Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/545

Cette page n’a pas encore été corrigée
2357
2358
CROIX (ADORATION DE LA 1


rait là comme une profanation de la dignité humaine. Si donc nous rendons un culte à la croix, c’est parce que nous la considérons expressément comme une relique ou comme une image. Saint Thomas dit très bien à propos des images de Notre-Seigneur : Imagini Christi in quantum est res quædam (puta lignitm sculptunt vel pictum), nulla reverentia exhibetur, quia reverentia nonnisi rationali natures debetur. Relinquitur ergo quod exhibeatur ei reverentia solum in quantum est imago. Sum. theol., 1 1 1 a, q. XXV, a. 3. Or, une relique, une image, comme telles, sont quelque chose d’essentiellement relatif. Elles ne sont telles que parce qu’il y a un terme, un prototype, un original, dont c’est la relique, dont c’est l’image. C’est ainsi que la croix est essentiellement, à nos yeux, la relique ou l’image du Sauveur crucifié. Dans ces conditions, le culte de la croix ne peut qu’être formellement relatif. En la vénérant, c’est principalement celui dont elle est la relique ou l’image que notre hommage veut atteindre. Si nos actes extérieurs de culte ou d’adoration s’adressent immédiatement à la relique de la vraie croix ou aux représentations de la croix, cependant notre hommage intime et les actes intérieurs de notre soumission se portent tout entiers au Dieu crucifié pour notre salut.

2. C’est la doctrine promulguée à Nicée, au VIIe concile œcuménique. Il prescrit, sans doute, que l’on rende hommage à la vivifiante et précieuse croix, comme, du reste, à l’Évangile et aux autres monuments et objets sabrés. Mais il explique que l’honneur rendu à l’image passe au prototype ; et celui qui adore l’image, .adore la personne de celui qui s’y trouve dépeint : Imaginis enini honor ad primitivum transit, et qui adorât imaginent, adorât in ea depicti subsistentiam. Denzinger, n. 244. Ainsi, quand nous vénérons la croix, C est à Jésus crucifié que monte notre hommage. Le VIIIe concile œcuménique a tenu le même lan-II parle du culte rendu à la croix dans les mêmes termes que du culte rendu aux Évangiles etaux images ; et, puisque tout cela se rapporte au terme principal, il déclare que ces images méritent honneur et vénération, quoique de façon dérivée : Quia ad principalia ipsa referuntur, etiatn derivative iconae honorentm et adorentur eeque ut sanctorum sacer Evangeliorum ri s PRBTIOS E CRI < IS. Denzinger, n. 27 : ’.. En face des calomnies protestantes, le concili’de pareillement maintenu la doctrine traditionnelle des honneurs dus à toutes les images du Christ, et par conséquent, à la croix Mais il défend expressément d’y croire aucune divinité ou vertu pour laquelle on les doi il interdit de leur demander

aucun de mettre en elles sa confiance, comme

faisaient jadis les païens à l’égard de leurs idoles ; il que tout l’honneur se rapporte à l’original que l’image, el dans le cas présent la croix, représente : Son quod credatur misse aliqua in Us dit

opter quant i. vel quod ab eis

m, vel quod fiducia in imaginibus la, veluli olim flebat a gentibus qu cabant ; ted quoniant h

qui ei$ exhibetur, i tolypa qute illœre quat osculana

et procumbimus,

a, 864. A la

bien loin de croire que quelque divinité ou quelque hée habite dans la croix, nous ne lui attribuon d autre vertu que n aou I

i nii du Sauveur immold i U qui I nous’v ou Merlu on le gi nou devant elle, le Christ que nou :.pi, . nous

adoi’ Bo uel a expliqué magistralement ce point de la doctrine catholique On peut connaître, écrit-il, en

