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CREDIBILITE

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p. 574, diins De tradit. et Set iptui a. Scheeben, La dogmatique, trad. franc., t. i, c. vi, S 42. n. 722.

II. Ripalda, ibid., dlap. VI, sect. i. a.’i : Sahnantlcences, Cursus th., Dv flde, disp. I, dub. V, S 3, D. 177. 178 ; Hurter, Curnpendium, 1903, t. i. De flde, n. 167, p. 193, note ; Vacant, Études sur la const. ! » ; Filins, t. n. p. 568.

III. Tolet, / ?i Sum. theol., II II’, q. i, a. 4, 2* concl. ; Viva, Prep. damnatm ab ïnnoc. XI, prop. 21, n. 1, 11 ; Cbr. Pescii, Prselect. dogm., De fuie, sect. iii, prop. 17, n. 368 sq., t. viii, p. 121 : Hurter, Compendiwn, t. i. n. ! & scj., 472.

IV. Voir la bibliographie, col. 2213, 2220.

V. Const. Dei Filius, c. ii, du concile du Vatican ; S. Augustin, Cont. epist. Fundamenti, c. iv, S multa sunt ; S. Thomas, Cont. gent., 1. I, c. vi ; S. Antonin, Sumtna theol., part. IV, tit. viii, c. i, S 2, col. 426 sq. ; Valentia, De fide, disp. I, q. i, p. iv. g 3 ; Banez, In Sum. theol., IIII*, q. I, a. 1, dub. IV, col. 50 sq. ; Jean de Saint-Thomas, Cursus theol., De fide, disp. II, a. 2, n. 7, p. 17 ; Gonet. Clypeus, De fide, disp. I, digressio utilis et jucunda, p. 217 ; S. Alphonse de Liguori, Vérité de la foi rendue évidente par les motifs de crédibilité ; Dechamps, Œuvres complètes, t. i. iv, xvi ; Scheeben, La dogmatique, trad. franc., n. 737-744 ; Wilmers, De flde divina, 1. II, c. I, a. 2, prop. 24 ; Hurter, Compendium, t. i, n. 103 sq. Voir Apologétique, t. i.

VIII. La crédibilité et l’apologétique. — 1° Définition de l’apologétique en fonction de la crédibilité.

— L’apologétique se distingue de l’apologie par la coordination de ses preuves et par l’efiicacité qu’elle leur reconnaît, efficacité qui se réclame de l’efficacité de la science. Voir t. i, col. 1512.

1. La coordination des preuves de l’apologétique exige l’unité de son objet formel. Il faut donc lui trouver un point de vue assez large pour embrasser, sous une raison déterminée, toute la justification et la défense de la foi catholique, en un mot, toute sa vérité rationnelle. Or, ce point de vue est exactement celui de la crédibilité. La crédibilité dénomme l’espèce de vérité rationnelle qui convient aux vérités de la foi, considérées non dans ce qui les individualise, mais dans ce qui leur est commun. S.Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. i, a. 4, ad 2 llm. La crédibilité coordonnera donc par un lien intrinsèque toutes les preuves de l’apologétique, qui devront dès lors tendre à manifester son antécédent, le fait du témoignage divin, duquel seul peut résulter ce qu’on appelle, à proprement parler, en théologie, crédibilité.

2. L’efficacité probante dont se réclame l’apologétique concorde également avec le genre d’efficacité que sont aptes à produire les motifs de crédibilité. Comme il est dit très justement à l’article Apologétique, t. i, col. 1512, l’efficacité scientifique de l’apologétique est en rapport avec « l’ambition légitime qu’elle a de produire dans les âmes la certitude » . On ne dit pas, semble-t-il, qu’en tout et toujours l’apologétique est une science, de tout point égale aux sciences réputées les plus rigoureuses, mais que, devant produire la certitude dans les âmes, ses arguments sont efficaces comme si, en tout et toujours, elle était une science. Or, c’est bien là l’efficacité que revendiquent les motifs de crédibilité, signa certissima divines revelationis et omnium intelligentiseaccommodata.ConcWe du Vatican, const. Dei Filius, c. iii, Denzinger, Enchiridion, n. 1639.

