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CHOIX (ADORATION DE LA ;

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Martigny, op. cit., v Crucifix, p. 225 sq. ; II. Marucclii. dans le Dictionnaire de la Bible, v° Croix, loc. cit. ; B. I’. J. llopponot, Le crucifix dans l’histoire, dans l’art, dans l’âme des saints et dans notre vie, Lille, 1902.

> Apres cela, on s’explique comment le aille de la croix prit, dés le temps de Constantin, un tel développement que les fidèles retraçaient partout le signe de la croix. Saint. lean Chrysostorne déclare que, de son temps, l’effigie de la croix était adorée et employée par les lidèles comme ornement, comme remède, comme protection. Les rois, dit-il, déposant leurs diadèmes, prennent la croix, symbole de la mort du Sauveur. Sur la pourpre, la croix ; dans les prières, la croix ; sur la table sacrée, la croix ; dans tout l’univers, la croix ; la croix brille plus que le soleil : Nihil enim imperatoriani coronam sic exornat, ut crux universo mundo pretiosior ; et quod omnes olim exhorrescebant, ejus n une figura ita certatim exquiritur ab omnibus, lit ubique reperiatur, apud principes et subdilos, apud mulieres et viros, apud virgines et nuplas, apud servos et liberos. Nam illud omnes signum fréquenter imprimunt in membrorum nobiliori parle ; et in fronte ceu in columna figuralum quotidic circumferunt. Hoc in sacra mensa, hoc in sacerdotum ordinalionibus, hoc rursum cum corpore Clirisli in mystica cœna refulget. Hoc ubique celebralum videra est, in domibus, in foro, in desertis, in viis, in montibus, in sallibus, in collibus, in mari, in navibus, in insulis, in lectis, in vestimentis, in armis, in lhalamis, in conviviis, in vasis argenteis et aureis, in margarilis, in pariclum picluris, in corporibus brutorum maie affeclis, in corporibus a dsemone obsessis, in bellis, in pace, in diebus, in noctibus, in choreis tripudanlium, in sodalitiis sese maceranlium ; adeo certatim donum hoc mirabile, ejusque ineflabilem gratiam omnes perquirunl. Nemo pudore af/icitur vel erubescit, dum cogitai hoc maledictee mortis sijmbolum esse ; sed Mo omnes magis exornamur quam coronis, diademalibus, et mille margaritarum monilibus. ita non modo non arersamur crucem, sed etiam amabilis Ma desiderabilisque omnibus est : ubique Ma fulgel, in parietïbus domorum, in tectis, in libris, in urbilus, in vicis, in incullis, in cullis locis. Homil. Quod Christus sil Dcus, n. 9, P. G., t. xi.vm, col. 826.

Saint Asterius, évêque d’Amasée, faisant l’éloge de sainte Euphémie, dit expressément que l’adoration de la croix était prescrite aux ebrétiens par une loi. Pendant qu’elle (Eupbémie) prie, un signe apparaît sur sa léle que, par une prescription légale, les ebrétiens adorent et tracent sur leurs personnes : signum quod ex ri : ESCRIPTO LEGIS christiani adorant, et inscribunt sibi. Martigny, op. cit., p. 218. Pour le Ve siècle, Tbéodoret observe que les Grecs, et les Romains, et les Barbares, confessent la divinité du crucifié et vénèrent le signe de la croix : "EXXïivsç, v.a’Poip.aïoi, v.ct Bàpëapot tôv êuTaupcofjisvov GsoXoyoOv-c :, y.a toû araupo-j t’o gtju.s’ïov 7Epa : povT£ ;. Grœcarum affeclionum curalio, orat. vi, De providenlia Dei, P. G., t. i.xxxiii, col. 989. Et Sedulius, dont on pourrait citer nombre d’autres témoignages, écrit au 1. V de ses poésies :

Neve quis ignoret speciem crucis esse colendam, Quae Dominum portavit, ovans ratione potenti.

Carmen paschale, 1. Y, vs. 188-189, P. L., t. xix, col. 724.

