Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée
1325
1326
CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE]


poser. Quand l’élu déplaisait à Alexandrie, la première occasion amenait une tragédie. Par trois fois, en moins d’un demi-siècle. l’Église grecque eut le spectacle d’un évêque de Conslantinople déposé par un évêque d’Alexandrie : Chrysostome, en 403 ; Nestor iu s, en 431 ; Flavien, en 449. Et ce n’étaient pas des dépositions théoriques ; ces trois prélats furent réellement dépossédés de leurs sièges, et même exilés. Que dis-je ? tous en moururent. Je sais bien que, sur le point de droit, il y a des différences à faire entre ces trois cas ; que la déposition de Nestorius fut ratifiée, au concile d’Éphèse, par les légats du pape… Mais, dans les trois cas, l’épiscopat d’Orient accepta ou subit la sentence alexandrine ; par son silence au moins, il se rallia au Pharaon vainqueur. Que fût-il arrivé si cette série de succès se fût prolongée encore ?… En fait, son troisième triomphe fut le dernier. Au concile de Chalcédoine (451), on vit Dioscore. patriarche d’Alexandrie, assis au banc des accusés, et l’on entendit le légat romain prononcer cette grave sentence : « Le très saint et bienheureux archevêque de la grande et vieille Rome, Léon, par nous et par le saint synode ici présent… a dépouillé Dioscore de la dignité épiscopale et lui a interdit tout ministère sacerdotal. » L. Duchesne, Autonomies ecclésiastiques, Églises séparées, p. 189-193, passim.

Avec Antioche la victoire de Constantinople est relativement facile. Elle se trouve en présence de prélats timorés, affaiblis par un schisme local de quatre-vingts ans, compromis aux yeux de la chrétienté par leurs complaisances envers Nestorius et trop éloignés de la cour impériale pour lui disputer le premier rang. Constantinople enlretient à plaisir le schisme d’Antioche. en donnant un successeur à Mélèce au concile de 381. Elle juge, prés de Chalcédoine, en 394, en présence des évéques d’Alexandrie et d’Antioche, la cause de Badagioa et d’Agapios, qui se disputaient le siège métropolitain de Bostra d’Arabie, dépendant d’Antioche. Elle empiète sur les droits de cette ville dans l’affaire d’Ibas d’Édesse, en levant la sentence de déposition prononcée contre ses accusateurs par un concile réuni à Antioche et en citant Ibas au tribunal de trois évéques orientaux, en Phénicie, une province antiochienne. Tillemont, op. cit., t. xv. p. H55-477, 529, 579. Elle s’efforce de divi--er la Phénicie en deux provinces, sans même consulter le métropolitain de Tyr et le patriarche d’Antioche, et excommunie ensuite l’évéque de Tr, absent, qui s’opposait à cette délimitation. Tillemont, op. cit., t. xv, p. 672-677. Elle consacre Maxime, évêque d’Antioche, contre toutes les prescriptions des anciens conciles, Tillemont, op. cit., t. xv. p. 587, 623, 642. et soutient de tout son pouvoir l’évéque de Jérusalem, Juvénal, dans H latte contre Antioche, lutte qui aboutit pour celle-ci i bi perte des trois provinces de Palestine et à la création du nouveau patriarcat de Jérusalem. S. Yailhé, L’érection du patriarcal de Jérusalem, dans la /.’Orient chrétien, 1899, t. iv, p. 41-57. Toutes ces usurpations, accumulées en si peu de temps, relèguent Anlioche au dernier rang et la lurent sans défense aux mains de sa rivale, au moment où vont commencer les controverses monoph

In exposant h h agrandissements continus et presque

toujours injuste’; de li.’glise de Constantinople, nous

i ici à la question de fait. Le

temps qui légitime tout, même les injustices les plus

urail iiiu Bans doute par faire reconnaître cet

de l’Église de Rome comme de

i < » ienl. ii, iig Conslantinople ne l’entendail

oulail pas laisser di n 1ère elle une porte 1 i pourquoi, elle s’in,

di Chalcédoine 161. à obtenir dei évéqui rmation de ce qui t’était lait, la eollation di lièges. L H i non da Chal cédoine fut l’heureux couronnement de ses efforts.

