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CREATION


être la prédication aux. Juifs monothéistes et aux gentils. Le dogme de la création était admis chez les uns ; chez les autres, c’était de par la nature des choses le premier à inculquer. Pierre et Jean commencent leur prédication devant les sanhédrites à la mission de Jésus-Christ ; les fidèles proclament Dieu créateur de toutes choses, Act., iv, 24 ; saint Paul devant les Grecs débute au contraire par la création : annunliantes vobis converti ad Deum vivum qui fecit cxlum et terrain et omniu quse in cis sunt. Act., xiv, 14. A Athènes sur l’Aréopage il a précisément devant lui le matérialisme épicurien et le panthéisme stoïcien, Act., xvii, 18, 32, aussi prêche-t-il, comme le dieu inconnu, le créateur et seigneur du monde, ô -vA.nxt

tov xcioaiv -/.ai Ttâvra Ta êv a’JT’Ti oupavoû’/.ai yr, ?

xûpio ;. Act., xvii, 24. Si le dieu du stoïcisme est conçu comme immanent, le vrai Dieu n’est pas moins intimement présenta chacun de nous, in ipso enimvivimus, et movemur et sumus, 28, si bien que l’apôtre ajoute : comme l’a dit un de vos poètes, nous sommes de sa race, Toû yàp -/.ai ylvoç inij.i-i. Ibid., 28. Ces mots ont un sens sûrement panthéiste chez le stoïcien Aratus, cf. W. Montgomery, The quotation froni Epimenides, in Act., xvii, 28, dans Expository Times, 1907, p. 288, mais dans une citation de ce genre toute approbation n’est pas forcément absolue, si tout le reste de la doctrine marque assez la divergence d’idées. Ainsi agiront saint Justin, Athénagore, Clément d’Alexandrie, quand ils invoqueront à l’appui de leurs thèses poètes et philosophes païens.

(>) Les premières Épitres. — Aux fidèles, la création est rappelée comme le principe qui doit régler leur conduite. « Nous savons, écrit-il, I Cor., viii, 6, qu’il n’y a pas de Dieu, si ce n’est qu’un seul. Et en effet bien qu’il y en ait qui portent le nom de Dieu au ciel et sur la terre, … cependant pour nous il n’y a qu’un Dieu, le Père, de qui sont toutes choses, e ; c Ghô ; à T, a-rp, kï oj xx Trivra, et nous à lui, et un Seigneur Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes nous-mêmes. » Lemonnyer, Epitres de S. Paul, 4e édit., in-12, Paris, 1906, p. 131. C’est bien la conception de l’Ancien Testament. Jahvé est le vrai Dieu parce qu’il est le créateur, et partant le seul dont il faille tenir compte. Il importe aussi de le noter contre ceux qui voudraient voir dans l’expression iraT/jp tûv ô/.tov, Kx-r, o 7rxvToy.pâT(i)p, etc., une déformation de la paternité divine prèchée par Jésus-Christ. Kattenbusch, Das aposlol. Symbol, in-8°, Leipzig, 1900, t. H, p. 530 ; la création e*t ici comme dans TraTv-, p uâvTtov, Eph., iv, 6 ; cf. Heb., il, 11, 12, le titre premier de la paternité : la filiation par lesalut messianique le suppose et le complète. L’action créatrice est plus analysée encore : « C’est de lui et par lui et pour lui que sont toutes choses. » Rom., xi, 36. Il est « celui qui vivifie les morts et qui appelle ce qui n’est pas comme s’il était, v.x xaXouvroç Ta fj, Y] ovta d>ç ovTa » . Rom., iv, 17. Le terme v.x’/.iw peut s’entendre, sans affaiblir en rien l’affirmation de la toute-puissance divine à l’égard du néant, soit de l’appel à l’existence, soit de l’appel au salut. Cf. Rom., viii, 30 ; Lemonnyer, op. cit., p. 273. Toutes choses sont o-uvres de ses mains, Rom., i, 20, 25, quelle que soit l’exégèse donnée à àno xtiueio ;. Cornelv, In Epis t. ad Jiom., in-8°, Paris, 1896, t. i, p. 84, Enfin dans ses décrets éternels, « ceux sur lesquels son regard s’est arrêté d’avance, il les a aussi prédestinés a être conformes à l’image de son Fils, pour que celui-ci soit un premier-né parmi beaucoup de frères. » Rom., viii, 29. Le sens précis de ce passage, à savoir la conformité des élus avec Jésus glorifié, Lemonnyer. op. cit., p. 301, ou même la conformité quant à la glorification du corps, Cornelv. ap. cit., p. 154, a peu de rapport avec notre sujet, mais le texte est important par les perspectives qu’il ouvre sur le rôle du Christ

comme archétype, et par l’exégèse qu’il a reçue chez les Pères. Cornelv, ibid., p. 149 sq

