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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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Epheskago XIII viêka, neizdannæ doselie proizvedenie.Mi^cou, 1893 ; A. Spaskij, dai le Viz. Vremennik, t.x, p. 679-683 ; AV. Norden, Dos Papsltum und Byzanz, Berlin, 1903, p. 215223 ; A. Heisenberg, Analecta. Mitteilungen ans italienisehen Handschriften byzantinischer Chronographen, Munich, 1901, p. 19-31) ; E. Martini et D. Bassi, Un codice di h’icolo Mesarita, Naples, 1003 ; J. Pargoire, Nicolas Mésaritès, métropolite d’Éphese, dans les Échos d’Orient, Paris, 1904, p. 219-226.

L’entente cordiale avait échoué, la violence n’avait donné que de médiocres résultais, car, à ce moment même, les Grecs écrivaient au pape : Per violentiam nemo noslrum capi potes/, Cotelier, op. cit., t. III, p. 516 ; il ne restait plus qu’à convoquer un concile général, où les deux partis seraient également représentés et les points en discussion examinés sans aucune contrainte. C’est à cette idée que s’arrêtèrent en 121 4 les Grecs de l’empire latin, d’accord en cela avec leurs coreligionnaires de Nicée, et c’est elle qu’ils soumirent au pape en lui demandant de reconnaître leur patriarche pour le titulaire légitime de Constantinople. Innocent III refusa d’écouter pareille proposition, tant lui paraissait monstrueuse l’idée d’avoir deux évêques assis sur le même siège et parés du même titre, et au concile général de Latran (1215), qui se tint sans les Grecs et un peu contre eux, il s’exprima là-dessus sans ambages.

Le projet d’unir les deux Églises que le pape avait poursuivi, mais en vain, Lascaris le reprit pour son propre compte, vers la fin de son règne. Au mois de juillet 1220, il invitait les quatre patriarches d’Orient à se réunir à Nicée, afin d’envoyer une ambassade au pape et d’arriver à une entente entre les deux Églises. Son patriarche, Manuel I er, écrivait en même temps au mélropolite de Naupacte, Jean Apocauque, qui était la lumière de l’Église d’Épire, décembre 1228. Celui-ci se contenta tout d’abord de l’adresser à son souverain, Théodore l’Ange, despote d’Épire depuis la mort de son frère en 1216, puis il attaqua son projet en termes violents, déclarant bien haut qu’aucun accord n’était possible avec les Latins et que le seul moyen de salut c’était de les expulser de l’Orient. Au fond, si Jean Apocauque se montrait si revêche, s’il menaçait même le patriarche de Nicée de rompre, lui et son Église, toute communion avec lui, c’est parce que Théodore Lascaris venait d’épouser, 1219, la fille de l’empereur latin, Pierre de Courtenay, et que l’alliance politique et religieuse des Grecs de Nicée avec Rome et les croisés de Constantinople devait nécessairement tourner au préjudice des Grecs du despotat d’Épire. On ne sait pourtant si les négociations de Lascaris étaient sérieuses et si elles furent seulement ouvertes. Viz. Vremennik, 1896, t. iii, p. 248-299. Ce que la politique avait imposé à Lascaris vers 1220, la politique le conseillait encore une douzaine d’années plus tard à son gendre et successeur, Jean Vatatzès, que les Grecs ont mis sur les autels. Cette fois-ci, le danger menaçait l’empire de Nicée. Le despote d’Epire et roi de Thessalonique, Manuel, s’était réconcilié avec Rome, ainsi que l’atteste une lettre du pape Grégoire IX, du 1 er avril 1232 : Sacrosanctam romanam Ecclesiam, matreni tuam, humiïiter recognoscis et ex quicquid es et guidquid habes, juxta nostrse beneplacitam voluntatis dévolus exponis. Regesta, édit. Auvray, Paris, n. 486. De ce chef, tous les Grecs occidentaux risquaient d’être entraînés dans l’orbite de Rome et dans la politique franque. Par ailleurs, Jean de Rrienne avait été nommé, janvier 1231, tuteur du jeune empereur Baudouin II, et sa réputation mondiale de bravoure inspirait de justes inquiétudes à Vatatzès. Pour faire face à ce double danger, il manifesta aussitôt l’intention de rétablir l’union avec l’Église latine. Son patriarche, Germain IL qui était entré dans ses vues, utilisa le passage à Nicée de cinq franciscains, qui retournaient en Occident, et il leur remit une lettre pour le pape, dans laquelle il faisait les premières ou vertures, Mansi, Concil., t. xxiii, col. 48-56 ; il y avait également une lettre pour les cardinaux et une autre pour le patriarche latin de Byzance. IVmélracopoulos, op. cit., p. 40 sq. Germain II aurait pu se montrer plus aimable. D’après lui, en effet, divisio nostrx wiilatis processit a lyrannide vestrx i-j, /, , , ionii et exactionum romanse Ecclesise… temperet vos modestia, et licet innata paulisper sedetur romana avaritia… terrera