Celui-ci partait sur trois points principaux : il promulguait de nouveau le 3e canon de Constantinople, qui affirmait la préséance honorifique de l’évéque de cette ville ; il accordait à Constantinople la juridiction effective sur les trois diocèses de Thrace, d’Asie et du Pont, en lui conférant le droit d’en ordonner les métropolitains ; il l’autorisait enfin à ordonner les évoques des pays barbares soumis à ces mêmes départements. Et Constantinople obtenait tous ces avantages, disait explicitement le concile, parce qu’elle était la capitale de l’empire, résidence habituelle du basileus et du sénat, tout comme la vieille Rome. Mauvaise raison s’il en fût, car, ainsi que le faisait remarquer le pape saint Léon, il y a une différence entre l’ordre temporel et l’ordre ecclésiastique, et le rang élevé d’une Église n’a pour cause que son origine apostolique, c’est-à-dire sa fondation par les apôtres. En poussant à bout les conséquences renfermées dans ce faux principe, il fallait de toute nécessité reconnaître plus tard le premier rang à l’Église byzantine, une fois que Rome, tombée au pouvoir des barbares, n’aurait plus l’honneur d’abriter dans ses murs le sénat et les empereurs.

Porté en l’absence des légats du pape et des officiers impériaux, qui ne voulurent prendre aucune part à cette délibération, le 28e canon de Chalcédoine n’en fut pas moins ratifié par la presque unanimité de l’épiscopat oriental. Les quelques protestations isolées, qui s’étaient élevées lors d’une première lecture, fondirent le lendemain comme neige au soleil devant la volonté manifeste de la cour d’honorer ainsi l’évéque de la capitale ; les objurgations des légats pontificaux se perdirent dans la foule des approbations enthousiastes et leur protestation eut beau figurer au procès-verbal, elle ne réussit pas à faire revenir le concile sur sa décision. Restait à obtenir l’approbation du pape. Le concile, Anatole, l’empereur Marcien, sa femme Pulchérie, l’apocrisiaire du pape lui-même s’y employèrent vainement ; tous leurs efforts et toutes leurs raisons se brisèrent contre la sage obstination du souverain pontife. Saint Léon ne voulut rien entendre ; il approuva pleinement tout ce qui avait élé fait pour la foi et cassa tout ce qu’on avait tenté contre la discipline. Et pour une fois au moins, il semble bien que les résistances de Rome eurent raison et de l’ambition d’Anatole et des empiétements du pouvoir civil. Voir col. 658-661.

Sur le 28* canon de Chalcédoine et la correspondance engagée à ce sujet entre Rome et Constantinople, voir Tillemont, op. cit., t. xv, p. 706-781 ; Hergenrother, Photius, t. I p. 70-89 ; Ilefele, Histoire des conciles, tiad. Leclercq, t. il, p. 80’J-844 ; H. Souarn, Rome rt If Chalcédoine, dans le Œssai ionc, 18’JG,

t. i, p. 875-885 ; t. il, p. 215-224.

IV. Extension du patriarcat de Constantinople ;

i.a tjvoôo ; iv87|(tovo*a. — Théodoret attribue, avons-nous dit, à saint Jean Chrysostome l’administration supérieure des six provinces de Thrace. des onze provinces d’Asie et des onze provinces du Ponf. H. E., I.. c. xxviii, /’. G., t. i.xxxii, col. 1257. Il faut entendre par là les 28 provinces civiles dont se composaieni trois diocèses. Nous les retrouvons au complet dans le relevé officiel qu’en a fait la Notitia dignitatum. Ce document, émané de la chancellerie impériale et n vers l’année 500, contemporain, par conséquent, de saint Jean Chrysostome, compte dans le diocèsi

i lu ice six provinces : Europe, Rhodope, Thrace, Hémimont, Mysie, Scythie ; dans le diocèse de l’ont onze provinces : Bithynie, Honoriade. Paphlagonie, Galatie, Galatie salutaire, Cappadoce I » , Cappadoce II*, Hellénopont, Pont polémoniaque, Arménie 1 el Lrménie II » ; dans le diocie’i sie onze provint | Helles pont, Phrygie pacatienne, Lydie, Pialdie, Lycaonie, Phrygie salutaire, Pamphylie, I rie, I’i Ni

I fotilia dignitatum, édit, Bœking, Bonn,

fisc. 1 -r, p. lo. Nous retrouvons