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1839
1840
CORAN (POLÉMIQUE CHRÉTIENNE CONTRE LE CORAN


Coran et de ses commentateurs. Archives de l’Orient latin, t. ii, p. 263.

Au xve siècle la polémique contre le Coran a été cultivée avec succès. On peut citer le cardinal Nicolas de Cuse († 1464), Cribratio Alcorani, publiée par Bibliander, Bâle, 1543 ; Denys le Cbartreux († 1471), Contra perfidiam Mahometi, Cologne, 1533, trad. illemande, Strasbourg, 1540 ; Alphonse Spina, 0. M. r 1491), Fortalitium fidei, Lon, 1525 ; Jean Andréas, mahométan converti, dont l’ouvrage en espagnol, publié en 1573, eut plusieurs éditions et versions en italien, allemand, français, et latin, Hurter, t. iv, col. 849 ; le cardinal Jean de Turrecremata, 0. P. († 1468), Traclatus conlra principales errores perfidi Maliometis, Paris, s. d. ; Rome, 1606. Hurter, t. iv, col. 731.

Au xie siècle, nous citerons Louis Vives († 1540), espagnol, De veritate fidei clirislianee contra Mahomedanos, Bàle, 1543, et le chanoine Jean Albrecht Widmansteller († 1557). Hurler, t. iv, col. 1299.

Le xvii c siècle a produit les meilleurs apologistes du christianisme contre l’islam. Citons le carme Thomas de Jésus († 1627), De procuranda salule omnium gentium, schismaticorum, hsereticorum, Judœorum, Saracenorum, cœterorumque infidelium libri XII, Anvers, 1613 ; Bonaventure Malvasia, 0. M., Dilucidatio speculi verum monslrantis, in quo Hamet sive Ahmed F. Zin in fide christiana instruitur, Rome, 1628 ; Philippe Guadagnoli, Apologia pro christiana religione, adversus objectiones Achmed F. Zin Alabedini Asafensis Persaz, Rome, 1631 ; Michel Nau, S. J., Ecclesise romanse Grsecæ vera effigies et consensus, et religio christiana contra Alcoranum ex Alcorano defensa et probala, Paris, 1680 ; trad. franc., 1684, Hurter, t. ii, col. 423 ; Ludovic Marracci, de la Congrégation de la Mère de Dieu († 1700), dont les Prodromi ad refutationem Alcorani et la Refutatio Alcorani peuvent, à juste titre, être tenus comme l'œuvre principale de la polémique chrétienne occidentale contre le Coran. Les volumes de Marracci sont un trésor de renseignements sur la théologie coranique ; ils contiennent sans doute des inexactitudes, l'érudition y est toulTue et fatigante, certains arguments peuvent paraître naïfs ; mais leur valeur apologétique reste indiscutable. Hurter, t. ii, col. 388 ; Turpin, Histoire de l’Alcoran, Londres, 1775, t. I, p. xxi.

Après Marracci, la polémique contre le Coran cesse. D’abord, son ouvrage avait en quelque sorte épuisé le sujet ; ensuite les missionnaires latins avaient perdu tout espoir de gagner les Turcs au christianisme par les discussions théologiques. Celles-ci n'étaient certes pas dépourvues de mérite littéraire, pour ceux qui s’y livraient ; mais elles ne présentaient aucune utilité pratique. L’islam reculait devant le christianisme, sans se laisser entamer par ses idées et son influence.

Les protestants n’ont pas non plus négligé la polémique avec les musulmans, ne fût-ce que pour répondre aux attaques des théologiens catholiques qui leur reprochaient des accointances doctrinales avec eux. Marracci les appelait genuini Mahometanorum filii ac discipuli. Prodromus, t. ii, p. 70. Cf. Reland, De religione mohammedica, p. 22-23. L’ouvrage le plus important des théologiens protestants contre le Coran est celui de Théodore Bibliander († 1564), le successeur de Zwingle dans la chaire de théologie de Zurich : Machumetis saracenorum principis ejusgue successorum vitæ ac doctrina ipsegue Alcoran, quo velut authentico legum divinarum codice Agareni et Turcae aliique Christo adversantes populi reguntur, quoi ante anno cccc vir multis nominibus, divique Bernard ! testimonio clarissimus, D. Pelrus abbas Cluniacensis per viros eruditos, ad fidei christianse ac sanctee matris Ecclesise propugnalionem ex arabica liitgua m latinam transferri curavit : his adjunclse