  • tantum’minantes po&sessionibus, iindecumquc

potestis abradere, aurum et argentum covqregalis, etc. Il y parlait aussi des remontrances que Paul avait jadis adressées à Céphas, ce qui contenait une insinuation peu délicate à l’adresse du souverain pontife. Commencées sur ce ton, les relations ne pouvaient que ranimer les vieilles polémiques. De fait, Grégoire IX répondit en termes assez amers, bien que plus respectueux dans l’ensemble, 26 juillet 1232, puis, dans une seconde missive du 18 mai 1233, il annonçait l’envoi de ses délégués, deux dominicains et deux franciscains. Mansi, t. xxiii, col. 56-66. Les nonces du pape arrivèrent à Nicée au mois de janvier 1234 et furent reçus d’une manière très amicale. Une fois les présentations faites, les colloques commencèrent, soit dans le palais impérial, soit dans la demeure du patriarche. Il y en eu sept, dont six portèrent exclusivement sur le Filioque, sans qu’on pût arriver à un terrain d’entente. Dans le septième on devait examiner les divergences qui concernaient le sacrement de l’eucharistie, mais, à la suite de difficultés avec Germain II, les quatre légats revinrent à Constantinople. Sur les instances de Jean de Bricnne et d’autres personnages, ils se décidèrent à reprendre les pourparlers, en se rendant à Nyrnphaion, près de Smyrne, où se tint un vrai synode, après les fêtes de Pâques, 1234. Là encore, la discussion provoqua des réparties très violentes de part et d’autre et les deux camps finirent par se traiter mutuellement d’hérétiques. Un compromis proposé par l’empereur fut repoussé et les séances rompues, après qu’on se fût lancé l’anathème. Ce projet d’union n’avait donc servi qu’à attiser les haines et à aigrir les rapports entre les deux Églises. Mansi, t. xxiii, col. 279-320 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, Paris, 1872, t. viii, p. 287294 ; W. Norden, op. cit., p. 318-357.

Le 21 mai 1237, Grégoire IX adressait une lettre à Vatatzès, Norden, op. cit., p. 751, dans laquelle il le sommait de revenir à l’union et de contracter alliance avec Jean de Brienne, sous peine de voir se tourner contre lui la grande croisade que l’on réunissait alors pour délivrer la Terre-Sainte. Bêla, roi de Hongrie, reçut même l’ordre formel de prendre les armes contre lui, ainsi que contre le tsar des Bulgares, Assen II, allié de Vatatzès, « le perfide qui n’avait pas voulu faire partie des brebis de Pierre. » La croisade partit effectivement et infligea aux Grecs des pertes sensibles, ce qui indisposa souverainement le basileus contre le saint-siège. En 1245, au concile général de Lyon, c’est encore la même politique qui prévaut, et Innocent IV déclare qu’une de ses grandes douleurs c’est l’éloignement des Grecs de la chaire romaine ; la croisade est donc prêchée contre les Byzantins, les alliés des Hohenstaufen dans l’Italie méridionale. Puis, brusquement, un revirement complet s’opère dans la politique pontificale. « Sentant quel puissant intérêt il y avait pour la papauté à rompre l’alliance entre Frédéric II et les Grecs, séduit par la gloire aussi de réaliser l’union des Églises, comprenant enfin l’inutilité des efforts tentés pour soutenir à tout prix l’empire latin épuisé, Innocent IV oriente vers des chemins nouveaux la politique pontificale. » Ch. Diehl. Études byzantines, Paris, 1905, p. 190. Une première mission, ayant à sa tète Jean de Parme, le général des franciscains, part pour Nicée en 1219. Elle ne réussit pas à détourner Vatatzès de l’alliance avec les Hohenstaufen, ainsi que