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CONTROVERSE

C

d’Evreux s’empressa d’accepter la gageure, et le roi indiqua rendez-vous pour le 4 mai 1600, à Fontainebleau, devant la cour qui s’y trouverait. Pour les catholiques, les arbitres choisis étaient le chancelier Bellièvre, de Thon et Pilhou ; pour les protestants, ce furent Du Fresne-Canaye et Casaubon.

Mornay fut assez convaincu d’inexactitudes pour que la victoire ait été unanimement adjugée à Du Perron. Les calvinistes impartiaux convinrent de la défaite de leur chef. Pour la constater, il suffit de lire ce qu’en dit, dans ses Mémoires, le duc de Sully, zélé protestant. Les conférences ne continuèrent pas, et le roi Henri IV proclama hautement que « le pape des protestants avait été écrasé » . « Eh bien ! que vous semble de votre pape, disait-il à Sully. — Sire, répondait le ministre, il me semble qu’il est plus pape que vous ne pensez, puisqu’en ce moment il donne le bonnet rouge à.M. d’Evreux. » En effet, la victoire de Du' Perron, jointe à ses autres titres, ne tarda pas à lui mériter l’octroi de la pourpre romaine. Quant à Mornay, il se retira dans fin gouvernement de Saumur, toujours préoccupé d’inquiéter les catholiques. C’est là qu’il publia un récit de la conférence de Fontainebleau qui porta au comble l’irritation du roi contre lui. 2° Colloques entre hérétiques. Colloque de Montbé> ! 26 mars 1586, entre Théodore de Bhze et Jacques Andréa. — Le comté de Montbéliard avait, de bonne heure, embrassé le luthéranisme. D’autre part, des calvinistes, fuyant la France, étaient venus s'établir en ce pays. Ce que voyant, le duc Frédéric de Wurtemberg conçut le projet de tenter, une nouvelle fois, l’union des deux communautés luthérienne et calviniste. Iians ce but, il convoqua un colloque à Montbéliard. Il eut lieu du 21 au 26 mars 1586. Théodore de Bèze et quelques théologiens, envoyés par Genève et Berne, représentaient l'Église réformée ; Jacques Andréa el plusieurs théologiens de Tubingue soutenaient la c mfession luthérienne. lieze avait demandé que la discussion se fit en la forme classique du syllogisme, mais l’avis d’Andréa prévalut, et l’on s’en tint à la libre ai gumentation.

Tout d’abord, le débat s’engagea sur l’ubiquité. Des di nx côtés, l’on reconnaissait que l’homme ne commuai et s ; ilutairement au corps et au sang de Jésus-Christ que par la foi. Mais, pour le surplus, les réformés étaient aussi éloignés de la consubstantia ti le Luther que ceux-ci l'étaient eux-mêmes de la doc Irine catholique de la transsubstantiation. Les divisions

Dtuèrent t ivement sur ce point, que fièze voulut

h m instant se retirer de la conférence. Alors, Andréa

souleva d’autres questions, spécialement celles de la

prédestination, du baptême, du culte des images. Sur

la prédestination, Béze Boutint que Dieu a voulu mani r tout ensemble et sa miséricorde et sa justice.

i a-i-ll éternellement et immuablement choisi

le Christ un certain nombre d’hommes pour la

re, comme il.i n solu 'I en réprouver d’autres et de

par liur propre faute. Si donc ils

imnent, ce n est point par hasard, rn » is

n le plan providentiel. Bi lit encore avec

beaucoup de f< titre Andréa l’inamissibilité de

|, i foi dan ' lait élever un nouveau mur rie

luthéranisme et le calvinisme.

]', n ;. do luthériens regardaient celui-ci comme

plu* dangereux que le papisme lui-même. Dans litions, la réunion des deui partis fui impoc

donner la main en de simple amitié. Il ; i ; iit tipulé que i ien sujel de la

larda pas i i diter à Tobin

lui donna la réplique en contestaul la lid q communiquanl son

personnel et sommaire des discussions et des faits.

