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CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES

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2. Leur classification.

En somme, il faut classer la fin des Canones ccclesiaslici ou l’Octateuque, mais plus particulièrement les can. 21-47 (ou 31-62 ;, qui constitue l’JEgyptische Kirchenordnung, avec YEpilome du 1. VIII et les canons d’Hippolyte par rapport au 1. VIII.

D’après M. II. Achelis, Realencyclopâdie f’tïr prot. Théologie, 3e édit., t. i, les canons d’Hippolyte sont le premier écrit du cycle ; ils représentent un remaniement des canons d’Hippolyte et enfin le 1. VIII n’est pour la plus grande partie des chapitres à partir du c. iv qu’un nouveau remaniement de YJEgyptische Kirchenordnung.

L’opinion de M. Achelis est appuyée sur la longue étude publiée par lui dans les Texte und Unters., déjà mentionnée. Dans cette étude, il cite sur colonnes parallèles les traductions des 38 canons d’Hippolyte et des canons 31-62 qui constituent Y^Egyplische Kirchenordnung, avec le texte du 1. VIII, ou plutôt avec des fragments choisis dans les c. iv, v, xii, xv, xxiii, xxi, xxii,

XX, XXV, XXIV, XXXI, XXXII, XI, XLII, XLIII, XLIV, XXIX,

XL, xxxi de ce livre. Il faut aussi faire quelques interversions dans les canons d’Hippolyte pour les faire concorder avec l’ordre de Y JEgyptische Kirchenordnung. M. Achelis les range dans l’ordre suivant : 1-20 a, 32, 33 a, 20 b, 33 b, 31-36, 22. 24, 27, 28, 29 a, 21, 24 b, 25 a, 26, 27 a, 23 b, 27 c, 27 b, 27 d, 29 b, 23, 38. Les can. 30, 31, 37 d’Hippolyte manquent dans cette reconstruction. Ce seul tableau montre les difficultés d'établir une simple concordance entre les textes qu’il s’agit de classer.

La discussion textuelle est encore plus difficile, car les traductions arabes ne brillent pas en général par leur fidélité et celle-ci ne fait pas exception à la loi générale. Il est donc difficile de distinguer les parties anciennes, sur lesquelles seules on peut fonder un raisonnement, des additions dues aux traducteurs arabes. En bien des endroits on reconnaît de mauvaises paraphrases du 1. VIII, par exemple, Texte und Unters., t. vi, fasc. 4, p. 80-85, on trouve paraphrasé le c. xxxii du 1. VIII. Le texte si simple : Miles accedens, doceatur neniini injuria/m inferre, non calumniari, contentus esse sibi dalis stipendiis : obtemperans his, admiltatur ; repugnans, rejiciatur, col. 1130, devient dans les canons d’Hippolyte, p. 81 : Homo qui accepit potestatem occidendi vel miles nnnquam recipiatur omnino, etc. Christianus ne fiât propria voluntate miles. De même, les longs développements des canons d’Hippolyte relatifs aux femmes, p. 85-90, ont une tournure beaucoup plus orientale que romaine. Certains conseils rappellent le c. m de la Didascalie ; d’autres les coutumes musulmanes : junioresfeminsevirgines, quando tempus adest, quo ad gradum mulierum evehuntur, capila vêlent sicut nudieres grandiores ira).).îoi ;, neque tamen tenui panno utantur, p. 89. Enfin, la défense de participer aux mystères les 20 jours ou les 40 jours qui suivent l’enfantement selon que l’enfant est un garçon ou une fille, p. 88, et encore d’entrer dans le lieu saint les 40 ou les 80 jours qui suivent l’enfantement selon que l’enfant est un garçon ou une fille, p. 90, rappelle seulement une coutume syrienne qui n'était qu’une mauvaise coutume déjà stigmatisée par Jacques d'Édesse dès la fin du viie siècle : « Il est des prêtres insensés et non instruits qui, selon l’ancienne loi de Moïse, interdisent l’entrée de l'église durant 40 jours à celle qui a enfanté un garçon et durant 80 jours à celle qui a enfanté une fille. » Can. 79 de Jacques d’Edesse, Les canons et résolutions canoniques de Jean de Telia, Jacques d'Édesse, etc., Paris, 1906, p. 67.

