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CONTRITION (ASPECT DOGMATIQUE)

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Augustin dans sa lettre à Paint Paulin de Noie, le concile de Palestine, devant lequel Pelage avait dû abjurer ses erreurs, avait déclaré que la pénitence « tait un don de Dieu. E/iist., ci.xxxiv, ad Paulinum, c. x, P. L., t. xxxfii, col. 815 sq. Contre les semipélagiens, le IIe concile d’Orange, tenu en 529, décréta que le premier mouvement de notre conversion vers Dieu est dû à une motion de la grâce. Si quis ut a peccalo purgemur, voluntateni nostram Deum expectare conlendit, non autem ut eliam purgari velimus, per Sancti Spirilus infusionem et operalionem in nobis fieri confMctur, resislit ipsi Spiritui Sancto. Denzinger, n. 146. Enfin contre les protestants le concile de Trente a défini que le pécheur ne pouvait concevoir de pénitence qu’en vertu de l’action du Saint-Esprit. Si quis dixerit sine prxveniente Spirilus Sancti inspiratione atque ejus ailjulnrio hominem credere, sperare, diligere, aut poenitere posse, sicut oporlet, ut ei justificationis gratia conferatur, anathema sit. Sess. VI, can.3, Denzinger, n. 033.

4. Doctrine des scolastiques.

Tous les théologiens catholiques sont unanimes à affirmer le caractère surnaturel du premier acte de pénitence chrétienne. Cf. S. Thomas, Suni theol., Ia-IIæ , q. clx, a. 6 ; q. cxiii, a. 3 ; S. Bonaventure, In IV Sent., 1. IV, dist. XXVIII, a. 2, q. i, Quaracchi, t. il, p. 681 ; Bellarmin, De psenit., 1. I, c. iii, Opéra, Colonne, 1616, t. iii, p. 450.

Scot, In IV Sent., 1. IV, dist. XIV, c. ii, a. 1, p. 327 ; Durand, In IV Sent., 1. II, dist. XXVIII, q. v, et Cajetan, Opuscula, tr. IV, q. i, p. 40 sq., ont émis l’opinion que l’acte de contrition est par lui-même naturel, et que seule sa modalité présente revêt un caractère surnaturel, parce que Dieu le régénère ainsi librement. Chemnitz, loc. cit., p. 964 sq., a fait valoir ces textes pour démontrer que les scolastiques ont considéré la contrition comme un acte nullement méritoire et que la rémission du péché était, dans leur pensée, le fait de l’opération magique du sacrement. La doctrine de Jean de Paltz a été spécialement l’objet de récentes controverses, comme ayant éliminé le caractère divin de la pénitence. Voir la thèse latine de M. A..lundt, Quid de via salutis Johannes de Pallz docueril exponitur, n. 4, Paris, 1906, p. 8 sq.

Mais il est à remarquer qu’il s’agit d’une question d’ordre purement spéculatif. Aucun théologien n’a nié la nécessité de la grâce et du caractère surnaturel dans l’ordre actuellement établi par Dieu. Cf. Scot, In IV Sent., 1. I, dist. XLIV, q. I, p. 312. Jean de Paltz lui-même exprime aussi distinctement que possible sa pensée : Ad susceptioneni justificationis in adullorequiritur motus liberî arbilrii secundum quem consentit gratise. Celif odinaabscondi’tos Scripturœthesauros pendens ex archetypo emendala, Leipzig, 1504, Rlb. Tout l’espoir du pécheur est en Dieu ; Jean de Paltz reproduit la doctrine augustinienne de la pénitence, sans la moindre innovation. Consulit B. Auguslinus quod fugere debemus a Deo irato ad ipsum placatum. Et si quis dical : Quomodo inveniam ipsum placatum ! Respondet Auguslinus : Placabis eum, si speras in misericordia ejus. Et lisec est causa cur toliens monemur in Scriplura sacra spera>'e in Domino, quia spes non confundit. Ibid., 03b. Cf. N. Paulus, Johann von Paltz ùber Abtass und Reue, dans Zeitschrift fur kat/iolische Théologie, 1889, 1. 1, p. 62 sq.