Il n’est pas de confirmation plus autorisée de cette première conclusion que l’insistance avec laquelle le concile du Vatican, const. Dei Filius, c. iii, ramené toute l’effectivité des motifs de crédibilité, dont l’exposition constitue, de l’aveu de tous, la substance de l’apologétique, à la preuve du fait du magistère divin et donc à l’établissement de la crédibilité : divina revelationis signa sunt cei-tissima ; … Ecclesiam… manifestis notis instruxit, ut ea tanquam cuslos et magistra verbi revelati ab omnibus posset agnosci ; Ecclesia per se ipsa …est motivum credibilitatis et divinx suæ legationis testimonium irrefragabile.

Si donc l’on entend par doctrine un enseignement

systématisé et prouvé, nous pouvons définir en deux mota I apologétique : une doctrine de la crédibilité ; summa de credibilitale doclrinse catltolicse.

2° Division de l’apologétique en fonction des preuves de la crédibilité, — La distinction en deux groupes, au point de vue de leur efficacité probante, des motifs de crédibilité, entraîne la distinction de deux espèces correspondantes d’apologétique.

1. Les motifs de crédibilité qui prouvent démonstrativement le fait du témoi^na^re divin donnent lieu à la science apologétique. Kst véritablement science, en effet, une discipline qui ne fait appel qu’à des principes nécessaires, à des faits capables de vérification expérimentale et s’attache à ne rien conclure des principes et des faits qui n’y soit logiquement contenu. Or, telle est, dans sa filière essentielle, l’apologétique communément enseignée dans les écoles théologiques contemporaines : démonstration de l’existence de Dieu et des attributs qui établissent sa personnalité divine ; possibilité d’une révélation ; sa nécessité ; possibilité et force probante des signes démonstratifs de la crédilibilité de la révélation, spécialement des miracles et de la prophétie ; possibilité de la vérification soit expérimentale, soit historique, et de la juste appréciation de ces signes démonstratifs ; vérification des signes et appréciation de la force probante des signes donnés en regard de l’autorité divine du magistère, du Christ et de l’Église ; détermination par les documents des notes de la véritable Eglise et vérification de ces notes dans l’Église catholique romaine ; vérification directe de signes prouvant le divin magistère dans l’Église romaine et son histoire.

Le point de vue formel de cette suite de thèses est la preuve du fait du magistère divin, et donc de la crédibilité de son enseignement : c’est donc bien le point de vue apologétique, tel que nous venons de le définir. Mais, de plus, ces thèses sont coordonnées selon une progression logique rigoureuse, sans hiatus et sans fêlure. Si la matière des propositions offre, au premier abord, un aspect hétérogène, il faut y reconnaître une nécessité de cette doctrine d’ensemble obligée de faire appel aux sciences les plus diverses : philosophie rationnelle, philologie, exégèse, science du document, sciences physiques et naturelles, etc. Ce qui nous importe, c’est que les données que l’apologétique synthétise soient vraiment données, que les principes qu’elle emploie soient au dessus de toute contestation, que ses procédés, expérience, critique, etc., soient deceux que la science accepte comme instruments de vérité scientifique. Il va de soi qu’avec le progrès des sciences, de leur méthode et de leurs exigences, l’apologétique devra elle-même se renouveler et progresser. Quoi qu’il en soit de ses réalisations actuelles, l’apologétique est donc de tout point possible comme démonstration rationnelle de la crédibilité.

Sur les points principaux de cette démonstration, nous sommes d’ailleurs fixés ou dirigés par l’autorité ecclésiastique. Cf. les thèses souscrites par Hautain, les allocutions et lettres de Pie IX, les c. n et ni de’a constitution De fide calholica, du concile du Vatican avec les canons correspondants. Voir col. 2233 sq. Tous ces documents n’ont pas sans doute la même autorité et d’ailleurs n’établissent pas explicitement la connaissance démonstrative et scientifique <r> différents éléments de l’apologétique d’ensemble, mais l’insistance qu’ils mettent à revendiquer une connaissance spéculative très certaine de la plupart de ces éléments constitue une forte présomption en faveur de leur vérification par les moyens scientifiques, étant donné que, d’une part, ces thèses se prêtent naturellement aux investigations de la science, et que, d’autre part, le moyen le plus usuel et le plus efficace de produire une certitude rationnelle en matière spéculative est celui d’une dé-