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CRAMA II)

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liège’i Wignon. Le 10 septembre suivant, il devient administrateur du diocèse de Careassonne. Il n’était pas encore arrivé au plus haut point de sa fortune. Le jour de la Visitation de l’an 1409, il passe à l’archevêché de Reims, puis, le 13 avril 1413, il est appelé par Jean XXIII aux honneurs du cardinalat avec le titre de Saint-Laurent in I. urina. Il garda depuis 1413 jusqu’à la fin de sa vie l’administration du diocèse de Poitiers. Il mourut le 14 décembre 1422. On a retrouvé sa tombe, en 1859, dans la cathédrale de Poitiers.

IL PÔLE MANS LES AFFAIRES DU SCHISME. — Dès le

début de la division religieuse, Simon se montra partisan résolu du pape Clément VIL Le 7 mai 1379, il lit partie de la fameuse réunion du Bois-de-Vincennes où il entendit trois cardinaux de Clément raconter à leur façon la double élection pontificale, et où tous les assistants déclarèrent que le roi Charles V avait le devoir de soutenir le parti d’Avignon. Le 22 mai, on lit son nom au bas de la déclaration d’adhésion de la faculté au pape français. Le 23, il figure parmi les délégués de l’université. Denille, Chartularium, t. III, p. 562-573. Il jouit de la confiance intime du roi et aussi de celle de Clément VIL Quand le pape, pressentant peut-être sa fin prochaine, forma le projet d’abdiquer, il adressa « ne lettre à Simon pour que celui-ci fit part de son dessein au duc de lierry. Denille, ibid., p. 636. Sous Benoît XIII, son rôle fut encore plus considérable, mais il s’exerça dans un sens tout opposé. Autant il avait été l’ami de Clément, autant il se montra l’adversaire de son successeur. Peut-être fut-il indigné de la duplicité de Benoit qui, avant son élection, « faisait l’aigneau Dieu » et promettait de se débarrasser de la papauté aussi facilement que de sa chape. Bourgeois du Chastenet, Nouvelle histoire du concile de Constance, p. 276. On sait qu’il changea d’avis lorsqu’une fois il fut monté sur le siège d’Avignon. Dès 1395, Simon se montra favorable à la soustraction d’obédience. Soit au nom de Charles VI, soit au nom de l’université, il fut envoyé à la cour des rois, au sein des diètes pour y faire prévaloir ses idées. On le trouve à l’assemblée de Met/., en Angleterre, en Espagne, à Venise, dans les villes belges et rhénanes, puis à Livourne et enfin à Francfort ; mais au cours de ses missions diplomatiques, il montra souvent plus de zèle qu’il n’obtint de succès.’Il en fut de même dans ses ambassades à la cour des deux papes rivaux.

. Simon joue un très grand rôle dans les conciles nationaux de Paris que souvent il préside, en 1395, 1398, 1404 et 1406, ainsi que dans les négociations qui précédèrent la réunion des cardinaux des deux obédiences et le concile de Pise. Il se rendit dans cette ville le 24 avril 1 409, et il y rejoignit les 500 Pères qui s’y trouvaient déjà rassemblés. Il fut élu président de l’assemblée sans doute a cause de son titre de chef de l’ambassade française, et il y déploya une grande activité, soit dans la commission, soit dans les séances générales. C’est lui qui, le 5 juin, donna lecture de la sentence définitive qui déclarait les deux pontifes hérétiques et déchus ipso facto de leur dignité. C’est lui qui obtint que tous les cardinaux présents à Pisa, à quelque collège qu’ils appartinssent, pussent procéder ensemble à l’élection du nouveau pape, qui prit le nom d’Alexandre V. Il assista avec Pierre d’Ailly au concile de Rome tenu par Jean XXIII en 1413 ; il y reçut le chapeau de cardinal, lai 1414, il défendit énergiquement dans un mémoire les pipes de Pise contre Jean Dominici qui plaidait auprès de Sigismond la cause de Grégoire XII. Finke, Acta concilii Constanciensis, t. i, p. 277 sq. Au concile de Constance, il s’éleva fortement contre les Inusités. Quand il s’agit de l’élection d’un nouveau pontife. Simon soutint vigoureusement le projet de Pierre d’Ailiy, qui consistait à adjoindre au sacré-collège un certain nombre d’électeurs délégués par les nations.

