Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/510

Cette page n’a pas encore été corrigée
2287
2288
CIU ; i)I !  ! lLITK


prœcedal, l a concl. Par là il semble frayer la voie à Ripalda.

Molina († 1600). — Il ne touche qu’accidentellement dans la Cancordiak la question de crédibilité à propos de la grâce nécessaire pour le premier acte de foi qui inaugure la justification. Et c’est pour rappeler l’impuissance relative des raisons humaines : difficile sola pradicatione Evangelii et explicatione ralionum, quse afferri salent ad credendum, inducentur fidèles. Concordia, disp. VIII, Paris, 1876, p. 35. Cependant, et Lien que l’inilium fidei soit de Dieu, les mot ils qui persuadent la foi gardent, sous la grâce prévenante, toute leur utilité, en harmonie avec la liberté de l’acte de foi, disp. IX, p. 39. Molina donne de l’entrecroisement de ces motifs avec les prévenances de la grâce un tableau très vivant, très réel. Ibid., p.’10 ; Commentaria in l-’"< partent, Lvon, 1622, Appendix, disp. VII, col. 722.

Banez (f IGOi). — Sur la résolution dernière de l’acte de foi en la Vérité première révélante et son indépendance absolue, banez est aussi énergique que Cajetan. In Sum. theol., IIa-IIæ, q. i, a. 1, dub. i, £ decisio auclovis, p. 11. La présentation de l’objet de foi s’opère par une persuasion humaine, ibid., dub. iv, l a concl. ; mais l’assentiment de la foi ne se résout pas en une foi acquise dont le motif serait la véracité de l’Église (Scot), même considérée comme régie par l’Esprit-Saint (Durand), concl. 2 et 3. C’est un acte de la volonté .surnaturalisée qui met l’intelligence sous l’empire de la révélation, a. 4, dub. ii, concl. 1. Pour que cet acte soit prudent, il faut qu’il soit précédé d’une persuasion intellectuelle produite, soit intérieurement par une divine inspiration, soit extérieurement par des motifs humains comme les miracles, concl. 3. L’objet de foi est donc évidemment croyable non seulement d’une évidence pratique, mais aussi d’une évidence spéculative, car, dans cet ordre de choses, il n’y a prudence que là où il y a raisons spéculatives, dub. iii, concl. Toutes ces notions sont d’ailleurs communes à la foi divine et à la foi humaine qui, selon Banez, ont même structure.

Avec Cajetan, l’auteur remarque que l’évidence de crédibilité ne produit jamais la vérité scientifique, ibid., ad 1’"", et que, partant, celui qui a cette évidence ne croit pas nécessairement. Il note que Cajetan n’a pas dit que tous les fidèles avaient, par la lumière de la foi, cette évidence, mais seulement les parfaits croyants. Ibid., ad 3 llm. Il donne pour les autres fidèles une liste de huit chefs principaux de motifs de crédibilité, dub. iv. Contre Cajetan, in hac sententia perpeluus, IIa-IIæ , q. I, a.l ; q. V, a. 1 ; q. clxxi, a. 5, dont il résume les arguments, q. v, a. 1, § 2’d sententia, Banez tient que l’évidence de l’attestation, evidentia in testificante, n’est pas conciliable avec la foi, parce qu’elle produit dans l’esprit l’évidence de fait du mystère, du lien entre le sujet et le prédicat de son énoncé, ce qui, selon lui, assimile l’argument, quantau résultat, à un argument a posteriori par les effets ; car les effets de Dieu ne représentent pas plus clairement Dieu, tout au contraire, que son témoignage. Ibid., 2 a concl. ; cf. ad 4 1 "". H concède cependant, sans conviction, que l’opinion de Cajetan est autorisée : Multi enim viri doctissimi eam tenent alqxie défendant, mihi lamen non placet. Ibid.. ultim. concl.

Suarez († 1617). — 1° Sur le motif formel de la foi, Suarez suit saint Thomas interprété par Capréolus et Cajetan, In Sum. theol., 11" II 3 -’, q. I, a. I, édit. léonine. n. 9, à savoir que le témoignage divin révélateur est cru par lui-même, per seipsum, par un assentiment immédiat. De fuie, part. I, disp. III, sect. xii, n. 7-12. It’où, indépendance de la foi surnaturelle vis-à-vis de la foi acquise, ibid., n. 13, 14, contre Scot, Durand, Gabriel, etc., auxquels s’ajoutent Médina et Vasquez ; et

réfutation de la théorie de la foi discursive De fide,

disp. VI, sect. iv.

