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CORAN (SA THÉOLOGIE)

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pondant quatre moi’;, il, 220 ; de la répudier trois fois, ibid., 230, de la renfermer, en cas d’adultère, même jusqu’à sa mort, IV, 19.

Le Coran détermine les degrés de parenté qui constituent un empêchement au mariage, iv, 26-32, et ce qu’il faut observer dans les relations mutuelles entre époux, il, 183, 193, 222 ; v, 9. Il permet le divorce, iv, 129 ; les femmes divorcées peuvent se remarier, il, 227228. Le délai accordé à la femme avant de quitter la maison de son mari est de trois ou quatre mois, ii, 223 ; lxv, 4. Dans ce cas, le mari est tenu de donner à sa femme la dot, stipulée dans le contrat de mariage, mais il peut aussi en retenir une partie, et si la femme demande elle-même le divorce, il n’est obligé à rien à son égard. Le Coran contient des prescriptions nombreuses au sujet des relations entre les époux et du divorce, qui ne rentrent pas dans le cadre de nos études.

Les textes que nous avons cités ne laissent aucun doute sur la déplorable situation que l’islam a créée à la femme musulmane. Des écrivains distingués se sont demandé si chez les Arabes les conditions de la femme avant Mahomet étaient meilleures que celles qui lui ont été faites par la législation coranique. Muir est d’avis que le Coran les a empirées. The life of Mahomet, t. iii, p. 302. Caussin de Perceval, Renan, Barthélémy Saint-Hilaire, etc., partagent l’opinion contraire. Il serait peut-être plus facile de reconnaître dans le Coran une amélioration relative du sort de la femme arabe ; mais si l’on juge la femme musulmane au point de vue du christianisme et de notre civilisation, on ne peut que la plaindre. Il lui est interdit pour ainsi dire d’avoir un cœur, de décider en connaissance de cause de son avenir, de prendre à son foyer la place qui lui appartient. Ses parents disposent d’elle sans la consulter, et en allant dans la maison de son époux, elle n’y entre pas en maîtresse, mais en esclave. En la mariant, on ne tient pas compte de ses sentiments ; elle est comme un objet de luxe mis en vente. Les liens qui l’unissent à son époux ne sont pas indissolubles, et si son mari est riche, elle doit accepter de partager avec d’autres ses droits d’épouse ; si le mari est pauvre, elle a toujours à craindre la répudiation. Sans doute la loi musulmane lui donne certaines garanties : l’homme est obligé de lui rendre la dot qui lui a été fixée par le contrat matrimonial. Mais l’homme a toujours à sa disposition le moyen de se soustraire à ce devoir ; par ses mauvais traitements, il peut contraindre sa femme à demander elle-même le divorce, et dans ce cas, celle-ci quitte la maison de son mari, sans autre compensation que celle qu’il plaît à sa générosité de lui offrir. La femme reste donc privée de protection contre son époux. Mùller, t. i, p. 205.

Nous ne parlons pas des conséquences douloureuses de la polygamie : la première est la dissolution de la famille. On prétend que Mahomet l’a trouvée chez ses concitoyens, qu’il a été forcé de la conserver, parce qu’elle était enracinée dans les mœurs orientales et justifiée aussi par la mollesse énervante du climat. Testa, Spécimen juris inaugurale de conjugiis jure moslimico, Leyde, 1851, p. 17-18. Ce sont là des considérations qui ne rendent pas licite ce qui est illicite, et dont on ne doit pas tenir compte quand on juge la moralité d’un code ou d’un peuple. Les apologistes de l’islam se plaisent aussi à blâmer les exagérations très fréquentes à propos de la femme musulmane chez les polémistes chrétiens. Ces exagérations nous les avouons volontiers. Nous reconnaissons que la polygamie est plutôt rare chez les musulmans, et que la grande masse du peuple est forcément monogame. Mais cela ne tient pas à une raison supérieure de moralité, ou à la continence inspirée par un motif religieux. La monogamie musulmane n’a d’autre motif que la pauvreté, mais elle est en quelque sorte remplacée par la facilité et la fréquence

