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CONTROVERSE


contre une loi positive et parfaitement claire, promulguée par le pouvoir compétent. Aussi bien, ces considérations n’ont aucune valeur réelle : car les faits sont là pour montrer que la contradiction est insuffisante à empêcher ou à réparer le mal fait par les conférences socialistes. Cent fois l’expérience a constaté que la foule est souvent plus frappée par l’objection que par la réponse, si parfaite qu’on la suppose. Et un journal, tout dévoué aux œuvres sociales, a pu écrire avec autant de justesse que de sincérité : « Nous pensons que si des discussions contradictoires sur un sujet économique ou politique ne présentent pas grand inconvénient, il n’en est pas de même lorsqu’on veut toucher aux grands principes religieux et familiaux… Ceux qui ne sont pas foncièrement chrétiens et n’ont pas encore le caractère suffisamment formé, peuvent isser impressionner, et tôt ou tard les effets pernicieux de ces paroles peuvent se produire et corrompre l’intelligence et le cœur. » Le Peuple, de Lille, 13 mai 1905. Et puis, il est, sans doute, d’autres moyens de remédier aux inconvénients redoutés. Les évêques de Lombardie, dans leur lettre collective déjà citée, envisagent précisément l’excuse alléguée, et y répondent en ces termes : « En ce cas, il serait préférable de faire au peuple des conférences, soit avant, pour le prémunir contre les conférences des socialistes, soit après, pour en détruire le mauvais effet. » V. Loiselet, op. cit., p. 13.

VI. Conclusions murales.

Pour les établir de façon plus nette, distinguons deux sortes de discussions ou de controverses. La controverse improprement dite, matérielle, est celle qui se fait par manière d’exercice, pour aiguiser l’esprit, apprendre l’art, la facilité et l’aisance de la discussion. La controverse proprement dite, formelle, est celle qui se fait pour la défense réelle et sincère de la vérité, afin d’en acquérir soi-même ou d’en donner à autrui la persuasion.

I. CONTROVERSE IMPROPREMENT DITE, MATÉRIELLE.

— Mlle ne revient pas directement au sujet de la discussion avec les hérétiques. Mais puisqu’elle est cependant une vraie dispute, nous devons exposer sa légitimité, et les conditions qu’elle exige.

I Licéité. — Ce i, r enre de controverse est, de soi, tout à fait légitime, bien qu’il porte sur des vérités de foi absolument certaines. Cela ressort de la coutume qui en conserve l’usage dans les écoles de théologie, el même parmi les fidèles. Et puis, il est clair que de semblables discussions ne présentent en elles-mêmes aucune malice objective, que leur but et diverses circonstances peuvent les rendre parfaitement lionnes. Ne sont i miles et même moralement nécessaires,

i.int | iruire de la doctrine catholique que pour

en raire bon - tt ad discendum,

il Thomas, humilis collatio et paciflca disputais’XXXVII, de erudit. principum, 1. V, c. x, "/ Paris, 1875, t. ixvii, p. 013. Ainsi rcent-ila en di - mana m n s où ils apprennenl Pari des comb préparent à la vraie n Est utilis et moraliter necessaria ad acquiren . ticul m aliis

bus ut militari et similil tercitium,

ad veram

lam. Suarez, op. cit., n. I. p, 193 > » i « . — Il e-t plusieurs conditions naturelle contrat ne pu Ile, di n. iii I. La ! ’! mil re inspirée ou motivée

ir un point de la doctrine révélée. Il aurait al re la foi. — 2. Même sous |Ui -, on ne doit jatnal propo

e ou de l’erreur. Cela est promal qu’il en pourrai ! ré sulter pli ut du dommage et du scandale.

