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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


depuis le 1 « » octobre 1880. C’est Joachim III qui la fonda durant son premier patriarcat ; elle est dirigée par un laïque, M. Manuel Gédéon, un polygraphe assez entendu dans l’histoire ecclésiastique néo-grecque, postérieure à 1453. Auparavant paraissait l"EiwX’» )<n « a-Ti /.ïjv Aî'/t'> ; v, édité par 13. Kalliphron de "1869 à 1871, et qui donnait deux fois par an les nouvelles ecclésiasl ii I ues du patriarcat et d’ailleurs, Constantinople, 18691871, 6 petits in-8° ; puis, sous un titre différent, un périodique analogue, ’ExxXyi<TiacTix7| È7r18E<i'>pY]<Tiç, rédigé par le même Kalliphron et qui comprend quatre périodes : de 1871 à 1873 en sept petits vol. ; de 1873 à 1878 en sept petits vol. ; de 1878 à 1881 en trois vol. ; de 1881 à 1884 en trois vol. Un périodique analogue parut en 1860 sous le nom d"AvaTo).ixo ; àarr, p et cessa après 1891 ; chaque année formait un volume. On pourrait citer les noms d’une quinzaine d’autres revues ecclésiastiques, rien que pour le xixe siècle, mais elles n’eurent qu’une existence éphémère. Aujourd’hui, en dehors de l"Exy.Xr, ! 7ta ! 7TtxTi àrfle.ia, la seule revue qui se publie à Constantinople est la Bocnzopi ;, nom trop poétique pour qu’on y rencontre des travaux sérieux. Ce sont les almanachs ou hémérologes, qui sont les vraies revues littéraires annuelles, dans lesquelles sont encastrés nombre d’articles roulant sur des sujets religieux. Si le royaume hellénique souffre d’un excès de presse et semble succomber sous l’avalanche de papier imprimé, par contre, dans l’empire turc, en dehors des grandes villes comme Constantinople, Salonique et Smyrne, il ne se publie guère de journal grec. Dans la capitale, paraissent cinq journaux quotidiens, imprimés en grec et qui donnent les nouvelles ecclésiastiques, la Kiov(jTOomvo-jTicùi ;, le Tay_v3pôp.o :, la Néa Èçï)(i, Epiç, la IIpôo-Soç et la BuÇavtiç. Autrefois, un savant laïque consacrait une place considérable aux recherches byzantines dans son journal quotidien, le NeoXdyoç, et surtout dans sa revue hebdomadaire, NîoXô-fou éSSo[j.aSatx èizi(iz(I>pr r aiç ; celle-ci ne dura que du 8 novembre 1891 au 6 janvier 1895, et le journal fut contraint par la guerre turco-grecque de 1897 de transporter ses bureaux à Athènes. Ceux qui veulent être bien renseignés sur les affaires ecclésiastiques doivent surtout lire les quotidiens d’Athènes, ou bien la IlaTpt ; de Bucarest et la N£a f|[jipa de Trieste, qui sont, le dernier surtout, les journaux d’opposition. Du reste, la censure turque ne permettrait pas à Constantinople de publier quoi que ce soit d’offensant pour les autorités phanariotes, à moins que le gouvernement impérial n’y trouvât son propre intérêt.

Faut-il maintenant parler de la littérature religieuse byzantine, de 1453 à nos jours ? Certes ! les noms ne manquent pas, , mais combien en est-il qui survivront ? Lorsqu’on veut un peu descendre dans les détails et approfondir les genres qu’ils ont cultivés de préférence, on se rend compte aisément que presque tout se borne à la polémique. Polémique contre les Latins, polémique contre les protestants, voilà en deux mots le bilan de la littérature néo-grecque ; les questions littéraires elles-mêmes, si en faveur autrefois à Byzance, ne viennent qu’en dernier lieu dans leurs préoccupations. Ils rééditent les traités des plus fougueux controversistes du moyen âge contre les Latins, ils accentuent eux-mêmes dans leurs écrits les causes de séparation entre les deux Églises, ils en imaginent d’autres au besoin, et ces hommes, qui doivent aux écoles des Occidentaux le peu de culture littéraire dont ils sont pourvus, ont pour exclusif souci celui de décrier leurs bienfaiteurs. Tels sont, au XVe siècle, Maxime du Péloponèse ; au XVIe, Maxime Margounios, évêque de Cythère ; Gabriel Sévère, archevêque de Philadelphie, le calviniste Cyrille Lucaris, Georges Corésios, Théophile Corydalleus, mi-païen, mi-protestant, Nicolas Ivérameus de Janina, Païsios Ligaridès, au cours du xvii° siècle ; et, au XVIIIe,

