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CONTRITION (ASPECT DOGMATIQUE)


amertume du cœur au souvenir persistant du péché.’Otav yàp avOpamo ; Cttô â[j.apTia ; âXou ; xa’i {/71ci<rxe/.i<JÙ£LÇ x^TaTtÉTr, , eItoc xaTSTÔir, aùtôv to cruveiS’oç, y.ai : ?{ â|j.ap-Tia ? <7Uvey<o ; àva|Aifvvi, <T>'.(j)v, Ixutov à7t071v : Yfi ttj Tr, { àOo(/.ia ; CmepëoXri xai xa6’ixâ(rct]v i[j.7rupi !  ; ï|Tai tt|v r, u.gpay< Hamil., IV, de pxiiit., n. 1, P. G., t. xux, col. 299. Pour saint Augustin, l’efficacité de la pénitence se mesure à l’intensité même de la douleur. In actione pœnitculix. .. non tam consideranda est mensura temporis quant doloris. Cor enim conlritum et humiliatum Vous non spernit. Enchir., c. lxv, P. L., t. XL, col. 262. Enfin la douleur est donnée par saint Grégoire le Grand comme l’élément caractéristique de la contrition. Pxiiitentiam quippe agere est et perpelrata mala planrjere et plangenda non perpetrare. Homil., xxxiv, in Evang., n. 15, P. L., t. lxxvi, col. 1256.

Les écrivains ecclésiastiques du moyen âge reproduisent avec fidélité l’enseignement traditionnel. Saint Bède prêche la valeur rémissive des larmes, ad abluenda peccata et restïtuendum perditum baplismum. In Malth. evang. expos., 1. 1, c. v, P. L., t. xcii, col. 24. Le moine de Corbie, Chrétien Druthmar, Expos, in Malth., c. iv, P. L., t. evi, col. 1292, exhorte à la douleur des fautes le pécheur même après la rémission. Jusqu’aux premiers écrits scolastiques, tous les commentaires de l’Écriture et les discours adressés au peuple développent, sans l’atténuer ni la modifier en rien, la doctrine des premiers Pères.

3. Doctrine scolastique.

En même temps que saint Anselme de Cantorbéry, Homil., XIII, P. L., t. clviii, col. 662, Hugues de Saint-Victor attribue à la contrition un effet salutaire, mais à la contrition qui consiste dans la vraie douleur de l’âme. Comme saint Isidore de Séville, c’est la componction du cœur qui devient le principe du salut. Impietas peccati in compunctione ssevitur. De sacramentis, 1. II, part. XIV, c. viii, P. L., t. clxxvi, col. 564 sq.

La description tracée par Alain de Lille des caractères de la contrition est à retenir comme un des plus décisifs arguments que l’on puisse opposer aux assertions de Luther. Après avoir donné de la componction, qu’il appelle la contrition du cœur, cette belle définition : « L’humiliation de l’esprit dans les larmes au souvenir du péché et en vertu de l’amour du juge et de la crainte du jugement, » il s’étend sur les qualités ou les conditions du repentir. Ille perfeclior est compunclionis cffeclus qui a se omnes carnalium desideriorum ajfeclus repellit, et inlentionem suam toto mentis studio in Dei contemplalionem déficit… Compunctio est spirituale lavacrum internœregenaralionis, sine quo adutlis non valet baptismus ; sine quo ad judicium sumitur Christi corpus, sine quo infructuose est confessio, sine quo inanis est salisfactio. Summa de arte prxdicamentaria, c. xxx, P. L., t. ccx, col. 170.

C’est à cette époque que les critiques protestants font généralement remonter le changement qui se serait opéré dans la conception traditionnelle de la contrition et dont seraient tout d’abord responsables les docteurs scolastiques. Cf. K. Millier, Der Umschwung in der Lehre von der Busse wuhrend des 12 Jahrhunderts, dans T/ieologische Abhandlungen, Eribourg, 1892, p. 289-320. Mais il suffit de parcourir les premiers traités scolastiques pour constater que l’enseignement reste immuable. Alexandre de 1 la lès, qui le premier essaya une synthèse complète de la doctrine fondée sur une analyse approfondie de toutes les questions secondaires, fait précisément dépendre tout son système de cette pensée fondamentale que la contrition consiste essentiellement dans la douleur du péché. Contrilio aliud non est quam dolor per essentiam. C’est elle qui obtient la rémission du péché par le retrait du péché, et ce mouvement de séparation, ce dissentiment est douloureux, parce que le péché est un acte que l’on ne

