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CORAN (SA THÉOLOGIE)


l’importance do l’acte de la prière, et le soin avec lequel il faut l’accomplir. Pour se rendre au temple, il taut revêtir ses plus beaux habits, vii, 29 ; se prosterner en présence de Dieu, fléchir les genoux devant lui, vii, 204 ; xxii, 70 ; ou rester debout, xxv, 65 ; lxxiii, 20. Si on craint un danger, on peut prier à cheval, ii, 240. La prière ne doit être prononcée ni d’une voix trop élevée ni d’une voix trop basse, xvii, 110 ; faite à haute voix, clic est inutile, parce que Dieu connaît les secrets des cœurs, xx, 6. Il ne faut pas imiter les hypocrites qui prient avec nonchalance, et par leur feinte piété, cherchent à s’attirer les louanges des hommes, iv, 141. La prière accomplie négligemment ou par ostentation attire les châtiments de Dieu, cvii, 5-6. En temps de guerre, il est permis d’abréger la prière : une partie des troupes s’y livrera, les armes à la main, tandis que l’autre se reposera, iv, 103. Il ne sied pas aux croyants de prier pour les infidèles, puisque ceux-ci seront condamnés au feu, ix, 114, et même après leur mort, il faut s’abstenir de prononcer leur nom dans ses prières, ix, 85.

La théologie musulmane a essayé de régler minutieusement les moindres actes qui concernent la prière. Elle détermine dans quelles circonstances il faut pratiquer les ablutions, et quelles invocations à Dieu doivent les accompagner, Léonardov, p. 203-207 ; elle précise les mouvements et la posture des membres, et complète parfois les prescriptions vagues de Mahomet. La prière, par exemple, doit se répéter cinq fois par jour : le matin (saldh soabh ; sabdh namdzy ; irtah namdzy) ; entre le lever du soleil et midi (salâh Zolir ; oeyleh namàzy ) ; le soir (salah’asr ; îkindi namâzy) ; après le coucher du soleil (salâh magrib ; ahèâm namâzy), et la nuit (salàh’isâ ; yàtsi namâzy). Cette division de la prière en cinq heures différentes du jour ne se trouve pas implicitement indiquée dans le Coran, bprenger, t. i, p. 325, bien qu’on y mentionne la prière du matin, au lever, lii, 48, celle de l’aube du jour, xvii, 80 ; celle du milieu, il, 239 ; et la prière nocturne, l, 39. Bogolioubsky, p. 229. Une autre condition fidèlement observée par les croyants est celle de se tourner vers la qiblah, la fameuse Ka’bah, le temple de La Mecque. Sabloukov, Les récits des Mahométans sur la qiblah (en russe), Kazan, 1889, p. 4. D’abord, Mahomet n’avait donné sur ce point aucune indication spéciale : il disait que Dieu est en Orient aussi bien qu’en Occident, et qu’il n’était pas nécessaire de déterminer le lieu de la prière. Ensuite, pour flatter les Juifs, il conseilla à ses amis de se tourner vers le temple de Jérusalem, et se voyant enfin déçu dans ses espérances, il propose La Mecque. Léonardov, p. 209 ; Wollaston, p. 307-311.

Pour les musulmans, la prière, dit Mùller, consiste dans une craintive admiration de l’incompréhensible majesté de Dieu, dans l’adoration mêlée de frayeur, du terrible souverain de la terre et du ciel. Der Islam, t. I, p. 192. Elle se réduit à un acte mécanique, où le cœur ne joue aucun rôle. Il lui manque la vie, l’amour de Dieu, l’aliment de la piété. La prière musulmane est une série de vaines invocations. Hughes, Notes on Mu hammedanixiii, p. 115. Dieu est tout-puissant, que son nom soit loué, qu’il exauce celui qui chante ses louanges, etc., Weil, Mohammed der Prophet, p. 70 ; Tikhov-Alexandrovsky, Aperçu sur les prières musulmanes (en russe), Kazan, 1877, et ces invocations, les croyants les répètent partout, dans la maison, dans les rues, en voyage, à des heures fixes. Ils les répètent sans réfléchir à ce qu’ils disent, sans élever leur âme vers Dieu, sans ajouter au mouvement extérieur des lèvres, le travail intérieur de la pensée qui médite les perfections de Dieu. Ils se bornent à remplir les prescriptions du prophète, dont le code religieux a réglementé les actes externes, sans aucun souci des besoins et des aspirations de l’âme. Mùller, p. 191.

