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CULTE EN GÉNÉRAL

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L’archevêque s’occupa activement, en "1868, de l’organisation du bataillon" de Saint Patrick qui, sous le commandement d’O’Reilly, prit une grande part à la défense des États pontificaux. <>' Ryrne, Lives, p. 25.

L’université catholique d’Irlande s’ouvrit à Dublin, le 1 juin 18">i, avec John-Henry Newinan pour premier recteur. Pour préparer l’œuvre, celui-ci exposa dans plusieurs discours prononcés à Dublin, en 1852, ses idées sur le rôle que devait jouer une université catholique ; ils ont été réunis en volume sous ce titre : ldea of a University. Plusieurs illustres convertis, Allies, Aubrey de Yere, Thomas Arnold, furent appelés par Newman à collaborer à son entreprise. Malheureusement, plusieurs évêques irlandais avaient, contre les personnes et les idées des convertis d’Oxford, de fortes préventions, et ne’soutenaient qu’à contre-cœur l’université dirigée par eux. Le titre épiscopal, que Cullen, d’accord avec Wisenian, avait demandé à Rome pour le recteur de Dublin, ne fut pas accordé ; les étudiants anglais, sur lesquels on avait compté, ne vinrent pas. Après quatre années de lutte, Newman se retira (1858). Privée du seul homme qui eût pu assurer son avenir, n’ayant pas le pouvoir de conférer les grades, l’université de Dublin n’a plus fait, depuis lors, que végéter. En 1866, Cullen tenta vainement de lui obtenir la reconnaissance officielle. Cf. Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre, t. ii, p. 277 sq. ; Killen, Ecclesiastical history, t. H, p. 526.

Cullen reçut la pourpre romaine au consistoire du 22 juin 1866 avec le titre de Saint-Pierre in Montorio ; ce fut le premier cardinal de race irlandaise résidant en Irlande. O’Byrne, Lives, p. 26.

Au concile du Vatican, l’archevêque de Dublin prit place dans les rangs de la majorité ; il fit partie de la congrégation pour l’examen des propositions des Pères. Collectio Lacensis, t. vii, p. 710. C’est surtout à propos du schéma De Ecclesia que son influence se fit sentir. Le 19 mai, dans la 54e congrégation, il répondit aux difficultés présentées contre l’ensemble du schéma. Le 18 juin, il proposa, dans la 73e congrégation, pour le c. iv qui devait contenir la définition de l’infaillibilité pontificale, une rédaction qui fut adoptée avec quelques modifications. Ibid., p. 1645, cf. p. 485. Aussi le 18 juillet 1870, après la définition du dogme de l’infaillibilité, il reçut une adresse signée de trente archevêques et évêques de race irlandaise, lui offrant « leurs cordiales félicitations pour avoir, avec doctrine et succès, défendu au concile les droits du’Saint-Siège et les traditions de l’Église d’Irlande sur cette matière, » lbid., col. 1517.

De retour à Dublin, Cullen fut bientôt l’objet d’une attaque, qui eut un grand retentissement dans tous les pays de langue anglaise. Un prêtre irlandais, 0’Keeffe, suspendu par lui, le traduisit pour abus de pouvoir devant la suprême cour de justice irlandaise. Le cardinal se défendit lui-même, et avec tant d’éclat, qu’il ne fut condamné qu’à un farthing d’amende (2 centimes et demi). Les détails de ce procès ont été publiés par Kirkpatrick, The O’Keeffe trial, Londres, 1874.

En 1875, Cullen et ses suffragants publièrent une lettre pastorale contre les doctrines matérialistes de ïyndall ; les journaux protestants eux-mêmes en firent l’éloge. En août 1875, le cardinal convoqua le synode national de Maynooth, qui condamna le vieux-catholicisme et le libéralisme, et renouvela les prescriptions précédentes sur l’attitude que devaient garder les prêtres dans les luttes politiques. Les évêques s’engagèrent à marcher de concert pour accepter les lois votées par le parlement anglais sur des matières religieuses, ou pour leur résister. Défense fut faite à tout prêtre, sous peine des censures, de déférer à un tribunal laïque une cause ecclésiastique. Cf. Acta et décréta synodi plenarise… habita apud Maynutiam, Dublin, 1877. p. 62, 119, 123, 128, 138.

