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CROYANCE


pas suflisamment rendre compte, ils diminueraient misérablement leurs énergies pour une plus importante action. » Dublin Review, avril 1871, p. 258.

Mais alors vous fondez la vie intellectuelle sur l’erreur ? — Non ; quand l’enfant part de ce principe : « Aies parents me disent la vérité, » cette base de son éducation n’est pas une erreur, c’est une de ces propositions ordinairement vraies, vraies sauf exception, que nous appelons des « lois morales » comme celle-ci : « Les inères aiment leurs enfants. » Les exceptions, l’enfant ne les discernera pas, et il sera parfois trompé en tirant de son principe une application particulière, sans rétlécbir que ce principe comporte des exceptions et n’est pas applicable toujours. Mais enfin, étant donné l’amour naturel des parents pour leurs enfants, et le soin qu’ils ont de bien les instruire et de leur transmettre les vérités de sens commun, patrimoine du genre humain, le principe reste généralement vrai, et seul propre à fournir à l’enfant les vérités dont il a besoin.

Vous contestez donc à la raison ses droits, et comme l’école traditionnaliste vous clierchez en dehors d’elle un critérium du vrai ? — Non ; si nous admettons d’autres causes légitimes, dans la formation des croyances, « ce n’est pas parce que, dans un accès de désespoir intellectuel, nous aurons été poussés à regarder la raison comme une illusion, ou que de propos délibéré nous aurons résolu de nous soumettre désormais au courant irrationnel ou non-rationnel, mais bien parce que la raison elle-même nous assure qu’à tout prendre cette voie est encore la moins irrationnelle de celles qui s’ouvrent devant nous. » Balfour, op. cit., p. 186, Ainsi la raison philosophique elle-même approuve, d’une manière générale et indirecte, des croyances dont elle n’a pas l’initiative ni la principale direction : à peu près comme un supérieur approuve tacitement des coutumes qui se forment en dehors de son action.

Mais, en élargissant ainsi la suffisance des motifs intellectuels, en la faisant relative aux individus, vous mnaissez le caractère absolu de | a vérité et île la vraie certitude ! — Cette objection vaudrait, si nous niellions sur la même ligne les motifs intellectuels que oous déclarons suffisants seulement pour l’esprit peu développe, et ceux qui suffisent d’une manière absolue, en d’autres termes, ceux qui ont une valeur purement individuelle, <i eeua qui ont une valeur universelle, Or il n’en es) rien : aux seconds seulement reconnaissons la vérité liée d’une manière infaillible, et pour Ions b s ras ; avec les premiers il’chance d ern nr, il n’y a pas certitude infaillible et proprement dite, mais certitude par analogie, certitude

tive. comme l’entendent de

nombreux théologiens en traitant de cette crédibilité qui chez les enfants et les simples précède la foi divine. Voir Crédibilité. Des deui éléments de toute certitude, dans la conviction, perfection motil lement au vrai, cette certitude lati di que le premier. Elle se distingue pourtanl de la illégitimi. par le (ait que I eapril de l’enfanl n si pas averti de l’imperfection de notifs, et qu’il igil. ec pi udeni e, la prudi

nliellement relative aux circonstances et pa - du sujet plus qu’il ne peu) connaître. ne cei titude relative, eu tant qu’elle exclu) le doute, tranche nettement sur la simple opinion, ni probable. A vrai dire, en i plaçant au point de vue tout extérieur d’un observapai lui’m. ni., lain b i m., 1, 1- intellects luit pourraient prendra le nom di probabilil que leur effet sur 1 prit de 1 1 1 obser ateur’u pourrai) s’éli 1 m di nui d nu jugement probable ; uje) lui-même en qui n lide 1 ette certi tude relative, rien n’apparait alors comme purement probable ; pas d’opinion chancelante, mais fermeté d’adhésion. On voit dans quel cas et dans quel sens on pourrait expliquer bénignement Newman, quand il dit que la foi, même la foi divine, est fondée sur des « probabilités » . Mais cette assertion, qui sonne mal, est faussée dans sa généralité. Voir le décret Lamenlabili, prop. 25 e.

Comment une croyance formée dans l’enfance peut ensuite, par l’apport d’éléments nouveaux et de preuves meilleures, monter d’une certitude relative à une certitude infaillible et absolue ; comment un esprit développé peut raisonnablement garder la foi de son enfance avec plus de lumière, c’est une question qui se pose à propos de l’irrévocabilité de la foi divine, et que nous n’avons pas à traiter ici. Voir Foi. Qu’il suffise de noter que l’on a de nos jours attaqué avec trop de généralité et peu de justice ces « raisonnements de justification » d’une croyance : ce qui serait la condamnation en bloc de toutes les apologétiques. « Une croyance, une opinion, un préjugé nés du caractère ou de l’éducation, dit M. Ribot, La logique des sentiments, p. 113, agissent inconsciemment sur les explications et les théories qui prétendent sincèrement à l’objectivité scientifique… La forme est celle de la logique rationnelle. La structure du raisonnement est ferme, sans lacunes, irréprochable ; mais c’est un état d’âme extra-rationnel qui a l’initiative et la haute direction. Ce qui paraît démonstration n’est que justification. La logique de la raison semble maîtresse ; en réalité elle est servante… A côté de cette forme de raisonnement dont lu valeur objective est si faible, » etc. Pourquoi serait-elle toujourse si faible » ? Qu’importe l’initiative du sentiment, si les preuves trouvées sont bonnes par ailleurs’.' N’ai-je pas la critique, les méthodes, pour les examiner et les juger ? Parce qu’un argument favorise ma foi, suis-je forcé de le reconnaître comme bon ? Saint Thomas a-t-il approuvé l’argument de saint Anselme en faveur de l’existence de Dieu ? Celte condamnation a priori de tout raisonnement introduit par un sentiment n’irait à rien moins qu’à refuser à l’homme toute vérité’objective, puisqu’il ne cherche la vérité queparce qued’abord il aime à la posséder. Aussi M. Ribol se réfute-t-il lui-même dans la conclusion de son livre, p. 19 : 5 : Par hostilité contre l’esprit scientifique, on s’est plu à soutenir que la recherche et la possession de la vérité n’ont pas une valeur absolue, en alléguant cette raison qu’elles sont le résultat d’une préférence, qu’on les choisit parce que cela plaît… Ceci est simplement une preuve du rôle

primordial de la vie affective dans toutes les manifestations de l’esprit, thèse que j’ai soutenue ailleurs sans restriction et que je ne suis pas disposé à contester, Mais préférerla vérité n’est pas la constituer. Elle est

ce quelle est, indépendante de nos préférences et de

dos répudiations. > M. Ribol admet du reste (soyonslui reconnaissants) que les idées pn eoni lies et les pousiffectives ne Boni pas seulement le fait des apolo gisteS, mais aussi des philosophes. Il elle NietZSChe,

qui s’emporte contre « la tartuferie du vieux liant, nous attirant dans bs oies détournées de la dialectique qui mènent a son impératif catégorique, et contre tous le. philosophes - qui tout semblant d’avoir découvert leur opinion par le développi ment spontané d’une dialectique froide, pure, divinement insouciante. 1 Et il

ajoute qui Nietzsche « est lui-mé un très bel exemple

du défaut qu’il critique.

'’n {/an légit lotit lu motif intellectuel a

ifflsancc absolut Nous avons jusqu’ici supposé un motif intellectuel de valeur médiocre, insuffisant ] r l’universalité dei esprits au jugement de

ci u qui sont le plus a même d’en juger soit que cette insuffisance dérive de la nature du motif, soil qu’elle