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CREATION

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interne qui est toujours avec le Père, Ad Autol., 1. II. 11. 10, l-l. P. <<, t. vi, col. 1064, 1088, estson conseiller, <TÛpt6010u>v, ibid., col. 1088, son ministre, 6 « oupY<5v, col. 1064. <. » nand il veut produire les créatures, Dieu rne, êyévvY]oe Jtpoçoptxdv, et c’est le premier-né de toute créature. Dieu ne le perd pas en le proférant, mais il l’engendre, et ce Verbe, vraiment Dieu lui-même, est l’instrument naturel des théophanies. Ibid. A tort encore, ce semble, Petau concluait de ces passages, loc. cit., S 6, p. 22, que saint Tiiéophile reconnaissait deux Verbes distincts. Les textes ne requièrent qu’une différence quelconque d’état et ne peuvent guère s’entendre de deux individualités séparées Cf. tojtov tôv A’jyov l-féwi)<re.

Nous retrouvons l’héritage certain de saint Théophile dansTertullien et dans saint Hippolyte. On rapprochera entre autres les aflirmations communes sur l’immensité divine, aOroçTÔTto ; <’.'>v, S. Théophile, op. cit., . II, n.10, col. 1064 ; ipse sibi et mundus etlocus et omnia, Tertullien, Adv. Prax., c. v, P. L., t. ii, col. 160, le <tj|j.60u).ov et l’ûitoupyôv de saint Théophile, loc. ci t., du crj[i.êrju).ov -/.ai ipyàfW de saint Hippolyte. Adv. Noet., n. 10, P. G., t. x, col. 817. La distinction entre les deux Verbes se traduit chez saint Hippolyte par la distinction entre le Àoyo ; èv5 ; 16cToç et la çwvv-, Adv. Noet., n. 10 ; chez Tertullien par la différence établie entre la ratio et le sermo. Adv. Prax., c. V, col. 1C0.

Tertullien critique l’emploi peu judicieux des termes /ôyo ; et sermo, l’usage étant déjà reçu, per simplicitatem inlerpretalionis, de dire que dès le commencement le Sermo était en Dieu, c. v. Ces termes çtovr„ sermo, lôyo ;, parole, impliquant quelque rapport à l’extérieur, ne peuvent, au sentiment de cet apologiste, convenir à Dieu éternellement. Quant à la génération du Logos, il la décrit ainsi : ante omnia Deus erat solus… celcrum ne tune quidem soins ; liabebat enim seenm, quam habebat in semelipso, ralionem suam scilicet.. Non sermonalis Deus a principio, sed ralionalis Dens eliam ante principium. Cependant bien que Dieu n’eût pas encore émis sa Parole, sermo, en tant qu’il méditait avec sa Raison, il faisait d’elle une Parole. Ainsi en va-t-il de nous, quand nous méditons en nous-mêmes, i/a secundus quodammodo in te est sermo, per quem loqueris cogitando, et per quem cogilas loquendo. Ipse sermo alius est… Quanto ergo plenius hoc agitur in Deo. Loc. cit., col. 160. Au moment où Dieu veut réaliser ses desseins, « il profère cette première parole, primum sermonem, qui a en soi pour compagnes la Raison et la Sagesse, afin que toutes choses soient produites par elle, par qui elles avaient été pensées, ordonnées et même faites du moins dans la pensée de Dieu, » c. VI, col. 161. De là deux paroles, l’une dans la pensée de Dieu, condilus ad cogitalum, l’autre dans son opération, generalus ad effectum, et c’est cette seconde qui constitue la génération parfaite, hsecest nativitasperfeelasermonis, c. vii, col. 161 ; à rapprocher du De anima, c. vi, P. L., t. i, col. 656. Cette émission diffère des émanations gnostiques en ce que la Parole proférée est inséparable de celui qui la profère ; elle a pour corps pour ainsi dire l’esprit même de Dieu : sermonis corpus est Spirilus… Sermo ergo et in Paire semper… et nuniliKiin alius a Pâtre, c. vin. col. 163. Mais il n’est guère douteux qui’la Parole ne soit inférieure à Dieu même, secundum a Paire, c. VIII, col. 162 ; c. xui, col. 170 ; Pater tutu substantiel, Filius derivatio lotius et porlio, c. i., col. 164 ; ce n’est que le rayon par rapport au soleil, c. xiii, col. 170. Il est impossible de juger désignée par cette première voix la création elle-même ; comment expliquer entre autres les mots habentem in se individuas suas, c. VI, et l’antériorité de cette première parole sur la création qu’elle doit opérer, generala ad effectum, c.

