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1671 CONTRE-REMONTRANTS — CONTRITION (ASPECT DOGMAT.) 1672

de Gomar formaient alors la majorité du peuple. Ils accusèrent hautement d’hérésie les docteurs Episcopius, Vorstius, Uytenbogært. Pour se disculper de l’accusation de pélagianisme, les arminiens présentèrent aux États provinciaux de Hollande et de la Frise occidentale une Rcmonstrance en cinq articles. Voir t. I, col. 1969.

Les gomaristes y opposèrent aussitôt une Conlreremonstrance, dans laquelle ils défendaient, avec une âpre violence, la doctrine du calvinisme le plus rigide. On leur donna par suite le surnom, qu’ils gardèrent désormais, de Contre-remonstranls. En même temps, un peu partout en Hollande des luttes fort vives s’engagèrent entre les partisans des deux croyances, et la politique en envenima le débat. Le parti militaire et orangiste, avec son chef Maurice de Nassau, fils du Taciturne, était contre-remontrant, tandis que le parti républicain, formé de l’aristocratie marchande et des principaux députés des États-Généraux, était remontrant. Les Etats réunirent d’abord des colloques de conciliation en 1611 à la Haye, en 1613 à Delft. N’obtenant ainsi aucun résultat, ils essayèrent ensuite d’imposer à tous sinon la tolérance réciproque, du moins le silence, et interdirent pour l’avenir toute discussion irritante. Ils ne réussirent pas davantage à calmer les esprits, car le parti orangiste était prépondérant depuis la trêve d’Anvers, 1609, où grâce à lui l’Espagne avait reconnu provisoirement l’indépendance effective des Provinces-Unies. Son chef, Maurice de Nassau, devenu stathouder, voulant se gagner les gomaristes qui avaient la puissance du nombre, convoqua en 1618 le synode de Dordrecht, où furent invités les principaux calvinistes de l’Europe ; seuls, les calvinistes français, empêchés par Louis XIII, ne purent s’y rendre. Présidé par un contre-remontrant, Bogerman, le synode tint 154 sessions du 13 novembre 1618 au 9 mai 1619 ; les remontrants n’y parurent qu’en accusés. Finalement, ils furent condamnés autant comme ennemis politiques que comme adversaires religieux du parti prépondérant. Deux cents pasteurs furent déclarés déchus de toute fonction ecclésiastique. Le grand pensionnaire Barnevelt fut mis à mort, le poète et théologien Grotius, condamné à une détention perpétuelle ; tous les remontrants qui refusèrent de se soumettre aux nouvelles décisions dogmatiques, bannis, et leurs biens confisqués.

Les décisions des théologiens contre-remontrants du synode de Dordrecht forment cinq chapitres intitulés : 1° de divina prædestinatione ; 2° de morte Christi et hominum per eam redemptione ; 3° et 4° de hominis corruptione et conversione ad Deum ejusque modis ; 5° de perseverantia sanctorum. Elles adoptent et confirment les opinions extrêmes de Calvin sur la prédestination absolue, rejettent la liberté de l’homme et sa coopération au salut ; pourtant elles ne fixent pas le moment de son élection, car elles ne parlent plus du différend qui avait divisé à l’origine les calvinistes de Hollande. Il n’y est question ni des supralapsaires qui croyaient la prédestination indépendante du fait de la chute de l’homme, ni des infralapsaires qui la prétendaient liée à cet événement, et qui avaient commencé ainsi à combattre l’intransigeance du calvinisme rigide.

Pour la bibliographie, voir t. I, col. 1971 ; Kirchenlcxikon, t. iii, col. 1986-1987 ; Realencyclopàdie, t. IV, p. 798-802.

L. Lœvenbruck.

    1. CONTRITION##


CONTRITION. On exposera successivement : 1° l’aspect dogmatique de la contrition ; 2° les questions morales et pratiques qui la concernent.

I. CONTRITION. ASPECT DOGMATIQUE. — I. L’idée et le terme. II. Nature de la contrition. III. Sa nécessil’. IV. Ses conditions. V. Son efficacité.

I. L’idée et le tehme. — Le concile de Trente définit

la contrition : une douleur de l’esprit et une détestation du péché commis, avec le propos de ne plus pécher à l’avenir, sess. XIV, c. iv, De contritione, Denzinf n. 777, et il fait remarquer qu’elle tient la prem place parmi les actes du pénitent. La contrition offre, en effet, cette particularité qu’elle est à la fois disposition nécessaire du sujet à la justification et constitutif matériel du sacrement de pénitence.