Pour échapper à quelques-unes de ces difficultés, J. Wordsworth, évêque anglican de Salisbury, a apporté quelques compléments à la théorie de H. Achelis, The minislry of grâce, 2e édit., 1903, résumé par F. X. Funk,

Theolugisclie Quartalschrift, 1906, n. 1. Les canons d’Hippolyte sont encore le plus ancien des écrits que nous avons à classer, mais ils ne proviennent plus d’Hippolyte ; ils ne sont qu’un remaniement d’un plus ancien écrit, d’une constitution ecclésiastique perdue qui renfermait : a) des règles pour le choix et la consécration de l'évêque comme pour l’ordination d’autres clercs : du prêtre, du diacre et vraisemblablement du lecteur ; b) des préceptes pour la réception des prosélytes et l’instruction des catéchumènes avec la description du baptême, de la confirmation et de la communion ; c) le canon sur les jeûnes et les aumônes, etc. Celte ancienne constitution proviendrait de la Syrie ou de la Palestine et aurait ensuite été adoptée et allongée à Rome. C’est cette rédaction romaine, moins quelques nouvelles interpolations, qui serait conservée dans les canons d’Hippolyte et aussi dans YEpitome, mis tous deux sous le nom d’Hippolyte. Ces rédactions romaines seraient antérieures à l’an 216. probablement de la lin du IIe siècle ; puis elles auraient passé de nouveau en Orient où elies auraient été conservées. Comme l'écrit M. Funk, ces théories, pour sortir du champ des hypothèses, demanderaient une démonstration serrée.

Mentionnons encore la théorie de Ma r Rahmani, patriarche des Syriens catholiques, qui place en premier lieu le Testamentum D. N. J. C. (ou l’Octateuque. Dans les prolégomènes de son édition. Mayence, 1899, il compare YjEgyptische Kirchenordnung au Testament : les canons- 31-39 sont extraits des c. xx, xxi, xxix-xxxi, xxxiii-xl, xlvi, XLvn du 1. 1 ; les canons 4062 sont extraits du 1. II du Testament, p. xxi-xxxi. D’autre part, YjEgyptische Kirchenordnung a donné naissance aux c. v, x-xxv, xxvii-xxix. xxxii, xxxiv-xl du 1. VIII des Constitutions, p. xxxi-xxxiv. Enfin, les canons d’Hippolyte sont aussi une amplification de YsEgyptische Kirchenordnung, p. xxxv-xli. Voici, p. xxxv, l’opinion de Ms r Rahmani sur l’origine des canons d’Hippolyte : Qui canones Hippolyti attente inspiciet, facile deprehendet auctorem seu compilatorem ipsorum hominem fuisse vulgarem, paru m solticitum de ordine canonum logico, quem contra turbavit, alios ipsis inserendo extra rem vaganles. Ex collât ione autem eorumdem canonum cum canonibus ecclesiaslicis (jEgyptische Kirchenordnung) evidenter apparet illos ex his originem ducere atque pseudo-Hippolytuni minus apte quædam contraxisse, alia prsetermisisse, nonmdla dépravasse, plura etiani immutasse atque accommodasse recentiori usui sero lempore vigenti. Terminons par le jugement du même prélat sur la dissertation de M. Achelis : Ad suas assertiones probandas modo gratis asserit quamplures inler hippulytanos canones esse adscilitios, quos uncinis includit, modo ambiguaset obscuras quasdam sententias non ex contextu aut locis respondentibus canonum ecclesiaslicorum explicat, bene vero pro falsa quam sibi confinxit opinalione dcconstilulionepristinœEcclesiæipsiusque ritibus et disciplina ; tandem haud raro ipsa menda, quse incuria amanuensis vel negligentia interprelis fudit, tanquam argumenta assumit atque urgel, p. xxxv.

M. A. Baumstark a étudié les textes orientaux parallèles au 1. VIII des Constitutions dans l’Orient christianus, Rome, 1901, p. 98-137, et il résulte, du moins à son sentiment, que le Testamentum D. X. J. C. n’est pas la source de Y.Egyptisclw Kirchenordnung et que les canons d’Hippolyte ne peuvent pas eux non plus être la source de cette ordonnance. Cf. Funk. Zum achlen Buch der Apostolischen Konslitutionen und dm verwandten Schriflen, dans Theol. Quartalschrift, 1902, n. 2, p. 234.

Enfin M. Funk n’a jamais varié dans son opinion. Quelles que soient les sources employées par le rédacteur du 1. VIII des Constitutions, il tient que tous les