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Taut point ; il ne s’agU pas la du néant comme point de

départ, mais de l’existence comme luit visé : Dieu veut la vie et non la mort. Un emprunt à la philosophie de

Platon est Lien vraisemblable : ïftofç&v o/ fexstwv i~am, .ï : ( » 7 LÔEtiv coKçfiiXXoi SéjpEoôai itdflev, Platon, Ïj 50, in-’.', édit. Didot, 1883." t. ii, p. 218 ; i-yôpaTûv /.ai &mç<pov, 51, p. 219. Ritter, Hisloria phil. grsecse, 8 « édil., in-S", Gotha, 1898, p. 255. L’ensemble du livre exclut suffisamment toute conception dualiste. Voir surtout, xi, 22, 24. 25, où l’auteur établit la dépendance absolue de toutes choses à l’égard de la volonté divine, soit dans le devenir, soit dans la durée. De même qu’il n’a pas fait du monde un dieu, xin icate ètôuîvov Serfv, Timée, 34, édit. Didot, p. 207 ; Ritter, p. 258, l’auteur pouvait, quitte à ne comprendre que superficiellement la pensée du philosophe, appliquer ses paroles à la matière chaotique.

lians l’Ecclésiastique, même personnification de la Sagesse. Antérieure à tous les êtres, i, 3, 4 ; créée de Dieu, y.Tirsiv, 1, 4, 9 ; xxiv, 12, H, sortie de la bouche du Très Haut, ànb a"rôu.aTo ; … èîjyjXôov, XXIV, 5, aussi distincte comme personnalité que les anges au milieu de qui elle parle, xxiv, 2, elle proclame elle même son rôle dans la formation de l’univers, xxiv, 5-15. La description de la Sagesse, comme hypostase, est ici inoins riche de traits suggestifs que Sap., vii, 21-vni, 19. La théorie de la création s’accroît par contre de quelques notions précieuses, Eccli., xvi, 24-xvii, 9 (mais xvi, 25 b, e, est une addition de la Yulgate), rappelle manifestement Gen., i, et précise : Dieu dans le commencement tn-, cf. Gen., i, 1, a ordonné ses œuvres, xvi, 26, et leur a fixé des lois immuables, xvi, 27-29. Le même sujet est repris xxxix. 20-xl, 1. Ailleurs l’auteur répond à cette grave objection à laquelle va se heurter le mouvement gnostique et manichéen. Il affirme Dieu créateur de toutes choses, reconnaît le mal physique et moral, et proclame cependant que tout est bon dans les œuvres de Dieu. Vulg.. x.xxix. 21, 26, 30-38, 39-41 ; héb., xxxix, 16. 17, 21, 21-32. Qu’on lise, xxxix, 28, il y a des vents créés pour la vengeance, ou : il y a des esjirits… (en hébreu Mil ?) la pensée demeure la même ; c’est celle de l’Ecclésiaste ; ce qui nous semble mauvais vient pourtant de Dieu, Vulg., xxxix, 31, 35, a sa raison d’être et sera quelque jour trouvé excellent, Vulg., xxxix, 26, 39, 40 ; héb., xxxix, 33, 34. Autres passages importants : Dieu est créateur de tout, Vulg., xiii, 15 ; xliii, 37, héb., 33 ; par sa parole, Vulg :, xlii, 15 ; xlhi, 28, héb., 26 ; Jahvé est admirable dans ses créatures. Vulg., xliii, 1-27. Deux traits nouveaux marquent une pensée plus profonde : du fait de la création. « rien n’a été ajouté à son être et il n’en a été rien ôté. » Vulg., xlii, 21. Enfin, Vulg., xliii, 29, héb., 27 : « pour résumer notre discours il est le tout, hz~ N--, » c’est-à-dire toute la raison d’être de ses créatures. Une explication panthéistique, comme le reconnaît Ryssel, est ici impossible. Kautzsch, Die Apoknjphen und P sein le pi g raphen des A. T., itf-8, Fribourg-en-Brisgau, 1900. t. i, p. 44-8, note i ; p. 216.

