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COUPS GLORIEUX

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manières. Il n’est pas nécessaire do pouvoir définir le tout d’une chose pour être autorisé à croire son existence, et quel [ues-unes de ses propriétés.

2° Aux difficultés nées dos conditions de renaissance des corps glorieux viennent s’en ajouter d’autres surgies de l’impossibili ! ’de trouver une cause à ce « miracle v. « Par l’action de quelle force, en effet, les matériaux de l’organisme, une fois soustraits à l’empire de la vie, ramenés à un état de composition plus simple, dispersés dans les milieux ambiants et retombés sous la domination des agents qui régissent la matière brute, pourraient-ils se rapprocher, s’unir et reconstituer le corps délr <it ? Vainement on invoque comme indice de résurrection éventuelle les faits de reviviscence, de métamorphose chez les insectes, de germination chez les plantes, d’évolution dans la graine ou l’œuf. Aucun de ces phénomènes n’a d’analogie avec le miracle annoncé… Entre la vie perdue et la vie retrouvée, la mort creuse un abîme que rien, - sauf un miracle, ne pourrait combler, et la science ne fait pas entrer le miracle dans ses prévisions, parce qu’elle n’a la preuve d’aucun. » lbid., c. vii, p. 109. Il est bien vrai que la résurrection exige un miracle ; ce miracle, nous en avons la promesse de celui qui ne peut tromper et qui est au-dessus de toute science, comme sa parole est au sommet de toute certitude. La science ne saurait prouver ce miracle, qui cesserait d’être un miracle le jour où il résulterait des lois qui sont l’objet de la science. Il n’en est pas moins vrai que la science doit en tenir compte et accepter ce fait démontré en dehors et au-dessus d’elle. — Quant aux analogies citées plus haut, elles sont bien réellement des analogies de la résurrection, e’est-à-dire des faits qui, entre beaucoup de dissemblances, ont des traits de similitude avec ce miracle et peuvent èlre utilement rappelés pour en donner quelque intelligence, sans jamais pouvoir baser la moindre preuve en faveur de la résurrection glorieuse. Elles ne peuvent davantage servir d’argument aux adversaires, car ces pbénomènes ne sont pas tous les us possibles de prorogation de la vie, et leurs caraclères ne sont pas des lors exclusifs de toute prorogation de vie. Il est donc possible de supposer d’autres procédés avec d’autres caractères, c’est ce qui arrivera la résurrection des corps glorieux.

3° Les objections relevées jusqu’ici ne sont que des ques secondaires, les principales sont puisées dans la notion des corps, la nécessité île l’action et les lois’la société, « Un corps doit toujours, par définition, être matériel, et placé dans un milieu cosmique, subir son iniluence, réagir contre lui et s’acquitter ainsi de foncions déterminées. La conception d’un corps vivant qui esterait par lui-même, sans dépendre de ce qui l’entoure, sans pertes à réparer ni forces à entretenir, sans obstacles à vaincre ni périls à éviter, sans changement d’aucune sorte, est hors des données de la science et des possibilités de la nature, parce qu’elle méconn. ni. la loi qui, dans un tout, subordonne chaque partie nsemble..Mais, si un corps matériel, colloque dans un milieu matériel, doit subir les lois générales de la matière, cetle condition entraîne forcément pour lui sujétions de besoins, des recherches de satisfactions, dépense d’efforts, des chances d’insuccès, d’acciit, de privation et de douleur… Enfin cette vie même, malgré tous les soins qu’on en pourrait prendre, il toujours précaire, exposée à des causes accidentelles de destruction : et si elle réussissait a les elle n’éviterait pas le terme fatal où l’évolution conduit tout organisme vivant, a lbid., c. xi, p. 254, 255. Puis dit que « ees objections sont d’ordinaire passées élément sous silence par les théoricii ns de la vie future », ibid., p. -2.")."). nous avons tenu à les rappi ius ne croyons pas être par elles s acculés

uconciliable - la raisemblance

si on les écarte, soit avec l’idéal si on les admet » . lbid.