Suarez étend justement cette condition à toutes opinions diversement condamnables, à celles qui n’ont aucune probabilité. Proportion gardée, les inconvénients sont alors les mêmes que pour l’erreur et l’hérésie. A"e errores contra fidem, etiam gratia dispulationis defendendi proponantur ; quia hoc et oninino prohibition est, el per se malum videtur, quia et nocere potest et scandalum afjerre. Quod de Iota materia quoquo modo damnabili intelligenJum est ; et de mea sententia, de omni doctrina improbabili est considendum, quia ad defendendam hujusmodi doclrinam, conséquente)’multa improbabilia asseruntur, quæ msipientes et indocti facile credunt ; præterquam quod per hujusmodi dispulaliones pervenitur ad affectum talis doclrinee, el similia incommoda facile considerari possunt. Suarez, ibid. — 3. Il ne faut jamais soutenir de ces discussions, même purement matérielles, devant le peuple, surtout en langue vulgaire. Car souvent le monde des simples et des ignorants saisit plus facilement l’objection que la réponse. Cavendum est ne hujusmodi disputationes publiée corani vulgari et indocta plèbe habeantur, prsesertim in lingua vulgari, quia difficullales facilius intelligunt quam soluliones, unamque rem pro altéra concipientes, facile dccipiuntur. Suarez, ibid. — 4. On doit prendre bien garde, en ces discassions, à ne point se départir de la modération et de la mesure, sans lesquelles on se trouve facilement entraîné à de regrettables excès intellectuels ou moraux. Il arrive, en elfet, que l’on perd la sûreté du jugement dans la recherche constante de subtilités exagérées, et qu’on se laisse glisser aux écarts de la vanité, de la sottise ou de la susceptibilité. Cf. S. Grégoire de Nazianze, Serm., xxvi, sur la mesure à observer dans les disputes, P. G., t. xxxvi, col. 203, 206.

II. CONTROVERSE PROPREMENT DITE, FORMELLE. —

Elle doit être envisagée sous deux rapports, suivant les causes d’où elle procède.

Controverse du doute personnel.

Parfois la dispute

procède d’un doute personnel chez le controversiste. Il se trouve hésiter sur un point acquis de la doctrine, et l’amène en discussion pour découvrir la vérité. Pas n’est besoin de rappeler qu’une conférence, qui aurait pour point de départ le doute accepté sur un article de foi, serait intrinsèquement mauvaise. Si enini tiisptiti’t lanquam de fide dubilans, et veritatem fidei pro certo non supponens, scd argument is experiri intendens, procul dubio peccat lanquam dubius in fide I infidelis. S. Thomas, Suni. theol., II » 11’, q. x. a.’Elle se trouve même défendue par les saints canons. Sumitur, dit Suarez, ex concilio Chalcedonensi, act. V, m. definitione fidei ; clarius et copiosius in Leone papa, Epis t., xlviii, alias L, ad Martianum Augustum, ubi inter alia dicit : In eam (idem quam evangelicis el aposlolicis prædicationibus declaratam per ant -Patres nostros accepimus (nulla penitus disputatione cujusquam retractationis admissa) omnium corda conmt, ne per vanam fallacemque versutiam aul infirma videantur, aul dubia, quæ in Christo Hrmata sunl ne fine mansura, Cf. Epist., i.wm. ixw, i sxviii,

ail Leonem Augustum, et I.XXVI, ail Annlnliuni : Celaan papm Epist., xi, ad episcopos Dardanix. Op. cit., n. 2, p. 184.

2° Controverse du doute ou de lanégation des hérétiquet et des infidèles. — Il s’agit, dans ce cas, de mettre i n discussion des vérités reli| I’mes. mais

pour convaincre des hérétiques ou des infidèles qui en doutent ou qui les meut.

1. Légitimité en toi su point de vue objectif. —

i, ei Suarez après lui, déclarent que dis

cuter avec les hérétiques pour défendre la fol el fondre leui ei t’est pas seulemi ni permis, mais

! > louable. Ha démontrent cette conclusion par h WV moignage il’tinl Paul, quand il déclare que l’évéque