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CYRILLE D’ALEXANDRIE (SAINT

faire emprisonner ces deux évêques. À partir de ce moment, le concile cessa d’avoir ses réunions ; malgré les persécutions de ses adversaires, il en avait tenu sept. Cyrille resta étroitement gardé pendant près de trois mois, jusqu’au milieu d’octobre. Il profita de ces loisirs forcés, pour composer une Explication des anathématismes. P. G., t. lxxvi, col. 293-312. C’était la troisième fois qu’il justifiait cet écrit ; il l’avait défendu déjà contre André de Samosate et les Orientaux, ibid., col. 315-388, et contre Théodoret de Cyr. Ibid., col. 389-452. Enfin l’empereur résolut d’appeler auprès de lui, à Chalcédoine, une députation des deux partis ; et les orthodoxes parvinrent à lui faire voir de quel côté était le bon droit. La déposition de Nestorius fut officiellement reconnue ; on lui donna pour successeur un prêtre de Constantinople, nommé Maximien ; et la dissolution du concile fut prononcée. Cyrille fut mis en liberté et put rentrer vers la fin d’octobre à Alexandrie. C’est de là qu’il répondit aux lettres de communion du nouveau patriarche de Constantinople, P. G., t. Lxxvii, col. 148 sq., et qu’il envoya à Théodose un Mémoire justificatif pour expliquer sa conduite avant et pendant le concile. P. G., t. lxxvi, col. 453-488.

4o Le différend avec les Orientaux et les dernières années de Cyrille, 431-444. — Les Orientaux avaient eux aussi repris le chemin de leur pays ; mais ils restaient opposés à toute entente avec Cyrille ; dans deux conciliabules, tenus l’un à Tarse, l’autre à Antioche, ils décidèrent de ne communiquer avec lui qu’après la condamnation de ses anathématismes. Cependant l’empereur, voyant les dommages causés à la foi des fidèles par ces divisions des évêques, fit savoir aux deux partis qu’il voulait sans retard la réconciliation. Les Orientaux, par crainte de la disgrâce impériale, consentirent à envoyer à Cyrille des propositions de paix. « Le symbole de Nicée, écriaient-ils, contient toute la doctrine évangélique et apostolique et n’a besoin d’aucune addition. La lettre d’Athanase à Épictète en donne une explication claire et complète. Tout ce qui a été récemment ajouté en fait de lettres ou de chapitres, doit être retranché comme superflu… » Si le patriarche d’Alexandrie acceptait ces conditions, toute cause de mésintelligence disparaissait. Mansi, t. v, col. 829 ; P. G., t. LXXVII, col. 157 sq., 161 sq. Mais Cyrille ne pouvait accepter : au lieu d’approuver nettement, comme il eût fallu, la déposition de Nestorius, on osait réclamer l’abandon des anathématismes ! Il répondit qu’il était prêt à pardonner toutes les injures dont il avait été l’objet à Éphèse, qu’il repoussait de toute l’énergie de son âme l’arianisme et l’apollinarisme, qu’il reconnaissait la valeur du symbole de Nicée et de la lettre à Épictète ; mais il ne pouvait pas sacrifier ses anathématismes, car ce serait sacrifier la doctrine orthodoxe, condamner le concile d’Éphèse et justifier Nestorius. Que les Orientaux acceptent la déposition de l’hérétique, et toute la dispute sera terminée ; les Églises pourront retrouver la paix dans le Christ. P. G., t. lxxvii. col. 157 sq.

