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CONTEMPLATION


tion mystique elle-même, est-il permis de la désirer ardemment et de la solliciter avec humilité ? Pourquoi pas ; n’est-elle pas le moyen le plus efficace d’atteindre à la perfection ? Et s’il est légitime de désirer la fin, serait-il interdit de désirer le moyen qui doit conduire à cette fin ?… Si donc, o homme de Dieu, tu t’es disposé autant que le permet la fragilité humaine, si tu te sens pressé par l’aiguillon de l’amour divin, verse, pour obtenir ce bien, verse des torrents de larmes et le jour et la nuit, et ne prends pas de repos que Dieu ne te l’ait accordé. C’est un don : pour l’obtenir, il faut désirer et demander. » De inquisitione pacis, 1. V, part. II,

c. XIII.

Un autre excellent mystique, le P. Surin, dans cent endroits de ses œuvres, propose comme stimulant aux âmes de bonne volonté les joies de la contemplation mystique ; il va jusqu’à déclarer qu’il n’est personne à qui cette contemplation ne soit proposée, personne qui ne puisse s’accuser soi-même d’infidélité à la grâce tant que ce but n’est pas atteint : « Ces biens mystiques sont choses que ceux qui coopèrent à la grâce ordinaire peuvent espérer. On peut dire à chacun qu’il y peut atteindre, et que c’est par sa faute, s’il n’y parvient pas, ayant les aides que Dieu donne en l’Eglise et l’efficacité du sang de Jésus-Christ qu’il a répandu pour acquérir ces trésors aux hommes. » Traité de l’amour de Dieu, I. III, c. i. Le dominicain Valyornera a une thèse intitulée : « Tous doivent aspirer à la contemplation surnaturelle ; » et l’argument dont il se sert pour prouver cette thèse, c’est que la vocation à la sainteté se confond avec la vocation à la contemplation mystique : « Il est utile à tous, dit-il, d’aspirer à une humilité très parfaite, à une douceur très parfaite, à toutes les autres vertus portées à leur degré le plus parfait. Pourquoi serait-il moins utile d’aspirer à l’oraison la plus parfaite ? Il est expédient de désirer une grande sainteté : le sera-t-il moins de la demander très instamment à Dieu comme un moyen de procurer sa gloire ? » Mystica t/teologia, Barcelone, 1662 ; Turin, 1891, part. III. disp. III.

Saint Thérèse affirme aussi avec force que rien n’est plus légitime que le désir des biens mystiques. Elle déclare que nous sommes tous conviés à ce banquet, el elle promet à toutes les âmes de bonne volonté que Dieu leur donnera à boire de a tte eau vive : « Considérez, dit-elle, que Notre-Seigneur nous convie tous ; il est la vérité même ; nous ne saurions douter de la vérité de ses paroles, si ce banquet n’étail pas général, il ne nous y appellerai ! pas tous ; et, quand même il nous appellerait, il ne dirait pas : Je vous donnerai à boire. Il aurait pu dire : Venez ions ; vous ne perdrez rien à me servir ; quant à cette eau céleste, j’en

donnerai boin a ceux à qui il ni" plaira. Mais

comme il ne met de ri striction ni dans son appel,

ni dans sa promesse, je tiens pour certain que tous

cens qui i ront pas en route, boiront enfin de

i., . i Chemin dt la perfection, c. xx.

6° La contemplation infuse est-elle toujours une

p. n. de la générosité, le privilège exclusif des

âmes d’une vertu ; Non certes ; Dieu reste le

maître de ses’ions, et il les répartit comme il l’entend.

ncr de la contemplation mystique n’est

i abli’! ' perfi cti o. pas plus que

bsence ne trahit la médiocrité. Tantôt cette con lemplation "-t donnée a une âme parfaite ; tantôt elle

est ii’lot d’une âme imparfaite ► Brani iti, Oputc,

II. C. MI i n confi or qui constate chez une personne f.ivo il.- l’étal m. tique la survivance de défauta vraiment choquant. ne doit donc m s’en étonner, ni

llll"

que ms I illusion compli

nani son état. Il i’iccorde la

contemplation à une âme très imparfaite, comme compensation d’une épreuve pénible à laquelle il la soumet, ou encore qu’il laisse à une âme de bonne volonté certains défauts très apparents, afin de la tenir constamment dans l’humilité. Il nous faut donc, en cette matière où tout dépend du bon plaisir de Dieu, nous garder des conclusions hâtives et des jugements précipités.