. et ce passage où

s’accuse avec la même différence le caractère temporel de cette génération : comment la matière serait-elle éternelle, objecte Tertullien au dualisme d’Ilermosi en Dieu même la Sagesse est née dans le temps, si enim intra Dominum quod ex ipso et in ipso fuit sine initio non fuit — Sophia scilicet ipsius exinde nata et condita ex quo in sensu Dei ad opéra Dei disponenda cœpit agilari — multo magis non capit sine initio quiquam fuisse, quod extra Dominum fuerit.’Adv. Hermog., c. XVIII, col. 213.

On retrouvera, pour une bonne part, la source de ces idées dans VAdv. Noetum de saint Hippolyte. Cf. Xoeldechen, Terlullian wider Praxeas, dans Jaltrbuch fur protestanlische Théologie, 1888, t. xiv, p. 596 sq.

Iiieu, écrit ce Père, préexiste seul à toutes choses, seul et pourtant multiple, |xôvoç ûv, noVù< }, o(Jre yàp aÀoyoç o-jt£ a<roço ;. Adv. Noet., c. x, col. 817. Comme principe, comme conseiller, comme artisan de la création il engendre le Logos. Ce Logos qu’il portait en lui invisible au monde créé, il le rend visible, prononçant une première parole, lumière qui engendre la lumière. Il le députe à la créature… pour le salut du monde. Ainsi eut-il près de lui une personne distincte, y. où ctItw ; 7rapi<j ?aTo xùt5> Irspo ;, c. xi, col. 817. Le Tout c’est le Père, de qui procède, comme sa puissance, le Logos. Il est cette intelligence qui se produisant dans le monde fut manifestée comme l’enfant de Dieu. Ibid. L’explication ne laisse pas que d’être obscure. Encore n’est-ce ni par l’incarnation, ni par la création que le Logos peut devenir une autre individualité à côté de Dieu, o’jtcoç Ttapid-aTo ÎTspo ;. Il accomplit les ordres du Père, c. xiv, col. 821. Et saint Hippolyte s’en va chercher dans l’incarnation l’explication du titre de Fils donné au Logos, c. xv, col. 824.

Même doctrine dans les Philosophoumena, séparés du précédent traité par une trentaine d’années. Sur l’harmonie des deux écrits en ce point, cf. d’Alès, Théologie de S. Hippolyte, p. 23, note. Dieu, seul à l’origine, produit d’abord par la pensée son Verbe immanent, o-j >ô- V’o> ; çtovrçv, à)./.’Èv8116îTOv roû IlavTo ; fi(TLOt. Ce Verbe, qui porte en lui toutes les idées du Père, est de ce chef l’agent naturel et parfait de toutes ses œuvres. Philos., 1. X, c. xxxiii, P. G., t. xvi, col. 3147. Il suffit que Dieu le profère.

Ayant ainsi marqué plus nettement que ses devanciers une certaine préexistence du Verbe, rcoXùc f, v, et la double explication de sa génération, comme itpo-TÉpa çcovi, , et comme Verbe incarné, notre auteur a poussé plus loin qu’eux ce qu’ils avaient indiqué de la dépendance du Verbe à l’égard de la volonté divine : Dieu, dit-il, peut faire un Dieu, s’il lui plaît, puisque n lus avons l’exemple du Logos, k’/si ; roO yti -xozoi <xa. Philos., ibid., col. 3450. Des expressions analogu s de Tertullien, dispensalionem constilulam in que d Deus voluil. Adv. Prax., c. iv, P. L., t. ii, col. 159 ; cf.. x, col. 166, pouvaient encore recevoir une interprétation bénigne, que le texte de saint Hippolyte ne supporte plus.

Sans aller jusqu’aux exagérations des sociniens, cf. Chr. Sand. Nucleus historiée ecclesiasticæ, Amsterdam, 1668, réfutées par l’anglican G. Bull, Defensio fidei Niceenx, ^ édit., Oxford, 1688, et à sa suite par Bossuet. YP Avertissement aux protestants, Œuvres, in-4°, Paris, 1846, p. 551 sq., en évitant même les sévérités de Petau, atténuées d’ailleurs dans sa préface, op. cit., praT., c. v, t. il. p. 12. en laissant à part Athénagore, plus indépendant, et même Tatien, pour considérer spécialement les représentants étroitement apparentés des écoles de Rome et de Carthage, il semble difficile de ne pas reconnaître dans ces textes une déformation de la doctrine chrétienne par la philosophie profane. « On a voulu, écrit sur les premiers apologistes M. Tixeront, interpréter leurs paroles dans le sens d’un