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CORAN (SA THÉOLOGIE)


il les avait mis en garde contre Satan, leur ennemi, qui essayait de les chasser du paradis et de les rendre malheureux, xx, 115. Mais Satan pénétra au paradis terrestre, et conçut le dessein de leur montrer leur nudité. Il leur dit : a Dieu ne vous interdit l’arbre duquel il vous est défendu de vous approcher que pour que vous ne deveniez pas deux anges, et ne soyez pas immortels. » Il leur jura qu’il était leur conseiller fidèle. Il les séduisit en les aveuglant ; et lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leur nudité leur apparut, et ils se mirent à la couvrir de feuilles. Le Seigneur leur cria alors : « Ne vous ai-je point interdit cet arbre ? Ne vous ai-je point dit que Satan est votre ennemi déclaré ? » Adam et Eve répondirent : « notre Seigneur ! nous sommes coupables, et si tu ne nous pardonnes pas, si tu n’as pas pitié de nous, nous sommes perdus. — Descendez, leur dit Dieu, vous serez ennemis l’un de l’autre. Vous trouverez sur la terre un séjour et une jouissance temporaire. Vous y vivrez et vous y mourrez, et vous en sortirez un jour, » vii, 18-24 ; il, 33-34 ; xx, 118-121. Koblov, Anthropologie du Coran, p. 125-178. Chassé du paradis, Adam se repentit de sa faute, Dieu agréa son repentir et lui apprit des prières, II, 35 ; vii, 22. Adam devint un des premiers prophètes, iii, 30 ; mais il ne sut rien de la promesse divine d’un rédempteur. L’ignorance d’un rédempteur dans le Coran est conforme à la doctrine de Mahomet qui nie la transmission du péché originel. Tout homme n’est responsable que de ses actions. Les âmes ne font des œuvres que pour leur propre compte, et aucune ne portera le fardeau d’une autre, vi, 165 ; xvii, 16 ; xxxv, 19, etc. Le péché d’Adam ne fut point un péché d’orgueil, mais un péché de volupté, vii, 19, 26. Grimme, p. 62. L’humanité entière était dans Adam : Dieu nous créa tous d’un seul individu, xxxix, 18 ; mais son péché ne passe pas à ses descendants. Ce simple exposé suffit à mettre en lumière les relations d’analogie entre le Coran et la Bible ; pour la création et la chute de nos premiers parents Mahomet a puisé dans la Bible ou dans la tradition juive. Il s’est borné à nier la nécessité de la rédemption.

II. les anges.

Les bons anges.

Le second

dogme du credo musulman concerne les anges. Leur création a précédé celle des hommes. Dieu, en effet, révèle aux anges qu’il est décidé à établir sur la terre un vicaire, ii, 28. Leur nature n’est pas bien définie. Mahomet affirme qu’ils ont été tirés du feu, tandis que l’homme a été formé de limon, vii, 11 ; xxxviii, 77. Il les représente comme ayant deux, trois et quatre ailes, xxxv, 1. Les théologiens musulmans se sont abstenus de se prononcer d’une manière décisive au sujet de l’immatérialité ou de la corporéité des anges. Ils les considèrent comme des êtres d’une forme parfaite et d’une radieuse beauté. Les éléments les plus nobles font partie de leur nature qui n’a pas de sexe, n’est pas soumise aux faiblesses de la chair, aux infirmités humaines, aux passions grossières et sensuelles. Leur jeunesse ne se flétrit point. Irving, The life of Mahomet, Leip/.ig, 1850, p. 278. On peut conclure de là que la théologie musulmane penche à voir dans les anges des êtres corporels, plus forts que les hommes. Quelques textes du Coran paraissent insinuer que les anges sont aussi sujets à la mort, xv, 36-38 ; xvii, 64. Le Coran énumère leurs offices et leurs attributions, Ils approchent Dieu, mouqarraboûna, iv, 170 ; lxxxiii, 21. Ils portent sur leurs mains le trône du Seigneur, xl, 7 ; les anges qui sont chargés de cette tâche sont appelés par les musulmans karoubiouna (chérubins). Léonardov, p. 59. Ils célèbrent les louanges de Dieu, les uns debout, les autres prosternés, et seront avec lui au jour du jugement dernier, lxix, 17. Ils adorent le Dieu unique, xxi, 24, ne parlent jamais devant lui, exécutent ses ordres, xxi, 27 ; xcvii, 4 ; à la fin du monde, ils paraîtront devant ceux qui ressusciteront et les condui ront en présence de Dieu, xxv. 21, 27 ; lxxxix, 23, Devant Dieu, les anges sont remplis de frayeur, car Dieu lance la foudre, et atteint ceux qu’il veut pendant qu’ils se disputent à son sujet, XIII, 14 ; xxi. 29.