VI. LES CONTROVERSES DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

avec les RÉFORMÉS. — Parmi les controversistes qui luttèrent efficacement contre le protestantisme, il faut placer au premier rang saint François de Sales. Dans ses travaux apostoliques pour la conversion des calvinistes du Chablais, il eut fréquemment recours aux conférences soit privées soit publiques.

Considérations générales.

Pour ces dernières,

ce n’est pas qu’il les estimait grandement utiles pour la conversion : « Dans celles-ci, disait-il, on s'échauffe de part et d’autre, et, lors même qu’on réussit à confondre l’hérétique, le seul fruit de sa confusion est une aigreur, un dépit qui se soulève dans son cœur et rend sa conversion plus difficile ; au lieu que, dans la conférence particulière et secrète, l’amour-propre n’ayant rien à souffrir de la défaite, on agit plus efficacement sur l'àme. » Ilamon, Vie de S. François de Sales, Paris, 1873, t. i, p. 197. Dans certaines circonstances cependant, où ce moyen lui sembla utile pour influencer le peuple, il n’hésita pas à l’employer. « Ce n’est pas, déclarait-il, que je ne m’estime le moindre de tous ceux qui peuvent se présenter pour la défense de l'Église. Aussi ne comptai-je pas sur moi-même et sur mon propre esprit, mais uniquement sur la bonté de ma cause et l’autorité de ma mission. J’espère que Dieu, m’ayant envoyé par l’organe de mon évêque pour annoncer sa parole, me donnera l’intelligence pour confondre les ministres de l’erreur, lui qui, par douze ignorants, a confondu la sagesse de tous les philosophes. » Jbid., p. 209. Aussi, provoqué, jamais il ne voulait paraître reculer ou craindre devant l’bésésie. Déjà évêque, il relate en ces termes les dispositions qui furent celles de tout son apostolat : « D’après les bruits qui ont couru au sujet d’une conférence sur la relia ion dans la ville de Genève entre moi, assisté de quelques prédicateurs catholiques, et les ministres de Genève, j’ai fait, signé de ma main et scellé de mon sceau le présent écrit, pour déclarer et attester que toutes fois et quantes que les ministres voudront entendre à des conditions raisonnables pour une telle confèrent e, je m’y rendrai avec toute promptitude et sincérité, e pi r.mt en la bonté de Dieu que son nom sera glorifié pour le salut et le bien de plusieurs âmes, ainsi que je l’en supplie. Fait à Annecy, le 6 août 1605. François, évêque de Genève. » Ihid., p. 555.

2° Conférences publiques et contradictoires de saint François de Sales avec les réformés. — Par le fait saint François de Sales n’eut guère de conférences publiques à soutenir. Il les provoqua souvent, il fut parfois provoqué ; mais toujours, au dernier moment, la défaillance et la lâcheté des ministres qui redoutaient justement le vaillant champion, firent manquer les réunions. C’est ainsi qu’en 1596, alors qu’il prêchait le carême à Thonon, François porta aux ministres le défi île pouvoir ne pas reconnaître leur erreur, après l’avoir entendu ; et il accepta joyeusement une conféi publique où il devait se mesurer, seul, contre tous les ministres du Chablais et du paya de Vaud. Au jour

dit, tous les ministres firent misérable nt défaut,

celui de Thonon, Louis Viret, qui vint avec l’unique

mission d’excuser ses collègues et lui-nu Jbid.,

p. 193-106. La même année pourtant, devait ab une dispute publique avec le ministre La Faye, l< mier après Bèze dans Genève. Il s'était vanté de venii

, Thonon nu me confondre François devant les dou>

veaux convertis. Mais, comme il ne se présentait jati ! rançoia prit le parti d’aller le trouver à G i voulant pas, par-dessus tout, paraître fuir ou éludi i i mire. H partit donc avec le baron d'Âvully, le chanoine Louis de Sales, le premier syndic de Thon d’autres habitants de la ville, quelques-uns catholii la plupart encore calviniste,