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CRÉDIBILITÉ

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Sent., 1. III. dist. XXV. q. n lut… n. 122-124 ; J. de Lugo, De a, disp. N’, sect. n ; Scheebeu, /.a dogmatique, 1. I, c. vi, n. 42, 756 sq. ; Mazzella, De virtut. tnfueis, disp. III, a. G, n. 749 sq. ; Kilber, Tract, de ftde, part. ii, ci, a. 1-2 ; Wilmers. De ftde divina, 1. tV, c i, prop. 71 : Zigliara, Propœdeutica, I I, c. xvi sq. ; de Groot, Summa apulog., q xx, a. 3 ; Billot, De virtutibue infuais, Proleg. de fide, §3, p. 201 sq. ; J. Didiot, Logique surnaturelle objective, c. il, sect. iii, a. 3 ; Huiler, g. dogm. compend., t. i, n. 95 sq., 467.

II. Salmanticenses, ibid. ; Jean de Suint-Thomas, Cursus theol. de fide. disp. III, a. 2 ; Suarez, De ftde, disp. V, sect. viii, n. 12 ; disp. VI, sect. viii, n. 12-14 ; disp. IV, sect. il, n. 8 ; Ripalda, De ente sup.. De ftde divina, disp. XV, sect. ii, n. 39 ; sect. iii, n. 50 ; sect. iv, n. 72 ; J. de Lugo, De ftde divina, disp. XI, secl. i, n. 3, 25 ; Coninck, Act. supern., disp. XIII, dub. iii, n. 21 ; Schiffini, De ftde divina, disp. III, sect. viii, n. 156, p. 280 ; Sclieeben, Dogmatique, t. i, c. vi, n. 799 sq.

III. S.Thomas, De virtutibus in communi.a.l, in corp. ; cf. Sum. theol., VU’, q. xvii, a. 6.

IV. Ripalda, De ente stip.. De ftde div., disp. VI, sect. V, n. 41, 42 ; G. de Valentia, De ftde, disp. I, q. i, p. i, S 7, 8 ; Muzzella, De virtutibus infusis, disp. III, a. 6, n. 749 sq.

IV. Particularités de la crédibilité rationnelle.

— La crédibilité rationnelle ou crédibilité simple demande un examen spécial. Elle est située, en effet, au nœud de la psychologie de l’acte de foi, là où s’entrecroisent l’illumination divine prête à le fonder surnaturellement, et les lumières rationnelles qui l’autorisent moralement. Elle constitue, dans le genre crédibilité, l’une de ces espèces de transition qui dans les sciences naturelles attirent davantage l’attention des savants à raison de la lumière que leurs caractères mixtes semblent appelés à projeter sur la genèse des êtres.

Lj crédibilité rationnelle, comme toute crédibilité, voir plus haut, col. 2203, est une propriété pratique. Elle ne résulte pas uniquement, comme une conséquence logique, de son antécédent spéculatif, de la seule preuve du fait de la révélation divine. Mais, conformément à ce que nous avons exposé, col. 2204, elle suppose de plus, reconnu et accepté par la raison, ce principe : ce que Dieu révèle, c’est un devoir moral de le croire. C’est sous cette majeure qu’elle conclut que la foi représente pour l’homme un bien honnête et dont la réalisation, toutes conditions de possibilité posées, s’imposera comme un devoir moral. On ne doit donc jamais considérer la crédibilité rationnelle solitairement, dans son seul rapport spéculatif à la preuve du fait de l’attestation divine.

Mais il ne faut pas non plus supprimer cet antécédent rationnel. Sans doute, des suppléances même totales sont possibles et nous verrons que per accidens, lorsqu’il n’y a pas moyen de faire autrement, elles s’imposent. Mais nous parlons ici selon la loi ordinaire qui veut que la grâce ne perfectionne qu’une nature en son plein exercice. A ce point de vue, la crédibilité simple n’est pas une propriété morale quelconque, comme celle, par exemple, qui suffit à motiver moralement un acte d’aumône ou d’humilité. Ce qu’elle doit justifier, c’est un acte d’adhésion intellectuelle. Or, un pareil acte ne saurait se dispenser de garanties spéculatives. Il serait immoral pour un être rationnel de gager en aveugle son assentiment rationnel. Sauf donc le cas, qui est une exception, où Dieu lui-même, par des moyens à lui, fait pour ainsi dire la preuve, la véridicité du témoignage humain qui, au nom de Dieu, présente les vérités à croire, doit être soumise à un examen rationnel.

