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CORAN (POLÉMIQUE CHRÉTIENNE CONTRE LE CORAN) 1836

riera, / Mtuulmani : Civiltàe decadenza, Florence, 1877 ; Merensky, Mohammedanismus und Chri tentutn im Kampfe um die Negerl&tlder Afrikas, Berlin, 1894 ; Malcolm, Are reformas possible itnder Musaulman rule, dans Contemporary Review, août 1881, p. 2Ô7-281 ; Gabrieli, L’islamismo, il cristianetimoe la civiltà, dans Studi religiosi, Florence, t. ii, p. 542-552 : Montet, La propagande chrétienne et ses adversaires musulmans, Paris, 1890 ; Arnold, Preaching of Islam, a history of the propagation of the muslim faith, Westminster. 1896 ; Ostrooumov, Koran i Progress, Tachkent, 1903 ; Contenson, Chrétiens et musulmans, Paris, 1901.

A. Palmieri.

III. CORAN. POLÉMIQUE CHRÉTIENNE CONTRE LE CORAN. — L’histoire de la polémique théologique qui a été engagée en Orient et en Occident contre le Coran, n’a pas encore été écrite. On se bornera donc ici à retracer brièvement la suite historique de ces discussions, qu’on peut grouper ainsi : I. La polémique chrétienne contre le Coran en Orient. II. En Occident. III. L’apologie de l’islam.

I. La polémique chrétienne contre le Coran en Orient. — Du vivant déjà de Mahomet, les chrétiens entrèrent en lice avec lui pour défendre leurs doctrines. Une allusion directe y est faite dans le Coran même : « A ceux qui disputeront avec toi à ce sujet, depuis que tu en as reçu la connaissance parfaite, réponds : Venez, appelons nos enfants et les vôtres, nos femmes et les vôtres, venons vous et nous, et puis adjurons le Seigneur chacun de notre côté, et appelons sa malédiction sur les menteurs, » iii, 5k Les chrétiens du Nagràn, pays d’Arabie, sous la conduite de leur évêque Abûl’Hàrith, disputèrent avec Mahomet sur la passion du Christ. Sprenger, t. iii, p. 488-502. Mais le prophète s’aperçut bientôt qu’il n’était pas à même de tenir tête aux théologiens du christianisme, ni de les gagner à sa secte ; aussi rompit-il toute relation avec eux, et engagea-t-il ses partisans à suivre son exemple. Le Coran à plusieurs reprises tâche d’élever un mur de séparation entre musulmans et chrétiens, et il défend aux premiers les disputes religieuses avec les infidèles, iv, 143 ; v, 56 ; ix. 29 ; lx, 13.

Les chrétiens attaquèrent le Coran d’abord dans les pays nouvellement conquis par les Arabes après la mort du prophète, la Palestine, la Syrie et la Mésopotamie. Mais, à quelques exceptions près, ils ne produisirent aucune œuvre importante, aucune réfutation scientilique du Coran. Selon la remarque de Krumbacher, la langue, la culture, la nationalité, le mépris pour le monde musulman ne permirent pas aux théologiens de Byzance de faire une étude approfondie de la théologie coranique. Geschichle der byzantinischen Lilteratur, p. 50 ; Sheeld, Islam and oriental Churches : their histoiical relation, Philadelphie, 1904. Ils crurent inutile de la prendre au sérieux, et s’en tinrent, pour la combattre, à des lieux communs. A l’époque où les croyants se mirent à répandre les doctrines de l’islam par l’épée plus que par la persuasion, la théologie chrétienne formait déjà un système complet de vérités logiquement enchaînées et étayées sur des preuves scripturaires et rationnelles. C’est pourquoi les théologiens byzantins estimèrent que cet édifice solidement établi résisterait aux assauts des musulmans. Ils s’attaquèrent donc plutôt à la personne du fondateur de l’islam, à sa morale qu’à son enseignement dogmatique. Mahomet lui-même avait admis la révélation, les Livres saints, la possibilité du miracle, la mission divine des prophètes, et en particulier celle de Jésus. Il s’ensuivait, au jugement des polémistes byzantins, que, pour décrier le Coran, il suffisait de lui opposer les textes de l’Écriture sainte, qui prouvent clairement le mystère de la Trinité et le dogme de la divinité du Christ. D’autre part, la vie de Mahomet permettait à elle seule de l’identifier avec le diable : le tableau luxurieux de son paradis servait aisément à montrer que le pro phète était un suppôt de Satan. A m - s i les travaux des polémistes byzantins contre le Coran ne sont guère réputés aux yeux des arabisants. Reland se moque du zèle faux et loquace des græculi qui. bien que vivant au milieu des mahométans, négligeaient d’étudier leurs doctrines, d’apprendre leur langue, de connaître leurs traditions, et recherchaient toute sorte d’absurdités et d’inepties pour diffamer leurs adversaires. L’ignorance de la langue arabe, chez les théologiens de Byzance, était telle qu’ils traduisaient les mots Allahou a madou de la sourate cxii, 2, par ©sô ; tripupdirnxTOC, ffçupTJXecTOC, ôXdëoXoç, 6X<5<rç - jpoç. On leur faisait accroire que Mahomet avait rétabli le culte de Vénus. Kourganov, A propos de la littérature byzantine contre l’islam (en russe), p. 108. Ces reproches, fondas pour quelques-uns, ne sont pas mérités pour tous. Théodore Aboukara, Barthélémy d’Édesse, Samonas de Gaza étaient très versés dans la littérature arabe. D’autres connaissaient les traditions de leurs adversaires et s’ils n’ont pas produit des œuvres de grande valeur, cela tient au peu d’estime qu’ils avaient de la théologie musulmane, à leur aversion pour les barbares, et peut-être aussi à la conviction qu’ils avaient de l’inutilité de leur travail. Il est certain, en effet, que la controverse religieuse n’a jamais été un moyen efficace de conversion pour les musulmans. Tchérévansky. Mir Islama î ego proï dénie (Le monde de l’islam et son réveil), Saint-Pétersbourg, 1901, t. ii, p. 231-232.

