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CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ


mener l’Église de France à la pureté primitive, faire d’elle le pastiche de l’Église apostolique ! comme si, en dehors de toute autre considération, l’Église apostolique pouvait recommencer dans les cadres administratifs de 1789 ! « L’entreprise, dit M. Sorel, menait droit au schisme. » Aussi « on peut dire que de toutes les erreurs de l’Assemblée, celle-là fut la plus funeste : elle rompit tous les liens, elle déchira la nation et l’État, elle ouvrit l’abime où se précipita la Révolution » . Les décrets sur la constitution du clergé ont, en effet, décidé Louis XVI à rompre avec la Révolution et à réclamer l’intervention de l’Europe ; d’autre part, ils ont déchaîné la guerre civile en France et entraîné la Révolution dans la voie des pires violences. Louis XVI a bien sa responsabilité cependant dans cette crise. La constitution civile ne pouvait devenir loi d’Etat, sans qu’il donnât sa sanction. La donnerait-il ? On se le demanda dans les deux camps. L’épiscopat escomptait la piété du roi, sa conscience timorée, et le pape lui-même s’efforça de peser sur la volonté du roi. Le 10 juillet, il adressait trois brefs au gouvernement français, l’un au roi, un autre au ministre Lefranc de Pompignan, archevêque de Vienne, et le troisième au garde des sceaux Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux. Au roi qu’il sait résolu « à rester attaché à la religion catholique…, au saint-siège » , le pape recommande de ne pas se laisser surprendre « par des artifices adroits et un captieux langage » , faisant appel à l’amour du souverain pour ses peuples, et de ne pas approuver des décrets « qui entraîneraient la nation entière dans l’erreur, le royaume dans le schisme et peut-être allumeraient la flamme dévorante d’une guerre de religion » . Aux deux archevêques, le pape demande de détourner le roi d’une fatale sanction et il le leur demande pour combattre « l’état de suggestion où tiennent le roi les violences populaires » . Les partisans de la constitution comptaient, eux, sur la faiblesse du roi devant les manifestations de l’Assemblée, appuyées par les manifestations de la rue et ils mirent la rue en mouvement. Louis XVI eût bien voulu refuser sa sanction car, en lui, a-t-on dit, « la piété était bien le tout de l’homme, » mais d’une part, dans son entourage, on soutint mal cette volonté. Les archevêques de Vienne et de Bordeaux ne firent rien, semblet-il. dans cet ordre : le premier, comme l’a bien prouvé M. Émery, parce qu’il était malade, le second par une faiblesse, qu’il expia et que ses collègues lui firent expier durement ; d’autre part, l’Assemblée affirmait sa volonté de ne p t avec le pape et d’avoir

son œuvre telle qu’elle l’avait faite ; enfin l’émeute était dans Paris. Louis XVI si^na donc le 21 août.

l’intervalle, il négocia avec Rome, gauchement, avec l’apparente duplicité qu’il mettait dans les négociations où son àme était incertaine. Le 28 juillet, à Saint-Cloud, il promettait aux représentants de I I emblée de sanctionner la constitution ; il demandait seulement le i p l’approbation s. il des évéques de I rance, soit du pape. Le même jour, il annonçai ! à Pie VI son dessein arrêté de sanctionner, et en même temps, il chargeait ses deux ministres ecclésiastiques d’obtenir du pape, par l’intermédiaire de l’ambassadeui de France i Rome, le cardinal de Bemis, une approbation

culier » suivants : la nouvelle distribution des tnétroition de la métropole « le Rennes les circonscriptions nouvelles, en imitant lis évéques I a monti er la n i dame qne le Saint I

li eii di épi copaui substitués par la constitution civile aux chapitres, etc. Ces propi rtirent de

le 20. Bernis, tout en jugeant leur acceptation Impossible, les transmit le 13 août ; le 17, le papi vajt, -i Louis XVI que, malgré la nullité évidente de la constitution civile, « puisqui ton i lits de la i