les frères Joannice et Sophrone Lichoudès, qui travaillent surtout en Russie, Élic Minialès, Lustratios Argentis, etc., etc. La conviction religieuse n’entrait pour rien dans ces réfutations successives des dogmes latins ou protestants et la science y figurait pour une part plus minime encore. Ces polémistes ardents, si chatouilleux sur la pureté de la foi orthodoxe, ne ressentaient, du reste, aucun scrupule à afficher des sentiments opposés, quand ils sollicitaient la charité des hétérodoxes en Allemagne, en Angleterre ou dans les pays catholiques, et leurs quêteurs attitrés exhibaient des lettres de recommandation mielleuses, ils prononçaient des discours sympathiques, quittes, une fois de retour chez eux, à les remplacer par des diatribes d’autant plus véhémentes que la collecte avait produit moins de fruits. Plusieurs même, comme Maxime Margounios et Païsios Ligaridès, passaient alternativement par les deux camps, et leur haine antilatine s’exhalait avec des violences telles qu’elles devaient faire oublier leurs récentes défections. En dehors de ce personnel militant, toujours nombreux à Byzance, on compte de rares historiens et chroniqueurs : Manuel Malaxos, qui écrivit l’histoire du patriarcat de Constantinople de 1458 à 1578, traduite en latin par Martin Crusius ; Dorothée de Monembasie, qui rédigea une chronique, depuis la création jusqu’à 1629 ; enfin, Mélèce de Janina ou d’Athènes, le seul historien ecclésiastique de quelque valeur (-J- 171 i). L’ouvrage de ce dernier est modelé sur les centuries de Magdebourg et renferme trois gros volumes, avec la continuation dont on l’a enrichi. Signalons aussi l’ouvrage d’Ath. Comnène Ypsilantès, Ta y.E7a rïjv â/.to<riv, rédigé sans critique, mais renfermant quelques bons documents. C’est du cloître que sortirent les travailleurs les plus consciencieux et les éditeurs les plus infatigables, comme ce Nicodème l’hagiorite, dont la fécondité est étonnante ; Agapios Landos, qui ne le lui cède en rien ; Eugène Boulgaris, l’homme le plus instruit duxviii » siècle ; Œconomos, Mélèce Typaldos, Grégoire de Chio, d’autres encore. De nos jours, peu d’écrivains se sont distingués, surtout dans les rangs ecclésiastiques, et les meilleurs professeurs de l’école théologique de Halki sont pris parmi les laïques. On connaît Philothée Bryennios, métropolite de Nicomédie, l’heureux découvreur de la Doctrine des douze apôtres ; Antilime Alexoudes, métropolite d’Amasée, qui essaya de refondre YOriens cluislianusde Le Ouien, sans avoir utilisé d’ailleurs cet ouvrage ; Philarète Bapheidès, métropolite de Dimotika, qui a rédigé une histoire ecclésiastique en deux volumes, de la naissance du Christ à 1453, et dont le résumé sert de manuel dans les écoles du pa-Iriarcat ; traduction d’un ouvrage protestant, elle se distingue surtout par son hostilité envers le catholicisme. Deux laïques méritent aussi d’être signalés, M. Manuel Gédéon, qui a beaucoup produit, mais en laissant inachevé à peu près tout ce qu’il a commencé ; M. Papadopoulos-Kerameus, rompu aux méthodes modernes. critique et philologue distingué, qui travaille depuis de longues années en Russie. Convenons, du reste, que la censure turque, excessivement ombrageuse, ne permet pas de toucher aux neuf dixièmes des questions qui intéresseraient le patriarcat, ce qui ne saurait favoriser les études et les recherches.

XXVIil. Le MONA.CHISME. — Le monæhisme, qui joua autrefois un rôle si considérable dans l’histoire de l’Église byzantine, est de nos jours en pleine décadence. Avec l’idée que nous nous en faisons en Occident, c’est-à-dire en entendanl un vrai couvent, composé d’hommes ou de femmes, qui mènent une vie commune sous une règle uniforme, il n’existe guère que dans la presqu’île de la Chalcidique, autrement dit le mont Athos, et dans quelques centres plus favorisés, comme l’île de Patmos, les environs de Trébizonde, Bachkovo en Bulgarie, Limon dans l’île de Lesbos, etc. Certes ! cela ne veut