Toute cette argumentation repose sur l’affirmation

suivante : qu’un corps matériel doit subir les lois

générales de la matière, lois générales que le contexte

montre cire les lois que nous constatons ici-bas, comme si nous connaissions l’essence de la matière, comme si celle-ci ne pouvait avoir d’autres manières d’être que celles que nous expérimentons, comme si elle ne pouvait jamais avoir que les propriétés et les lois reconnues dans son état actuel. Or, il est une chose certaine, c’i si que nous ne connaissons pas tous les états possibles de la matière et que celle-ci dans d’autres états aurait des propriétés fort différentes de celles que nous expérimentons. Les recherches des physiciens sur les températures thermodynamiques et la poursuite du zéro absolu sont intéressantes à ce point de vue. Plus on approche de cette limite du zéro, plus l’état, les propriétés et les lois de la matière se modifient. « Dès maintenant les résultats obtenus sont énormes et le domaine de la science s’est élargi par l’ouverture d’horizons nouveaux : la moisson des faits est déjà immense. Signalons quelques découvertes précieuses. L’hydrogène liquide, contrairement à ce que l’on pouvait attendre, n’est pas un bon conducteur de l’électricité, malgré sa nature métallique ; quatre fois plus léger que l’eau, il a une capacité calorifique deux fois plus grande. Les résistances métalliques décroissent, comme on l’avait prévu d’après les idées d’Ampère ; mais elles décroissent moins vite qu’on ne l’attendait ; rien ne permet plus de croire que, au zéro absolu, ces résistances soient nulles. Le magnétisme augmente aux basses températures, l’élasticité augmente aussi et une balle de plomb rebondit sur le marbre comme une balle d’ivoire ; les couleurs des corps changent et le vermillon pâlit ; le bleu seul persiste. Les affinités diminuent : le phosphore et le potassium flottent sans s’oxyder sur un bain d’oxygène liquide ; le fluor se conserve dans des flacons de verre inattaqués. Les plalinocyanures deviennent lumineux, l’azotate d’urane aussi ; ce dernier attire à lui les corps légers. In nouvel ordre de choses se récrie à nous av voisinage du zéro absolu ; la matiirc apparaît dans un état inconnu jusqu’ici et le bagage scientifique de l’humanité s’accroît tout d’un d’une manière inattendue. » A. Wilz, Les /’</</ lures thermodynamiques et le. Paris. 1904,

p. 27, 28 (extrait de la Revue des questions scientifiques, juillet 1904).

Si le simple changement de tempe ;. Jure et de pression produit aux approches du zéro absolu une pareille révolution dans les lois et propriétés de la matière, pourquoi d’autres révolutions ne seraient-elles pas produites par une modification profonde dans l’âme qui anime la matière ? Il y a union substantielle entre l’âme et le corps. Celui-ci est informé, animé, pénétré intimement par celle-là qui lui apporte la vie. la sensation, la conscience, le mouvement, et voilà déjà bien des qualités données à la matière, par la présence de l’âme. Que celle-ci s’élève, s’idéalise, soil surnaturalisée par Dieu, il faudra, en vertu même de la loi de dépendance qui lie le corps à l’an e, reconnaître la nécessité de phénomènes nouveaux dans le corps. Ainsi les lois mêmes de la matière rendent possible l’apparition d’un étal nouveau et nécessaires di s qualités autres, étant donnée la transformation surnaturelle de l’esprit qui l’anime.

i Nous ne nous arrêterons pas à l’objection qui, se fondant sur l’appellation de > spirituel » , prétend que I. - corps ressuscites m sont plus des corps mais des fantômes de corps » , t*l qu’il n’y a aucun moyen de comprendre l’existence des corps après qu’on les a vidés de matière » . lbid., p. 257. Nousavons dit en quel sens métaphorique le corps glorieux devient spirituel, comme, suivant l’observation de saint Jérôm du pécheur