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COUR ROMAINE


vastes appartements à son usage personnel. Cf. Severano. Memorie sagre, p. 568.

Le plus antique majordome ou vice-doniinus, dont l’histoire nous ait conserve le nom, est le prêtre Ampliatus, qui suivit le pape Vigile dans son voyage de Rome à Constantinople, pour la fameuse affaire des Trois Chapitres, en 54. Nous connaissons aussi celui du pape saint Grégoire le Grand (590-604) ; c’était l’archidiacre Anatolius. Cf. S. Grégoire, Epist., 1. I, epist. xi ; 1. VI, epist. lv, P. L., t. i.xxvii, col. 458, 840 ; Décret de Gratien, part. I, dist. LXXXIX, c. iii, Diaconum. Depuis cette époque, le vice-dominus est souvent mentionné dans la correspondance des papes. Cf. Décrétai., 1. V, tit. iii, c. xxxviii, Considère ; Calogera, Raccolla di opnsculi scientificie filologici, 20 in-12, Venise, 1755-1765, t. xx, p. 56 sq. ; Renazzi, Nutizie storiche degli anlichi vice-domini del patriarchio Lalerancnse, e de’modernï prefetli del sagro palazzo apostolico, ovvero maggiordomi pontil’n-ii, in-4°, Rome, 1794, ouvrage dédié au neveu et majordome de Pie VI.

Après le pontificat d’Alexandre V, mort en 1410, fut créée une nouvelle charge, qui, sous le nom de préfecture des sacrés palais apostoliques, absorba une grande partie des attributions données jusque-là au vice-dominus. Celui qui en fut investi, s’appela dès lors Magister domus pontificise, dont les Italiens ont fait le Mæstro di casa del papa. On le voit figurer dans les rôles de Pie II (I458). C’était un prélat, qui, d’ordinaire, devenait cardinal, après avoir partagé, pendant plusieurs années, la surintendance du palais apostolique, avec le maître du Saint-Hospice, officier laïque de grande noblesse. Cf. Ciaconius, Vitse et res gestse summorum pontificum romanorum et S. R. E.cardinalium, 2 in-fol., Rome, 1602, t. ii, p. 668 ; Renazzi, Notizie storiche degli anlichi vice-dominie de’moderni prefetli del sagro palazzo apostolico, p. 20 sq. ; Raluze, Vitse paparum avenionensium, 2 in-4°, Paris, 1693, t. i, p. 1089 ; Mabillon, Musœum italicum, Paris, 1724, 2 in-4°, t. il, p. 122 ; Catalani, Notai in cœrcmon. sanctsc romanee Ecclesise, 2 in-fol., Rome, 1751, 1. I, tit. iii, § 5, t. i, p. 152 ; Gattico, Acta selecla cœremonalia sanctse romanse Ecclesise, 2 in-fol., Rome, 1753, t. i, p. 265 ; Novaès, Storia de’pontefici, t. xiii, p. 4sq. C’est plus tard, sous le pontificat d’Urbain VIII (16231644), que le préfet des palais apostoliques reçut le nom de majordome.

La série chronologique des préfets des sacrés palais, ou majordomes, depuis le milieu du XV siècle jusqu’à nos jours, avec des notices biographiques assez étendues sur chacun d’eux, a pu être dressée avec exactitude après de nombreuses recherches dans les archives du Vatican. Mais il a été impossible de faire le même travail, aussi complet du moins, pour les siècles précédents, les archives d’alors ayant péri dans le sac de Rome, par le connétable de Bourbon, en 1527, sous Clément VII. On trouvera la série des majordomes de ces trois derniers siècles, dans le Dizionario deMoroni, v° Maggiordonw, t. xli, p. 247-280. Ouelques-uns d’entre eux ayant gardé leur charge après leur promotion au cardinalat, furent appelés, alors, promajordomes. Mais ces cas sont rares, et ce provisoire dura toujours très peu.

Pendant la captivité de Pie VII à Savone, le général Berthier, qui le tenait enfermé, prit le titre de majordome, ou maître du palais du pape. Il voulut même cumuler avec celles-ci les fonctions de maître de chambre et de maître de cérémonies, soit pour les audiences, soit pour tout le reste.

