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CREDIBILITE


t. l, col. 538-530 ; /*/ Joa., homil. i.xxxvii. P. G., t. ], i, col. ÎT.’S.

Conclusion des textes sur les miracles : « Notre-Seigneur Jésus-Christ, admirable qu’il était par ses préceptes non moins que par ses miracles, est justemi ni adoré et cru Dieu. » Sur saint Babylas, eten. 2, P. < :., I. L, col. 535.

d) L’argument tiré des prophéties conclut chez lui de la manière classique : n Comment oses-tu demeurer incrédule, après de pareilles démonstrations de sa puissance, voyant d’une pari les choses annoncées si longtemps d’avance, d’anlre part leur réalisation parfaite, sans rien d’omis ? Ce ne sont pas là de nos inventions : nos témoins sont ceux qui ont reçu et conservé ces livres, nos ennemis. » Que le Christ est Dieu, n. 11, P. G., t. xlviii, col. 828.

e) Le grand miracle est d’ailleurs celui de la conversion du monde : « Quelles sont donc les choses qu’un païen est obligé d’avouer, qu’il ne peut nier ? — Que le Christ ait fondé la race des chrétiens : il ne niera pas qu’il a établi les Églises à travers le monde. C’est de là que nous tirerons la démonstration de sa puissance, et nous montrerons qu’il est vraiment Dieu. Ce n’est pas le fait d’un pur homme, dirons-nous, d’envahir un tel globe, terre et mer, en si peu de temps, d’appeler à une telle vie des hommes accoutumés à des mœurs absurdes, adonnés à une telle perversité… » Que le Christ est Dieu, n. 1, P. G., t. xlviii, col. 814. Cf. In Act. apost., homil. i, n. 4, P. G., t. lx, col. 19.

f) « Tout se tient dans l’œuvre de Dieu, prophéties, miracles, établissement du christianisme, etc., et c’est la foi qui Je fait voir, et c’est encore ici une contre-épreuve de vérité. On reprochait à la foi de n’être pas une chose apodictiquement démontrable, bien plus, d’être une tromperie. Paul répond que c’est par la foi que se font les grandes choses, non par les raisonnements. Comment cela ? Par la foi, dit-il, nous avons l’intelligence de l’organisation des siècles par la parole de Dieu, le visible sortant de l’invisible. » lu Epist. ad Heb., c. xi, homil. xxii, P. G., t. lxiii, col. 154.

Saint Cyrille d’Alexandrie († 444). — il utilise ordinairement les miracles d’une manière spéciale, non comme preuve de la crédibilité de la doctrine, mais comme preuve directe de la divinité de la cause qui les produit. Saint Thomas a relevé cette modalité, déjà rencontrée chez Méliton de Sardes, de la preuve de saint Cyrille. Dans l’article où il prouve que les miracles du Christ suffisaient à établir sa divinité : Secundo, prupler modum miracula faciendi : quia scilicet quasi ex /mijirta potestate miracula faciebat…Perquod ostenditur, sicut CyrUlus dicil, quod non accipiebat aliénant lirtutem, sed cum essel natUraliter Deus, propriam rirluteni super infirmos ostendebal et propter hoc innnmerabilia miracula faciebat. Sum. IheoL, III a, q. xi.in, a. 4. Cf. S. Cyrille, In Luc., l, 19, P. G., t.LXXii, col.587.

On trouve nombre de textes de même note dans les fragments sur Matthieu et Luc. Mais c’est dans le commentaire sur l’Évangile de saint Jean, source de cette doctrine, que se trouvent les plus significatifs : n Le Christ ne rejette pas le témoignage de Jean…, mais ayant affaire à l’obstination des Juifs, il passe à de plus fortes preuves et se manifeste plus clairement que par la voix d’un homme, par la puissance naturellement réservée à Dieu et l’éclat de ses miracles…, » In Joa., v, 34, 1. II, P. G., t. lxxiii, col. 397 ; même idée, v, 36, 37, 1. III, col. 408 ; el, de plus : c Voici de quelle manière j’estime que cela, prouve. S’il fait les œuvres du Père, si, ce qui convient au seul Père, il le fait par sa propre puissance, n’est-il pas manifeste qu’ils sont identiques en nature ? » P. G., t. lxxiii. col. 409. Cf. In Joa., x, 33, 1. VI, col. 1003 ; xv, 24, 1. X, £ ea^atoupyovri, P. G., t. lxxiv, col. 410 ; In Joa., xiv, 8, 10, II. 1. IX, col. 204, 211, 210.