La question discutée par les scolastiques était celle de savoir si la volonté du pécheur ne pourrait arriver par ses propres forces à la détestalion du ptché et produire un acte de contrition, qui n’aurait aucune valeur pour la rémission des fautes, mais qui n’en serait pas moins un acte véritable de repentir. D’autre part, lorsque Scot et les noininalistes parlent de l’entité naturelle de l’acte de contrition, ce n’est point qu’ils rejettent la grâce ; mais ils la considèrent plutôt

comme une simple relation à la volonté ou faveur de Dieu, qui a pour agréable cet acte. Cf. Suarez, De psenit., disp. III, sect. vi. n. 4, p. 51 ; Valentia, C ment, theol., t. iv, disp. VII, q. viii, p. ii, Venise, 1008, p. 1355.

Les divers motifs qui peuvent inspirer l’acte de contrition et lui imprimer son cachet surnaturel, en dehors du motif d’amour de Dieu, sont mentionnés à l’article Attrition, t. i, col. 2219.

V. Efficacité le la contrition parfaite.

La contrition parfaite se différencie de l’altrition, non point par le degré d’intensité, comme l’a soutenu Scot, In IV Sent., 1. IV, dist. XIV, q. ii, p. 333, mais par son objet même, par son principe effectif, par son constitutif spécifique et dès lors par son effet propre. La contrition a toujours pour objet le péché comme un mal relatif au pécheur ou comme un mal relatif à Dieu, mais à Dieu aimé d’un amour de concupiscence, pour soi-même plus que pour lui. La contrition a pour principe un secours qui est par lui-même surnaturel, de même que l’acte même de contrition est surnaturel en substance ; il ne semble pas que l’attrition exige toujours une grâce essentiellement surnaturelle. Voir Attrition, t. i, col. 2248 sq. A la contrition est toujours unie la charité, qui lui donne sa perfection dans l’ordre des vertus ; l’attrition va de pair, dans le pénitent, avec la privation de la grâce. Cf. Valentia, De psenit-, disp. VII, q. viii, p. ii, col. 1365-1366.

L’efficacité de la contrition doit donc être d’un ordre supérieur à celle de l’attrition. Les documents scripturaires ou ecclésiastiques prouvent en ellet que la contrition parfaite ellace immédiatement les péchés, tandis que l’attrition n’a pas ce pouvoir.

Il y eut toujours sur ce point unanimité de vues chez | les docteurs scolastiques. Quelques-uns, il est vrai, coin me Adrien d’Utrecht, In IV Sent., 1. IV, q. ii, Paris. 1530, fol. 224 sq., exigeaient pour la justification par l’acte de charité le maximum d’intensité actuellement possible, ou comme Estius In IV Sent., 1. IV, dist. XVII, § 2, Naples, 1720, t. iv, p. 233, soutenaient que la contrition ne justifiee « dehors du sacrement de pénitence qu’à l’article de la mort ou en cas de nécessité, quand il est difficile ou périlleux de recourir à l’absolution. Mais c’est une thèse universellement admise comme certaine que toujours l’acte de contrition parfaite réconcilie le pécheur avec Dieu, dès qu’il est produit par la volonté aidée de la grâce. Cf. Salmanticenses, Cursus theol., t. xix, De pxiiilenlia, q. lxxxvi, disp. VI, Paris, 1883, p. 661 sq. ; Jean de Lugo, Tract, de psenit., disp. V, sect. viii, Venise, 1717, p. 51 sq.

Documents scriptur aires.

L’Ecriture déclare

sans réserves et en propres termes que l’acte de charité entraîne la rémission des péchés comme ayant pour corrélatif l’amitié divine. Prov., vin. 17 ; Joa., xiv, 21 ; I.loa., iv, 7 ; ni, 9 ; iv, 16. L’acte de contrition exerce donc le même efïet, puisqu’il implique la même perfection. D’autre part, il est certain qu’il existait dans l’Ancien Testament un moen de récupérer la grâce pour quiconque l’avait perdue par son péché. Cette assertion est le corollaire des thèses qui établissent la volonté salvilique de Dieu et elle est formulée directement dans Ézéchiel, xxxiii, 12 ; xviii, 21. Mais ce libre mouvement de retour à Dieu, qui doit mettre en soi toute l’énergie de l’âme, Deut., IV, 29, répond exactement à la notion de contrition parfaite. En tout cas, même en supposant qu’il se fût agi d’un acte de conversion d’ordre inférieur, il est évident que la contrition parfaite n’aurait pu jouir d’une efficacité moindre. Cf. Palmieri, l’ractatus de psenitentia, Rome. 1872. p. 215 sq.

Documents patriotiques.

C’est un axiome universellement

proclamé, et dès le début de l’ère apostolique, que le repentir issu du fond du cœur remet les fautes et restitue le droit au ciel. Saint Clément de Rome