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CHOIX (ADORATION DE LA’2344

raient accompagné cette découverte de la vraie croix et ainsi divinement autorisé son culte ; quoi qu’il en

suit de certaines divergences dans le détail des récits, saint Cyrille de Jérusalem, saint Paulin, Sulpice Sévère, saint Ainbroise, saint Jean Clirysostoine, Rufin, Théodoret, Socrate, Sozomène, se rencontrent pour attester unanimement la réalité du fait même de l’invention. Cf. F. Martin, Archéologie de la Passion, Paris, s. d. (1897), p. 261-296 ; L. Duchesne, Histoire ancienne île l’Église, 2e édit., Paris, 1907, t. ii, p. 80-82.

2. Or, tous ces auteurs, en même temps qu’ils racontent la découverte de la croix, constatent le culte que le peuple chrétien crut devoir aussitôt rendre à cette relique insigne et à ses diverses parcelles, parliculis sanctse crucis. — a) Saint Cyrille de Jérusalem, contemporain d’Eusèbe, ne se contente pas d’affirmer nettement que la croix fut retrouvée à Jérusalem, à l’époque de Constantin, mais dans sa Lettre à l’empereur Constance, P. G., t. xxxiii, col. 1167, comme dans ses Catéchèses, iv, n. 10, col. 467-470 ; xiii, n. 4, col. 775778, il mentionne que le peuple chrétien accourt de tout l’univers catholique pour rendre ses hommages à la croix. Ailleurs, il remarque que, déjà de son temps, les parcelles de la vraie croix se trouvent, par la piété des fidèles, dispersées dans tout le monde chrétien : Tb j-ûXov tô ôlyiov to-j ffta’jpo-j [j.apx’jpeî, (ji/pi 0-r.u.Epov irap’ï|[iïv çxiv6 ; j.evov, xa £tà tôv xaxà juotiv ï% ocjtou Xaaêavôvta) ;, evteOŒv ttjV o’r/.ou[xÉvï", v Ttàaav aysSôv rfir wXïipûo-av. Cat., x, n.19, col. 686 sq. — b) Saint Ambroise raconte, lui aussi, les détails de l’invention ; puis, il note ce fait que sainte Hélène fut la première à adorer le bois sacré de la croix. Oral, de obilu Theodosii, n. 46, P. L., t. xvi, col. 1402 sq. — c) Écrivant à Eustochie, saint Jérôme insiste tout particulièrement sur l’adoration que sa mère, sainte Paule, rendit à la croix sur laquelle s’accomplit notre rédemption : Citncla loca tanto ardore ac studio circumivit, ut nisi ad reliqua festinaret, a primis non posset abduci. Proslrataque anle cruceni, quasi pendenlem Dominuni cerneret, adorabat. Epist., cviii, ad Eustochium, n. 9, P. L., t. xxii, col. 883. — d) Saint Jean Chrysostome marque que, de son temps, chrétiens et chrétiennes accouraient à l’envi vers ce bois auquel le corps sacré du Christ fut attaché. Par motif de religion, ils tâchaient d’en obtenir des parcelles, les faisaient sertir dans l’or, et les portaient ostensiblement au cou comme un bijou précieux entre tous. ACiTÔSèxô ÇûXov èxeïvo, É’vôa tô âyiov êtiSï] aôip.a xai àv£crxoXoTci(78/], tûç è<tti 7TEp ; u.à/’iTOv ar : a<îi ; xai [uxpôv ti XapSâvovre ; i èxei’vo-j iroXXoî, xa /p’j(T<j) xirraxXscovTEç, xoù avSpeç xai yuvatxeç t<ôv tpa/v-iXtov ÈHapTâxTt tûv ÉauTwv xaXXu)mÇô ; jisvot. Homil. Quod Christus sit Deus, n. 10, jP. G., t. xlyiii, col. 826. — e) Saint Paulin de Noie offre à son ami Sulpice Sévère une relique de la vraie croix, et, dans sa lettre d’envoi, il observe qu’il faut recevoir avec religion les plus petites parcelles de la croix, les garder précieusement comme une protection pour la vie présente et comme un gage de salut éternel. Accipite ergoabunanimis fralribus in omni bono vestrum sibi consortium cupienlibus, accipite magnum in modico munus, et in segmenlo pœne atomo aslulse brevis sumite munimenium prœsenlis et pignus seternse salutis. Epist., xxxi, ad Severum Sulpilium, n. 1, P. L., t. lxi, col. 325. — f) Le diacre Rusticus, dans son Dialogue contre les acéphales, est plus précis encore. Les clous, dit-il, avec lesquels le Christ fut crucifié, et le bois vénérable de la croix, l’Eglise universelle, par le monde entier, les adore sans aucune contradiction : Clavos quibus cruci/ixus est Christus, et L16NI >/ VBNERABIi ts i unis, omnis per toi uni mumliim Ecclesiaabsque ulla contradictione ADORAT. P.L., t. i.xvii, col.H69sq. Voir surtout col. 1218. — g) Sulpice Sévère, Historia sacra, 1. ii, n. 34, P. L., t. xx, col. 148 ; Rufin, II. E.,