Aussi devint-il bientôt nécessaire de porter des lois pour interdire toute représentation de la croix en des lieux ou des positions p2u convenables. Ainsi une loi de Théodose et de Yalentinien III défendit de peindre, graver ou sculpter la croix sur le pavé des temples, afin que ce signe sacré ne fût pas exposé à être foulé aux pieds des fidèles : Cum sil nobis cura diligens per omnia superni miminis religioucm lueri : signum

Salraloris Clirisli nemini Hcere vel in solo, vel in silice, vel in marmoribus humi positis inscvlpere vel pingere : sed quodeumque repei’itur tolli, grarissima pana mulclando eo, qui contrarium slalulis nostris tenlavcrit, spccialiter imperamus. Code Justinianus, 1. I. tit. vin. Le concile in Trullo, tenu en 692, renouvela cette disposition, en ajoutant la peine d’excommunication contre les transgresseurs : « Les figures de la croix, décide-t-il, que quelques-uns retracent sur le sol ou sur le pavé, nous ordonnons absolument qu’elles soient effacées, de peur que les pieds des passants ne profanent le trophée de notre victoire. Ceux donc qui, à l’avenir, se permettraient de représenter le signe de la croix sur le sol, nous décrétons qu’ils doivent être retranchés (excommuniés). » Can. 73, dans Labbe, t. vii, p. 1176.

Il faut même invoquer en faveur de notre thèse ce fait qu’en général les iconoclastes, Léon l’Isaurien, Constantin IV Copronyme, Léon IV, Xicéphore. -Michel II Balbus, Théophile, tinrent absolument à faire briller la-croix sur leurs monnaies. Bien mieux, l’historien Xicéphore va jusqu’à prétendre que des iconoclastes poussèrent le culte de la croix jusqu’à une véritable idolâtrie, adorant la croix matérielle, sans diriger leur intention vers le Dieu crucifié : il mentionne notamment les staurolàtres, secte d’Arméniens dénommée aussi Chazingarii, de Chazus, croix. H. E., 1. XVIII, c. LIT.

6° Une preuve très ancienne et toujours actuelle du culte traditionnel rendu à la croix se remarque dans la liturgie. Les fêtes de l’Invention et de l’Exaltation de la sainte croix vont aussi à rendre un véritable culte religieux aux images de la croix. La solennité de Parasccve est tout entière consacrée au culte des images de la croix. « On ne pouvoit, écrit Bossuet, choisir un jour plus propre à lui (la croix) rendre ces honneurs que celui du vendredi-saint : tout l’appareil de ce jour-là ne tend qu’à faire sentir aux fidèles les merveilles de la mort de Jésus-Christ ; l’Église les ramasse toutes en montrant la croix, où, comme dans un langage abrégé, elle nous dit tout ce que le Sauveur a fait pour nous ; on les voit toutes dans ce seul signal, et comme d’un coup d’oeil : et, de même que ce sacré caractère nous dit, comme de la part de Jésus-Christ, tout ce qu’il a fait pour nous, nous lui disons, de notre côté, par les actes simples du prosternement et du saint baiser, tout ce que nous sentons pour lui : des volumes entiers ne rempliraient pas ce qui est exprimé par ces deux signes : par celui de la croix, qui nous dit tout ce que nous devons à notre Sauveur, et par celui de nos soumissions qui expriment au dehors tout ce que nous sentons pour lui. » Lettre sur l’adoraliun de la croix, Œuvres complètes, t. xvii, p. 278. Ajoutons encore l’usage du signe de la croix dans les fonctions liturgiques. Au saint sacrifice de la messe, dans l’administration des sacrements, dans les bénédictions, dans tout le culte extérieur, l’Église ne cesse de répéter le signe de la croix, pour marquer qu’aucune cérémonie ne peut produire son effet qu’en vertu du divin sacrifice accompli sur la croix.

7° C’est ainsi que le culte de la croix passa peu à peu de l’ordre des faits dans la prédication et l’enseignement de l’Eglise.

1, Saint Jean Chrysostorne célèbre la croix avec enthousiasme et lyrisme dans son homélie De cruce et latrone, tout entière à citer ici. La croix, s’écrie-t-il, autrefois était le nom de la condamnation et du supplice, aujourd’hui elle est une chose vénérable et désirable. La croix auparavant était un objet de déshonneur et de peine ; maintenant elle est une occasion de gloire et d’honneur.’O uTaupô ; npô-spov xaraStar, ; ovofia y. al Tiatopi’a ; f, v, vCv £s Tipâyna ïs’yovs tija’-o’*noŒiviv’ô (j-a-jpb ;-pÔTspov al<7y_vvi, ; r, v xoî y.o).i-