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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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Les négociations, du reste, n’aboutirent pas, bien que le cardinal se fût montré particulièrement conciliant sur la question des azymes et sur tout ce qui touchait aux rites et aux usages ecclésiastiques. A Constantinople, dans la conférence du 30 août 1206, tenue en présence du podestà Alarino, tous les arguments de Thomas Morosini, le patriarche latin, se brisèrent contre les répliques de Nicolas Mésaritès, le métropolite d’Éphèse, et du diacre Jean Kontothéodorou ; de même, les insistances de Benoit ne purent avoir raison de l’obstination des moines grecs, dans les conférences de septembre et d’octobre 1206. Si le prince David Comnène d’Iléraclée faisait sa soumission religieuse en 1206, c’est qu’il était alors le vassal de l’empereur Henri, et son catholicisme dura autant que sa vassalité. Si, en 1209, Michel d’Épire s’engageait à traiter avec Rome, sa conduite s’inspirait des mêmes motifs et, dès l’année suivante, une fois qu’il se fut affranchi de toute sujétion, il se montra l’ennemi irréconciliable des Latins.

L’hostilité et l’opposition systématique des Byzantins se comprennent en quelque manière. Outre qu’il leur était souverainement déplaisant de voir des étrangers installés chez eux et leur commander, le système de hiérarchie religieuse qu’on voulait leur imposer n’était pas fait pour les gagner. En Syrie, en Palestine, surtout à Chypre, on avait établi des patriarches ou des archevêques latins, prêts à jurer au pape le serinent d’allégeance, comme on le pratiquait en Occident, et qui devaient par suite y entraîner les Grecs. Qu’ils fussent prêtres, higoumènes, évêques ou métropolites, les Grecs étaient contraints, d’un coté, de promettre obéissance à leur supérieur latin, de l’autre, au souverain pontife ; ils avaient en plus l’obligation d’introduire et de mentionner les noms du pape et des patriarches latins dans les diptyques et à l’occasion des cérémonies liturgiques. En somme, voici ce qu’on requérait d’eux, d’après une pièce du 14 septembre 1222 qui concerne l’île de Chypre : Obedientes erunt omnibus in spiritualibus archiepiscopo et episcopo latiuis ac ecclesiis suis secundum quod in regno hierosolymilano greci sacerdotes et lévite bene obediunt et ohediverunt latinis episropis ab en temporc, quo latini tatn clerici </uam laid ibidem dominium liabuerunt. Vf. Norden, op. cit., p. 189, note 2. Dés lors, il d’j avait plus parité entre les deux rites, dont l’un était complètement sacrifié à l’autre. Aussi, n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que les prélats grecs aient préféré l’exil à une pareille soumission. Michel Acominatos’enfuit d’Athènes, ainsi que Manuel de Thèbes, l’archevêque de Crète, d’autres encore. Il faut toutefois reconnaître que, en dépit des idées absolues qui prévalaient alors et des actes d’insubordination qu’on lui signalait de toute part, le pape no pressa pas trop l’exécution de ces mesun s rigoureuses. Si un ecclésiastique grec refusait le serinent exigé, on devait lui adresser trois sommations successives. Au cas de refus, à moins qu’il n’eût déjà fait appel au pape, il était frappé de suspense, puis d’excommunication. La déposition n’était prononque dans une nécessité extrême ; encore la voie i tait-elle au délinquant pour obtenir une

prompte réhabilitation.

La politique habile et conciliante d’Innocent III et do son légat ne tarda pas à porti r ses fruits. L’évéque de Nègrepont, Théodore, celui de Ithodosto, l< du couvent des lbèr< - > l’Athos, une partie du clergé de Thessalonique liront leur soumission. D’autres iminl peu à peu leur exemple, mais eu petit nombre ; la ma i fidèle & la cause de l’orthodoxie, tja’i Ile

confondait volontiers avec la cause nationale. Ainsi en fut-il depri tr< du de de