1. I, c. vii, viii, P. L., t. xxi, col. 476 sq. ; Socrate. II. E., I I, c. xvii. P. G., t. i.xvii, col. 117 sq. ; Sozomène, II. E., 1. II. c. I, ibid., col. 929 sq., rapportent aussi les détails les plus intéressants sur le culte rendu à la vraie croix par la piété de leurs contemporains. Relatons ce dernier témoignage emprunté au poème De passione Domini, qui, s’il n’est pas de Lactance, présente, de l’aveu de tous, les caractères de la plus haute antiquité :

Flecte genu, lignumque crucis venerabile adora Flebilis ; innocuo terramque cruore madentem Ore petens humili, laciïmis sullunde subortis.

P. L., t. vii, col. 286-5K6.

Cf. F. Martin, op. cit., p. 296 309.

3. A toutes ces attestations concernant les premiers hommages de la piété chrétienne envers la croix, il faut ajouter encore un témoignage de fait humain et un encouragement divin. Le témoignage humain est un fait immense, inauguré à l’invention de la sainte croix. Dès lors, observe dom Guéranger, « commence une succession innombrable de pieux voyageurs, venus des quatre vents du ciel, pour honorer les lieux sur lesquels s’est opéré le salut de l’homme, et rendre leurs hommages au bois libérateur. » L’année liturgique, Le temps pascal, Paris, 1898, t. ii, p. 504. Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, v° Pèlerinages, Paris, 1877, p. 624-625. Ces pieux exodes vers la sainte croix se continuèrent à travers les âges, et les pèlerinages actuels de pénitence sont inspirés par la môme piété qui guidait les premiers adorateurs de la croix. L’encouragement divin fut celui des faveurs extraordinaires et visibles accordées par Dieu aux pèlerins ou aux dévols de la vraie croix. Ces grâces furent assez nombreuses pour nous autoriser à proclamer qu’il y eut là, de la part de Dieu, une excitation très efficace donnée à la piété des fidèles.

5° Non contente d’encourager la religion privée de ses enfants, l’Église a fait entrer, dans sa liturgie publique, le culte de la vraie croix.

1. Après la découverte de la croix, l’on se mit immédiatement, sur les ordres de Constantin, à construire une grande basilique, qui devait réunir dans sa vaste enceinte la colline du crucifiement et le lieu du sépulcre. Elle prit le nom d’église du Saint-Sépulcre : elle fut souvent aussi appelée Véglise de l’Anasiasie ou de la Résurrection, ou encore la basilique de la Sainte-Croix. On l’inaugura en 335, et l’on put y déposer la partie de la croix que sainte Hélène avait laissée à Jérusalem. L’anniversaire de cette grande dédicace, et la solennité de l’apparition de la croix à Constantin, furent le point de départ commun de la glorification liturgique de la croix dans l’Église d’Orient, au mois de septembre. Le Ménologe en fixe la mémoire au 13 dudit mois. Dans le siècle même de ces événements, une pèlerine espagnole. Éthérie, atteste que l’anniversaire de cette dédicace se célébrait au Calvaire, à cette date du mois de septembre, en même temps que l’invention de la sainte croix. On accordait à cette solennité tous les honneurs des fêtes de Pâques et de l’Epiphanie. La raison en est, dit-elle, que la croix fut /rouvre ce jour-là. Ce fut aussi le motif qui fit choisir ce même jour pour la consécration primitive, afin qu’une même date réunit l’allégresse et de cette consécration et de ce souvenir. Peregrinatio ait loca sancta, 2e édit., Gamurrini, Rome, 1888, p. 76, cf. p. 63-66. Voir M’J r Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 263-264 ; L’année liturgique, continuation par dom Fromage, Paris, 1903, t. iv, p. 247.

2. D’autre part, dès la découverte de la vraie croiv. l’Église de Jérusalem consacra le jour de Parasceve, c’est-à-dire le vendredi-saint, à l’adoration solennelle et liturgique de la vraie croix. La fonction consistait