sance temporelle dans ces matières ne s’étendent pas plus loin qu’à aider de son autorité l’exécution des décrets ecclésiastiques » , il allait convoquer une congrégation de cardinaux pour étudier ses propositions. Quel était le plan de Louis XVI ? Voulait-il simplement gagner du temps et pouvoir attendre, dans la paix de la conscience et le calme de la rue, le moment où, redevenu monarque absolu, il pourrait redevenir le roi très chrétien ? Voulait-il au contraire compromettre le pape dans une acceptation provisoire pour lui arracher ensuite une acceptation définitive ? Quoi qu’il en soit, il n’attendit même pas la réponse du pape. Cette réponse, quelque diligence que l’on mît, ne pouvait lui arriver avant le 26 août, et le 24, après un conseil tenu avec ses ministres, il faisait de la constitution une loi définitive.

IV. L’OPPOSITION’, LE SERMENT ET LA PERSÉCUTION DES

réfractaires. — 1° L’opposition. — Devenue loi, la constitution civile trouva une formidable opposition dont l’épiscopat donna le signal. Il y eut d’abord comme un flottement dans les rangs de l’épiscopat, mais bientôt il prit une attitude uniforme de résistance, sous la direction des évéques députés à l’Assemblée, qui eux-mêmes avaient un comité directeur de sept membres : Beisgelin, Dulau, Talleyrand-Périgord, de Bethisy, de Mézières, de Bonal, de Lastic. Sous cette direction, l’épiscopat donna le signal de la lutte, et ce fut heureux : ce signal ne pouvait venir que de lui. Étant donnée l’indépendance de l’épiscopat gallican d’alors, le pape ne pouvait le devancer, sans crainte de n’être pas suivi. Quant aux curés, jusque-là ils avaient été acquis sans partage à la Révolution : « Il y a 10000 curés, écrira Boisgelin dans un rapport à Louis XVI, le 1 er décembre 1790 ; quelle sera la faible proportion de ceux qui ne seront pas retenus par la crainte ? » A quelle vue obéit l’épiscopat en commençant cette courageuse opposition ? On l’a accusé d’avoir agi par intérêt : il aurait continué, à propos de la constitution civile, l’opposition qu’il avait faite à propos de la confiscation des biens ecclésiastiques, espérant recouvrer ceux-ci en faisant échouer celle-là. On l’a accusé aussi, et Mirabeau s’est fait l’avocat de cette accusation, d’avoir agi par haine de la Révolution ; enfin, dit-on, l’épiscopat a ir honneur et l’on rapporte à ce sujet une phrase qu’aurait prononcée, d’après les Mémoires de Lafayette, Dillon, archevêque de Narbonne : t Nous nous sommes conduits en vrais gentilshommes, car on ne peut pas dire que ce fut par religion. » Les raisons d’agir île l’épiscopat furent supérieures. « Jusqu’ici, dit l’historien de [’Ancien clergé tic Fumer, les évéques ont

lié avec la Constituante, non sans iloiile a l’avanlsouvenl avec plus de résignation que (l’enlhou sias, mais aussi avec une lionne volonté

qui s’alliait, chez les prélats les plu- éclairés, à Findès, temps nouveaux el à un libéralisme sincère. Ils se sont moine résignés à voir l’Église dépouillée de ses biens. C’est qu’il ne s’agissait encore de savoir si’rail riche, si elle serait

ii. en face de la constitution

civile, il s’agit « de savoir si elle sei Plus d’une

fois, d’ailleurs, les évéques oui affirmé la pureté de leurs intentions, comme Boisgelin dans sa l.rii, , But /.’L’épiscopat s’efforça d’abord net l’opinion.

La partie était perdue devant l’Assemblée et m< me auprès du roi : il s’efforça de la gagner devant le pays. Son manifi des print

sur la constitution civile du clergé, par 1rs é êqtuu députés I blée nationale, m B » , qui parut le 30 octobre 17’. kl I lie portait 30 signatures d’i véques-dépul

alité, elle étaii loin te di Boi gelin Les autres membres de |’é| leof

. illusion ainsi que 98 ceci, liastiqu ad ordre