Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/646

Cette page n’a pas encore été corrigée
2559
2560
CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT


de détails : d’abord, dans la catéchèse iv, où la doctrine catholique sur le corps humain est accompagnée d’un certain nombre d’applications ou conséquences pratiques ; puis dans la première mystagogique où commentant la formule d’abjuration baptismale : c Je renonce à Satan, à toutes ses œuvres, à toutes ses pompes et à tout son culte, » il énumère toute une série d’actions qu’il faut éviter. En somme, légitimité et sainteté du mariage, même en secondes noces ; usage licite des aliments, en particulier de la viande et du vin, pour la réfection du corps et dans les limites d’une juste tempérance ; simplicité dans l’habillement, iv, 2429, col. 486 sq. ; fuite de toute impureté, de toute pratique diabolique ou superstitieuse, des viandes offertes aux faux dieux, des vaines observances, des spectacles et autres divertissements païens, des lieux de débauche, IV, 37 ; xix, 4-8, col. 501, 1069 sq. Tous les principes ou préceptes de ce genre disséminés dans les discours de saint Cyrille ont été recueillis et groupés par A. Knappitsch.

Aux règles de vie morale il faut joindre eniin ce que l’auteur des Catéchèses nous apprend des pratiques en usage dans l'Église de son temps, pratiques d’autant plus utiles à constater que la plupart concernent des points débattus entre catholiques et protestants. Il y est fait mention de la continence, comme d’une condition nécessaire au bon exercice du ministère sacerdotal : Et -|'àp ô tû Ty)<to - j xa/.wç tEpotTE’Jwv à7t£/ETai Yuvaixô ;, xii, 25, col. 757 ; de l’ordre des ascètes et des vierges, x'ôv |xovas<5vTtov xa’t xtîiv 7tap8=va)v xây[j.a, qui mènent dans le monde une vie angélique, IV, 24, col. 't85 ; de l’excellence de l'état de virginité, et de sa supériorité comparativement à l'état du mariage, IV, 25 ; xin, 34 ; xv, 23 ; xvi, 19, col. 488, 768, 901, 944 ; du mérite d’une vie pénitente, comprenant même l’abstention du vin et des aliments gras, quand elle est entreprise par l’espérance de la récompense céleste, IV, 27, col. 489 ; de l’efficacité des exorcismes, xx, 3, col. 1080, et du signe de la croix, iv, 14 ; xiii, 22, 36, col. 472, 800, 816 ; de la vénération rendue au bois de la croix à Jérusalem et dans tout l’univers, iv. 10 ; xiii, 4, col. 469, 776 ; de la puissance miraculeuse que Dieu accorde souvent aux reliques des saints, XVII, 30 ; xviii, 16, col. 1004, 1037 ; du recours à l’intercession des bienheureux et des prières pour les fidèles défunts, xxiii, 9, col. 1116 ; sans compter tous les rites sacramentaux dont il sera maintenant question.

11° Sacrements. — Il ne faut pas chercher dans les catéchèses cyrilliennes une doctrine complète sur la matière sacramentaire, puisque leur auteur se proposait uniquement dans la première série, ad illuminandos, de préparer ses auditeurs à la réception du baptême, et dans la seconde, ad recens baplizatos, de leur donner une explication sommaire des sacrements qu’ils avaient reçus. Mais par rapport à ces trois sacrements, la valeur des catéchèses mystagogiques est inappréciable, à cause des renseignements nombreux et précis qu’elles fournissent sur ces rites et leur signification symbolique. En outre, plusieurs des catéchèses ad illuminandos contiennent des détails complémentaires sur les effets du baptême et la manière dont se faisait à Jérusalem la préparation des adultes à leur entrée solennelle dans l'Église. On remarque une étroite affinité entre la méthode suivie par saint Cyrille dans l’instruction et l’initiation des catéchumènes, et les directions relatives au même objet qu’on lit dans les Constitutions apostoliques, 1. VII, c. xxxix sq., P. G., 1. i, col. 1037.

