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CULTE EN GENERAL


timent de notre subordination fournit ainsi la base expérimentale et indestructible de l’idée de Dieu. » Nous voici en possession de cette idée. Elle rend Dieu présent en nous : « On peut établir sans crainte cette équation : le sentiment de notre dépendance est celui de la présence mystérieuse de Dieu en nous, » p. 20. C’est en Dieu que va se résoudre l’antinomie dont la conscience a tant souffert jusque-là. « Ce n’est que d’une puissance spirituelle que ma conscience fait réellement dépendre et moi et l’univers qui dès lors pourront se concilier, parce qu’ils ont dans cet être spirituel, conçu comme esprit, un principe commun et une fin solidaire… Le cercle de ma vie mentale, qui s’ouvrait par le conflit de ces deux termes, la conscience du moi et l’expérience du monde, s’achève et se clôt par un troisième terme où s’harmonisent les deux autres : le sentiment de leur commune dépendance de Dieu, » p. 21.

Dès lors, la religion est née : « Telle est la source profonde d’où l’idée du divin jaillit irrésistiblement. Mais elle en jaillit en même temps que la religion, et par l’effet de la religion même, » p. 20. Le culte va suivre immédiatement sous la forme de la prière : « Nous pouvons maintenant dégager et définir l’essence de la religion. C’est un commerce, un rapport conscient et voulu, dans lequel l’Ame en détresse entre (en contact ?) avec la puissance mystérieuse dont elle sent qu’elle dépend et que dépend sa destinée. Ce commerce avec Dieu se réalise par la prière. La prière : voilà donc la religion en acte… La religion n’est rien si elle n’est pas l’acte vital par lequel l’esprit tout entier s’efforce de se sauver en se rattachant à son principe. Cet acte, c’est la prière, par où j’entends, non pas un vain exercice de paroles, non pas la répétition de certaines formules sacrées, mais le mouvement de l’âme se mettant en relation personnelle et en contact avec la puissance mystérieuse dont elle sent la présence, mais avant de pouvoir lui donner un nom, » p. 24.

Le fruit, le résultat du culte et de la prière, c’est la réalisation consciente de la présence de Dieu dans l’âme : toujours l’immanence et le subjectivisme : « Le Dieu que j’adore me devient à la fin un Dieu intérieur dont la présence m’enlève toute crainte et me met au dessus de toutes les menaces des choses. La réalisation

consciente de cette présence de Dieu dans une i :

voilà le véritable salut de mon être et de ma vie, » p. J(i. Il e^t donc vrai que pour subsister et ne’pas s’éteindre dans la nuit, la conscience du moi doit se doubler, à l’intérieur, de la conscience, je veux dire du sentiment, di la présence de Dieu, » p. 29.

Mais ce que nonavons vu jusqu’ici n’est qu’une lation, une religion, une prière g individuelle et subjective. Comment deviendra-t-elle objective et conii, p M universelle et sociale ? Grâce à cette parenté religieuse des’unes, cette facilité de commuiii’i entre ell< s, cette réciprocité et ces prolongements infinid’une même inspiration, qui ne peu) venir que di la pn ence en chacune du même Dieu intérieur,

i ipérience de chacune devient 1 cpi ri< die de toutes, pai uni soi te de pancosmisme ou de panthi i qui uni) dans le fond toutes les âmi entiments,

leurs prières, qui fond le surnaturel avec le naturel. L’i branlerænt donné à une âme retenti ! dans toutes mettent à vibrer et i rendie le même son, p. 56 n n’j a pas, il ne saui ail | deux révélations ni donc deux religions, ni deux cultes différentes de nature et opposées l’une i I La révélation < i uni avec des formi - difꝟ. 1 1 a

i Ile est toujours turnaturelle et nale " la foi » , i

N’I dit pour qu’il ressorte combien

ntl de dangl rs : Cette’"H

qui s’oppose i elle-même, se dédouble, devient con science idéale et conscience empirique, arrive ainsi à postuler Dieu par pur instinct de conservation et lui offre, à ce Dieu indéterminé, un hommage de dépendance afin de réaliser sa présence en elle-même et de réaliseren lui la solution de l’antinomie qui oppose le monde extérieur au moi : tout cela est la négation de la philosophie objective traditionnelle de l’Église, la suppression des bases objectives si solides de l’existence de Dieu, la mise en marche vers une estime égale de toutes les religions et vers une fusion panthéistique des âmes avec Dieu et entre elles.

