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CORAN (SA THÉOLOGIE)


pari dans le Coran, ce qui indique que Mahometsubit l’influence de quelques personnages regardés comme hérétiques par le judaïsme. Probablement une partie

de la doctrine professée par les Ijanif provenait, à leurs yeux, de révélations faites à Abraham. C’est du côté de la Perse que ces influences se propagèrent en Arabie ; elles se répandaient par les voies du commerce ; des questions religieuses étaient agitées dans les tavernes ; des poètes en faisaient le sujet de leurs chants. On cite comme ayant pu instruire Mahomet en ce sens, ou comme ayant professé des opinions analogues aux siennes, les poètes Zéïd, fils d’Amr, fils de Nofaïl, et Omayah, fils d’Abou’s-Salt.

1* Principaux historiens et traditionnistes musulmans. — Tabari, Annales, édit. de Leyde, 1879 sq. ; Macoudi, Les prairies d’or, édit. et trad. Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, Paris, 1801-1877 ; Maçoudi, Le livre de l’avertissement, édit. de Gœje, Leyde, 1894 ; trad. Carra de Vaux, Paris, 1897 ; Bokhàri, Les traditions islamiques, trad. Houdas, 1903 sq. ; Wàkidi, Muliammed in Médina, trad. abrégée par J. Wellhausen, Berlin, 1882 ; Ibn Hicham, Das Leben Muhammeds, édit. Wustenfeld, Gœttingue, 1858, 1860.

Principaux travaux européens sur la vie de Mahomet.


Sprenger, Dus Leben und die Lehre des Mohammed, 2’édit., Berlin, 1809 ; W’eil, Das Leben Muhammeds, Stuttgart, 1864 ; Krehl, Das Leben und die Lehre des Muhummed, Leipzig, 1884 ; William Muir, The Life of Mahomet, Londres, 1858.

Travaux spéciaux sur la composition du Coran.


Nœldeke, Geschichte des Qorans, Gœttingue, 1860 ; H. Derenbourg, La composition du Coran, dans Opuscules d’un arabisant, Paris, 1905. — Traduction du Coran où les morceaux sont disposés d’après leur ordre chronologique présumé : Rodwell, Londres, 1861. — Sur les diverses influences ayant agi sur la composition du Coran : Caussin de Pcrceval, Essai sur l’histoire des Arabes avant l’islamisme, Paris, 1847 ; Goldziher, Muhammedanische Studien, Halle, 1888-1890 ; J. Wellhausen, Reste arabischen Heidenthurns, 2- édit., Berlin, 1897 ; Dozy, Israélites à La Mecque, Leipzig, 1864 ; Carra de Vaux, La légende de Bahira ou un moine chrétien auteur du Coran, Paris, 1898 ; Clément Huart, Une nouvelle source du Coran, dans le Journal asiatique, 1904 (sur le poète Omayya) ; L. Chéïkho, Poètes arabes chrétiens, p. 141 (sur le poète el-Barràq) ; E. Power, Umayya ibn Abi es-Scrft, dans les Mélanges de la faculté orientale de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, 1906.

Carra de Vaux.

I. CORAN. SA THÉOLOGIE. — L’influence personnelle de Mahomet sur l’histoire de l’humanité dépasse, au dire de Sprenger, les proportions humaines. Vas Leben und die Lehre des Mohammail, t. iii, p. IV. Il importe donc d’exposer fidèlement les vérités dogmatiques et morales, disséminées dans le Coran. Pour faire cette étude, deux voies différentes se présentent. Suivant la première, il eût fallu analyser le Coran au point de vue critique, et suivre pas à pas, dans le désordre chronologique de ses chapitres, l’évolution progressive de la doctrine de Mahomet. Le Coran n’est pas une œuvre d’un seul jet, un exposé d’un système religieux conçu par un esprit supérieur après de mures réilexions, et suivant l’unité d’un plan bien ordonné. C’est une œuvre fragmentaire, où entrent en jeu les passions humaines, les événements du jour, les influences d’autres religions et l’esprit du temps. C’est, dit Renan, le recueil des prédications, et si j’ose le dire, des ordres du jour de Mahomet, portant encore la date du lieu où ils parurent, et la trace de la circonstance qui les provoqua. Mahomet et les origines de l’islamisme, dans les Études d’histoire religieuse, Paris, 1857, p. 227-228. Cela explique pourquoi on y rencontre des contradictions. Les doctrines du prophète évoluèrent selon les besoins de sa cause, parce que la politique exerce aussi un rôle prépondérant sur la formation de la dogmatique et de la morale du Coran. Des arabisants célèbres ont cherché à assister, pour ainsi dire, à l’éclosion de la théologie coranique, à suivre son développement, à surprendre, dans l’àine de Mahomet, les causes morales qui lui inspiraient ses maximes et ses

préceptes. Voir Chantepie de La Saussaye, Manuel d’histoire des religions, Paris, 1901, p, JT1.