c) Les Epitres de la captivité. — Le cornmencern « -rit de la spéculation hétérodoxe, la pseudognose. M : r Ruchesne, Histoire ancienne de l’Église, in-8°, Paris, 3’(dit., 1907, t. i, p. 66 sq., amène saint Paul à développer cette doctrine. Les deux Epitres aux Épbésiens et aux Colossiens, réclamées par des besoins identiques, enseignent, contre la multiplicité des intermédiaires, l’unicité stricte du créateur. « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et père de tout, Tcaxr.p itâvTcav, qui est au dessus de tous, et agit en tous et est en tous. » Eph., îv. 5. 6. Le rôle du démiurge se précise : « image du Dieu invisible, engendré avant toute créature. xpoTÔxoxo ; T.xr : r, z %xiae.u>ç. » Col., i. 15. Il v a lieu de rapprocher cette expression image de II Cor., iv. 4 ; Heb., i, 3 ; Phil., H, 6. Cf. Lemonnyer, op. cit., t. ii, 1905. p. 51. « En lui tout a été créé… Tout a été créé par lui et pour lui. Et lui-même il est avant tout et c’est en lui que tout subsiste, et lui-même il est la tête du corps de l’Église, en ce qu’il est le principe, ScêcTiv àp/r, , le premier-né d’entre les morts…, parce qu’il a plu à la plénitude, jcâv t’o itXvjptau.a, de faire en lui son séjour. » Col., i, 16 sq. ; Lemonnyer, ibid., p. 53. On voit l’opposition entre ce Fils-démiurge, en qui réside tout le plérôme, et les éons gnostiques dont l’agrégat constitue le Dieu souverain, Tr’/rpuvja. Fait remarquable, ce qui, Rom., xi, 36, était dit du Père, est appliqué ici au Fils, Col., i. 16. 17. comme Heb., I. 10. lui attribuera, sans prévenir davantage, le rôle de créateur donné manifestement, Ps. ci, 26-28, à Jahvé lui-même.

d) L’Épitre aux Hébreux marque, seinble-t-il, un égal progrès de la spéculation théologique._ Le fait de la création est mentionné, i, 10 ; cf. Ps. ci. 26 ; Heb., m. 4 ; iv, 3 ; xi. 3, et Dieu qui en est le principe en est aussi la fin, ii, 10. L’auteur de la création c’est aussi le Fils, comme ministre du Père. BiVJ xai ïvoir^vt tov : ai<5vaç, i, 2, ou comme le Père lui-même, car par un changement curieux analogue à Heb.. i. 10. le. 3 du c. ni, donnant le Fils comme auteur de toutes choses, le v. 4 du c. m continue : or c’est Dieu qui construit tout, comme il a créé le monde, il le conserve. Heb.. 11, 3, et cela par une parolequi est toute-puissance, comme dans Gen., i. Sanctificateur, il a avec ceux qu’il sanctifie une commune origine ; et voici bien encore la paternité divine appuyée sur la création, ii, 11 ; les hommes sont ses frères, 11, 12. 17 ; il est le premier-né de Dieu, i, 6. Enfin ce démiurge est décrit, dans les termes de Sap., vii, 25, 26, le rayonnement de la gloire du Père, I, 2. Voir plus loin.

Saint Jean.

Le fait de la création ex niliilo est

impliqué par les déclarations de Jésus : il existait chéri et glorifié par le Père avant la constitution du monde. Joa., vin. 58 : xvii, 5. 21. L’hypothèse d’une matière éternelle et indépendante semble suffisamment exclue par I. 3 : l’amplitude des termes le suggère, itivTa — o-Joiv. aussi bien que le choix des mots, Yiyvou.ai, non vevvîu. Le texte. Mil, 25, Tu quises’?… Principium qui et loquor V( est d’une exégèse trop contestée pour être invoqué utilement.

Le rôle d’intermédiaire est accusé plus nettement que dans les écrits précédents. Le Fils est l’envoyé, le ministre du Père, iv, 31 ; v. 13 ; V’1, 38 ; viii, 28 ; VIII, 12 ; il reçoit des ordres, viii, 28, 29 ; XII, 49 ; XV, 10 : xiv. 31 : il ne peut rien de soi, v, 19 sq.. et le Père, en un sens, est plus grand que lui, xiv. 28. Reuss, Histoire de la théologie chrétienne an siècle apostolique, 3e édit., in-8°. Strasbourg, 1864, 1. VII, c. vi, t. n. p. 135 sq. Son rôle de démiurge et sa nature sont exprimés dans les deux premières strophes du prologue, i. 1-5 ; cf. I, 10.

1. Au commencement était le Verbe

Et le Verbe était (epa ;) en Dieu

Et Dieu’tait le Verbe.