À ce moment, la division se mit dans le camp des Orientaux. Les uns, comme Alexandre d’Hiérapolis, Maxime d’Anazarbe, Helladius de Tarse, se déclarèrent obstinément opposés à toute relation avec « l’Égyptien » jusqu’à ce qu’il eût condamné tout ce qu’il avait fait et écrit contre Nestorius. D’autres, avec André de Samosate et Théodoret de Cyr, commençaient à regarder la doctrine de Cyrille comme orthodoxe (ils semblaient croire qu’il avait rétracté ses anathématismes) ; mais ils refusaient de souscrire à la déposition de Nestorius. Enfin la majorité, à la suite de Jean d’Antioche et d’Acace de Bérée, formait le parti de la paix immédiate. Ceux-ci, pour arriver plus vite à une entente, envoyèrent à Alexandrie un des leurs, l’évêque Paul d’Émèse ; il devait remettre à Cyrille en leur nom une profession de foi qui prouverait leur orthodoxie. Abstraction faite du début et de la phrase finale, cette profession de foi n’était autre que le symbole présenté l’année précédente à l’empereur par les députés orientaux à Chalcédoine. P. G., t. lxxxiv, col. 609. Malgré certaines incorrections de terminologie, P. G., t. lxxvii, col. 197, 225, ce symbole parut acceptable à Cyrille, ibid., col. 172, 176 ; et la réconciliation allait être faite, lorsque Paul présenta une lettre de Jean d’Antioche qui remit tout en question. On y remerciait Cyrille d’avoir bien voulu par ses explications améliorer les anathématismes ; on prenait acte de la promesse faite par lui de les éclaircir encore davantage ; on était heureux surtout qu’il se fût contenté du symbole de Nicée et de la lettre d’Athanase à Épictète. Il n’y avait pas un mot sur la condamnation de Nestorius. Or c’était la première condition exigée par Cyrille. Paul d’Émèse s’offrit à l’accepter et à la signer au nom de tous les Orientaux. Mais par prudence, le patriarche d’Alexandrie répondit qu’il lui fallait la signature de Jean d’Antioche lui-même. En attendant, Paul rédigea pour son propre compte un acte par lequel il reconnaissait Maximien comme évêque de Constantinople à la place de l’hérétique déposé ; et il fut admis aussitôt à la communion (décembre 432). Puis il repartit pour Antioche avec le document, préparé à l’avance par Cyrille, que le patriarche Jean devait signer. Quelques mois plus tard (433), il était de nouveau à Alexandrie ; cette fois la réponse de Jean était satisfaisante : à part quelques modifications insignifiantes, dont il s’excusait humblement, il souscrivait au formulaire de Cyrille. P. G., t. lxxvii, col. 165 sq., 173 ; cf. P. G., t. lxxxiv, col. 826. La paix était rendue à l’Église : le schisme ne comptait plus qu’une petite minorité, Cyrille laisse éclater son allégresse dans sa réponse au patriarche d’Antioche : Εὐφραινέσθωσαν οἱ οὐρανοὶ καὶ ἀγλλιάσθω ἡ γἢ, (la lettre de Jean d’Antioche, P. G., t. lxvxii, col. 172 sq., et la réponse de Cyrille, col. 176 sq., contiennent le symbole d’union dont il a été question tout à l’heure ; nous l’étudierons, col. 2511 sq., au point de vue de la doctrine). Et il s’empresse d’annoncer la bonne nouvelle au pape Sixte III, P. G., t. LXXVII, col. 278 sq., à Maximien de Constantinople, col. 254 sq., à Rufus de Thessalonique, col. 222 sq., à Donatus de Nicopolis, col. 250 sq.

Cependant les préoccupations de Cyrille n’étaient pas encore à leur terme. Ceux des Orientaux restés insoumis n’étaient pas bien nombreux, mais ils étaient très remuants et ils continuaient à accuser d’apollinarisme les anathématismes. Les plus avancés du parti alexandrin, persuadés que leur patriarche, en acceptant le symbole d’union, avait fait des concessions défendues, l’accusaient d’avoir trahi la foi orthodoxe. Cf. S. Isidore de Péluse, Epist., l. I, epist. cccxxiv, P. G. t. lxxviii, col. 369. Sa correspondance, pendant les années qui vont suivre, n’a plus qu’un but ; c’est de justifier la paix et de montrer l’orthodoxie du symbole d’union. Telles sont les lettres d’Acace de Mélitène, P. G., t. lxxvii, col. 182, 202, à Succensus de Diocésarée, col. 227, à Valérien d’Iconium, col. 255, au prêtre Eusèbe, col. 287 ; elles sont, on le comprend, de toute première importance au point de vue dogmatique. À tous ces correspondants, il répète qu’il n’a rien sacrifié de ses anathématismes, que les Orientaux, malgré certaines expressions moins correctes, sont parfaitement orthodoxes et qu’ils ont souscrit à la déposition de Nestorius.

C’est pendant cette période que, pour se défendre de favoriser le dualisme antiochien et pour mieux affirmer sa doctrine de l’union physique du Verbe avec l’humanité, il emploie et explique à plusieurs reprises la formule célèbre μία φύσις τοῦ Θεοῦ Λόγου σεσαρκωμένη.

De leur côté l’empereur et Jean d’Antioche travaillaient à la soumission des récalcitrants. Théodose avait recours aux mesures de rigueur : il fallait choisir entre