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CONTROVERSE
1700
les donatistes, par l’intermédiaire des magistrats civils, à envoyer des députés à une conférence commune. Het’ele, Hist. des conciles, trad.Leclercq, t. il, p. 134 ; Mansi, Concil., t. iii, p. 787 ; S. Augustin, Cont, Crescon., I. III, c. xi.v, P. L., t. xlii, col. 523. L’invitation fut misérablement refusée.
2. Le 23 août 405, le Xe concile de Carthage pressait de nouveau les donatistes d’envoyer à une conférence des députés en nombre égal à ceux des catholiques, avec pleins pouvoirs, libéra legalio. Puis, sans cesse, dans ses nombreuses lettres sur l’affaire donatienne, saint Augustin rappelait l’invitation à un colloque, tant il était sûr du succès. Enfin, lel4 octobre 410, l’empereur Honorius publia un édit ordonnant qu’une conférence serait tenue entre les évêques catholiques et les évêques donatistes : il fallut bien se conformer à l’ordre impérial. Les évêques catholiques s’engagèrent, dans une lettre collective rédigée par saint Augustin, à céder leurs sièges, si la conférence aboutissait à les convaincre d’erreur ; ils promirent, au contraire, de conserver aux donatistes leurs évêchés, si le résultat de la conférence leur était défavorable et s’ils consentaient à reconnaître leur égarement. C’est à Carthage que se rendirent, à l’appel de l’empereur, 286 évêques catholiques et 279 évêques donatistes. Les séances se tinrent dans le secretarium des thermes, les 1er, 3 et 8 juin de l’an 411. Le commissaire impérial Marcellinus les présida. Les champions catholiques furent Aurélius et surtout saint Augustin ; ceux des donatistes lurent Pétilien de Constantine, Primien de Carthage et Émérite de Césarée. Les deux premières journées se trouvèrent absorbées par de misérables chicanes soulevées par les donatistes. Au troisième jour, saint Augustin put entrer dans le fond même de la querelle donatiste. Sur documents authentiques, il établit d’abord l’innocence de Cécilien, évêque de Carthage, illégitimement déposé par les évêques de Numidie, au prolit de Majorin d’abord et de Donat le Grand, son successeur ; il démontra pareillement que Félix avait canoniquement consacré Cécilien et n’était nullement le traditor qu’on prétendait. Ainsi tombaient les fondements du schisme. Ensuite le savant évêque d’IIippone prouva, par les Écritures elles-mêmes, que l’Église militante peut, sans perdre sa sainteté, tolérer des pécheurs dans son sein en vue de les ramener C’était la ruine évidente de l’hérésie donatiste. Aussi le tribun Marcellinus, au nom de son maître Honorius, reconnut-il sur tous les points la victoire des catholiques. Dans le Breviculus collationis cum donatistis, P. L., t. xliii, col. 613-650, nous avons un abrégé des actes de la conférence, rédigé par saint Augustin à l’usage des fidèles, et aussi un appel aux donatistes qui fut suivi de nombreuses conversions. Voir t. i, col. 2279.
3. Quelques années plus tard, en 419, saint Augustin eut encore une conférence publique à Césarée, aujourd’hui Cherchell, avec Émérite, évêque de ce siège et l’un des champions donatistes à Carthage. Il nous en a laissé le récit dans son Sermo ad Cxsareensis ecclesise plebrm Emerilo prxsente habilus, P. L., t. xliii, col. 089-698, et encore dans son De gestis cum Emerilo Cxsarcensi donalistorum episcopo, ibid., col. 698-706.
5° Controverse avec les vaudois, vers iiOO. — L’objet en est exposé par Bernard, abbé de Fontcald, Advenus W’aldensium seclam liber, P. L., t. cciv, col. 793-840.
6° Controverses avec les albigeois : saint Dominique.
