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CROYANCE

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Si l’on tient compte des distinctions que nous avons faites, on verra que la doctrine de la croyance, tout en faisant une large part à des éléments subjectifs comme le sentiment et la volonté, dans les convictions humaines, cependant ne favorise pas le subjectivisme ou le scepticisme, et n’attaque nullement le caractère absolu de la vérité et de la certitude parfaite. Au contraire, elle le soutient en donnant seule une vraie solution à la principale difficulté des relativistes et des sceptiques, qui nous objectent un fait, la contradiction entre les hommes sur les plus importantes vérités de la philosophie et de la religion. Ce fait qui est un scandale pour plusieurs, la doctrine de la croyance lui donne une explication psychologiquement satisfaisante, en même temps qu’elle le concilie avec l’objectivité de ces vérités, avec la valeur de la raison et l’existence d’un critérium du vrai, et cela sans être obligée de traiter les trois quarts du genre humain de menteurs, ou d’aveugles volontaires qui ferment les yeux à la clarté du soleil.

V. RÔLE PROVIDENTIEL DE LA CROYANCE.

1° La

croyance et l’éducation ; la croyance et l’action ; extension de la vérité à tous. — Grâce à la croyance, l’éducation devient possible, voir col. 2380 ; les vérités les plus importantes sont accessibles à tous ; elles ne sonl pas le privilège d’une aristocratie intellectuelle ; personne n’en est exclu de ces petits et de ces humbles, dont saint Augustin disait : Turbam non intelligendi vivacitas, sed credendi simplicilas tulissimam facil. Contra epist. Fund., c. iv, P. L., t. xlii, col. 175. Ces vérités, si sublimes soient-elles, on peut les atteindre par une autre voie que les subtililés du raisonnement : non in dialectica complacuit Deo salvum facere populum suum. S. Ambroise, De jide, 1. I, c. v, P. L., t. xvi, col. 537. Et ils sont une multitude imposante, ceux dont l’esprit ne se prête pas aux opérations compliquées de la raison. « Leurs intelligences, dit Newnian. seraient surmenées par le travail logique… Peu d’hommes ont assez de vigueur intellectuelle pour coordonner, dominer et tenir ferme sous le regard une multitude de pensées différentes. Nous plaisantons sur Il s hommes d’une seule idée » ; mais beaucoup d’entre nous sont nés pour être de tels hommes, et seraient plus heureux s’ils le reconnaissaient. Pour une foule

h-, les preuves savantes ne servent qu’à rendre pins douteuse la chose dont ils étaient persuadés, et à diminuer beaucoup 1 impression qu’elle produisait. »

>nar of as sent, c. iv, p.94. Parmi ces réfræl lin

de i argumentation et de la critique, il faut compter souvent 1rs hommes d’action, si éminents d’ailleurs el si nécessaires dans le monde. Armés de la croyance simple et ferme, ils font merveille ; et l’on a souvent noie’1 l’efficacité de la croyance pour l’action, qui languiraitau contraire dans les perplexités de la recherche

nnelle et se perdrait dans ce labyrinthe. « A l’ori de toutes li - grandes actions, dil Brunetière la foi. ri si une i royance que voua trouverez…, c i

quelque chose que l’on ne tail pas, mais dont on n’est pas pour cela moins sûr, demi r, n se sent même

[ue plus assuré, puisque cniin nous connaii bien quelques martyrs de la science, el je n’ai garde (ci d’en vouloir diminuer le mérite ou la gloire ; mais combien n’j en a-t-il pas davantage de leur croyance ou de leur foi I Discourt de combat, l" série, p. 311. Gra<’la croyance, ils ne seront pas non plus bannis du patrimoine commun de vérité, ces esprits trop

iffinés « ni irop craintifs, qu’une sorte di

mble pou ni : la volonté,

venant i l’aide de la raison malade, peut la délivrai di

C’est à uni mblable inter olonté, faite autrefois dans un moment

|ue, que li Fei me doivent 1 1

h pal ible d< plus hautes vérités : c’est donc encore la croyance.

Rôle social de la croyance.

Ainsi la providence

a pourvu à ce qu’un petit trésor de vérités fondamentales communément admises pût réunir tous les hommes, et servir de base à leur société, en lui communiquant l’unité et la durée ; et seule la croyance peut amener ce résultat d’ensemble : on ne l’obtiendrait nullement, en appelant toute intelligence aux procédés de la science et du libre examen. En dépit de l’individualisme protestant, des protestants même en conviennent aujourd’hui. La critique rationnelle, de l’aveu de M. Balfour, « se trouve être une force propre surtout à diviser et à désagréger ; et si la division et la désagrégation sont souvent des préliminaires indispensables au développement social, plus indispensables encore sont les forces qui unissent et raffermissent, et sans lesquelles il n’y aurait point du tout de société à développer. » Les bases de la croyance, p. 182. « Imaginez, dit-il encore, p. 155, une communauté où tous les membres s’imposeraient délibérément la tâche de rejeter autant que possible tous les préjugés dus à l’éducation ; où chacun croirait de son devoir d’examiner au pointde vue critique les principes sur lesquels reposent toute loi positive et tout précepte de morale auxquels depuis l’enfance il était habitué à obéir ; de disséquer tous les grands devoirs qui rendent la vie sociale possible, et toutes les petites conventions qui la rendent plus facile ; enfin de peser avec une précision scrupuleuse le degré exact d’assentiment à accorder aux résultats de ces diverses opérations… une telle société, si un miracle la créait, se résoudrait assurément aussitôt en ses éléments constitutifs. » Un docteur de l’université de Berne est du même avis : « Sans l’uniformité de croyance, nulle société ne pourrait se maintenir. Car supposons une communauté où chacun entreprendrait le libre examen de tout ce qui est admis…, cette communauté serait non seulement vaincue dans le combat pour l’existence, mais elle n’arriverait même jamais à se constituer, enfermant dans son sein un principe de mort. » C. Bos, Psyr/mlogie de la croyance, p. 170.

Corollaire : on ne devrait toucher aux croyances dont vivent de fait les sociétés qu’avec une extrême réserve, surtout quand on n’en a pas d’autres à mettre à la place ; les politiciens, qui sous couleur de science et de progrès attaquent cet ordre de croyances, sont des malfaiteurs publics qui détruisent la société qu’ils gouvernent.

3° La croyance, épreuve de notre liberté. — En cette vie où avant tout nous subissons l’examen de notre valeur morale, il convient que l’usage de notre liberté soit mis à l’épreuve dans l’ordre même de la pensée, et que notre adhésion au vrai dans les questions qui intéressent notre vie morale, dépende de notre tendance générale au bien, et rentre ainsi dans la catégorie de la croyance. C’est ce qu’expriment admirablement les paroles du Christ dans saint Jean. m. I « t, 20 ; . il.

Par là se trouve résolue une difficulté « qui existe | l’étal latent dans beaucoup d’esprits » , comme l’a remarqué Gladstone avec sa grande expérience de la vie. On part de cette idée, que g la question religieuse, vu ravité, devrait nous être présentée avec la plus complète évidence ; qu’il serait indigne de la religion chrétienne et de son auteur, de supposer qu’il nous a donné une révélation sans l’accompagner des preuves les plus parfaites » . Studiet, Il partie, c. x. p. 359.

h" li le scandale, en voyant les preuves

moins brillantes qu’on les avait rêi

Mais, dil Gladstone, il ne s’agit pas de sa

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