L’aumône.

Le troisième fondement de l’islam

est l’aumône. Sur ce point la doctrine de Mahomet se rapproche beaucoup de la inorale évangélique, et quelques expressions semblent puisées dans nos Livres saints. L’aumône (sadaqah, sadaqât) est un précepte divin. Le Coran le rappelle en bien des endroits : O croyants, donnez l’aumône de vos biens, il, 255 : l’aurnône est agréable à Dieu, IX, 105 ; il faut secourir ses parents, ses proches, les orphelins, les pauvres, les voyageurs, u, 211 ; elle doit servir aussi à ceux qui recueillent les pauvres, à ceux dont les cœurs ont été gagnés pour l’islam, au rachat des esclaves, aux insolvables, et à la cause de Dieu, ix, 60 ; xxx, 37. L’homme ne doit pas s’attacher aux biens de la terre. Les jouissances de ce monde sont une pompe vaine, mais ce que Dieu tient en réserve pour ses élus vaut mieux et est plus durable, xxviil, 60. La richesse doit donc être employée à secourir les indigents. L’aumône attire les grâces et les bénédictions de Dieu sur ceux qui la pratiquent ; ceux qui dépensent leurs richesses dans le sentier de Dieu ressemblent à un grain qui produit sept épis et dont chacun donne cent grains, ii, 263 ; ils recevront de Dieu une récompense, ibid., 215, 277, magnifique, iv, 114, car ils accomplissent une œuvre méritoire, lviii, 13. La crainte ne descendra pas sur eux ; ils ne seront pas affligés, II, 27t ; leurs péchés seront effacés, v, 49 ; leur âme sera purifiée, lviii, 13. L’aumône remplace aussi certaines prescriptions légales, il, 192. Mais pour qu’elle soit agréable à Dieu, il faut qu’elle soit faite avec charité et bienveillance. Une parole honnête, l’oubli des offenses, valent mieux qu’une aumône suivie d’un mauvais procédé, il, 265. Il ne faut pas distribuer en largesses la partie la plus vile de ses biens, il, 269. Il ne faut pas dispenser l’aumône par esprit d’ostentation, ibid., 266 ; donner l’aumône au grand jour, c’est louable ; mais la donner secrètement est plus méritoire. Ibid., 273. Du vivant de Mahomet, les aumônes affluaient en ses mains, et ses ennemis le calomnièrent au sujet de leur distribution, ix, 8. Elles se transformaient en impôt légal ; ces revenus étaient affectés aux besoins de la guerre sainte. Cependant l’aumône ne perdit jamais à l’égard des pauvres le caractère d’offrande volontaire. Grimme, p. 141-142 ; Wollaston, p. 311-314.

Le jeune du Ramadan.

Le quatrième fondement

de l’islam est le jeûne. C’est un précepte du Seigneur ; il est donc du nombre de ceux qui appartiennent au fard. « O croyants, le jeûne vous est prescrit, » il, 179. Mahomet avait tout d’abord imposé le jeûne à ses disciples, pour imiter les Juifs, et les gagner à sa religion. Sprenger, t. iii, p. 53-54. Le jeûne musulman ne consiste pas seulement dans l’abstinence de la nourriture ; les deux mots arabes qui le désignent, siyàm, saoum, dérivent du verbe sâma, qui signifie interrompre une occupation habituelle. Ostrooumov, Le ieûne musulman du mois de Ramadan (en russe), Kazan, 1877, p. 4.

Mahomet a fixé en détail les règles du jeûne. Il doit commencer avec la nouvelle lune de Ramadan, II, 181, qui correspond au neuvième mois de l’année lunaire, et signifie mois des grandes chaleurs (ramz). Hughes, A Dictionary o] Islam, p. 533. Puisque l’année musulmane est une année lunaire, dans l’intervalle de 32 années, tous les mois de l’année coïncident tour à tour avec le jeûne de Ramadan. La nouvelle lune, dont on guette l’apparition du haut des minarets, des mosquées et des maisons, ouvre le jeûne, comme la nouvelle lune du mois suivant marque son terme. Ce dernier jour de jeune constitue le petit baïram, une des grandes fêtes du monde musulman, distincte du grand baïram, qu’on célèbre le dixième jour du dernier mois de l’année. Le mois de Ramadan a été choisi de préférence, parce que, selon la croyance musulmane et l’affirmation du Coran, c’est pendant ce temps que