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CONSUBSTAXTIEL


les erreurs ariennes sur ce point précis, et ensuite étudier le texte même de la définition nicéenne.

2° Les ariens, dans leurs formules ondoyantes, successives et diverses, aboutissaient toujours à soutenir expressément que le Fils n’est pas de même substance et nature que Dieu le Père, mais qu’il est d’une nature tout autre et toute différente. Comme toutes choses, disait Arius, sont, dans leur essence, étrangères et dissemblables de Dieu, ainsi le Verbe est-il en tout dînèrent aussi et dissemblable de l’essence et de la propriété de Dieu le Père. Kai itâvtcov |évu>v xcù àvou.o ! a>v ovxiov xoO 0soû xax’o-jffÉav, o’jxa> xai ô Aôyoç àXXdxpioç piv xai àvô(j.oio ; xaxà irâvxa xrç xoO Ilarpô ; outiocç xa îôh5tt)t<5ç èo-xi. S. Athanase, Urat., i, cont. arianos, n. 6, P. G., t. xxvi, col. 24.

En conséquence, il n’est pas véritablement Fils de Dieu, et si parfois on le qualifie de ce nom sublime, c’est par adoption. Il n’est pas véritablement et proprement un Fils engendré par Dieu le Père. Ce Seigneur, disait encore l’hérésiarque, étranger sans doute et différent de la substance du Père, n’est appelé le Verbe que selon notre manière de penser : et il n’est pas selon la nature et en vérité Fils de Dieu, mais c’est par adoption qu’il est appelé Fils : Oùxoç 8s ô Kûpioç i-évoç [Xsv xai àXXôxptoç, so-xc tt, ; toO Ilarpà ; ovio-îa ; - xax’ÈTtfvoiav 8s p.ôvov Xéysxai Aôyoç, xoù oùx s<m yiv xaxà çûo-iv xai àXviOivbç xoû ©sou Yibç, xaxà Oscrtv os XÉysxai xai ouxoç Y£bç. S. Athanase, De sententia Dionysii, n. 23, P. G., t. xxv, col. 513.

Même il n’est pas véritablement Dieu, et si on l’appelle ainsi, c’est par une grâce de participation, par dénomination seulement et dans un sens tout relatif, comme pour tous les autres hommes. Où8à ©sbç àXr]8tvô ; âernv ô A6yoç. Eî oèxai Xsysxat ©sbc, aXXVjx àXr ; ôtvôç lortv* àXXà pexo-/-/ ; -/âptxoç, oio-irsp xa’i oî aXXoc irâvxsç, o’jto) xai aOxbç Xsysxai ôv6|Ji, axi (j.6vov ©sdc.. S. Athanase, Orat., i, conî. arianos, n. 6, P. G., t. xxvi, col. 21-24.

Il est donc un être créé comme les autres, â>ç xTÎ<ru.a, ïbid., bien que supérieur, occupant comme tel, en raison de sa fonction et de son exaltation toute spéciale par le Père, une place à part et transcendante au sommet de l’échelle des êtres. Car Dieu ayant prévu qu’il persévérerait librement dans le bien et ne tomberait pas dans le péché, l’a choisi et l’a jugé digne de porter un nom divin, bien qu’il nous fût entièrement égal par nature. Il ne se distingue, eu effet, de nous qu’en ce qu’il a été créé avant toutes créatures et qu’il a accompli la création comme instrument de Dieu.

Dans ces conditions, il ne pouvait plus être question, sous un rapport quelconque, d’égalité et de consubstantialité entre le Fils et le Père. Saint Athanase rapporte encore ce blasphème d’Arius : "IStov oûSèv’éyu toO 0eoO xa6’ÛTtéoraciv (substance) ïoiÔTYixoc/ oOSs yàp èo-xcv i’o-oç, àXX’oùos &(Aooûo-to< ; aûxéo. De synodis, n. 15, P. G., t. xxvi, col. 705, 708. Voir t.’i, col. 1786.

3° Pour confondre cette erreur arienne, le concile de Nicée a rédigé et promulgué le symbole qui conserve toujours son nom.