Mais en raison des incertitudes de la chronologie du Coran, une autre voie est préférable, elle consiste à exposer systématiquement la doctrine du Coran, i a envisageant ce livre comme code religieux et à l’aide de nombreux commentaires dont il a été l’objet dans le monde islamique. C’est pourquoi nous étudierons : 1° la dogmatique ; 2° la morale du Coran.

I. La dogmatique du Coran.

La division de cetle étude qu’on pourrait appeler théorique [imdni) nous est fournie par le 1 er article du symbole de la foi musulmane, ainsi conçu : « Je crois en Dieu, à ses anges, à ses livres, à ses prophètes (envoyés), au dernier jour, à la prédestination du bien et du mal de la part du Très Haut, et à la résurrection après la mort, p Léonardov, Essai d’exposé du mahomélanisme selon la doctrine des Hanéfites (en russe), Kazan, 1897, p. 17-18. Le credo (kalimah) de l’Islam comprend donc sept articles, ou six, si l’on réunit, comme nous le ferons, ceux qui concernent le dernier jour et la résurrection des morts.

I. dieu.

Le Ie " article comprend tout ce quia trait à la nature divine, à sa vie intime et à son action dans le monde.

Les noms divins.

Les musulmans distinguent

les noms (asmâ allahi) et les qualités ou attributs (sifâtâ-ou’llahï) de Dieu. Les noms divins se divisent en deux catégories.

Les premiers sont beaux, très beaux (asmâ ou llahi al-husny). Il faut joindre un nom spécial qui est désigné par la qualification de grand (ism Allahi al-’a-im czannou). Leur existence est mentionnée dans le Coran, vu, 178 ; xvii, 110 ; xx, 7 ; lix, 25. Il y en aurait 99 d’après un haditli. Sabloukov, Slitchenie, etc., Kazan, 1872. p. 4. Les commentateurs arabes du Coran ne s’en tinrent pas à ce nombre : les uns en comptèrent jusqu’à 1001 ; les autres jusqu’à 4000. La liste des 99 noms très beaux de Dieu, qui se trouve dans plusieurs ouvrages de théologie musulmane, n’est pas entièrement puisée dans le Coran. La plupart se trouvent dans la sourate lvii : Dieu est puissant et sage. A lui appartient l’empire des cieux et de la terre : il fait vivre et il fait mourir, et il est tout-puissant : il est le premier et le dernier, visible et caché, il connaît tout, ꝟ. 1-3 ; et dans la sourate lix : Il n’y a qu’un seul Dieu. Rien n’est caché à ses yeux. Il voit tout : il est clément et miséricordieux. Il n’y a qu’un Dieu ; il est roi saint, sauveur, fidèle, gardien, prédominateur, victorieux, suprême…, il est le Dieu créateur et formateur. Il a tiré le tout du néant, ꝟ. 23-25. Dans d’autres sourates Dieu est appelé le dispensateur suprême, ni, 6 ; celui qui contient toules choses dans ses limites, xi, G0 ; le savant, le sage, il, 30. Il est immense, 109 ; il est vivant, iii, 1, terrifie dans ses châtiments, 9, indulgent, xxiv, 5.

Cependant toutes les 99 épithètes divines reproduites par Marracci, Refulatio Alcorani, p. 114 ; Palmer, The Qu’ran, p. lxviii-xcviii, ne se trouvent pas dans le Coran. Il en manque 22. Selon les théologiens musulmans, ces épithètes, bien que ne figurant pas dans le texte sacré, sont tirées de verbes qu’on y rencontre, en vertu des lois d’analogie ou d’induction (qiijâs selon le terme employé par la logique arabe). La plupart ne répondent presque pas au sens du verset ; ce sont des redondances ajoutées pour la beauté du st le et l’harmonie de la phrase (sadj). En quelques passages cependant l’épithète employée par le prophète répond au sens littéral, par exemple : « Il vous pardonnera, car il ist miséricordieux, » II, 51. Voir encore iv, 20 ; xxxin. 25 ; XXXIV, 25. Ce ne sont toutefois que de rares exceptions. En comparant les noms divins de la théologie coranique et ceux de la théologie chrétienne, M. Sabloukov conclut : 1° que la théologie chrétienne attribue à Dieu