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CRAN MER — CRASSET
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i Je les ai faites, avoua-t-il, dans le désir de vivre. -On « lit même qu’il ajouta : o Puisque ma main a péché en écrivant le contraire de la vérité, c’est elle qui brûlera la première. » « Le patriarche des hérétiques »

snliii avec courage ! < supplice du bûcher, le 21 mars 1556, à la place même oii périrent Ridley et Latimer, là où se dresse le Monument des Martyrs.

Y. Appréciation ici œuvres. — Les historiens qui onl raconté la vie de Cranmer varient beaucoup dans leur jugement. Ainsi Hume dépeint ce patriarche de la réforme anglicane comme un esprit droit, sincère, doué de toutes les vertus chrétiennes, ferme dans sa vie comme dans sa mort. Burnetvoiten lui l’émule des Athanase et des Cyrille. D’autres l’appellent parjure, hypocrite, apostat, blâment sa cruauté a l’égard desnonconformisles et lui attribuent une grande part dans les violences de Henri VIII. Bossuet dit de lui : « Quel homme, qu’un évêque qui était en même temps luthérien, marié en secret, sacré archevêque suivant le pontifical romain, soumis au pape dont il déteste la puissance, disant la messe qu’il ne croyait pas, et donnant le pouvoir de la dire. »

Il est certain que s’il n’inspira pas directement nombre de supplices ordonnés par Henri VIII et Edouard VI, il signa avec complaisance de tels arrêts contre Thomas Morus, Fisher, évêque de Rochester, et beaucoup de catholiques, contre le duc de Sommerset et beaucoup de non-conformistes. Sa constance n’apparaît guère dans ses opinions successives ; d’abord catholique, puis luthérien, enfin calviniste ; partisan de l’institution dkine des évêques et de leur indépendance absolue, puis se déclarant amovible et fonctionnaire du roi. Ses historiens avouent aussi que son intelligence était un peu lente, mais sa mémoire prodigieuse ; malgré les troubles et les préoccupations qui agitèrent sans cesse son existence, il se l’ivra toujours à l’étude de la théologie et attira dans son palais de Lambeth les théologiens chassés du continent, leur procura des postes et des revenus ; il envoya de jeunes Anglais étudier en Allemagne pour répandre ensuite l’es idées nouvelles en Angleterre. C’est donc avec raison que les anglicans le considèrent avec Henri VIII comme l’auteur principal de la réforme dans leur pays.

Ses œuvres, composées dans un style assez négligé mais vigoureux et abondant, sont surtout des écrits de controverse en latin ou en anglais, contre Gardiner et le catholique Richard Smith. La plus connue est sa Défense de la vraie et catholique doctrine du sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ, in-8°, Emden, 1557. La bibliothèque de l’évêché de Londres possède deux manuscrits in-folio transcrits par Parker, qui contiennent un recueil de passages de la Bible, des Pères, des conciles et des théologiens scolastiques. afin de prouver la légitimité de la réforme anglicane et les innovations de l’Église romaine ; la bibliothèque de Cambridge possède également plusieurs manuscrits de ce genre.

.1. S. Brewer et J. Gairdner, Galendar oftetters andpapers, foreign and domestic, of the reign of Henry VIII, 13 in-8° Londres, 1862-1892 ; W. B. Turnbull, Calendar of state papers, foreign séries, of the reign of Edward VI. in-8, Londres, 1860 : Calendar, etc., of Muni. in-s Londres, IS6I ; M. Creigton, The Tudors and the Information, 11 édit., Londres, 1888 ; Fr. Seebolim, The era of the protestant révolution, Londres, 1887 ; Zimmermann, Maria die Katholische, eine Skizze ihres Lcbens

md ihrer Regierung, in-8’, Fribourg, 1890 ; Todd, Lifeof Cranmer, 1831 ; Dictionary of national biography, Londres, 1888, t. xiii ; Audin, Histoire de Henri’IH et du schisme anglais. 2 vol.. Paris. 1847 ; Lingard, Histoire d’Angleterre, trad, Roujoux, Paris, t. u ; Realencyclopàdii fur protestantische Théologie ami Kirche, t. iv, p. 817-329. Voii anglicanisme, t. i,

COl. 1301.

L. Lœvenbruck.

    1. CRANIOTOMIE##


CRANIOTOMIE. Voir EMBRYOLOGIE.

