprennent en détail. D’abord, dans l’atrium du baptistère, deux actes importants : l’un de renoncement à Satan, que le candidat faisait tourné vers l’Occident ; l’autre d’attachement à Jésus-Christ, qu’il faisait tourné vers l’Orient, en disant : Je crois au l’ère, ei au Fils, et au Saint-Esprit, et en un baptême de pénitence, xix, 2 sq., col. 1068. Entré dans le baptistère, l’élu se dépouillait de ses vêtements, puis recevait l’onction de l’huile préalablement exorcisée ; enfin, après une nouvelle profession de foi aux trois personnes,