— 1. Données générales. — Au commencement du xme siècle, l’hérésie albigeoise avait gagné tout le midi de la France, et principalement le Languedoc, au grand détriment de la société civile comme de la société religieuse. En vain, les papes avaient-ils, depuis plus de cinquante ans, envoyé des légats. Au printemps de l’année 1205, ceux-ci se trouvaient réunis à Montpellier, dans le plus complet découragement. C’est alors que dom Diego
ou Didace, évêque d’Osrna, en Espncme. el c on chanoine, saint Dominique, vinrent les rejoindre, et leur persuadèrent que les hérétiques devaient être ramenés par l’attraction des bons exemples et par la force de la prédication. Après l’édification d’une vie toute simple, très mortifiée et toute surnaturelle, c’est principalement à la controverse que saint Dominique et ses compagnons eurent recours.
On tenait dos réunions assez semblables aux conférences contradictoires d’aujourd’hui. Le lieu et le jour de l’assemblée étant fixés d’avance, les hérétiques s’y rendaient comme les catholiques, et l’on y trouvait mêlés les chevaliers avec les paysans et même les femmes. Une sorte de bureau était constitué, c’est-à-dire que l’on choisissait un ou plusieurs arbitres, un président et deux assesseurs, dirions-nous, chargés de tenir la balance égale entre les deux partis. Souvent même les catholiques ne dédaignaient pas de prendre des adversaires pour juges de la dispute, et cette confiance héroïque leur réussit assez communément. La discussion s’engageait alors. De part et d’autre, on apportait des libelli ou mémoires, rédigés d’avance sur les questions plus spécialement controversées dans l’endroit. Ils servaient de base aux argumentations opposées des différents chefs de groupes. Habituellement, la dispute se terminait, soit par la décision des arbitres, soit même, si nous en croyons le B. Jourdain de Saxe, par un vote de l’assemblée exprimant son sentiment sur la discussion qu’elle avait suivie.
Saint Dominique accepta et soutint un grand nombre de ces disputes publiques. Pendant deux ans, jusqu’à la conférence de Pamiers en 1207, il y parut toujours avec le vaillant évêque d’Osma. Celui-ci s’étant retiré, saint Dominique continua de se dévouer de même manière, soit avec les cisterciens, soit avec plusieurs prêtres zélés qui voulaient bien se faire les compagnons de ce laborieux apostolat. Mais, au printemps de l’an 1209, la croisade contre les albigeois et les nouvelles conditions politiques vinrent nécessairement modifier sa méthode et son action.
2. Conférences principales.
a) La première conférence contradictoire de saint Dominique eut lieu à Servian, près de Béziers. Il y vint de Montpellier avec l’évêque d’Osma, et les légats du saint-siège, Arnauli, abbé de Citeaux, Raoul et Pierre de Castelnau, moines du même ordre. Deux ministres cathares. Beaudoin et Thierry, prêchaient là fort librement, et le peuple les força d’entrer en controverse publique avec les nouveaux missionnaires. La dispute dura huit jours : son succès fut tel que les habitants voulaient chasser les hérétiques et qu’ils escortèrent pendant une lieue, à leur départ, sur le chemin de Béziers, saint Dominique et ses compagnons.
6) Béziers, par la connivence du vicomte, des consuls et de l’évêque lui-même, était devenue une citadelle de l’hérésie. La controverse s’y poursuivit quinze jours durant, mais sans obtenir tout le succès qu’elle méritait. La masse des habitants persista dans les erreurs vaudoises.
c) La troisième station se fit à Carcassonne. Les disputes publiques s’y succédèrent pendant huit jours consécutifs, mais sans résultat appréciable. Il en fut de même à Verfeil, bourgade du voisinage de Toulouse, où l’évêque d’Osma. devant l’obstination des hérétiques, renouvela contre eux la malédiction déjà prononcée in 1145 par saint Bernard. Yacandard, Histoire de S. Bernard, t. ii, p. 222 sq.
d) An printemps de l’année 1207, c’est à Montréal qu’une conférence fut tenue entre albigeois et catholiques. Le légat Pierre de Castelnau y fut présent, et les catholiques choisirent pour arbitres quatre de leurs adversaires. Des deux cotés, on leur remit d’abord des mémoires écrits. La discussion orale et publique se prolongea ensuite quinze jours durant. Les arbitres alors