7° Il est certain que tout chrétien qui a la grâce sanctifiante possède les dons du Saint-Esprit, et non moins certain que ces dons demeurent malheureusement oisifs dans beaucoup d’âmes. Le nom lire des personnes chez lesquelles leur action devient perceptible, est malheureusement trop rare. Dans l’état d’oraison qui nous occupe, cette action devient très évidente : la contemplation mystique ne va jamais sans une intervention très active des deux dons d’intelligence et de sagesse.

Pour apprécier à sa valeur le don d’intelligence, il faut comparer les clartés dont il illumine la contemplation infuse, à la lumière vacillante que la simple foi projette sur l’oraison ordinaire. « Entre la lumière de la foi et la lumière du don d’intelligence, dit le P. Pergmayr, il y a une aussi grande différence qu’entre la lumière d’un flambeau et celle du soleil. Si j’entre dans un salon durant la nuit avec un flambeau allumé, je vois tous les tableaux qui s’y trouvent, mais imparfaitement, et non comme je le voudrais, parce qu’ils ne sont pas suffisamment éclairés. Mais si j’y entre en plein midi, lorsque le soleil éclaire tout, alors je vois les tableaux dans toute leur beauté. La lumière du soleil est l’image de celle que le don d’intelligence verse dans nos âmes en nous révélant les mystères dans une clarté vive, éblouissante, qui nous dispense de toute recherche pénible, de toute méditation laborieuse. » Méditations sur les dons du Saint-Esprit. Tournai, 1872, 6 1, médit.

Pendant que le don d’intelligence illumine ainsi la vérité contemplée, le don de sagesse communique à cette vérité une agréable saveur. « Le don d’intelligence, dil saint Bonaventure, a pour mission de pénétrer la vérité, tandis que le don de sagesse a pour fonction de la goûter. » Tract, de dono intelleclus, c. v. Saint Thomas définissait le rôle du don de sagesse en termes non moins heureux : « C’est, disait-il, une science savoureuse. » Sum. theol., I q. xuii, a..", ad 2um. 11 faut donc se garder de confondre les joies de la eontemplation mystique avec celles de la piété ordinaire. « Celles-ci, dit Scaramelli, proviennent de quelque acte de simple foi, en vertu duquel l’âmee Dieu est

présent, tandis que les premières proviennent du don , qui place l’âme près de Dieu en le lui rendant présent par sa lumière, de sorte que non seulement elle croit à sa présence, mais même qu’elle la sent avec une sensation spirituelle très douce, i Directoire mystique, tr. 111. n. " ! ii.

8° Il nous reste a dire quelques mots des degrés de

la contemplation mystique. Lorsque l’on consulte sur

ce sujet les anciens auteurs, on demeure très perpli et l’on ne sait vraiment à quel chiffre s’arn tei Les uns admettent huit d - itres dix, d’autres vont

jusqu’à quinze. Sainte Thérèse rendit un service incomle a la mystique en introduisant de l’ordre dans ce chaos, en créant une classification qui possède tous

née la plus ripoiin

Sa méthode nous explique pourquoi les écrivains qui l’ont pn cédée ont Imaj iné di mbreuz :

ces écrivains accumulaient les faits sans esprit d’tique. | r au Crible, ! < -mander

Diraient pas les uns dans les autri I quence, c’est qu leur plumi la

contemplation se multipliaient et devenaient chaque jour plus nombreux, Sans s.- douter quelle faisait