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CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES


clic, x, 7, est supprimé, car ils n’existaient plus au temps de l’interpolateur ; une oraison sur le jwpov est ajoutée. Const. apost., I. VII, c. xxvii. Enfin, après quelques autres omissions de circonstance, la finale de la Didaché, fortement interpolée, se retrouve dans le C. xxxii des Constitutions.

Dans son édition, M. Funk souligne les passages du 1. VII qui sont empruntés à la Didacllè.

2° Analyse de la seconde partie du l. VU, c. xxxiir-XLix. — Cette seconde partie contient : 1. Une longue prière divisée en six chapitres, xxxiii-xxxvin, col. 10241037, et destinée aux initiés : « Notre Sauveur éternel, le roi des Dieux, qui es seul tout puissant et Seigneur, le Dieu de tous les êtres, » etc. L’auteur rappelle la création et la providence divine à l’égard des patriarches, puis du peuple juif et du peuple chrétien ; il termine ainsi : « Pour toutes choses, à toi la gloire et la vénération, par Jésus-Christ maintenant et toujours et dans les siècles. Amen. » — 2. L’auteur nous annonce ensuite (lin du c. xxxviii), qu’il va compléter ce qui précède. Il a dit auparavant comment doivent vivre ceux qui sont déjà initiés et quelles actions de grâces ils doivent rendre à Dieu, il va s’occuper ensuite des non-initiés, c. xxxix-xlv, col. 1037-1047 : « Celui qui doit apprendre la parole pieuse sera instruit avant son baptême dans la science du non engendré, dans la connaissance du Fils unique, dans la certitude du Saint-Esprit. Qu’il apprenne l’ordonnance de la création variée, le mode de la providence, etc., jusqu’à : « Nous avons jugé bon d’établir cela au sujet des catéchumènes. » Cette partie est la plus importante, car elle renferme la description détaillée du rite du baptême résumé précédemment, c. xxii, d’après la Didaché et déjà modifié. On trouve ici la bénédiction de l’huile, c. xlii, avec celle de l’eau et du (j.ûpov, c. xliii, xliv, puis la prière des nouveaux initiés, c. xlv. — 3. Le livre se termine par la liste de ceux que les apôtres ont ordonnés, c. xlvi, et par la formule des prières du matin, du soir et au moment des repas, c. xlvii-xlix. La liste des évêques ordonnés par les apôtres est très importante, car elle renferme de nombreux anachronismes et elle a servi à montrer, dès l’apparition des Constitutions, que la rédaction actuelle ne pouvait pas être d’origine apostolique. Pitra a édité, p. 366 sq., en petits caractères, les c. xxxm-xxxviii a, xli, xliii b, xliv a, xlvii, xlviii, du 1. VII.

Époque et patrie de l’interpolateur.

Le 1. VII

ne renferme pas beaucoup d’indices caractéristiques. Cependant M. Funk, p. 116-118, d’après quelques locutions relativement modernes, fixe la composition au IVe siècle ; puis faisant remarquer que l’auteur, c. xxii, col. 1012, dit avoir déjà parlé du baptême, ce qui ne peut lui être arrivé que dans le 1. III, c. xvil, xviii, il prend pour terminus a quo la rédaction des six premiers livres, c’est-à-dire le commencement du Ve siècle. Voir col. 1524. D’ailleurs une comparaison minutieuse du 1. VII avec les 1. I-VI a amené M. Funk, comme nous le dirons col. 1528, à attribuer les sept livres au même auteur. Le commencement du ve siècle serait donc aussi l’époque de la rédaction du 1. VII.

La question de la patrie de l’interpolateur est tranchée par là même : il est de la Syrie.

4° Son école théologique et ses sou}-ces. — Les quelques locutions de l’auteur employées par les ariens et les semi-ariens ne prouvent pas qu’il ait partagé leurs erreurs, car ces locutions ont aussi été employées par des auteurs orthodoxes, et un auteur arien aurait laissé des traces plus apparentes de son erreur. L’auteur doit donc être regardé comme un partisan du concile de Nicée, mais on ne peut rien dire de plus. Funk, p. 123.