Même idée dans l’ouvrage contre Julien. « Nous avons vu le Fils, comme un homme parmi les hommes, invisible avec le Père selon sa nature divine ; visible cependant aux esprits dans son unité avec le Père, par sa divinité et la grandeur de ses œuvres : car il accomplissait à même des miracles divins. Cont. Jul., 1. X » /’.’.'., t. i.xxvi, col. 1016. — A signaler, pour être complet, dans ce même 1. X, col. 1054, l’exigence d’un BÏ{ par l’interlocuteur Julien pour prouver la vérité énoncée. La réponse de Cyrille n’est pas favorable à cette exigence, ce qui tient sans doute à ce que le Bij dont il est ici question veut être tiré des divinations païennes. Cyrille se rejette d’abord sur ce que la connaissance de la vérité suit la foi, col. 1056 ; mais plus loin, il argue des témoignages des prophètes plus convaincants que les aruspices, col. 1057 ; ce qui, même en ce passage, montre qu’il tient pour la preuve de la foi par ces signes.

Théodoret († 458). — Sa Thérapeutique des maladies des Grecs met d’abord en lumière le caractère indépendant de la foi. La foi est l’œil qui regarde les choses divines, Serm., i. P. G., t. lxxxiii. col. 811 : « elle est l’adhésion volontaire de l’âme ; elle ne peut pas plus se passer de la connaissance que la connaissance ne peut se passer de la foi. » lbid., col. 815-818. La foi précède, la gnose suit, col. 822 : « Ce que l’aimant est au fer, la parole divine l’est à l’âme du tidèle. i Serm., v, col. 923. « Si les pythagoriciens donnaient pour toute preuve : le maitre l’a dit, combien plus devons nous écouter Dieu, Serm., I, col. 806 ; si Platon exigeait la foi sans preuve à des fables obscènes, il est bien plus juste de croire les apôtres et les prophètes que ne disent rien de fabuleux ni d’incroyable mais des choses dignes de Dieu, saintes et salutaires. » col. 807. Suit le thème fondamental de l’ouvrage : Ce qui empêche les Grecs de voir, ce sont des 7naladies, l’arrogance, l’aveuglement, etc. — Mais, comme les Grecs reprochent aux croyants leur crédulité, prol.. col. 784, et de n’apporter aucune démonstration de leurs dogmes, il faut, pour les guérir, réfuter cette calomnie et prouver nos paroles par des faits, col. 806. C’est poser la question apologétique. Ces faits sont : d’abord les enseignements des philosophes eux-mêmes qui. < dépouillés de ce qu’ils ont de nuisible, préparent la foi, » col. 824-825 ; puis ce sont les motifs de crédibilité : la supériorité morale du christianisme, la vie des chrétiens et spécialement des moines, l’efficacité de la doctrine chrétienne comparée à la stérilité des philosophes, Serm., iii, col. 892 ; v. col. 951 ; xii, col. 1132 ; la conversion du monde obtenue avec une pauvreté admirable de moyens, Serin., v. col. 948 ; vi. col. 988 ; vin, col. 1009 ; ix, col. 1044 ; l’impuissance des lois persécutrices pour arrêter l’Évangile. Sert » !., îx. col. 1041-1045, et la toute-puissance des lois de simples pêcheurs. Touaûrirjv EÎpyâffavTo rûv èûù>v ixETaëo) r, -' "">' â/iétov oi vô|iot. Serm., ix, col. 1047. Enfin, l’accomplissement des prophéties que l’auteur résume avec force. Serm., vi, col. 989. La preuve de la crédibilité rationnelle se présente donc chez Théodore !, à rencontre de ce qui existe chez Eusèbe, plutôt comme destinée à guérir une faculté originellement faite pour voir et à réfuter des calomnies des païens, que comme une démonstration. C’est là sa note originale.

Saint Jean Damascène (f750). — La synthèse dogmatique le préoccupe plus que l’apologétique. Je n’ai rencontré qu’un passage qui s’y rattache, mais il est parfait : ce n’est pas parce qu’ils prêchaient et enseignaient que le Christ et Moïse étaient dignes de foi, car Mahomet serait lui aussi digne de foi, puisqu’il a enseigné et prêché. Ecoute ce qui a fondé la crédibilité de l’un el de l’autre. Quand Moïse fut envoyé par Dieu, il lui répliqua : Je vais, mais ils me diront : Dieu ne t’a pas apparu et il ne t’a pas envoyé, etc. Voir la suite plus