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CREDIBILITE


elle n’a de rapport avec l’acte de foi lui-même, que par l’intermédiaire d’une élection libre et surnaturelle. Moralement parlant, cette élection est chose due ; elle n’en reste pas moins libre et, de plus, incapable de se produire sans un secours divin très spécial. C’est un intermédiaire sui juris à ce double point de vue, et duquel dépend l’cflicacité définitive de la crédibilité obligatoire.

Crédibilité impérative.

Dans la psychologie de

l’acte humain (voir ce mot), nous avons distingué entre le jugement pratique obligatoire et le commandement. C’est, quant au fond des choses, les modalités mises à part, la distinction du verdict, sententia, et de l’arrêt, decretum, dans le processus de la justice humaine. Le premier jugement concerne la décision intérieure que prend la volonté ; le second, qui suppose cette décision, oriente vers l’acte extérieur la volonté déjà décidée : d’où son caractère impératif. Dans la psychologie de la foi. nous retrouvons ces deux moments : après s’être décidée intérieurement à la foi, la volonté doit mouvoir l’intelligence à la foi. Dans cet ordre exécutif, la raison ne lui dit plus sententieusement : Credandum est, mais, prenant acte de sa décision antérieure, elle lui dit impérieusement : Crede. La volonté toujours libre dans son fond, dès qu’il s’agit d’un bien particulier, peut résister à ce commandement : elle a la liberté de contradiction ; mais, s’étant interdite toute autre issue par l’élection libre qu’elle a faite de la foi, elle n’a plus, à moins de tout remettre en question, ce qui est un acte de la liberté de contradiction, la liberté de contrariété ou d’option. La crédibilité impérative, que développe le jugement contenu dans Vimperium fidei, est en ce sens immédiate L’acte de l’intelligence obéissant à la volonté, l’acte de foi proprement dit, Vobseijuiioii fidei, reconnaît dans la crédibilité impérative son justificatif objectif immédiat. Dans Vimperium la crédibilité’est en plein exercice de crédibilité. Cf. S. Thomas. De virtutibus in communi, q. i, a. 7.

La crédibilité impérative est, au point de vue concret, l’équivalent de la crédibilité actuelle, et d’ordinaire on les confond. Cependant, au point de vue de l’analyse psychologique, elleen diffère. Un acte d’intelligence comme est Vimperium fidei ne saurait actionner un autre acte d’intelligence comme rst Vobsequium i » icllecttu sans un acte intermédiaire d’utilisation. I i par la médiation indispensable il>' rei acte volontaire que la crédibilité impérative est séparée et distinguée de la crédibilité actuelle, terme propre de l’acte de foi. 1 Crédibilité impérée. — Les théologiens se servent

constamment du mot credibile r désigner l’objet de

fm lui-même, l’article de foi. Cf. s. Thomas, Sum.

theol., IIa-IIæ, q’a. ti Utrum credibilia tint per

certot arliculo » distinguenda Le mot credibile est, dans

[uivalent de creditum. Il n’en diffère que par

ignifleation qui est (lui. non d’une chose

réalitée, mais d’une aptitude i la loi -mon potentielle

du moin irtuelle. ^.i-t il place dans ce ! em

ploi du mot credibile pour un quatrième degré do la

crédibilité !

Nous ne pouvons en douter et l’expliquons ainsi. La

libilité impérative pi ul i Ire considérée de di ux

manières d’abord dans le rapport du décret qui la

formule : i l’acte de volonté antérieur de l’élection, impe formai iter intelleetui virtualiter volun elle participe de la nature agis ii bu même. ensuite, dans le rapport

immédiat qu’établit et impose Vimperium fidei entre

la v lit de foi et l illumination do la Vérité première,

rapport qui la rend actuellement recevable on vertu du

U io < h., , ii.- premli l de l « vérité

de foi nnsi conçue que -.uni Thomas dit.Von habel

tint im m aticul

lnl Sent., I. III. dist, l.

mi r D1 mini. i.ATimi..

q. i, a. 1, sol. 1. Dans le premier sens, elle devait la modalité de sa crédibilité au contre-coup sur l’intelligence de l’acte volontaire de l’élection, elle était une cause de l’acte formel de foi ; entendue dans le second sens, elle fait corps avec lui, elle devient son terme actuel ; là agissante, ici agie : là impérative, ici impérée. Considérée comme impérative, elle spécifie l’acte dénommé imperium fidei ; considérée comme impérée, ou comme actuelle, selon le mot de saint Thomas, elle spécifie l’acte dénommé obsequium intellectus. Ce dernier acte n’est autre que l’acte formel de foi dont l’objet propre est la vérité crédita. Entre le credibile actu et le creditum, il n’y a que la distinction qu’établissent les intermittences de l’acte de foi. Une fois la vérité de foi dans l’état de crédibilité impérée, sans nouvel imperium, puisque celui-ci est acquis, par l’effet d’une simple motion applicalrice mettant en acte l’habitus de foi, elle passe à l’état de vérité actuellement crue. La crédibilité impérée ou actuelle peut être donc considérée comme l’achèvement de l’ordre de la crédibilité, comme une crédibilité consommée.

Avec la crédibilité consommée, nous avons achevé de justifier les quatre formes étagées de la crédibilité : la crédibilité simple, nécessitante, impérative, impérée ou actuelle.

Si nous considérons ces degrés au point de vue spécifique, nous les voyons se partager en deux espèces irréductibles. La crédibilité simple est, en effet, de l’ordre naturel comme ses deux antécédents : le devoir de croire et la preuve rationnelle du fait de l’attestation divine. La crédibilité’nécessitante, la crédibilité impérative, la crédibilité actuelle ou consommée ne sont, au contraire, que trois degrés d’intensité d’une seule el même crédibilité, la crédibilité surnaturelle, qui s’accentue à mesure que le progrès du fonctionnement psychologique de l’acte de foi, sous l’action divine. voit s’affirmer de plus en plus urgents et immédiats les droits de la Vérité première. Il y a donc seulement deux espèces de crédibilité.

Dans ces deux acceptions spécifiques, la crédibilité constitue une propriété de l’objet de foi relative à l’intelligence humaine, propriété analogue à la propriété transcendantale de visibilité que développe l’essence divine vis-à-vis de l’intelligence du bienheureux et que saint Thomas, Sum. theol., 1°, q. mi. a rangée parmi les attributs de Dieu, et à la propriété de cognoscibilité que l’être divin manifeste en regard de l’intelligence créée capable de connaître l’être minersel. S. Thomas, ibid., a. 12. La crédibilité surnaturelle sera donc la propriété

transcendantale que possède la révélation divii bjec live en regard de l’intelligence enrichie, ou en voie d’être enrichie, de la vertu de foi surnaturelle. La crédibilité rationnelle Bera la propriété transcendantale que possède i.i révélation divine objective en regard de

l’intelligence naturelle.

L’intelligibilité divine se proportionne par ces quatre propriétés : cognoscibilité naturelle, crédibilité rationnelle, crédibilité surnaturelle, visibilité, a l’effort con timide l’intelligeno outenue par une illumi nation divine progressive, pour entrer dans I

de l’Etre divin, et assure.hum i.i soudure des quatre ordres de connaissance par lesquels elle l’atteint : métaphysique, apologétique, Ihéologii. science des bienheureux.

i. s. Thomas, Sum. " i il’, q. viit, xt-xvii ; u n

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theol. nII*, q i, a’i i B ifii’II* tt*, q. i,

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