Patras, des higoumènes grecs de Corinthe, de l’évoqua de Zan de 1 lu bi mes,

.ibbés et prêtres de la métropole de Larissa, surtout du

clergé de Constantinople qui se montra obstinément rebelle. Ils étaient révoltés par l’absolutisme des papes qu’ils ne comprenaient guère, et ils attribuaient volontiers à ceux-ci le pouvoir d’agir contre les canons, les saintes Écritures, bref contre toute la doctrine antérieure de l’Église : Sacros eanones divinasque Script liras tantumnon neque agnoscunt, quod pro canonibus et legis abrogatione habeant id quod jubetur a papa, qui hodie vivit ; connu vero, qui ab hac vita excesserunt, décréta, sive apostoli sive patres siut, quasi cuni ipsis mortua reputant. Cotelier, Ecclesiee grsecee nionumenta, t. iii, n. 4, p. 495. Joignez à cela que les crimes et les abominations, dont les croisés se rendirent coupables lors de la prise de la ville, étaient en quelque sorte couverts par le silence de l’Eglise romaine, et vous comprendrez la répulsion instinctive que les Grecs éprouvaient pour tout ce qui leur rappelait l’Occident. Du reste, à cette opposition de leurs sujets indigènes, les conquérants latins trouvaient leur compte. Ils entendaient régner sur les Grecs aussi bien que sur les Latins, et toute immixtion du pape ou de ses représentants dans les affaires religieuses de leurs sujets leur paraissait abusive. Aussi la reine de Thessalonique, une demi-grecque, favorisait-elle les révoltés, et tout membre du clergé grec, qui refusait obéissance au pape et se voyait, de ce chef, poursuivi par le clergé latin, était sûr de trouver dans l’empereur Henri (12051216) un ferme soutien.

Innocent III, qui ne s’était pas consolé de l’échec du cardinal Benoit, exhortait dès 1208 l’empereur Henri à ramener les Grecs sous l’obéissance papale ; il songeait même à députer en Orient un légat muni de pleins pouvoirs. Ce plan ne fut réalisé qu’en 1213, lorsque le cardinal Pelage d’Albano se rendit à Constantinople ; il était accompagné d’un interprète, Nicolas d’Otrante, qui avait déjà suivi le cardinal Benoit. Pelage semble s’être montré assez dur pour les moines et les prêtres grecs de la capitale, qui refusaient de reconnaître le pape. La prison, la fermeture des églises et des monastères furent les peines ordinaires qu’il fit inlliger aux opposants. Il en usa même dans de telles proportions qu’Henri I er craignit un mécontentement général et ordonna l’élargissement de tous les prisonniers. Ce sucsès fut obtenu par une habile combinaison, qui lui permit de satisfaire à la fois le légat et les orthodoxes. On enjoignit à tous les Grecs d’acclamer le pape dans leurs églises, mais à l’issue de la messe, ce qui enlevait à ces laudes tout caractère religieux. La mission de Pelage ne se bornait pas aux Grecs qui habitait al l’empire latin, il lui fallait aussi entamer des négociations avec les Grecs de l’empire de Nicée. Dans ce but, il « ’changea ses vues avec Nicolas Mésaritès, le d< de Nicée, sur la situation politique des deux empires et sur l’union des deux Eglises. Tel fut l’objet d’une première conférence, tenue à Constantinople entre le 15 et le 21 novembre 1213. l’ne seconde roula sur les azymes, le 22 novembre. Trois jours plus tard, Mi les i t deux envoyés latins prenaient le chemin de Nicée. « Avertis en cours de route que l’empereur L.isearis se trouvait en Paphlagonie, les se mirent

à sa poursuite et l’atteignirent à Héraclès de Pont, la fin du même mois. Là, sans retard, Orientaux et Occidentaux discuteront éloqiiemniont sur la primauté du pape et la procession du Saint-Esprit, mais sans autre résultat que d’obtenir les uns et les autres force éloges do l’habile Lascaris Api oratoires,

tandis que les eurs latins regagnaient I

stantinople, Mé rendit à Nicée et remil au pa lore une lettre des < Iccidenlaui 1 d’Orient, 1901, t. vii, p. 334, Ce fui tout ce que l’on obtint pour l

Pur i métracopouloa, ’OfMt » l

Leip21g, 1872, p. 4J s’i, M Nikotgo mitropolita