> La crédibilité est formelle on fondamentale. Par

crédibilité formelle Suarez entend celle dénomination qui convient à l’objet de foi en raison de la vertu n de loi. c’est-à-dire « lu témoignage intime de la Y première. C’est noire crédibilité surnaturelle actuelle. Par crédibilité fondamentale Suarez entend la crédibilité qui échoit à l’objet de foi en vertu de la connaissance naturelle du fait du témoignage divin. C’est n< tre crédibilité simple ou rationnelle. Voir col. 2206. L’une et l’autre, remarque-t-il. sont dis dénominations extrinsèques de 1’ob.jet de foi. prises du lémoigi divin considéré de deux manières différentes. De /ide, disp. IV, sect. il, n. 8. D’où différence entre la crédibilité des mystères et la possibilité de démontrer qu’ils ne sont pas impossibles, cette dernière, a prendre iigoureusement les termes, impliquant une crédibilité naturelle intrinsèque qui ne saurait être admise. Ibid., n. 9.

3° La crédibilité fondamentale ou disposilive est ordonnée à la foi divine et non pas à la foi humaine qu’elle est d’ailleurs apte à produire. Cependant, coi. il y a deux choses dans la foi divine, a savoir, qu’elle s’appuie sur l’autorité divine et qu’elle ne peut être produite dans l’âme que par Dieu, l’ordination de la crédibilité à la foi divine ne saurait concerner celle-ci sous ce second rapport. La crédibilité dispositive des vérités de foi dira donc l’aptitude de ces vérités à être crues en raison de l’autorité divine qui les révèle, sans préciser de quelle manière cette foi sera produite dans l’homme, liabiiudinem ad /idem, quse ab honiine dari possit quoeumque modo et quibuscumque viribus adjulo, disp. IV, sect. v, n. 4 ; ce qu’un thomiste traduirait en disant que l’on réserve et sous-entend les capacités obédientielles de la nature humaine vis-à-vis du surnaturel.

4° Ainsi entendue, la crédibilité dispositive est nécessaire à la foi, dans un but prudentiel ; non salis esse objectum proponi tanquani diction a Deo sed necessarium saltem esse cuni talibtis circumstanliis proponi ut prudenter appareat credibile, ex modo quo proponitur, disp. IV, sect. ii, n. 3. La foi, en effet, est régie par une providence spéciale de Dieu, qui ne s’accommode pas de l’imprudence. D’ailleurs, sans cette condition, comment éviter les erreurs ? Un troisième motif à l’appui de cette nécessité est, que l’on a toujours le droit de rejeter un assentiment imprudent, tandis que nul ne peut rejeter ou mettre en doute sa foi. Ce dernier argument abstrait des causes surnatuturelles qui conservent dans les fidèles la foi divine déjà contractée. Cf. concile du Vatican, const. Dei Films, c. m. Il doit donc être entendu cuni grano salis. Voir plus loin.

5° La crédibilité doit être évidente, et, insiste Suait/, spéculativement évidente. Elle doit être évidente parce que le jugement qui la prononce, doit, pour atteindre son but prudentiel, être certain. Mais, certitude propria, et objectiva ac prudens non datur evidentia. De /ide, disp. IV, sect. il, n. 4. Et que l’on ne réponde pas que l’évidence requise est l’évidence pratique de la possibilité et du devoir de faire l’acte de croire. Suarez qui est probabiliste et admet que pour légitimer moralement les actes ordinaires, sufficil judicium probabile de honestate objecti, ibid., n. 5. l’ait ici une différence que n’avait pas à faire Cajetan, voir col. 2284, entre la foi humaine et la foi divine. La première peut se contenter de principes probables, mais la foi chrétienne est si certaine que, semel concepla nmlari non possit, juxta lestintonium Pauli ssepe citation, ad Gal., i, Si angélus de cselo. Le credendum est doit donc être fondé, non sur une probabilité morale, mais sur une évidence absolue et une certi-