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CORAN (SA THÉOLOGIE)


dirige, et d’autres qui ont été destinés à l’égarement, xvi, 38. Il est donc inutile que Dieu envoie des apôtres vers chaque peuple, chargé de leur dire : Adorez Dieu, et évitez le fâgout. Ibid.

Les Mahométans ont interprété la doctrine du Coran dans le sens de la prédestination absolue. Il y a sans doute des exceptions : les miïlazililes et en général les Chiites sauvegardent la liberté humaine, mais la grande majorité des croyants acceptent, comme un dogme, la prédestination absolue et la considèrent comme un corollaire de la toute-puissance souveraine de Dieu. Le fatalisme musulman, qui forme un obstacle sérieux à la pénétration des idées de progrès dans les masses islamites, a ses racines dans le Coran. Miiller, t. i, p. 186. On a voulu l’expliquer par des raisons naturelles, l’attribuer aux tendances de l’âme arabe et à l’influence du climat. Bogolioubsky, p. 194. On a même dit contrairement au témoignage explicite du Coran que ce fatalisme n’est pas un dogme de l’islam. De Castries, L’islam, p. 174. Mais même en donnant un rôle secondaire aux deux éléments naturels, qu’on indique, dans l’élaboration du fatalisme musulman, on ne saurait méconnaître que le Coran a été pour beaucoup dans l’espèce de marasme dont sont frappés les croyants de l’islam à cause de leurs tendances fatalistes. L’ancien paganisme arabe et le judaïsme ont exercé aussi leur influence sur Mahomet dans le développement de sa doctrine sur la prédestination. Machanov, p. 466477.

VI. LA FIN DU MONDE ET LA RÉSURRECTION DES MORTS ;

l’enfer et le paradis. — 1° La fin du monde et la résurrection des morts. — Le jugement dernier, d’apn s la théologie musulmane, comprend la fin du monde et la résurrection des morts. Celle-ci, le jugement dernier, le paradis et l’enfer sont les quatre points de l’eschatologie du Coran. Grimme, p. 154. D’après Mahomet, l’âme humaine (nafs) est un esprit qui vient de Dieu, xv, 29 ; xxxii, 8 ; xxxviii, 72. Après la mort, les âmes sont parquées dans un lieu entouré d’une barrière, et elles y resteront jusqu’à la résurrection des corps, xxiii, 102. Le Coran admet donc l’immortalité de l’âme et par conséquent la vie future. Dieu a créé la mort (maut), lxvii, 2, et l’ange de la mort (malak al-maut), xxxii, 11. Cet ange, appelé’Azraël, est chargé d’ôter la vie aux hommes. Lorsque le cadavre est inhumé, deux anges aux traits horribles, que les musulmans appellent Mankir et Nakîr posent au défunt des questions touchant sa foi. Ils frappent les pécheurs à la figure et sur le dos, xlvii, 29. Ils recueillent ses paroles, en se tenant l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, l, 16, et condamnent les coupables à la peine du feu, viii, 52. Immédiatement donc après leur décès, les hommes sont soumis à un jugement particulier. Ils attendront le jugement dernier, qui, dans le Coran, porte plusieurs noms, jour de la rétribution (yaum ad-dlni), [, 3 ; xxxvii, 20 ; lxxxii, 17, 18 ; jour du dénoùment ou de la révélation (yaum al-fathi), xxxii, 29 ; jour du compte (yaum al-hisàbi), xxxviii, 15 ; xl, 28 ; jour des regrets (yaum al-hasrati), xix, 40 ; jour de l’éternité (yaum al-hulùdi), L, 33 ; jour de la décision, de la séparation (yaum al-fasli), xxxvii, 21 ; lxxvii, 14 ; lxxviii, 17 ; jour de la réunion (yaum al-am’dj), xlii, 5 ; lxiv, 9 ; jour de la soudaineté, ou jour prochain (yaum al-âzifati), XL, 18 ; jour où les hommes s’appelleront les uns les autres (yaum at-tanâdi), XL, 34 ; jour de la déception mutuelle (yaum at-tagâbun), lxiv, 9 ; jour qui enveloppera tous les hommes (yaum nwuhit), xi, 85 ; jour difficile (yaum’asir), Liv, 8 ; grand jour (yaum kabir) ; jour terrible (yaum’a ; iiii), vi, 15 ; vii, 57 ; x, 16 ; xix, 38 ; xxvi, 135, etc. Ce jour arrivera inopinément. Il n’est connu que de Dieu, vu, 185-186 ; xxxi, 34 ; et de lui seul, xli, 47. C’est une heure qui surprendra les hommes à l’improviste, xlui,