En sus de la Didachè, il est à présumer que l’auteur a utilisé dans lu seconde partie du livre un ancien

rituel ou formulaire, car il n’est pas vraisemblable, d’après ses habitudes, qu’il ait créé lui-même ces prières, c. xxxin-xi.ix, pour les donner ensuite comme apostoliques. Il est très probable, par contre, qu’il les a modifiées pour les accommoder à son temps et qu’il a allongé sinon ajouté quelques chapitres. Le c. xi.vi sur les évêques ordonnés par les apôtres a quelque chance de lui appartenir en propre et d’avoir été puisé dans Eusèbe, H. E., iii, 4, 14, 22 ; iv, 5, dans les Clémentines, Hom., iii, 63 ; xi, 31 ; Recogn., iii, 65 ; vi. 15, et dans le Nouveau Testament. Il faut noter cependant que la question de l’apostolicitô des Églises fut de bonne heure à l’ordre du jour ; une liste de ce genre nous est conservée sous le nom d’Hippolyte, P. G., t. x, col. 951958, et une autre plus courte sous le nom de l’apôtre Addaï, publiée et traduite en grec par Paul de Lagarde, Reliquia ; juris ecclesiaslici ant., Leipzig, 1856, syriace, p. 40-44, et grsece, p. 94-95, puis publiée et traduite en latin par Mo r Rahmani, Studia syriaca, fasc. 1, Paris, 1904. Il n’est pas impossible que l’auteur du 1. VII n’ait eu qu’à transcrire une liste antérieure, soi-disant apostolique.

On trouve aussi de nombreux points de contact entre le 1. VII des Constitutions et les lettres interpolées de saint Ignace qui sont signalés parmi les variantes de l’édition Aligne, col. 1005, 1011, 1013, 1032, 1033, 1034, etc., et de l’édition Funk, t. i, p. 387, 389, 397. 399. 401, etc. Aussi attribue-t-on les deux remaniements au même auteur.

5° Y a-t-il eu plusieurs interpolateurs successifs ? — Anastase le Sinaïte, q. xv, cite un long extrait du 1. VII, c. i-xvin, P. G., t. lxxxix, col. 472-476 ; édit. Funk, t. ii, p. 63-67. Son texte présente d’assez nombreuses différences avec les Constitutions et pourrait être regardé comme un texte intermédiaire, à moins d’admettre qu’Atbanase n’a pas reproduit très fidèlement son manuscrit. Même dans le cas où l’on admettrait deux interpolateurs, l’œuvre du second serait relativement minime et le seul qui ait vraiment de l’importance serait le premier. On peut se demander s’il est le même que l’interpolateur des six premiers livres ou s’il en est différent.

6° Comparaison du l. VII avec les six premiers. — M. Funk a étudié longuement cette question, p. 123132, et a montré qu’il y avait tout lieu d’attribuer au même auteur l’interpolation des 1. I-VI et du 1. ATI. Car l’auteur du 1. VII renvoie à ce qu’il a déjà dit au sujet du baptême, cꝟ. 1. VII, c. xxii, et 1. III, c. xvii. xviii. il semble donc bien se donner aussi comme l’auteur de la première partie. Ce fait nous a déjà servi pour déterminer l’époque de l’interpolateur. De plus, la Didascalie porte presqu’à la liii, après Consl. apost., 1. VI, c. xxx : « Nous pourrions, par beaucoup d’autres démonstrations analogues, vous faire connaître avec évidence la Didascalie, mais pour ne pas augmenter et allonger le livre nous terminerons déjà et arrêterons le discours, de crainte que, par la sévérité de la vérité, l’enseignement de notre parole ne vous reste que peu de temps. » L’auteur des Constitutions a supprimé cetle phrase ainsi que toute la suite, ce qu’il n’aurait pas fait s’il avait terminé son remaniement au 1. VI. En outre. une étude minutieuse du texte des 1. I-VI et du 1. VII révèle de très nombreuses analogies entre les premiers et le dernier, il est donc naturel de les attribuer à un même interpolateur. Les deux parties ont des locutions communes relatives aux personnes de la sainte Trinité ainsi qu’un grand nombre de textes bibliques communs (32 sur 70) avec les mêmes particularités, et des sources communes : les Clémentines et Eusèbe. Enfin la tradition les connaît au même titre : Anastase le Sinaïte cite le 1. VII aussi bien que les six premiers. Il en est de même du pseudo-Ignace. Il semble donc bien que les sept premiers livres ont été interpolés par un même