Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée
1027
1928
COTON


philosophie et de théologie ; à.Milan, à Rome, à Lyon. Ses maîtres, au collège romain, sont Gabriel Vasque/. el Jean A/or, et son directeur spirituel, JSellarmin. De bonne heure, il est appliqué à la prédication. Sous le régime de l’édit de Nantes (1598), il entreprend une campagne active de controverse contre les pasteurs protestants, à travers le Dauphiné, la Provence, le Languedoc. Il a pour adversaires principaux les ministres Caille, Cresson, et surtout Daniel Charnier, avec lequel il se mesure dans la courtoise mais chaude conférence de Nimes, sur la transsubstantiation, du 26 septembre au 3 octobre 1600. Les huguenots rendent hommage à la modération du P. Coton, le « premier de sa profession qui eût tant honoré Calvin que de l’appeler Monsieur » , et non pas le démon incarné. L’éloquence du jésuite séduit partout les foules et attire beaucoup de calvinistes : en vain, pour détourner ceux-ci, le consistoire de Nimes et le synode provincial condamnent-ils à la réprimande, à l’exclusion même de la cène, les imprudents qui « vont ouyr Couton » . Lesdiguièresa parlé avec éloges du P. Coton à Henri IV. Aussi, pendant le voyage de Lorraine en 1603, lorsque le roi se décide à traiter avec les jésuites l’affaire de leur rétablissement, témoigne-t-il le désir que le provincial de Paris se fasse accompagner à la cour par le P. Coton. Ce dernier conquiert bientôt l’affection et la confiance du monarque et remporte de brillants succès oratoires à Paris el à Fontainebleau. Son inlluence est mise au service de toutes les œuvres de contre-réforme catholique, en France et à l’étranger. Il décide Henri IV à signer, puisa faire enregistrer et appliquer, l’édit de Rouen, 1 er septembre 1603, qui révoque la sentence d’expulsion rendue contre les jésuites, en 1594, par le parlement de Paris. Pierre Coton, à la cour, trouve encore du temps pour la controverse et pour des écrits de vulgarisation théologique. Ses manières gracieuses et son adresse à gagner les âmes lui font obtenir bien des conversions. En 1608, il est nommé confesseur ordinaire du roi. Le crédit du P. Coton attire à sa personne de violentes haines : il est l’objet d’une tentative d’assassinat, le 13 janvier 1604 ; on essaie l’année suivante de le couvrir de ridicule en publiant une série d’interrogations étranges qu’il aurait formulées dans un exorcisme : questionnaire dont certain historien protestant commet la regrettable erreur de soutenir, aujourd’hui encore, l’authenticité. Après le meurtre de Henri IV, en 1610, Pierre Coton doit défendre son ordre d’avoir professé le régicide. Il reste à la cour jusqu’en 1617, chargé de diriger la conscienca et l’éducation religieuse du jeune Louis XIII. Il reprend ensuite le ministère de la parole et parcourt diverses régions du royaume. Entre temps, il continue ses publications. En 1622, il devient, dans son ordre, provincial d’Aquitaine ; en 1624, provincial de Paris ; et meurt le 17 mars 1626. Sa dernière épreuve avait été l’orage soulevé au parlement de Paris contre la Compagnie de Jésus par la publication intempestive du livre de Santarelli : Traclatus de hæresi, scltismate, aposlasia. Les supérieurs jésuites signèrent une déclaration un peu vague, ménageant les idées gallicanes, suis contredire la doctrine romaine. Toujours, au reste, le P. Colon, qui avait tant lutté pour ! Eglise, avait écarté les questions irritantes et joué le rôle de conciliateur, là où la conciliation n’était pas impossible.

Dans la Bibliothèque du P. Sommcrvogel, se trouvent indiqués très complètement les multiples écrits du I’. Coton, avec leurs éditions et traductions diverses, ainsi que les principales" réponses o qu’ils ont provoquées. Nous n’avons rien à dire ici de son œuvre ne ni de son œuvre ascétique, notables pourtant

l’une et l’autre.

