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CROYANCE


qu’une opinion, toujours affaiblie par le doute. Aussi quelle différence fera le juge entre le témoin qui lui dira : « Je crois bien l’avoir vii, » et celui qui réponiIm : « Je sais bien que je l’ai vu ! » Ainsi, dans ce sens large et vulgaire, la croyance ne diffère pas essentiellement de l’opinion.

Sens précis.

Au-dessus de cette croyance au

sens large, on s’accorde à reconnaître un état d’esprit qui, à tort ou à raison, n’est plus mêlé de doute et par là diffère spécifiquement de l’opinion, et qui d’autre part reste croyance distincte de la science, malgré la fermeté de sa conviction. La croyance-opinion n’offrant aucune difficulté spéciale, c’est cette croyance-conviction que nous considérons ici ; seule elle soulève de graves problèmes pbilosopbiques, seule elle touche à la question théologique de la foi. Heureusement nous pouvons constater un certain accord des philosophes, tant anciens que modernes, quanta son concept. Deux caractères principaux distinguent d’après eux cette croyance de la science : elle repose sur une perception moins distincte de l’objet ; elle se ressent de l’influence de la volonté, du moins en prenant ce mot au sens large pour la partie affective tout entière, sentiment ou volonté libre. Le second caractère dérive du premier, le rôle de la partie affective étant précisément de suppléer, dans la production de la certitude subjective, à l’infériorité de la lumière qui vient de l’objet.

Les citations à l’appui pourraient se multiplier à l’infini ; bornons-nous à quelques exemples. Saint Thomas divise ainsi le jugement ou assentiment : « Il y a deux manières d’affirmer quelque chose. Dans la première, l’intelligence est déterminée par l’objet lui-même, connu soit immédiatement, comme dans l’intelligence des premiers principes, soit médiatement, comme dans les conclusions de la science. Dans la seconde, l’intelligence affirme, non pas en vertu d’une action sufligante de son objet propre, mais en vertu d’un choix volontaire qui l’incline ici plutôt que là ; et si l’affirmation est mêlée d’un doute, d’une crainte de se tromper, ce sera l’opinion ; s’il y a certitude sans crainte, ce si ri la croyance, /ides. » Sun), theol., II a II", q. i, a. i ; q. il, a. I. Kant n’est pas très éloigné de ces définitions. Après avoir indiqué’les raisons qu’il a d’affirmer l’existence de Dieu, il décrit ainsi son genre de certitude Je dirais beaucoup trop peu en appelant ma croyance une simple opinion ; je puis dire, même sous ce rapport théorique, que je crois fermement en un Dieu. Il il ajoute : « Le mot foi (croire) est, en pareil cas, un terme de modestie au point de vue objectif, mais cependant H est en même temps l’expression d’une ferme confiance au poinl de vue subjectif. » Critique de Un raison pure, p. 638. Hamilton dit de même en > rrint la subjectivité de la croyance : i La science et la croyance ne diffi rent pas seulement de degré, mais d’espi ce. La I une certitude fondée sur une

vue intime de l’objet iruight) ; la croyance est une cer litude fondée sur le sentiment, L’une est claire et obobscure el subjective, i Logique, t. h. p. 62 Paul i’ii. i défini ! la croyance < toute forme de i qui ne dépi ad pas exclusivement de la

on et de l examen, el qui est I œuvre commune de i.i raison, du sentiment et de la volonté… Elle est un .u.it compli v. dans lequel entrent l’instinct, l’édum, le milieu, la réflexion, la sensibilité, l’imagination, en mi mol l’homme tout entier. Principes de , ) hologie, I. i, p. 11. Ainsi la doit partir d’un acte Initial de l’intelligence

l’influence

de la ITective elle aboutit à on nouvel acte de

lin plus fer que le premier. Si Douane

tenion pa compti d< ce dernier ton |ui la spécifie,

si pour nou la croyance D’étal I qu’un acte d’amour l> i uppo ml l’appréhension d’un objet, -i elle ne

s’achevait pas dans une certitude de l’esprit, ce ne serait plus en définitive qu’un acte purement affectif, contre le sens plus intellectuel que tout le monde attache au mot croire ; et même le problème de la croyance serait arbitrairement supprimé, et trop aisément remplacé par le plus simple des phénomènes. Aussi, quand Ollé-Laprune et avec lui M. Blondel, Léon Ollé-Laprune, p. 32, donnent cette définition : « Croire, c’est vivifier les raisons intrinsèques démontrables et démonstratives par l’adhésion de tout l’être, c’est joindre le complément cordial, volontaire et pratique à l’assentiment raisonnable et rationnel, » si nous entendons bien leur pensée, l’élément affectif qui est « complément » par rapport à l’assentiment rationnel préalable au jugement de crédibilité, devient à son tour antécédent et cause par rapport à un nouvel assentiment qui est proprement la croyance. « Quand on a commencé à connaître, dit Ollé-Laprune, on aime cequ’on connaît, et l’on se rend ainsi capable de connaître davantage. En ce sens-là donc Pascal a raison : il faut aimer pour connaître… La bonne volonté ne forme pas la créance, mais elle la prépare. » Certitude morale, p. 392, 413.

Sens très restreint.

Les mots « croire, croyance,

foi » ont été souvent réservés à cette conviction de l’intelligence qui affirme quelque chose sur le témoignage d’une personne ou d’une collectivité. « Parmi les choses qu’on ne sait pas, dit Bossuet, il y en a qu’on croit sur le témoignage d’autrui, c’est ce qui s’appelle la foi… Lorsqu’on croit quelque chose sur le témoignage d’autrui, ou c’est Dieu qu’on en croit, et alors c’est la foi divine, ou c’est l’homme, et alors c’est la foi humaine. » De la connaissance de Dieu, c. I, n. H, p. 64. L’emploi de cette terminologie doit-il, comme plusieurs catholiques semblent le penser, demeurer exclusif en philosophie et en théologie ?

1. Cette sévérité nous paraît inopportune. La philosophie moderne, avec la complicité’du grand public, a depuis longtemps agrandi la portée du terme, et quand elle parle de « croyance » , elle ne se préoccupe nullement de savoir s’il y a ou s’il n’y a pas témoignage : il lui suffit de trouver les autres caractères signalés au numéro précédent Pourquoi résister à son courant dans une question de mots, et se condamner à n’être pas compris de ses contemporains et à ne pas lis comprendre ?

2. Quelques théologiens, dans le louable désir il.’tout simplifier et de ramener les deux terminologies à une seule, cherchent à identifier la conviction par influence de la volonté et la croyance au témoign comme si ces deux caractères, volonté ri témoign qui se trouvent de fait réunis dans la foi divine, étaient liés l’un à l’autre par leur essence même, et pouvaient toujours se déduire l’un de l’autre. Mais non : on rencontre l’influence île la volonté dans bien des convictions qui n’ont rien à (aire avec le témoignage, et inversement, il y a des témoignages qui ne laissent pas. la liberté’de douter, et où la volonté’n’a pas à intervenir pour les faire accepter. Ainsi le domaine de la conviction volontaire ci le domaine de l’acceptation du témoignage ne peuvent pas m superposer exactement ;

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du témoignage force rarement l’adhésion, el que, par leur nature, li intrinaèquea laissent n

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