    1. CRASSET Jean##


CRASSET Jean, jésuite, né à Dieppe le 3 janvier 1618, entra dans la Compagnie de Jésus le 22 août 1638, enseigna les belles-lettres et la philosophie, puis fut appliquée la prédication. Pendant 23 ans, il dirigea la congrégation des Messieurs à la maison professe des jésuites à Paris, où il mourut le 4 janvier 1692. Il a public un grand nombre d’ouvrages ascétiques et de piété, souvent réimprimés et restés jusqu’à nos jours parmi les plus goûtés des âmes religieuses. Citons entre autres : Méthode d’oraison, in-12. Paris. 1672 : Le chrétien en solitude, in-lJ. Paris, 1674 ; Considérations sur les principales actions de la vie, in-12, 1675 : Instructions spirituelles pour la guérison et la cons"lalion des malades, 2 in-18, Paris, 1680 ; La douce el sainte mort, in-12, 1681 : Considérations’chrétiennes pour tous les jours de l’année, 3 in-12, Paris, 1683 ; Entretiens doux et affectueux pour tous les jours de l’Averti sur l’incarnation et la naissance du Fils de Dieu, avec des cantiques, in-12, Paris, 1685 ; Entretiens doux et affectueux pour inus les jours du Carême sur la mort et la passion de Xolee-Seigneur, 2 in-12. Paris, 1685 : Maximes chrétiennes pour tous les jours du mois, 2 in-12, Paris, 1689 ; Pré la mort,

in-12, Rouen, 1689 ; Traité des saints anges et de l’honneur qui leur est du, in-12. Paris, 1691 ; Des congrégations de Notre-Dame érigées dans les maisons des Pères de la Compagnie de Jésus, in-12. Paris. 1694 (publié par le P..lobert). Ajoutons La vie de Madame Helyot, in-8°, Paris, 1683. Le P. Crasset a aussi préparée Lu vie et les œuvres spirituelles de M. Hehjot, conseiller en la Cour des Aides de Paris, mort en odeur de sainteté le 30 janvier 1685 après avoir édifié par sa vertu, l’espace de 14 ans, la congrégation de la T. S. Vierge, érigée dans la maison professe des RR. PP. de la Compagnie de Jésus, où il avoit est : reçu l’an 1670. ; le manuscrit de ce travail, de 426 fol. in-4’, est conservé à la Bibliothèque publique de Saint-Pétersbourg. Catalogue des manuscrits français de cette bibliothèque par M. Gustave Bertrand dans la Revue des sociétés savantes, 5e série, t. VI, p. 396. Un autre ouvrage historique plus considérable du pieux religieux est VHistoire de l’Église du Japon, 2 in-4°, Paris, 1689. D’après un renseignement donné au P. Sommervogel. le gouvernement japonais, vers 1878, aurait fait traduire et imprimer en japonais cette histoire.

Il nous reste à dire quelques mots de deux incidents théologiques, qui mirent un peu d’agitation dans la paisible carrière du P. Crasset. En 1656, le jour de la Nativité de la sainte Vierge, préchant dans l’église du collège des jésuites d’Orléans et voulant mettre ses auditeurs en garde contre la doctrine de Jansénius que le saint-siège et les évéques de France venaient de condamner solennellement, le T. Crasset avait cru devoir laisser entendre que certains ecclésiastiques et même des prédicateurs, à Orléans, ne craignaient pas de répandre encore cette doctrine pernicieuse. Dès le lendemain. 9 septembre, paraissait une ordonnance de M’i 1 d’Elbene, évêque d’Orléans, déclarant la prédication faite la veille par le P. Crasset « remplie de propositions fausses, injurieuses, calomnieuses, tendante s à troubler la paix du diocèse et à émouvoir à sédition » , et lui interdisant la chaire dans ce diocèse. Annales dé la Société des soi-disans jésuites, in-4. Paris. 1769, t. iv. p. 691-693. Il parut une courte défense du prédicateur, sous le titre : Sommaire du discours prêché à Orléans par le P. Crasset, religieux de la Compagnie de Jésus, le 8 septembre 1056, avec quelques remarques sur le mandement ijui l’a suivi/, in-4. 2 fol. Le prélat, si prompt a venger l’orthodoxie de son clergé, n’était pas lui-même au-dessus du soupçon en cette matière ; du moins il avait donné la preuve de son indulgence excessive pour la nouvelle’secte, lorsque,