De ses écrits pour la défense de son ordre, mention nons uniquement la Lettre déclaratoire de la doctrine des Pèret lésuites conforme aua décrets du con<il<de Constance, adressée « la Royne, Mère du Roy, Régente en France. Le privilège est du 26 juin 1610. L’opuscule fut développé dans les éditions suivantes. Le P. Coton y énuinère douze docteurs de la Compagnie de Jésus qui condamnent le meurtre, par faction privée, de quelque prince que ce soit, même en cas de tyrannie. Il montre que le général Claude Aquaviva désavoue la doctrine de Mariana. Viennent ensuite quinze propositions très nettes sur le respect dû au pouvoir civil, sur la réprobation du tyrannicide. sur le spécial amour mérité par la monarchie française. Enfin, un hommage ému à la mémoire de Henri IV. Bientôt après fut publié ÏAnticolon, ou Réfutation de la v Lettre déclaratoire » du P. Colon. Livre où est prouvé que les jésuites sont coulpables et aut heurs du parricide exécrable commis en la personne du Roy très chrestien Henry 1III d’heureuse mémoire, in-8°. 1611. L’honneur sacerdotal du P. Coton est àprernent mis en cause, p. 65-71. Ce pamphlet anonyme provoqua un déluge d’apologies et de satires en sens divers.

De 1600 à 1608, les principales publications du P. Coton contre les calvinistes sont les suivantes : en ICC0, un traité Du très saint et très auguste sacrement el sacrifice de la messe, in-8°, et une Apologétique. in-12. En 1601, Lettres et articles enroyés au sieur des Dignières ; mais surtout les Actes de la conférence tenue à Nimes entre le R. P. Pierre Coton, de la Compagnie de Jésus, et M. Charnier, ministre, in-8°, Lyon. 1601 ; à quoi Charnier répondit par Les actes de la conférence tenue à Nimes entre Daniel Chantier, ministre du saint Évangile, et Pierre Coton, jésuite, in-8°, Genève, 1601. En 1606, Trente-deux demandes, avec les solutions. En 1608. Pourparlé entre le R. P. Coton et le S. Gigord, ministre de la religion prétendue réformée à Mont-pélier, in-12. En 1610. Coton fait paraître l’Institution catholique, en quatre livres, in-4°, Paris, 1610. De bons juges trouvent ici une adaptation claire, et dans un joli style, parfois réjouissant, de Bellarmin et autres controversistes. Après chaque chapitre, est indiqué le terrain d’entente et de conciliation, ou voye d’accord. Plus considérable. mais peut-èlre moins heureux, est le livre intitulé’: Genève plagiaire ou vérification des dépravations delà 1 arole de Dieu qui se trouvent es Ribles de Genève, inl’ol. , Paris, 1618. Dix parties, embrassant tous les sujets controversés entre catholiques et protestants. La discussion porte sur 180 textes de l’Ecriture sainte. A propos de chacun d’eux, cinq chefs de développement : d’abord, la traduction française et latine des catholiques et celle des calvinistes, en regard de la formule grecque ou hébraïque ; en second lieu, la « dépravation » que les protestants infligent au sens du texte ; puis, le sed contra, ou les raisons qui appuient, exégétiquement et patristiquement, l’interprétation des catholiques ; ensuite, le » . motif » de la. dépravation. c’est-à-dire la doctrine protestante quel’on appuie sur le texte discuté ; enfin l’opposile, » les témoignages de l’Écriture, des Pèiv s -recs. des Pères latins, de la raison, en faveur de la doctrine catholique. Dans ce travail énorme, on rencontre mainte argumentation excellente contre l’exégèse et la théologie calvinistes. Mais certaines preuves sont un peu puériles, et. comme il était inévitable, certaines parties semblent compiléesuperficiellement. La réponse la plus notable à Génère plagiaire fut la Défense de la fidélité des traductions de lu sainte Bible faites n Genève, parle pasteur BénédictTurrelin, in-4°, Genève, 1619. Ce volume ne porte que sur l’eucharistie et les fins dernières, lue o vérificr.tion » , au sujet de chaque texte, suit pas a pas tout le raisonnement de Coton. Fréquemment, la réfutation est hâtive et sophislique ; d’autres loi-, elle est conduite avec une adresse et une