Cullen arriva trop tard à Rome pour prendre part au conclave qui élut Léon XIII ; il put du moins rei hommage au nouveau pape ; il mourut presque aussitôt après son retour à Dublin, le 24 octobre 1878. La presse anglaise, protestante aussi bien que catholique, rendit hommage à sa doctrine et à ses vertus. Cf. Times, 25 octobre 1878. Un journal nationaliste irlandais Freemans Journal, définissait ainsi son altitude dans les polémiques qui lui avaient aliéné plusieurs de ses diocésains : « Il aima ardemment son pays ; et il l’aima à la façon d’O' Conncll. » (25 octobre 1878. i

Les Œuvres du cardinal Cullen ont été publiées à Dublin en 1883. Fïtz-Patrick, Correspondance of Daniel O’Connell dres, 1888 ; ld., Life, Urnes and correspondance o/ D’Doyl--, Dublin, 1880 ; Gavan Dutry. The learjue of North and South, Londres, 1886 ; Kervyn de Volkærsbeke, La lutte de t’Iri Lille, s. d. ; Killen, The ecclesiastical l<isiury of Ireland, Londres, 1875 ; Maziere Brady, The épiscopal succession in England, Rome, 1875 sq. ; Nemours Godré, O’Connell, Paris, 1890 ; O’Byrne, Lives of the cardinals, Londres, 1878 ; F. de Piessensé, L’Irlande et l’Angleterre, Paris, 1889 ; The Tablet, 2 novembre 1878, p. 547, 549, et supplément ; Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre, Paris, 1903, t. n : articles de Bellesheim dans le Kirchenlexikon, de Thomson Cooper dans le Dictionory of national bioyraphy.

.1. IrF. LA SeRVIERE.

    1. CULTE EN GÉNÉRAL##


1. CULTE EN GÉNÉRAL. - I. Xolion et diverses formes. II. Nécessité et précepte du culte en général. III. Culte de Dieu et de la Trinité. IV. Culte de Jésus-Christ. V. Histoire du culte. VI. Erreurs doctrinales relatives au culte.

I. Notion et diverses formes.

La vertu de religion, comme toutes les autres vertus, est une activité vivante de l’âme humaine. Sa vie se manifeste par le culte. Celui-ci appartient donc à la vertu de religion (voir ce mot) comme son activité, sa manifestation, sa vie. D’un commun accord, les théologiens, à la suite de saint Jean Damascène, Oral., iii, de imaginibus, n. 26, P. G., t. xciv, col. 1346, de Lessius, De virtutibtu moralibus, 1. II, c. xxxvi, Louvain, 1605, p. 452, de de Lugo, De incarnatione, disp. XXXIII, sect. i. Venise, 1718, p. 302 ; De justifia et jure, disp. XIV, sect. i, Venise, 1718, p. 238, avec Franzelin, De Verbo incarnato, th. xlv, Rome, 1874, p. 456, définissent le culte « une marque de soumission en reconnaissance de la supériorité et excellence de quelqu’un » , nutu submissionis ad agnitam excellenliam alterius. Franzelin, loc. cit. Reprenons les multiples éléments de cette définition ; ils nous suggéreront des considérations où s’éclairera et se précisera la notion du culte, où se distingueront ses divers aspects.

1 » Nous avons parlé de la supériorité et excellence de quelqu’un. — 1. Un être, en effet, peut manifester son excellence et sa supériorité de plusieurs façons et dans différentes sphères. Il peutêtre supérieur, éminent, par sa valeur personnelle. C’est un génie dont la science est immense, les intuitions merveilleuses et qui ouvre à l’humaine connaissance des horizons jusque-là insoupçonnés ; c’est un liéros dont le caractère et l’énergie s’imposent à l’admiration de tous et qui par la perspicacité et la puissance de son vouloir a triomphé de difficultés inouïes ; c’est plus simplement un colosse dont la constitution physique et les muscles d’acier rappellent les géants d’autrefois : valeur intellectuelle, valeur morale, force physique en imposent et s’imposent et donnent naissance à un sentiment d’admiration mêlé de déférence et de respect qui est un culte. Ces héros deviennent facilement des entraîneurs, et le lien qui soumet à leur ascendant les foules dociles est culte (culte indii’iduel). — l’n homme peut être supérieur par la fonction qu’il remplit dans la famille : c’est un père ; il a fondé un foyer, il le gouverne par cette autorité qu’il tient du contrat solennel conclu (levant Dieu avec son épouse ou du fait de la procréa-