Cette définition est l’aboutissant dogmatique et la synthèse définitive des éléments présentés dans la Bible et la tradition comme intégrant l’idée de contrition.

L’Écriture distingue deux sortes de pénitence : l’une extérieure, qui a plutôt un caractère satisfactoire ; l’autre intérieure, qui consiste dans l’aflliction, le regret, la condamnation pratique du péché. Voir Pénitence. C’est proprement la contrition. Le mot lui-même se trouve rarement dans la Bible employé avec cette acception. Il est douteux que le substantif noham soit de bonne lecture dans Osée, xiii, li. Cf. Hitzig, Die zwôlf kleinen Prophète » , Leipzig, 1863, p. 432. La forme verbale ni/tam exprime simplement le regret, la peine, dans toute la généralité du terme. Dans Osée, xiii, 14, il s’applique au scheôl personnifié. I Job, xlii, 6, il s’agit toutefois d’une douleur morale qui a pour objet les actes défectueux à l’égard de Dieu. Il en est de même du mot grec |xeTa(ii)iO(jwx’., qui correspond au mot hébreu niham, Sap., xix, 2, et qui implique seulement le regret à la suite d’une méprise.

I Mach., xi, 10. Cl. Trench, Synonymes du Nouveau Testament, trad. franc., Bruxelles, Paris, 1869, p. 284287. L’expresion contritio se retrouve dans la Vulgate pour signifier l’écrasement matériel, Ps. lix, 7, la ruine et la misère, Jer., ii, 13, le chagrin violent, Is., xv. 5, la prostration de l’àme. Is., lxvi, 2. Au sens moral, il traduit bien le grec o- « vrp : 6etv et désigne la douleur et le regret des fautes. Cor contritum et humilialum non despiti.es. Ps. l, 19. Cf. D. Schenkel, Bibel-Lexicon, Leipzig, 1875, t. v, p. 86 sq.

Mais l’idée biblique de pénitence, exprimée par les termes plus généraux de conversion, Ezech., xxxiii, 12, repentir, Job, il, 12 sq., contient tous les éléments qui constituent l’acte de contrition. Elle suppose avant tout que le pécheur reconnaît sa faute et en prononce devant Dieu l’humble aveu comme d’un outrage fait à la majesté divine. Ps. L. Aussi est-ce la crainte qui est éveillée tout d’abord dans le cœur du coupable pour l’amener à résipiscence. Prov., i, 27 ; vil, 40. La voix de la conscience se fait alors entendre avec le regret et la douleur. II Beg., xii, 13 ; xxiv, 12, 17 ; III Reg., xxi. 27 ; Jer., xxi, 9. C’est dans les Psaumes surtout qu’il faut chercher l’expression de ce regret amer. Ps. vi, 7 ; xxxi, 5 ; t., 7, qui implique d’ailleurs le changement de vie et la persévérance dans le bien. Ezech., xvin, 21.

Le Nouveau Testament, en dehors de l’idée générale de retour à Dieu, mentionne plus clairement encore les caractères ou les effets de la pénitence intérieure ou contrition. La parabole de l’enfant prodigue, Luc, xv. 11-52, celle du pharisien et du publicain, Luc, xviii, 12-14, contiennent toute la doctrine de Jésus. Cf. Malth., iii, 8 ; xii, 41 ; Marc, i, 4 ; Luc, v, 32 ; xui. 5. Elle est nommée par saint Paul f, xaxà 6eov Xûjctj.

II Cor., vii, 10.

Les Pères ont repris les diverses expressions du langage biblique et invoqué l’exemple des saints pénitents de l’Ancien Testament pour dépeindre l’aversion et la douleur de l’àme en face de son péché. Cf. Clément, 7 » ad Cor., viii, 1-5, Funk, Die ajwstolisclic’ti Yiitcr, Tubingue, 1901. p. 37 ; Hermas. Vis., n. c. n. ibid., p. 147 ; S. Cyprien, De lapsis, n. 32 sq., édit. Hartel, t. I, p. 262’; S. Ambroise, Epist., LI, n. 11, P. L., t. xvi, col. 1162 : S.Grégoire le Grand, llomil., xx, in Ecang-, n. 7, P. L., t. lxxvi, n. 1163. Cf. Schauz,