Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée
4611
1642
CONSUBSTANTIEL


transmis par Rufln, saint Pamphile emploie lui-rnéme plusieurs l’ois le mot 6|*ooij<ik>î, Apologia pro Origene, P. G., t. xvii, col. 580-581, en sorte qu’il ajoute son propre témoignage à celui de son célèbre client africain.

Non longtemps après la mort d’Origène, vers 259-261, Denys, patriarche d’Alexandrie, fut dénoncé au pape Denys son homonyme, comme soutenant, sur le Père et le Fils et leurs mutuels rapports, diverses erreurs nettement précisées. Notamment, on l’accusait de ne pas dire que le Christ est consubstanliel à Dieu : (oc où XÉyovroç tov Xpurrbv 6(j.oojo"cov eivo » tû 0sû>. S. Athanase, De sr.ntenlia Dionysii, n. 18, P. G., t. XXV, col. 505. Denys de Rome écrivit donc au patriarche pour lui demander de se justifier. Dans sa réponse, Denys d’Alexandrie déclare qu’à la vérité, il n’a pas employé le mot ôp.oo’J<710 ; en parlant du Fils ; et cela, parce qu’il ne l’a pas trouvé dans les saintes Écritures, mais il en accepte pleinement le sens. Eï yàp xai tô ô’vou.a toOto <prj|J.i u.ï) EÛpvjxÉvai, (J.v)8’àveyvcoxÉvai Trou tgov àyuov rpacpâiv, aXXà ye rà E7uij£eipr| [ « .a-rot p.ou Ta Ellrjç, 5. (reffttoitr, xaii, xfz otavoi’a ; TaÛTYjç oùx « iraSet. S. Athanase, ibid. Il entend donc, avec Denys de Rome, le rapport du Fils au Père comme une génération ; et avec lui il sait distinguer la procession divine et la création. Or, dans sa lettre publique, reproduite en partie par saint Athanase, le pape avait condamné l’erreur intolérable de ceux qui font du Fils une créature et qui supposent un temps où il n’était pas. Puis il formulait la plus pure doctrine de la consubstantialité dans cette belle conclusion : « Ainsi donc, il ne faut pas diviser en trois divinités l’admirable et divine monade, ni diminuer par le mot de création la dignité et l’éminente grandeur du Seigneur ; mais il faut croire en Dieu le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ son Fils, et au Saint-Esprit, et à l’union du Verbe avec le Dieu de l’univers, car le Père et moi, dit-il, ne sommes qu’un, et Je suis dans le Père et le Père est en moi. Ainsi seront sauvegardées et la Trinité divine et la sainte prédication de la monarchie. » S. Athanase, De decretis Nicœnx synodi, n. 26, P. G., t. xxv, col. 465.

Nous retrouvons encore le mot consubstantiel dans le dialogue anonyme De recta in Deum fide, IlEp’i tîjç etç Œbv ôp8f, ; itcuretoç, que le nom du principal interlocuteur, Adamantius, a fait de bonne heure et faussement attribuer à Origène. M. J. Tixeront en place la composition entre les années 280-311. Or Adamantius, dans sa profession de foi, déclare le Verbe éternel et consubstantiel au Père : IIsiitaTEwa -/.ai tôv 1% a-jxo-j 0eov Xoyov ôu, ooùouov ael ô’vra, W. H. Van de Sande Bakhuyzen, Der Dialog des Adamantius, Leipzig, 1901, I, 2 ; et il ajoute que le Verbe est Fils de Dieu par nature, xarà ç-jo-iv, tandis que les hommes le sont seulement par adoption, xatà 0Éo-tv. Ibid., iii, 9.

Enfin, Eusèbe de Césarée lui-même, dont le rôle au concile demeure assez douteux, dans la lettre adressée à ses diocésains pour justifier son adhésion au décret nicéen, s’appuie sur ce fait que plusieurs évêques et écrivains, savants et illustres, des anciens temps, se sont servis du mot consubstantiel en parlant du Père et du Fils… èrcel v.a xoôv TraXaiuv Tiva ; XoyiVj ; xai ÈTttepavsï ; È7ti<r/.c/7rou ; xa o-jyypayeî ; eyva>[XEV èici Tri ; ~°~ J IlaTpb ; xai ï’ioO ÔEoXoyta ; tiô toO 6p.oouc£ou o-yy^p^o-aixévo’jç àvô|xaTi. Epist., I, ad Cœsarienses, P. G., t. xx, col. 1541.