Le premier polémiste byzantin contre le Coran est saint Jean Damascène. Dans l’hérésie des Ismaélites, il découvre les signes précurseurs de l’Antéchrist : r.y, 8po[j.o ; oùaa toO’Avrr/piij-ou. P. G., t. xciv, col. 76 i. Il la réfute dans son traité De hæresibus, P. G., loc. cit., col. 764-774. Il a composé aussi deux dialogues entre un chrétien et un sarrazin. AiâXeÇiç Sappotxvoti /.a’-. XpKjTiâvo’j. Ibid., col. 1335-1348. Cf. Langen. Johannes von Damascus, Gotha, 1879, p. 59-60, 158-1C0 ; Lupton, St. John of Damascus, Londres. 1882, p. 90-101.

Théodore Abucara a consacré un dialogue à démontrer que Mahomet n’est pas l’envoyé de Dieu, et que ses disciples sont des brutes : ()offXT|(iaTo6r) s’Ovïj. P. G., t. xcvii, col. 1462-1602. Cf. dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1862, t. xii, p. 627. Voir t. I, col. 287. Le moine d’Édesse, Barthélémy, contemporain de Photius, est l’auteur d’un travail où il réfute les musulmans avec une mordante ironie, et une connaissance approfondie de leurs doctrines, "EXey-/ ?’AyapiiVoO, .P. G., t. civ, col. 1383-1 iiji. Voir t. ii, col. 435, et Krumbacher, p. 78. Un écrit anonyme Kocrà Mu>ajj.c11, se lit P. G., t. civ, col. 11181457. Un chapitre de la Xpovoypaçîa de Théophane est consacré à l’œuvre de Mahomet. P. G., t. cviii, col. 684-688.

Une lettre de Léon le Sage au calife Omar (dont l’authenticité est douteuse) a pour but d’expliquer aux musulmans les vérités du christianisme. P. G., t. cvii, col. 315-324. Quelques écrivains l’attribuent à Léon l’Isaurien. Popov, Imperator Léo VI Mudryi i ego tzarstvovanie, Moscou, 1892. p. 201. Samonas, évêque de Gaza (XIe siècle), dans un dialogue, expose à un musulman le mystère de la transsubstantiation, à : a/i ::ç Kçibi’A/u-Éô tôv ïapaxv- -. P. G., t. cxx. col. 821-833. Cf. Steitz, Jahrbùcher fur deutsche Théologie, 1868, p. 17-23. Le 1. XX du ©r^a-pd ; de Nicétas Akominatos traite de la religion des Agarènes : jtep rf ( ; 6p « |ox£ta( Ttôv’Ayapïjvwv, P. G., t. cxl. col. IUô-137. Le même sujet est très développé par Euthymius Zigabénos. Panoplia dogmalica, P. G., t. cxxx, col. 1331-1359. Le Coran est d’après lui un recueil de 1 13 fables absurdes, (ivûdipia, le produit de l’ignorance et de la démence de Mahomet. Ibid., col. 1331. Nicétas de Byzance nous a laissé un des meilleurs spécimens de la polémique byzantine contre le Coran, qu’il réfute