1. Préparation des adultes au baptême.

a) Le calâchuménal. — Les Catéchèses supposent une vraie distinction entre les simples catéchumènes et ceux qui, ayant été inscrits pour recevoir le baptême, formaient la classe des cpcoxt !  ; 6 ; j.svoi, illuminandi, considérés déjà

par l’Eglise comme ses enfants, et auxquels l’orateur donne, vraisemblablement par anticipation, le nom de fidèles. Proc, i, 12. 13 ; Cm., v. l ; vi, 29, col. 340. 505, 590. C’est de ces derniers seulement que s’occupe saint Cyrille, et par conséquent de la dernière période du catéchuménat, qui s’identifiait avec la préparation prochaine à la réception du baptême. Cetlepréparation commençait avec le carême et se continuait jusqu'à Pâques, durant ainsi quarante jours. Proc, 4, col. 341. Elle comprenait deux parties simultanées : l’une intellectuelle et catéchétique, consistant dans l’enseignement de la doctrine que les nouveaux chrétiens seraient appelés à professer ; l’autre morale ou ascétique, consistant dans des exercices d’ordre pratique. La nécessité de dispositions suffisantes, de la part des adultes, pour recevoir le baptême d’une manière fructueuse, et la proportion qui existe de fait, dans l’ordre actuel, entre la perfection des dispositions subjectives et celles du fruit recueilli, justifient l’importance que saint Cyrille attribue à cette préparation morale dans la procatéchèse et la catéchèse suivante. Il instruit ses auditeurs de la dignité et des obligations du nouvel état où ils vont entrer ; il leur démontre la nécessité de s’y disposer de leur mieux ; il leur recommande l’assistance aux catéchèses, une foi sincère et des intentions pures, le recours à la prière, la pratique des vertus et des œuvres de pénitence, en particulier la soumission docile aux exorcismes et aux insufflations, que les catéchumènes, à Jérusalem, recevaient la face voilée, pour éviter les distractions. Proc, 9, col. 350. Pour plus de détails sur cette matière, voir Catéchuménat, t. ii, col. 1968 ; A. Th. Kluck, Der Kalechumenat nach dem hl. Cyrilt von Jérusalem, dans Der Katltolik, de Mayence, 1878, t. il, p. 132 sq. ; L.-L. Rochat, Le catéchuménat au IVe siècle d’après les Catéchèses de saint Cyrille à Jérusalem, Genève, 1875.

b) L’icoao'/.oy^rj'. ; des catéchumènes. — On lit parmi les recommandations du docteur palestinien : « C’est maintenant le temps de la confession, Êfjou.oXoY'*)aeuç. Confessez, iioy.o ; >yr i >Tx. :, tous les péchés que vous avez commis en paroles ou en actions, de jour ou de nuit, >< I, 5, col. 376. S’agit-il d’un simple aveu intérieur de toutes ses fautes, accompagné d’exercices publics de pénitence, ou d’une accusation extérieure, orale et spécifique ? Dom Touttée s’arrête à la seconde alternative, ibid., note 1, en s’appuyant surtout sur ce que, dans la catéchèse suivante, II, 12, col. 400, l’orateur propose en exemple le saint roi David : El [3ao-i/sùç o’jtwç ÈEcojioÀoYsîto, etc. Sentiment partagé par d’autres auteurs, comme Grancolas, p. 33, note 5, et J. Mayer, GescJiic/tle des Katechumenats und der Kalechese in den ersten sechs Jaltrhunderten, Kempten, 1868, p. 133 sq. Mais la preuve n’est pas décisive ; car rÈ|a>[j.o).oyEîxo du second passage, pris surtout dans le contexte, n’est pas plus net que 1' èloi.ol6yr l (sa : du premier, dans le sens d’une accusation orale et spécifique ; bien plus, dans le numéro de la seconde catéchèse qui suit immédiatement, saint Cyrille semble identifier l'ÈEoixoÀoyv-.it ; et la uEtavoia. Kluck, loc. cit., p. 113 ; Marquardt, p. 12. En tout cas, le texte en question est absolument étranger à la confession sacramentelle des baptisés ; il ne prouve ni pour ni contre, suivant la juste remarque de KlueU, ibid., contre Gérard von Zezschwitz, System der cliristUch-kirchlichen Katechelïk, Leipzig. 1863, t. i. Der Katechumenal, p. 461 sq.

c) La discipline de l’arcane. — Que cette discipline ait existé à Jérusalem au temps des catéchèses cyrilliennes, elles-mêmes en sont une preuve irrécusable. On ne doit rien dire à ceux du dehors, pas même aux catéchumènes, de ce qui aura été dit dans les instructions préparatoires au baptême, et cela sous peine d'être considéré comme un traître, tin ;  ! cpo8rf-ï)( xataxpivetai. Proc, 12 ; Cat., vi, 29, col. 353, 589. On ne doit pas coin-