1. Les Pères proclament tout d’abord, ce qui d’ailleurs n’était pas mis en doute par les ariens, que Dieu est un, unique. Puis ils déclarent que ce même Dieu est Père, non simplement en un sens analogique et métaphorique, parce qu’il entoure d’une paternelle bonté ses créatures, œuvres de ses mains ; mais il l’est réellement, au sens propre, parce qu’il a un Fils, un Fils unique, engendré par son Père, né de son Père. Puis donc qu’il est un seul Dieu, que ce Dieu est réellement Père et qu’il est réellement Fils, c’est que l’un et l’autre sont en relation mutuelle de paternité et de filiation : c’est qu’il y a génération réelle active d’une part, et passive de l’autre, lit s’il y a génération réelle, il y a donc réelle communication de la nature divine

d’un terme à l’autre. Comme il n’y a qu’un Dieu, un ei unique, cette communication ne se fait ni par division de la nature divine, ni par tout autre mode de production d’une nature nouvelle, quoique semblable. Cetle conclusion se trouve déjà en opposition directe à la thèse arienne que le Fils procède sans doute de Dieu, de Dieu le Père, mais comme tous les autres xxîtruaxa, par voie de libre création. Tôv os yevtjtoSv /.su xxto-u^rrtov sSto ; xal sic kvx<5v xjy/âvsi. S. Athanase, Orat., i, cont. arianos, n. 6, P. G., t. XXVI, col. 24. Il reste donc que l’essence même ou la nature divine du Père soit identiquement communiquée au Fils dans cette mystérieuse génération. Ainsi la consubstantialité des deux premières personnes divines se trouvait déjà implicitement définie dans les formules suivantes de la profession de foi nicéenne : I110-xsCoi.j.îv s !  ; £va Beôv, TrotTSpa sxavxoxpâxopa, …-/.al sic êva xûpcov’Iyjso-jv Xpurrbv xbv’jibv TOÛ 0soO, yôvvr/JÉvxa sxtoû Txaxpo ; [AOVoyEvî)… Denzinger, Enchiridion, n. 17.

2. Le concile poursuit et précise explicitement sa doctrine. Au témoignage de saint Athanase, l’on avait premièrement songé à cette addition explicative que le Fils n’est pas du néant ou de ce qui n’existe pas, mais qu’il est de Dieu : pareillement, que le Verbe est la Sagesse, non une chose créée ou produite, mais le propre Fils engendré du Père. rpi<j/at Ste « S< ! <mv si ; oùx SvxtjùV, àXX’Èx xoO Qso-j, xai Aôyo ; soxi xa aoçia, aXX’où y.~’.gi.x o-jôs 7tot7)[ta, ïôiov ôs Èx tov IlaTçô ; Yèvvï|u, a. S. Athanase, De decretis Nicxiise synodi, n. 19, P. G., t. xxv, col. 456. Mais tandis que les Pères voulaient, par ces expressions : Èx xoO ©soô, âx to-j riaxpo ;, signifier un principe vraiment générateur, communiquant vraiment sa nature à un Fils, les ariens, acceptant les mêmes expressions, pré tendirent leur attribuer la signification de cause efficiente. Alors le Fils serait de Dieu et du Père, comme toutes les créatures qui l’ont pour principe et pour cause efficiente et créatrice. Pour couper court à ces subterfuges des hérétiques obstinés, le concile décida plutôt l’explication que le Fils est de la substance même du Père : le Fils engendré du Père, c’est-à-dire de la substance du Père : to’jx’èo"xtv èx TÎjç oûo-t’a ; xoO Ilaxpbç. Denzinger, n. 17.

Aux premiers siècles, la foi était très nette en un seul Dieu, le Père, le Fils, le Saint-Esprit ; mais les mots pour exprimer cette unité de nature et cetle trinité de personnes ne furent pas immédiatement et partout fixés. C’est ainsi que parfois le mot ouata désigna chez les uns l’essence, la nature, la substance, c’est-à-dire ce qui est absolu en Dieu. Parfois chez d’autres, le même terme fut employé peur signifier ce qui est relatif en Dieu, les personnes. Cf. Ch. Passaglia, Commentarius quartus de nomine rijç oûo-eaç, Rome, 1850, passim. Mais, à l’époque du concile de Nicée, et dans la controverse avec les ariens, le sens du mot o-jo-ia se trouva clairement déterminé, de part et d’autre, à une seule et même signification : celle d’essence réelle, c’est-à-dire de cet élément ontologique et infiniment simple qui, selon notre manière de concevoir, constitue proprement l’être divin, et nous apparaît en même temps comme la source de son infinie perfection ; celle de nature, c’est-à-dire de cette même essence, envisagée sous le rapport de la puissance ou de l’activité propre à l’être divin ; celle de substance, c’est-à-dire de cette même essence, regardée comme subsistant en soi de la manière la plus absolue, et comme supportant tous les actes divins.

Il est clair, dès lors, que l’addition conciliaire, précisant le caractère de la génération du Fils par le Père, est une première, explicite et formelle définition de leur mutuelle consubstantialité. L’explication nicéenne marque expressément : le Fils est de la substance du Père, la substance du Fils est la substance même du Père. Le saint concile, dit saint Anathase, a précisé-