A ces considérations se rattachent plusieurs particularités de la crédibilité rationnelle : valeur pratique intrinsèque, absolue ; relativité possible intrinsèque de son antécédent spéculatif considéré isolément ; valeur absolue de l’antécédent spéculatif et de l’antécédent pratique réunis sous la raison de motifs de crédibilité. 1° La valeur pratique de la crédibilité rationnelle est absolue, car elle est la garantie du jugement surnaturel

de crédentité, qui, moralement nécessitant vis-à-vie’I l’élection de la foi surnaturelle, veut être autorisé absolument au point de vue de la moralité humaine. Tout acte qui ne procède pas de la vue certaine de mon devoir est un péché. Je ne puis m’imposer catégoriquement, sans esprit de possibilité de retour, un acte de soumission intellectuelle, surtout à une assertion qui concerne ma fin dernière obligatoire, comme je le fais dans le jugement de crédentité, que si cette assertion m’est évidemment croyable. Et comme les grâces illuminatrices qui surnaturalisent le jugement de crédentité ne font pas d’ordinaire la lumière sur ce que je dois croire, c’est à ma raison de mettre l’objet qui m’est proposé dans cette lumière où croire m’apparaitra comme un acte souverainement moral. La crédibilité rationnelle devra donc être absolue par le côté où elle conditionne le jugement de crédentité, c’est-à-dire en tant que propriété pratique, mais d’un caractère pratique spécial, ne l’oublions pas, puisque c’est un acte intellectuel absolu qu’elle garantit.

2° L’antécédent spéculatif de la crédibilité, la preuve rationnelle du fait du témoignage divin, considéré dans sa valeur intrinsèque, peut être relatif. De fait, la plupart des motifs de crédibilité en sont là. En droit, il doit en être ainsi. Car. ce n’est pas dans un but de science spéculative et abstraite que cette preuve rationnelle est incorporée au processus de la genèse de l’acte de foi, mais dans un but pratique et concret. Il s’agit de fixer intellectuellement une conscience éveillée vis-à-vis du devoir de croire sur ce que la parole d’un prédicateur lui représente en regard de ce devoir. Or, cette conscience sera fixée dans le sens de l’affirmative si ses exigences en fait de preuves sont satisfaites. Mais rien de plus variable que ces exigences. Les esprits rigoureux sont en nombre intime, et d’ailleurs de nombreuses causes subjectives peuvent limiter leurs exigences rationnelles. La rigueur apodictique nous apparaît donc comme la limite d’une force probante spéculative relative, exigible seulement dans un cas donné. Pratiquement, elle est l’exception tout comme les suppléances totales de la preuve rationnelle’de la crédibilité. Relative aux exigences intellectuelles’1 ^ sujet appelé à la foi, telle est la note de la preuve rationnelle du fait de l’attestation, considérée dans*sa valeur probante intrinsèque.

3<" Cette relativité n’a aucun contre-coup sur l’évidence de la crédibilité. Si la preuve rationnelle du fait de l’attestation divine est vraiment proportionnée aux exigences intellectuelles du sujet, elle ne laisse en lui aucune prise à une opinion raisonnable contraire : elle l’établit dans un état de certitude, qui pour n’être pas scientilique, n’en a pas moins le caractère d’une certitude spéculative et spéculativement fondée, qui d’ailleurs est la seule dont il soit capable. Certain du devoir de croire à un Dieu qui révèle, certain d’autre part, autant qu’il peut l’être, que Dieu révèle cette vérité, l’homme voit avec évidence que cette vérité a droit à son assentiment, videt esse credenduni, et c’est seulement parce que l’acte de foi divine dépasse sa capacité naturelle, que, renfermé dans ses limites, il se borne à le déclarer apte à être cru, credibile. La valeur probante des deux prémisses est donc absolue en ce qui regarde la manifestation de l’évidence de la crédibilité.

Dans le concret, des grâces actuelles prévenantes, puis coextensives à tout ce labeur psychologique intellectuel et moral, concourent souvent à la formation de l’évidence de la crédibilité’et en sont la garantie supérieure. Ces grâces vont plus loin, car elles sont ordonnées à l’acte de foi lui-même, mais, en passant, pour ainsi parler, elles complètent, par des renforcements surnaturels, ce qui pourrait manquera l’objectivité des arguments qui prouvent la crédibilité’. Au rebours de ce qui se passe dans la formation de la foi humaine. »il