Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée
1971
1972
COUR ROM A IN K


majeur, du nom do la Balle de la Chancellerie où ils se réunissent. Dans cette vaste pièce, ils étaient comme parqués et séparés du public par un grillage en bois ouvragé. Au milieu de l’espace qui leur était réservé, se trouvait une table ovale, entourée de sièges. Les abréviateurs se divisaient en deux classes : ceux du parc majeur et ceux du parc mineur, suivant l’importance de leurs fonctions, et d’après la place qu’ils occupaient, plus ou moins loin du siège réservé au régent. Celui-ci, premier employé de la Chancellerie, leur distribue à tour de rôle les suppliques, et les charge de rédiger les minutes des bulles qui doivent en être les réponses. Les minutes faites par un abréviateur du parc majeur, sont ensuite passées à l’un de ses collègues, pour que celui-ci le revoie, et les remette au secrétaire qui doit les transcrire.

Le nombre des abréviateurs était de vingt, sous Benoit XII (1334-1342) ; mais Pie II (1458-1464) le porta à soixante-douze. Sur ce nombre, douze étaient du parc majeur, et soixante du parc mineur. Cf. Moroni, Dizionar’to, v° Cancelleria aposlolica, t. vil, p. 181. Ces charges s’achetaient comme celles des greffiers et notaires, dans la plupart des pays. Plus tard, les abréviateurs du parc mineur, qui n’étaient, en somme, que des aides de ceux du parc majeur, furent supprimés et remplacés par des substituts.

Le collège des abréviateurs a une histoire glorieuse. Beaucoup d’hommes d’un vrai mérite en firent partie. Il donna à l’Église un certain nombre de cardinaux et même de papes. Parmi ceux-ci, on cite Paul V et Urbain VIII. Par sa bulle Romani pontificis, de 1615, Paul V étendit aux sept plus anciens membres de ce collège vénérable les privilèges des prélats référendaires de la Signature papale de justice. Les autres avaient également droit de porter l’habit prélatice violet, étaient déclarés familiers du pape, comtes palatins, et recevaient une parte di palazzo.

Le collège des abréviateurs du parc majeur est aussi un tribunal compétent, pour statuer au sujet de tous les doutes qui peuvent s’élever sur les formules ou clauses des bulles, et celles des décrets qui les accompagnent, comme aussi sur les émoluments dus aux divers employés de la Chancellerie. Cf. Ciampini, qui fut abréviateur du parc majeur et référendaire de la Signature, De abbreviatoribus de parco majore, sive assistentibus S. Romans : Ecclesise card. vice-caneellario in litlerarum apostolicarum expedilionibus, d.issevlatio historica, in-4°, Rome, 1696 ; Riganti, Commentaria in regidas, constitutiones et ordinationes Cancellariae apostolicæ, 4 in-fol., Rome, 1744, t. iv, p. 169 sq. ; Statulie regole del collegio degli abhrevia-Xori, in-4°, Rome 1752.

De nos jours, les prélats abréviateurs du parc majeur se divisent en deux classes : les prélats di numéro, ayant chacun pour les aider un certain nombre de substituts ; et les prélats surnuméraires. Actuellement il y a, dans ce collège, deux abréviateurs titulaires ou di numéro ; douze prélats abréviateurs surnuméraires, parmi lesquels plusieurs ont le titre d’évêque ou archevêque ; douze substituts ; dix écrivains ; une dizaine d’autres employés. En tout, une cinquantaine de personnes. Cf. M » r Battandier, Annuaire pontifical catholique, 1907, p. 609.

