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point tempéré, comme dans la théologie catholique, par de justes professions d’ignorance, n’est-on pas mis en singulière défiance à les voir expliquer la constitution et les actes de l’Absolu avec moins d’hésitation que l’histoire des vues politiques d’Alexandre ou de César ? 2 1 L’acte créateur et les théories scolastiques de l’action. — Pour préciser, autant que faire se peut, l’acte créateur, on examine à quel point ce que l’on en sait cadre ou non avec les classifications philosophiques adoptées. Ces discussions ont eu l’avantage de mettre en pleine lumière les notions que nous venons d’exposer et sur lesquelles, semble-t-il, tous les théologiens sont d’accord. Le reste est question d’école et dans une certaine mesure, question de mots.

1. La création n’est pas une mutation au sens strict. — L’averroïsme posait le problème en ne reconnaissant d’autre action que la modification d’état, mulatio ou moins, et en exigeant comme cause de tout changement de ce genre un mouvement proportionné de l’agent. Il en résultait, comme le notait Gilles de Rome, dans le traité adressé par lui à Albert le Grand, cf. Mandonnet, Siger de Brabanl, p. cxxi, 5 sq. ; Denifle, Chartularium univ. Paris., t. i, p. 487, que le mouvement était éternel et ne pouvait procéder de Dieu immédiatement. De là, condamnation, en 1241, par Guillaume de Paris de cette proposition, primum et creatio-passio non est Creator nec creatura [ailleurs : possii non esse creata], Denille, op. cit., t. i, ]i. 170, n. 128 ; cf. n. 130 ; en 1277, condamnation de la suivante, par Etienne Tempier : quod creatio non débet dici mutatio ad esse. Ibid., t. i, p. 543 sq., n. 217. La censure ajoutait pour cette dernière : « erreur, si on l’entend de toute espèce de mutation. » On peut en effet distinguer une triple mutation : ad esse ou création, ali esse ou annihilation, in esse ou modification d’état. La dernière seule est. de fait, une mutation proprement dite dont les deux termes sont réels ; les deux premières, du néant à l’être ou de l’être au néant, emportant cependant un réel changement, et réduire l’action au seul conc. ipl de mutatio in esse, c’était exclure par nu posinl.it la possibilité de la création. Jusqu’ici l’entente est facile, s. Thomas, Sum. theol., I » ,

q. xi.v, a. 2..ni 2 Depotentia, q. ni, a. 2 ; S. Bona venture, lu IV Sent., I. II. dist. I, p. i, a. 3, q. is.(., Quaraochi, t. n. p..’il sq.

2. C | tu "a ir mi milieu phy sique entre la eau-.’première et l’effet. — Cette Non, par où « e poursuit normalement le problème implique des sens multiples que l’on donne au mut d’action Pi du caractère tout spécial de

i n exemple éclaircira le

1 i mes. i n.ni ; -’prépare une statue. Le i de son ciseau s’appelle

n action, ’ment c’est la caust

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lui et l’œuvre réalisée, i est la mise enjeu préalable d’uni force au i

.1. II. c. ix ;.s’nni, theol., i q. ir.. < I lui, .., de l’effet, la sérii des transformade I éhau ii di i mi poli, est inter I étal de bloc Infor : celui de

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dite intermédiaire i d une part, en effet, Dieu

mouvement, s. | homas, ’« .<-. cit. ; « le l autre,

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Si I..n veut din Ci p< ml ml qu’une chose est logique* nue comtni en roi* de production….,

avant d’être produite, in facto esse, on pourra concéder qu’en ce sens l’action créatrice est un intermédiaire, mais logiquement seulement, non physiquement, entre le créateur et son œuvre. S. Bonaventure, loc. cit., q. n. Si l’on veut que toute action soit un mode de l’effet, cause de son devenir et séparable de sa substance, l’affirmation prête à même critique que les modes suaréziens du moins ainsi présentés. Si ce mode est créé lui-même sans intermédiaire, pourquoi serait-il requis ? S’il en requiert lui-même un autre, il en faut une infinité.

3. C’est une action formellement transitive.

En plus des sens précédents il en est un plus essentiel, actio formaliler : c’est l’action au sens propre. Ce n’est ni son principe, actio principiative, ni son résultat, aclio lerminative, mais la qualité qui permet de nommer la cause une cause actuellement agissante. Si l’action ainsi entendue demeure une perfection interne de l’agent, elle est dite immanente — ainsi d’un acte de volonté ; elle est dite transitive, si elle a pour résultat de produire quelque perfection nouvelle dans un sujet extérieur — telle l’impulsion donnée à un mobile. Dans quelle classe d’action, immanente ou transitive, convient-il de ranger la création ?

Les anciens scolastiques, faute de distinguer en chaque réponse les diverses acceptions du mot action, semblent favorables tantôt à une opinion, tantôt à l’autre. Chacun des modernes les tire à soi. Suarez professe que c’est une action transitive et un mode distinct de l’effet. Disp. met., disp. XX, sect. iv, n. 21. Cf. Molina, I a, q. xi. v, a. 3 ; q. xxv, a. I ; Lossada, Cursus philosophiæ, in-12, Barcelone, 1883, t. vi, tr. III, disp. I, c. ni, n. 7 sq. Yasquez rejette le mode, avec quelque raison, ce semble, In J am S. Thomee, disp. CLXXIII, c. ii sq., in-fol., Lyon, 1620, p. 259 sq., « la création-action n’est ni la volonté, ni l’intelligence divine, car ce sont là les principes de la création, principia creandi, non la création elle-même ; la création n’est autre chose qu’une relation dans la créature. » Ibid., c. iv ; cf. disp. CLIX, n. 41. Ainsi pour Suarez, comme pour Vasquez, la création sérail un., action formellement transitive ; ils se séparent quand il s’agit de déterminer ce qu’elle est dans l’effet. Vasque/, semble peu conséquent avec lui-même en admettant que l’action (creatio-actio) serait en Dieu, s’il agissait comme l’agent créé par une modification accidentelle de son être, ibid., disp. CLXXIII, c. n ; disp. CLIX, n. 41 : cette modification ne serait cependant, comme il le disait lui-même, que le prim prochain de l’agir, non l’agir lui-mé

La plupart des modernes adoptent une solution mixte. La création, disent-ils, est une action immanente. mais d’une perfection et d’une efficacité telles qu’un |. rieur en résulte, formaliter immanent, virtualité ! ’transiens. Cf. Pahnieri, De Dec créante ri "tr, 1878, part. I, c. i, a. I. th. v, p. (il sq. ; Mairelia, De Deo créante, in-8°, Woodstock, 1^77, disp. 1. a. 2. p. 22 sq. ; dotn I.. Janssens, Dr Dru créante, m s. Fribourg-en-Brisgau, 1905, part. I, sect. n. a. -. 3, p. 139 sij. ; (Jrraburu, Cotmologia, m 8. Vallad disp. II. c. ii, a. 3, p. 205 sq.

Un très petit nombre reprennent la solution de Yasquez, la complètent <t l’appuient sur la théorii "

nne de l’action Cf. Mendive, Institut, theodic, in-12. Valladolid, 1 1. n. n. 213 ; I

Institut, logic., in s. Friboui iu 1890,

t. n. p. n. n. I558j Institut, philos, naturalis. in-8. I i i

ii. 1897, i ii, n 531. — La création pta sérail donc I être m. me de la en i m i.uii que produit dans le temps sous l’influ

rnel. Prise an elle-même, c’eal une action formellement transitivi. considérée dans -on principe prochain, c’eal un acte Immanent de voli