sunt confutaliones mullorum et quidem probatissiniorum aulhorum, arabuni, greecorum et lalinorum, una cum doclissimi viri Philippi Melanchtonis prsemonilione, Bàle, 1513. La seconde partie du recueil, qui porte un titre distinct, est consacrée à la polémique : Confutaliones legis maliumelicse, quam vacant Alcoranum, singulari induslria ac pietate a doctissimis alque optimis viris, parlim latine, partim grae.ee, ad tmpise seclae illius errorumque eius impugnalionem et nostrse fidei christianse confirmalionem olim scriptseElle contient plusieurs traités contre le Coran, la Cribratio Alcorani de Nicolas de Cuse, la Confutatio logis Mahomelanse de Ricold de Montecroix avec la traduction grecque de Démétrius Cydonius, etc. Nous mentionnons encore spécialement Jean Callenberg (1694-1760), le fondateur de l’inslilutum judaicum de Halle, qui eut une typographie orientale, d’où sortirent plusieurs ouvrages concernant le Coran. Fabricius a dressé la liste de théologiens protestants, Grotius, Besold, Zacharias Grapo. Lsberg, Werenfels, Schwartz, Schroder, Haller, liasse, Clodius, etc., qui réfutèrent la théologie coranique.

De nos jours, le Coran est surtout étudié au point de vue littéraire, juridique, philologique, historique, ou encore sous le rapport de l’inlluence qu’il a exercée sur la civilisation et le progrès de l’humanité. On ne pense plus à combattre l’islam sur le terrain dogmatique, et on s’attache de préférence à montrer que ses doctrines religieuses et sociales ont contribué en grande partie à la décadence des races islamites.

Il y a toutefois un pays où les études polémiques touchant le Coran ont été reprises avec succès. C’est la Russie. On évalue à 17 millions le nombre des musulmans qui l’habitent, et qui ont leurs centres principaux sur les bords du Volga. L'éparchie de Kazan est peuplée par un million environ de Tatars musulmans, qui dans ces derniers temps ont réussi, par leur activité, à ramener à l’islam plusieurs milliers de leurs coreligionnaires, que les Russes avaient convertis au christianisme par la violence ou par l’appât de privilèges civils et de dons pécuniaires. Les Tatars musulmans possèdent un grand nombre d'écoles, et leurs mollah savent tenir tête aux prêtres orthodoxes chargés de leur prêcher la foi chrétienne. Cf. Tzerkvvnyia Viedomosti, 1906, n. 25, p. 1985-1987 ; Berne dit monde musulman, Paris, 1906, t. i, p. 125-129. Pour mieux préparer ses missionnaires à la lutte avec l’islam, l’Académie ecclésiastique orthodoxe de Kazan ouvrait en 1845 une chaire d’arabe et de tatar, et en 1854 un cours libre de polémique musulmane. Pravosl. bog. entziklopediia, Saint-Pétersbourg, 1906, t. vu. p. 669. Au mois de mars 1872, l’archiprêlre E.-A. Malov, professeur à la même Académie, proposait la fondation d’un recueil spécial de travaux, ayant pour but l'étude polémique du Coran dans ses relations avec la théologie chrétienne. Son idée fut agréée par le saint-synode, qui en 1876 assigna à cette œuvre une subvention de 2000 roubles. La première livraison de ce recueil antimusulman (Pi-otivomustilmansky sbornik) parut en 1873 ; elle contient des Notices sur la section des missions adjointe à l’Académie ecclésiastique de Kazan, par Malov ; un travail de E. Vinogradov sur la Méthode de polémique à suivre contre les Tatars musulmans, et l'étude de B. S. Pétrov sur les Causes de l’attachement fanatique des Tatars musulmans à leur religion. Jusqu'à la tin de 1907, le Protivomusulmansky Sbornik compte 23 volumes. Signalons parmi les travaux les plus importants contenus dans ce précieux recueil, ceux de Leopoldov, sur les Croyances religieuses des Jlancphites, 1873, 1897 ; d’Iline et Philimonov, Les preuves de l’intégrité des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament contre les musulmans, 1874 ; de l’archiprètre Ostrooumov, Examen critique de la