2° Prélats n’appartenant à aucun collège prélatii e, ou prélats domestiques proprement dits. — Ils ont le droit de porter l’habit prélatice, c’est-à-dire la soutane de couleur violette, ceinture de soie avec deux glands, rochel et mantellelta ; ou la soutane noire filetée de rouge aux’joutonnières, avec collarc violet. A la messe chantée et même liasse ils peuvent user du bougeoir. La coutume existant à Rome leur concède aussi d’autres droits assez étendus. Sur les particularités de la messe dite « prélatice » , basse ou chantée, voir M-" Battan dier, Annuaire pontifical catholique, 1904, p. 153-456 Leurs privilèges ont été confirmés par Pie IL, bref Inter multipliées curas, du 25 février 1905, a. 77-80. Cl’. Rome, 1905, p. 173. Quand ils sont présents à Rome, ils sont admis, comme les camériers, à faire, à tour de rôle, le service dans les antichambres du palais pontifical. Leur nombre s’élève à plusieurs centaines, en y comprenant non seulement ceux qui habitent la ville éternelle, mais ceux qui sont répandus dans presque tous les diocèses du monde entier. On en trouvera le nom et la liste dans les divers annuaires pontificaux publiés chaque année. Cf. Mu r Battandier, Annuaire pontifical, 1902, p. 409-415.

IV. CAMÉRIERS.

Nous avons parlé, col. 1957 sq., des camériers secrets participants, classés parmi les prélats palatins, ou de mantellelta. Nous parlerons ici seulement : 1° des camériers secrets surnuméraires, ou di mantellone ; 2° des camériers secrets de cape et d’épée ; 3° des camériers d’honneur ou honoraires.

1° Camériers secrets surnuméraires ou di mantellone. — Le mantellone est le signe distinctif de la prélature inférieure. C’est une sorte de longue douillette, de laine violette en hiver, et de soie violette en été ; sans manches et sans boutons. Elle est ouverte par devant et simplement agrafée au cou. Les manches sont remplacées par deux bandes d’étoffe, larges de 5 à 6 centimètres, et descendant par derrière jusqu’aux pieds. Outre le mantellone, les camériers secrets surnuméraires portent la soutane violette, filetée de violet aux boutonnières, avec des revers de soie violette à l’extrémité des manches, et des boutons violets. Leur ceinture est également de soie violette. Tel est leur costume de cérémonie, et quand ils sont de service au palais. Dans la vie ordinaire, ils ont la soutane noire avec boutonnières et boutons violets, ceinture de soie violette, mais sans glands. Ils y ajoutent le collarc violet. Ces détails sont extraits d’un document officiel publié par ordre de Pie IX, et signé par le secrétaire de la S. C. de la Cérémoniale, Mu » Martinucci, le 5 octobre 1877.

Comme leur titre ne leur donne aucun rang dans la hiérarchie sacrée, les camériers secrets surnuméraires, clans la célébration de la messe, ne se distinguent en rien des simples prêtres. Ils n’ont donc pas droit au bougeoir, ni à l’anneau, et ne peuvent prendre les ornements sur l’autel. Ils appartiennent à la famille privée du pape, et ne sont pas exempts de la juridiction de leur ordinaire. Leurs armes se timbrent d’un chapeau violet, d’où descendent, de chaque côté, deux ou trois rangées de glands de la même couleur. Ils ont droit au titre de monseigneur, et, les jours d’audiences solennelles, ils se tiennent à tour de rôle dans la première antichambre secrète avec le prélat maître de chambre. Leur charge n’est pas à vie ; mais elle cesse à la mort du pontife qui les a nommés. S’ils veulent la conserver, ils sont donc obligés, à chaque changement de pontificat, d’en solliciter le renouvellement par l’intermédiaire du majordome. Pendant la vacance du saintsiège, ils ne sont donc plus camériers et doivent en déposer les insignes.

On ne connaît pas au juste la date de leur institution ; mais elle est certainement très ancienne. Cette catégorie de camériers secrets surnuméraires s’est formée peu à peu. à mesure que les papes voulurent honorer des ecclésiastiques de mérite, en les faisant entrer dans leur famille, pour les rapprocher de leur personne : ce furent et ce sont encore les employés des secrétaireries romaines ou palatines, les auditeurs de DOnciatures, ou ceux que les papes envoient au loin remplir quelque mission en leur nom, comme par exemple les ablégalsou envoyés extraordinaires, choisis pour porter la barrette rouge aux cardinaux étrangers nouvellement cr< es.