Il est vrai, les semi-ariens, réunis à Ancyre en 358, ont prétendu que le mot 6p.oo-j<710 ; avait été rejeté par les évêques du concile d’Antioche qui excommunia Paul de Samosate. Les Pères auraient refusé d’adopter ce terme, parce qu’il ne convenait pas, selon eux, pour exprimer les rapports du Fils et du Père. — Tout d’abord, il semble bien que si le mot avait été alors condamné en lui-même et absolument, Eusèbe de Césarée ne l’aurait pas accepté si facilement et sans ré crimination. L’on est donc porté à croire, ou que la condamnation prétendue n’a pas eu lieu, comme l’estiment quelques-uns ; ou qu’elle ne portait pas sur le terme en lui-même et absolument, mais sur une position ou affirmation où il prenait un sens faux, sabellien, supprimant la distinction des deux personnes, ou même matérialiste. Saint Athanase, De synodis, n. ii, 45, P. G., t. xxvi, col. 767, saint Basile, Epist., i.ii, n. I, P. G., t. xxxii, col. 39 : J, et saint Hilaire, De synodis, n. 81, P. L., t. x, col. 531, ont rapporté l’ace tion, sans paraître douter de la matérialité du fait. Toutefois, ils montrent bien que les évêques du concile d’Antioche n’entendirent pas l’ôii.oovo’io ; dans le même sens que les Pères de Xicée, mais dans une signification tout antitrinitaire soutenue par Paul de Samosate. Du reste, Arius lui-même nous fournit, dans sa lettre à saint Alexandre, un exemple de ces emplois erronés de Pôu.ooûato ;. Il y rappelU que les manichéens disaient du Fils qu’il est une partie ou portion consubstantielle, pipoç ôpioo-ûetov.

Au surplus, nous savons que dès l’origine des controverses ariennes, la question de l’ôu.ooûo-io ; s’est posée entre l’hérétique et les défenseurs de l’orthodoxie, comme le mentionne Philostorge. En effet, d’après saint Ambroise, De fide, II, 15, P. L., t. XVI, col. 614, Eusèbe de Nicomédie aurait, dans les discussions, laissé nettement entendre que, si l’on confesse le Fils de Dieu incréé, il faut aussi, par une conséquence inéluctable, le reconnaître consubstantiel au Père. L’idée fondamentale de cette argumentation se retrouve certainement dans la lettre de l’évêque de Nicomédie à Paulin de Tyr. Par ailleurs, Arius a lui-même employé le terme dans sa Thalie : àXX’où8e ôhoo-jouo ; aûrû. S. Anathase, De synodis, n. 15, P. G., t. xxvi, col. 708. Et Philostorge parle d’une entente préalable sur le mot. Elle aurait été arrêtée avant le concile, à Nicomédie, entre Osius de Cordoue et saint Alexandre. Supplem. Philoslorg., i, 7, P. G., t. lxv, col. 463. Mais il est impossible de contrôler la vérité de cet incident que Philostorge est seul à mentionner. En tout état de cause, il est hors de doute qu’à l’époque des controverses ariennes et du concile de Xicée, le mot consubstantiel eut sa signification exactement déterminée au sens que les Pères devaient consacrer.

5. Après avoir promulgué en des formules positives la doctrine catholique de la consubstantialité, le concile en vient à condamner l’erreur directement opposée, et sa pensée s’en trouve d’autant plus clairement manifestée. Il anathématise donc quiconque soutiendrait que le Fils est d’une substance ou d’une essence autre que celle du Père : s ; étés a ; ÛTioo-Tào-Eu) ; ij ove : a ;  ; et ici, pour le noter en passant, nous avons le mot J7roTTao-iç avec la signification de substance ou d’essence, tandis que plus tard il sera exclusivement consacré à exprimer la personnalité. Si donc la substance du Fils n’est pas autre que celle du Père, c’est que la substance du Père se retrouve en lui identiquement la même, cadem numéro, et non pas seulement la même spécifiquement, eadem speci/ice, comme il arrive dans les générations humaines. En conséquence, le concile poursuit encore de ses anathèmes plusieurs erreurs dérivées de celle-là et qui contiennent la plus pure hérésie arienne : à savoir qu’il fut un temps où le Fils n’était pas ; qu’il n’était pas avant que de naître temporellement ; qu’il a été produit du néant ; qu’il a été créé ; qu’il est muable et changeant : Tov ; ô ; XéyovTaî" r, v ttote ote oùx r, v, xai 71pv yevvY)69|vou oôx r, v, xai l ; ovx Ôvtcov èyév£To, r, ii ÉTÉpa ; ÛTtoorào-so) ; r, ov<7 : ’a ; çâtrxovra ; EÎvat, r, xtiotov, r, àXXoicoTÔv, r, TpETtrôv tov uiôv ro0 Wïoû toutou ; « va8e|Aa’uÇei r, xaGoXt/.v-, xa ànoaToXiXT] ÈxxXrjo-i’a. Denzinger, n. 17.

Après des déclarations si formelles et si répétées, il n’y eut donc plus place que pour la mauvaise foi. On