Cette proposition fut admise malgré l’opposition de Sigismond, et c’est d’après ce mode extraordinaire que Martin V fut élu (Il novembre lil7j. A partir de ce moment, le rôle ecclésiastique du cardinal de Cramaud cesse d’avoir de l’importance.

III. Opinions Iwéologiques.

Nous trouvons les

principaux points de sa doctrine épars dans ses discours et opuscules. Ce n’est pas à tort, on le verra, que plusieurs auteurs ont vu en lui un des précurseurs du gallicanisme, soit théologique, soit parlementaire.

Le 22 mai 1398, au sein du IIP concile national, il prend la parole devant la cour et une grande partie de l’épiscopat. Parfait régalien, il attribue aux rois de France le rôle de tuteurs, et. par moment, de guides spirituels du saint-siège et de mentors autorisés des papes. « Le roi, dit-il aux évêques, vous a convoqués pour voir s’il convient de poursuivre la cession en recourant à la soustraction d’obédience ou à quelque autre moyen. Bien qu’il pût décider la chose de lui-même, il a voulu vous consulter. Pour Dieu, soyez diligents, car, en cas de négligence, il saurait aviser. Défense de mettre en discussion la voie de cession, dont le principe a été adopté de façon irrévocable. Martène et Durand, Arnplissima collectio, t. vu. p. 7li ; X. Valois, t. iii, p. 152. La liberté des prélats rassemblés se trouvait déjà singulièrement restreinte par ces façons comminatoires, cette imperatoria brevilas, et cette manière de découvrir le roi.

Dans un deuxième discours prononcé le 30 mai, le patriarche se montre violenta l’égard du pape. Docteur en droit, il aime à s’appuyer spécialement sur les canonistes. « La religion de Mahomet et le schisme grec doivent leur existence aux discussions au sujet de la papauté, affirmet-il… Sans doute, les partisans du pape de Rome sont plus nombreux, mais nous sommes sanior pars… Nous avons le droit de désob’ir à Benoit ; saint Paul a bien résisté en face à saint Pierre. Les membres ont le devoir de se séparer de la tête, quand celle-ci tombe dans le schisme ou l’hérésie, etiant sententia. Un schisme comme celui-ci ne va pas sans hérésie : tout schisme invétéré est par là même une hérésie. D’ailleurs, j’ai ordre de vous dire que le roi saura obvier à tous les inconvénients ; les prélats ?ont obligés de lui obéir etsuum intelleclum captivare.

Ce sont encore les mêmes sentiments de servitude à l’égard du roi et de liberté vis-à-vis du pape qu’expose Simon de Cramaud dans ses discours au concile de Puris tenu en 1406. Il commence par louer le zèle que Us princes et la cour montrent pour l’extinction du schisme et blâme ouvertement les prélats qui ont négligé de se rendre à l’assemblée. Poursuivant sa pointe, il attaque non seulement Benoit, mais aussi le pape de Home. Ce sont deux renards, dit-il, deux antechrists, deux destruiseurs de chrétienté’. - Bourgeois du Chastem t. Preuves, p. 121, 122. En particulier, Benoit est hérétique et schismatique, « et ceux qui donnent aucune aide à tels scismatiques sont exquiémés.

Ces accusations se retrouveront dans la bouche de Simon quand, présidant le concile de Pise. il condamnera et déposera les deux prétendants. Il va plus loin en présentant une objection : Si nous faisons sus-Iraxion, comme se gouvernera l’Eglise ? à qui appellerat-on ? ((ni donnera dispensât ions ? qui conférera les bénéfices ? " Il répond : e Les ordinaires enjoindront et chargeront ceux qui les dispenseront de retourner au souverain, quand y aura pourveu. » Il n’est pas plus embarrassé quant aux appels : On tendra les conseaux provinciaux comme ils doivent être tenus de droit commun. Les archevesques en appelleront aux primats. N’avons-nous pas l’archevesque de Bourgi s. ceux de Vienne et de Lyon sur le Rhône primats ? Ce serait cose plus convenable que les causes dcinorassent en ce royaume, que qu’elles allassent en austres pays. » Bour-