6° Le livre des Machabées nous apporte un témoignage du IIe siècle. La mère des Machabées exhortant le dernier de ses fils lui dit : « Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre…, sache que Dieu les a créés de rien, i : o-Jx oVr(*v T et que la race des hommes est ainsi arrivée à l’existence. » II Macli.. vii, 28 ; Vigouroux, llible polyglotte. Pari*, 1906, t. vi, p. 838 ; Barda ; , Swete. The <>ld Testament, Cambridge, 1898, o-jz £ ; èfvruv. Kautzsch, op. cit., t. I, p. 100, traduit : die niclit irareti ; Vacherot, Histoire critique île l’école d’Ale.ru ud rie, in-8, ISiO. t. i, p. 132, note : non entiu fecit esse et non ex ni/iilo. Pour Smeml. op. cit., p. 137, note 2, l’expression signifie seulement que les choses n’existaient pas auparavant. Origmie. au conraire, In Joa., tom. i, n. 18. P. G., t. xiv, col. 53 ;

l’enarch., 1. 11, c. i. n. 5. /’. G., t. xi. col. 186, l’interprète dans le sens de ex nihilo, et ces mots sont de fait les termes reçus chez II - P( res pour signifie] <l, i néant. L’emploi d’une pareille formule au sens d’une modification de la matière, r.’y.iM. creatio secunda, équivaudrait dans la bouche de cette femme du peuple à une subtilité bien invraisemblable, et elle serait fausse appliquée à la seconde partie de la phrase : et c’est ainsi… D’après Gen., I, 26 ; lt, 7, l’homme tout entier n’a pas été façonné de la matière.

Le texte est d’autant plus intéressant que la mère des Machabées n’est donnée ni pour plus instruite, ni pour plus inspirée que le reste du peuple. F. de Hummelaner, lu tien., p. 87.

Conclusion.

Cette enquête ainsi terminée avec

le dernier des livres canoniques, si imparfaite qu’elle soit, on peut essayer d’en dégager les conclusions. Nous avons évité de traiter comme l’u-uvre d’un auteur unique des textes que séparent des siècles entiers et peut-être une mentalité tout autre. Axant ainsi interrogé isolément chacun des écrivains inspirés, arguant de leurs paroles expresses, des doctrines professées sur les points connexes, de leur silence même sur les théories opposées, quand ils auraient eu l’occasion de laisser voir qu’ils les partageaient, nous croyons pouvoir résumer ainsi les caractères communs de leur enseignement sur la création. Cf. H. Schultz, Alt testament. Théologie, p. 446-452. — 1. Distinction absolue de Dieu et du monde : tout procède de Dieu, les anges, les’Élohim, les astres, les monstres, le mal même ; et tout procède comme le résultat d’une action extérieure, non par évolution interne comme dans le panthéisme ; 2. nulle opposition entre Dieu et le monde : le chaos n’est pas indépendant de lui, ni rebelle à sa voix ; la matière n’est pas un principe mauvais qui lui résiste comme dans les systèmes dualistes : 3. nulle séparation entre l’univers et son auteur : ni évolution mécanique à laquelle Dieu serait étranger, ni intervention désordonnée de Dieu. Chaque chose suil la lui quelle a reçue sous la providence toute-puissante de Dieu.

Ces caractères qui ne se démentent pas d’un bout à l’autre des livres de l’Ancien Testament constituent en faveur d’une création stricte ex nihilo un argument autrement sur que quelques textes isoles. La revue précédente a permis par ailleurs de juger quelle parenté peut avoir avec l’Ancien Testament chacune des thèses du dogme actuel : liberté de l’acte créateur, son exécution dans le temps, la bonté pour cause, la gloire de Dieu comme fin. etc. Voir plus loin.

8° Lu création dans les écrits extracanonique*. — Les écrits canoniques ne reflètent pas tout le mouvement des idées. Si nombreux cependant que soient les écrits extracanoniques et apocryphes à quelque époque que ce soit, on ne saurait les mettre sur le même rang que la littérature orthodoxe et officielle : celle-ci est approuvée ; ils ne le sont pas. Ils renseignent du inoins par leur conformité plus ou moins grande avec les livres canoniques sur l’intensité et l’extension de l’orthodoxie au temps de leur apparition.

Aristobule, juif alexandrin, cf. Schûrer, Geechichte îles judischem Volkes, in-S Leipzig, 1886, t. iii, p. 386 sq. ; Ilackspill, Revue biblique, 1901. p. 379. pr. tendait, vers 150 avant notre ère, retrouver dans la Bible toute la philosophie grecque.

Philon mérite une attention spéciale, et comme représentant de la pensée juive, et pour l’influence qu’il exercera par la suite sur les Pères alexandrins. Sa dépendance à l’égard de Platon, sans s’étendre également à toute son œuvre, comme le donne à penser M. llorowitz, Untersuchungeu iiber Philons und Platons Lehre mm Weitschôpfung, Marbourg, 1900. p. 14, est considérable dans le De opi/icm niundt : transcendance divine, mouvement de bonté qui porte Dieu à