66, qui sonnera subitement, xlvii. 20 ; vi, 31, qui viendra comme un clin d’œil, xvi, £0 ; une heure douloureuse et amère, liv, 46 ; elle pèse aux cieux comme à la terre, vii, 185 ; les justes eux-mêmes l’attendent avec frayeur, xxi, 50 ; xlii, 17 ; toute âme sera alors rétribuée pour ses œuvres, xx, 16. Cette heure (as-sn al) sera précédée de plusieurs signes. Yàdjûdj etMadjûdj, franchiront l’enceinte impénétrable où ils sont renfermés et descendront de leurs montagnes, xxi, 96, 97. Un monstre (dàbbat al-ardi) sortira de terre, et reprochera aux hommes leur infidélité, XXVII, 84. La fin du monde sera annoncée par le son de la trompette, VI, 73, qui retentira trois fois. Au premier son, lxix, 13, tout ce qui sera dans les cieux et sur la terre sera saisi d’effroi, xxvii, 89. Le ciel se fendra et sera comme une rose ou comme une peau teinte en rouge, lv, 37 ; en s’ouvrant, il présentera des portes nombreuses, lxxix, 19. Dieu le pliera de même que l’ange Sidjil plie les feuillets écrits, xxi, 104. Les montagnes seront mises en mouvement, et paraîtront comme un mirage, lxxviii, 20 ; lxxxi, 3 ; elles ressembleront à des flocons de laine teinte, agités par les vents, lxx, 9 ; Ci, 4, s’éparpilleront comme la poussière, xx, 105 ; lxxvii, 10, marcheront réellement, lii, 10 ; comme les nuages, xxvii, 90, voleront en éclats, lvi, 5, deviendront des amas de sable, lxxiii, 14. La terre, elle aussi, emportée dans les airs avec les montagnes, sera réduite en poussière, lxix, 14, en menues parcelles, cix, 22, sera nivelée comme une plaine, xviii, 45. On ne trouvera plus les sinuosités, ni les élévations et dépressions des terrains, xx, 106. Malov, La doctrine mahométane sur la fin du monde (en russe), Kazan, 1897, p. 43-45. Au second son de la trompette, toutes les créatures des cieux et de la terre expireront, excepté celles dont Dieu disposera autrement, xxxix, 68. Au troisième son, les morts sortiront de leurs tombeaux, et accourront en toute hâte auprès du Seigneur, xxxvi, 51. Ils se dresseront et attendront l’arrêt, xxxix, 68 ; ils se presseront en foule, comme les flots, les uns sur les autres, xvili, 99, et paraîtront devant Dieu, xx, 102 ; lxxviii, 18, chacun accompagné d’un témoin et d’un conducteur (anges gardiens) qui le poussera devant soi, l, 20. Les liens de parenté cesseront d’exister alors pour les hommes, xxiii, 102. La résurrection des morts (qiyàma) est comparée à une création nouvelle, L, 14. Mahomet défend sa possibilité contre les objections de ceux qui la rejettent. Quand même les hommes seraient de pierre, de fer ou de tout autre métal, ils sortiront de leurs tombeaux à l’appel de Dieu, xvii, 52-53. De même qu’une contrée, brûlée par la sécheresse, est vivifiée par l’eau qui descend du ciel et fait germer les fruits, ainsi Dieu ressuscite les morts, vu, 55 ; xxii, 5-6 ; xxx, 18 ; xxxv, 10 ; xli, 39 ; xlui, 10 ; L, 9-11. Lorsque ceux-ci seront animés de nouveau, il leur semblera qu’ils ne sont restés dans le tombeau que très peu de temps, x, 46 ; xvii, 54 ; une dizaine de jours, xx, 103 ; un jour ou même une partie du jour, xxiii, 114-115. une heure, xxx, 54-55. Aussitôt que les hommes seront rassemblés, Dieu apparaîtra sur son trône, escorté par des troupes d’anges, xxv, 27, qui se disposeront en rangs autour de lui, lxxxix, 23. Les infidèles y paraîtront avec des visages noirs ou rembrunis, et les croyants avec des visages blancs ou rayonnants, iii, 102103 ; xxxix, 61 ; lxxv, 24 ; lxxx, 38. Il y aura des balances tenues avec équité. Ceux qui feront pencher la balance seront bienheureux ; ceux qui n’auront pas fourni le poids auront perdu leurs âmes, vii, 7-8. Nul ne sera lésé, pas même du poids d’un grain de moutarde, xxi, 48 ; xxiii, 103-104 ; ci, 5-6 ; pas une âme ne sera traitée injustement, xxxvi, 54. Une âme ne pourra plus satisfaire pour une autre ; il n’y aura plus d’intercession, ni de compensation, ni de secours à attendre, n. iô, 1 17. Ceux qui sont morts dans l’infidélité ne sauraient être rachetés du châtiment cruel, même s’ils donnaient au-