peut annuler, effacer, alors qu’on voudrait qu’il n’eût jamais été. Dissensus a re quam impossibile est non esse, et est dolor, dolorem aggravât. Summa Iheol., part. IV, q. xvii, rn. I, a. 1, Cologne, 1622, p. 508. Au reste, la définition même de la contrition, transmise dans les écoles du xiiie siècle, n’omet jamais de mentionner la douleur, quand elle n’en fait pas le constitutif premier de la contrition. Cf. S. Bonaventure, lu IV Sent., 1. IV, dist. XVI, a. 1, q. I, Quaracchi, t. iv. p. 525 ; S. Thomas, ibid., dist. XVII, q. i, sol. 2. En cela les scolastiques ne font que reproduire l’enseignement du Maître des Sentences qui avait recueilli les textes les plus importants des Pères de l’Église sur ce point et fait surtout ressortir le caractère de componction propre à la contrition véritable. Sent., 1. IV, dist. XVI, Anvers, 1767, p. 485. Les reproches adressés aux scolastiques par les théologiens protestants sont assurément sans objet. Voir la minutieuse et savante critique faite par le professeur Mausbach des assertions de ilarnack, Lamprecht et Dieckhoff : Histnrisches und Apologetisches zur scltolastischen Reuelehre, dans le Kalholik, 1897, t. i, p. 48-65, 97-116 ; t. ii, p. 37-50, 97-109.

A cette théorie générale, il est nécessaire d’ajouter les remarques et spécifications formulées par les scolastiques sur ce point. La nécessité de l’acte formel de contrition n’est pas absolue. Tous admettent que l’acte de charité peut y suppléer parfois à l’acte de contrition et produire dans l’âme la rémission du péché, en dehors de toute douleur et de toute détestation des fautes, lorsque cet acte est formé sans que le souvenir des fautes commises et non effacées se présente à l’esprit. Mais la contrition proprement dite est contenue virtuellement dans cet acte, puisque l’union à Dieu par la charité implique la volonté de haïr et de détester tout ce qui déplaît à Dieu, d’aimer et de faire tout ce qui lui plaît. Voir Charité, t. ii, col. 2236-2238.

Mais pour recevoir validement le sacrement de pénitence, l’acte de charité parfaite serait insuffisant, car c’est l’acte de contrition et non point l’acte de charité qui est matière essentielle du sacrement de pénitence et le texte du concile de Trente est sur ce point formel. Denzinger, n. 777 sq. Le pécheur qui est rentré en grâce avec Dieu par un acte de charité parfaite est donc tenu ensuite de former un acte explicite de contrition pour recevoir l’absolution, à laquelle il est tenu de se soumettre. Cf. Wirceburgences, De pxiiit., Paris, 1860, 1880, p. 69. Cette doctrine est communément admise. L’opinion contraire d’André Vega. De justi/icatione, 1. XIII, c. xxiv, Cologne, 1572, p. 556 sq., a été rejetée à bon droit. Suarez réprouve comme téméraire la thèse d’ailleurs faussement attribuée à Scot, lu IV Sent., 1. IV, dist. XV, q. iv, a. 3, Venise. 1604, p. 342, qui ne requiert aucun acte formel de pénitence intérieure pour recevoir l’absolution et n’exige que la simple volonté de se confesser. Suarez, De pxiiit., disp. XX, sect. i, n. 1, p. 421.

La contrition doit être universelle.

Le concile

de Trente exige que la détestation du péché exclue toute volonté de péché. Sess. XIV, c. iv, Denzinger, n. 777. Il en résulte que le pécheur doit détester l’offense de Dieu plus que tous les autres maux.

Cette doctrine est l’expression même de la révélation divine, qui représente la conversion du cœur à I icu comme absolue, opérée avec toute l’énergie de la volonté. Converlimini in toto corde vestro. Joël. il. 12. Cf. Deut., vi, 5 ; Matth., x, 37 ; xvi, 25 ; xxii, 37 ; Marc, vin, 35 ; xii, 30 ; Luc, x, 27.

Les Pères ont reproduit sous bien des formes celle pensée, soit en commentant les expressions bibliques, cf. S. Clément, IZ Cor., xvi. 1. Funk, p. 164 ; llermas, lis., il, c. v, n. 4, ibid., p. 221, soit en attestant la nécessité de rompre toute attache avec le péché. Cf. S. Augustin, De ulilit. agendæ pxiiit., serin, cccli, n 6 sq.,