du divorce dans les classes rnoin « aisées. Sans doute, Mahomet a essayé de mettre un frein aux excès de la polygamie ; mais la femme musulmane n’a pas à se réjouir des résultats qu’il a obtenus, parce que la polygamie a été sanctionnée officiellement comme licite et que la femme a été soumise plus durement au despotisme de l’homme. Enfin les apologistes de l’islam ne tarissent pas de louanges sur l’apparente austérité mœurs des musulmans : les femmes se distinguent par leur modestie ; on n’entend presque pas parler de scandales ; les maisons de tolérance sont chez eux moins nombreuses qu’en pays chrétien. L’austérité apparente cache quelquefois les vices les plus honteux et il faut avoir habité longtemps les contrées de l’islam pour y constater le relâchement de mœurs caché soigneusement aux yeux des profanes, et le dépeuplement continuel des races islamites qui en est la conséquence. Pichon, p. 12. Sous l’influence de maîtresses et d’institutrices chrétiennes, on remarque, en Turquie chez les femmes musulmanes, un certain esprit de révolte contre leur esclavage moral, la tendance à améliorer leur sort, à réclamer leurs droits, et Constantinople possède deux revues turques féministes. Mais ce mouvement est très borné, et le relèvement de la femme musulmane ne pourrait pas avoir lieu sans une révolution religieuse et morale de l’islam. Il y a sans doute en pays musulman de nombreuses familles où les époux vivent dans l’harmonie des esprits, et la femme est vraiment la maîtresse de maison ; mais les conditions heureuses de ces familles ne sont pas le produit naturel de la morale du Coran, qui, de sa nature, contient un principe dissolvant de la vie du foyer.

Conclusion. — Ce rapide aperçu de la dogmatique et de la morale du Coran nous permet de juger le code religieux de l’islam sans tomber dans les excès d’admiration de ses apologistes, ou dans les attaques violentes et parfois injustes de ses adversaires. Les anciens polémistes chrétiens n’ont pas épargné les injures au prophète, et leurs malédictions au Coran. Marracci disait de ce livre : Pêne lotus mendaciis, erroribus, blasphemiis, fabulis, nugis, compertus et compactas est ; quse in illo saniora vident ur, insaniis pleritmque non carent, p. 6. Hottinger l’appelait : farraginem fabxlarum ad nauseam usque repetilarinn et absurdarum, S. Scripluræ, naturse, et cultiorum gentïum sensui contrarium. Historia orienlalis. De fide islamitica, p. 16. Ileineccius : rapsodia ex sacris ethnicorum, judseorum et christianorum veris et falsis commixta, et propriis hujus imposions et cooperariorum gnosticorum, nestorianorum et id gemis hominum somniis aucta. Ibid., p. 18. Ses apologistes, au contraire, l’ont proclamé un cinquième Evangile, et même ont découvert en lui une morale non moins élevée que celle du christianisme, sinon supérieure. On peut répondre aux premiers que le Coran, tout imprégné de l’idée monothéiste, renferme des morceaux d’une grande beauté littéraire, d’une très noble envergure, d’un sentiment religieux très profond et très sincère. Sa morale ouvre toutes grandes les portes à la corruption ; mais elle contient aussi des préceptes sans doute contradictoires, mais très conformes à la religion naturelle, et par là même dignes d’éloges. Mahomet a écarté de son œuvre le surnaturel, le mystère ; il a voulu, comme dit Renan, faire une religion d’hommes. Les origines de l’islamisme, p. 285. Comparé au polythéisme arabe du temps de Mahomet, le Coran représente un progrès, mais il n’est pas et ne sera jamais le code religieux d’une civilisation supérieure. « L’islamisme, dit encore Renan, est évidemment le produit d’une combinaison inférieure, et pour ainsi dire médiocre, des éléments humains. Voilà pourquoi il n’a été conquérant que dans l’état moyen de la nature humaine. » Ibid., p. 295. Falke, Budd/ia, Mohammed, Christus,