Mais la doctrine a été achevée par une théorie des sacrements, où le souverain pontife voit à juste titre le principal danger de la religion moderniste.

Et d’abord, l’institution des sacrements et de tout culte par le Christ est tout de suite compromise gravement par cette affirmation de l’abbé Loisy : « On peut dire que Jésus, au cours de son ministère, n’a ni prescrit à ses apôtres ni pratiqué aucun règlement de culte extérieur qui aurait caractérisé l’Evangile comme religion. C’est que, dans l’Evangile, le christianisme n’était pas encore une religion existant par elle-même. Il ne se posait pas en face du judaïsme légal ; les rites mosaïques, pratiqués par le Sauveur et ses disciples, tenaient lieu d’autre institution et satisfaisaient au besoin qu’a toute religion de s’exprimer dans un culte. » L’Évangile et l’Église, c. v, Paris, 1902, p. 180, 181. L’eucharistie elle-même, célébrée à la fin, « signifie plutôt l’abrogation du culte ancien et l’avènement prochain du royaume que l’institution d’un nouveau culte, le regard de Jésus n’embrassant pas directement l’idée d’une religion nouvelle, d’une Kglise à fonder, mais toujours l’idée du royaume des cieux à réaliser, » p. 182.

Le culte catholique ne fut donc pas institué directement par le Sauveur : il naquit dans l’Église, sous l’empire de la nécessité et des circonstances. « Ce fut l’Église qui vint au monde et qui se constitua de plus en plus, par la force des choses, en dehors du judaïsme. Par là, le christianisme devint une religion distincte, indépendante et complète ; comme religion, il eut besoin d’un culte ei il l’eu ! tel que ses origines lui permettaient ou lui commandaient de l’avoir. Ce culte fut d’abord imité du judaïsme… La même nécessité qui présida aux origines du culte chrétien a produit son accroissement… Comme l’Église n’atteignit pas du premier coup son développement normal, qu’elle n’a pas cesse de poursuivre, son culte aussi s’est développé et se développe sous l’influence permanente du principe qui l’a fait naître, » p. 182, 184.

Il n eut pas que l’influence de ce principe, du i vague et que l’on ne définit pas ; il y eut aussi l’influence des circonstances : i Les institutions, les formes extérieures et traditionnelles, qui sont indispensall

i existence et a la conservation d’une religion, sont nécessairement adaptées, >i une manière ou d’une autre, au milieu où elles s’établissent ; elles résultent même jusqu’à un certain point de ce milieu, l’adaptation se faisant en vertu d’une action réciproque, parce que si la religion marque de ion influence les hommes qui ptent, les hommes ; i leur tour, peuples ou individus, donnent aussi leur empreinte i la religion qu Ils ont reçue, » p. 187, 188. i Le christianisme ne pouvait

devenir la religion des Grecs, des R ains, des Gei

m. on prendre d’eux beau coup de ch i qu’ils entrassent, pour ainsi din eux-mêmes dans le christianisme, el en Basent vrai

ment leur religion. En matière de coite, le senti nt

religieux di masses a toujours pi définitions

(loch inales de l’I ilte. Le fait est

plem cation ; il atteste la loi qui réclame un

culte appropi ié < toutes les conditions d existence et au du peuple croyant, p. 190.

Et ainsi, petit < >< lit, les i onditii