Mahomet admet l’existence des anges gardiens. Il en est parmi eux qui implorent le pardon de Dieu pour les croyants, leur salut, et leur préservation du péché, xr.. 7, 9. Cependant leur intercession est entièrement soumise au bon vouloir de Dieu, lui, 26-27. Les anges gardiens ont reçu la mission de surveiller les hommes, lxxxii, 10 ; hûfizoï’tna, vi, 61. Toute âme a un de ces gardiens célestes qui surveille et inscrit ses actions (kàliboàna), lxxxvi, 4 ; lxxxii, 11 ; tout homme a des anges qui se succèdent sans cesse, placés les uns devant lui, les autres derrière lui, et recueillent ses paroles, L, 16, et les notent exactement. Ibid., 17. Dieu les envoie à l’aide des croyants dans leur détresse : par milliers ils volent au secours du prophète, et combattent ses ennemis, viii, 9, 12, 52 ; Dieu les charge d’ôter la vie aux infidèles, viii, 52.

Un des anges les plus puissants est Gabriel, Djibraïl, d’après l’orthographe du Coran, et Djabraïl, d’après celle des musulmans de nos jours. Gabriel est le protecteur du prophète, lxvi, 4, l’ange de la révélation, qui, d’après une tradition musulmane, apparut à Mahomet durant sa vie 24000 fois. D’Ohsson, Tableau de l’empire ottoman, t. I, p. 58-59. A côté de Gabriel se place Mikûl, Michel, l’ange lutteur, dont la mission est de combattre pour la défense de la foi, il, 92. Un ange appelé l’ange de la mort, malak al-maouti, est chargé d’ôter la vie aux hommes, vii, 35 ; xxxii, 11. Le Coran ne lui donne pas de nom, mais les musulmans l’ont appelé’Azraïl. Un autre sonnera la trompette pour annoncer la fin du monde et le jugement dernier. Le Coran ne lui donne pas non plus de nom, mais les musulmans l’appellent Tsrâfil.

Le Coran ne détermine pas le nombre des anges. 11 doit être cependant bien grand ; le prophète les compte par centaines et par milliers. Les musulmans les divisent en plusieurs catégories, qui remplissent les sept cieux de la cosmogonie coranique, volent incessamment dans les airs, et vivent avec les hommes sur la terre. Léonardov, p. 55.

La doctrine concernant les anges a été peu développée dans la théologie musulmane, qui s’est attachée de préférence à la spéculation sur les attributs de Dieu. Elle s’est appliquée cependant à mettre en relief le rôle de Gabriel, qui, « par la permission de Dieu, a déposé sur le cœur du prophète le livre destiné à confirmer les livres sacrés venus avant lui, » ii, 91.

Mahomet a puisé sa doctrine sur les anges à des sources différentes. On y trouve des traces des anciennes traditions du paganisme arabe, qui considérait les anges comme les filles de Dieu, Machanov. p. 477-481 ; les croyances talmudiquesy ont exercé aussi une grande influence. L’opinion de Mahomet qui tire les anges du feu, est puisée dans le Talmud. Ibid. Malak dérive de l’hébreu malak. L’inlluence talmudique se révèle surtout dans la conception de la nature angélique. Mahomet s’écarte de la doctrine du christianisme. Sviétlakov, Histoire du judaïsme en Arabie (en russe), Kazan, 1875, p. 151. Il semble, en effet, insinuer que les anges, comme toutes les créatures des cieux et de la terre, mourront, excepté celles dont Dieu disposera autrement, xxxix, 68. La tradition musulmane, exprimée dans le commentaire de Béidhâvi, exclut de la loi générale de la mort les anges Gabriel, Michel et Israfiel, qui toutefois mourront à leur tour après la fin du monde. Pravoslarniji Sobesiedtùk, 1882, p. 6. Le sabéisme et les hérésies chrétiennes ont aussi contribué à la formation des théories coraniques concernant les anges. Irving, p. 280 ; Sviétlakov, p. 140-152,

Les mauvais esprits et les démons.

Le Coran