En 1848, Pie IX sépara de la charge de majordome les attributions de préfet des palais apostoliques. Depuis l’élection de PieX, elles sont confiées au cardinal Merrj del Val, secrétaire d’Etat. Cf. Battandier, Annuaire pon tifical catholique, in-12, Paris, 1907, p. 479. Pendant la vacance du saint-siège, le majordome est gouverneur du conclave. Ces fonctions lui ont été conférées par Clément XII, dans sa constitution Apflttolatus officium, du i octobre 1737. Cf. Rullar. roman., t. xiii, p. 302. A ce titre il garde les clefs des « roues » ou tours, 1. Voir Conclave, col. 718 sq. La haute charge, dont il est alors investi, donne au majordome le droit, pendant la vacance du saint-siège, de faire frapper des médailles à ses armes. Il accompagne les cardinaux et les ambassadeurs qui demandent et obtiennent audience du sacré-collège.

2. Le maître de chambre de Sa Sainteté, PrsefectHl cubiculi Sanctitatis Sutr, ou Magister admissionuni, en italien, Mæstro di caméra del papa, et introdutlore, ou inlroducitore, est chargé de tout ce qui est relatif au service des audiences pontificales. Il est donc le chef de la partie du palais apostolique comprise sous le nom d’anticamera ponlificia. C’est à lui qu’on doit recourir, si l’on veut être reçu par le pape. Comme le majordome, il est institué par billet de la secrétairerie d’État. Généralement il passe de cette chargea celle de majordome, et arrive ainsi au cardinalat ; mais sa charge devient vacante à la mort du pape, quoique le titulaire y soit ordinairement maintenu par le successeur du pontife défunt. Les fonctions de maître de chambre de Sa Sainteté correspondent à celles de grand chambellan dans la plupart des cours séculières, excepté celles où le rôle d’introducteur est rempli par le grand maître des cérémonies. Cf. Sestini, Il mæstro di caméra, in-4. Florence, 1625 ; Mazzucchelli, Scriltori d’italia, 6 infol Brescia, 1753-1763, t. v, p. 1895.

Dans l’antiquité chrétienne, au palais patriarcal du Latran, les fonctions de maître de chambre paraissent avoir été dévolues à celui qu’on appelait le secundicerius. Le sous-maître de chambre s’appelait proximu » ab admissione. Cf. Galletti. DeJ primicero ai altri uffiziali maggiori délia santa sede et palazzo Lateranense, p. 91 ; Bonanni, Gerarchia ecclesiastica, in-4°. Rome, 1720, p. 472 ; Lunadoro, Rnlazione délia cort, < di Roma, Rome, 1774, t. il, p. 230 sq. La série chronologique des maîtres de chambre du pape, depuis le xv siècle jusqu’à Pie IX, a été donnée parMoroni, /< nario, v° Mæstro di caméra, t. XLI, p. 132-139.

Parmi les prérogatives du maître de chambre, celle d’être le gardien du sceau pontifical, appelé anneau du pêcheur. A la mort du pontife, il doit le remettre au cardinal camerlingue, qui le fait briser. Cette coutume existait déjà sous le pontificat d’Innocent X 1644-1655). Pour tout ce qui concerne les fonctions de maître de chambre par rapport aux audiences pontificales, voir Francesco de’Medici, Regolamento per il servizio interno delV anticamera ponlificia, in-i. Rome, 1843. Cette charge est actuellement vacante, el provisoirement unie à celle de majordone, dans la personne de Mgr Bisletti.

3. L’auditeur du très saint-père, Auditor papæ, en italien, Uditore di Sua Santità, Uditore di Nostro Signore, Uditore santissîmo ; cette dernière appellation est une traduction fautive du texte latin. Auditor Sanclissimi. Ce prélat est nommé, lui aussi, par billet de la secrétairerie d’État ; mais sa charge expire à la mort du souverain pontife. Cf. bulle de Clément XII, Aposlolatus officium, du 4 octobre 1732. Rullar. roman., t. xiii. p. 302.

Anciennement la charge d’auditeur du très saint-père était très importante, car il avait une juridiction supérieure -urles causes civiles et criminelles. On avait le droit d’en appeler à lui de toutes les décisions des tribunaux et des Congrégations, dont il pouvait, au nom du pape, casser les sentences. C’était comme la Cour de cassation en France, mais concentrée en un seul homme, jugeant, en dernier ressort, au nom du souverain. Aussi, le pape le recevait-il en audience particulière.