quel esprit l’Eglise honore les images, par l’honneur qu’elle rend à la croix et au livre de l’Évangile. Tout le monde voit bien que, devant la croix, elle adore celui qui a porté nos crimes sur le bois, I Pet., ii, 24 ; et que si ses enfants inclinent la tête devant le livre de l’Evangile, s’ils se lèvent, par honneur, quand on le porte devant eux, et s’ils le baisent avec respect, tout cet honneur se termine à la vérité éternelle qui nous y est proposée. Il faut être peu équitable pour appeler idolâtrie ce mouvement religieux qui nous fait découvrir et baisser la tête devant l’image de la croix, en mémoire de celui qui a été crucifié pour l’amour de nous ; et ce seroit être trop aveugle que de ne pas apercevoir l’extrême différence qu’il y a entre ceux qui se confioient aux idoles, par l’opinion qu’ils avoient que quelque divinité ou quelque vertu y étoit pourainsi dire attachée, et ceux qui déclarent comme nous qu’ils ne veulent se servir des images que pour élever leur esprit au ciel, afin d’y honorer Jésus-Christ. » Exposition de la doctrine catholique sur les matières de controverse, v, dans Œuvres complètes, édit. Lâchât, t. xiii, p. GO-61. 4. Cette doctrine de la relativité du culte rendu à la croix a été la pensée comme la pratique constante de l’Eglise. Nous en donnerons, coi. 2362, à propos de l’adoration de la croix, des témoignages formels empruntés aux premiers siècles.

2° Le culte relatif rendu à la croix est-il de même ordre que le culte absolu rendu au Christ lui-même ?

— Sur cette question assez subtile, il semble qu’il y ait dissension parmi les théologiens. Est-elle dans les choses ? N’est-elle pas plutôt dans les mots ? Nous Talions voir.

1. Saint Thomas donne une solution toute simple et générale. Les images du Christ, el, par conséquent, la croix-, ne méritent honneur que précisément parce qu’elles sont images. Il suit de là que le même culte est rendu à l’image du Christ et àsa personne : Relinquitur ergo quod exhibeatur ei (imagini Christi) solum in quantum est imago, et sic sequitur quod eadem reverentia exhibetur imagini Christi et ijisi Cliristo. Sum. theol., III’, q, xxv, a. 3. Puis, faisant application a la croix, l’ange de l’École conclut très nettement : ndeo dicendum quod, sicut su), m dictum est, honor seu reverentia mm debetur nisi rationali naturm ; créatures autem insensibili non debetur honor vel reverentia, nisi ratione rationalis natures. Ei hoc dupliciter : uno modo, in quantum représentât rationalem naturam ; alio modo, in quantum ei quoeum</>" modo conjungitur. Primo modo consueverunt l<omines venerari régis imaginent ; secundo modo, ejus vestimentum. Vtr unique autem venerantur /tontines eadem vénérations qua venerantur et régent. Si loquamur de ipsa eruce, in qua Christus crucifixus est, utroque modo est a nobis veneranda ; uno scilicet

modo, in quantum représenta I nobk figurant Christi

i’m m ; alio modo, ex contactu ait niembra ChHsti, et ex hoc quod ejus sanguine est perfusa. Vnde utroque modo adoratur eadem adorations cum Cliristo, scilicet adora tione latries. Et propter hoc etiant crucem alloquimur et deprecamur quasi ipsum cruci/i.rum. Si vem loquamur de effigie crucis Christi inquacumque alia materia (puta lapidis vel ligni, argenti vel auri), sic venerantur crucem tantum ut imaginent Christi, quant iur adorations la tries, ut supra dictum est, a. i

2. Bellarmin semble partir d’un principe tout opposé : le culte, rendu aux Images, n’est pai le même qui lui accord.’aux ori( inaux. il est d’ordre Inférieur. Mais, "n i » ut, suivant les cas, l’appeler un culte

ration, d’hyperdnlie on de dulie tecundum quoi. En conséquence, le culte rendu à la croix n ;

"i le ne me que celui rendu i "- ai ar

crucifli I i mi aucun doute, an culte relatives n