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175 BAPTÊME DANS LA SAINTE ÉCRITURE

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sairement une nouvelle vie. Joa., ni, 5. La régénération baptismale efface les péchés. Act., ii, 38 ; xxii, 16. Sous ce rapport, elle procure le salui du baptisé, en renouvelant son ànie : Salvos nos fecit per lavacrum regenerationis et renovationis SpiHtus Sancti. lit., iii, 5. Cf. Marc, xvi, 16 ; I Pet., iii, 21. Bien plus, elle est en même temps une source de mort et de vie, selon la doctrine de saint Paul. L’apôtre, dans son épître aux Romains, consacre un chapitre tout entier à développer cette doctrine, que le baptême reproduit en nous, de quelque manière, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. An ignoratis <itia quicumque baptizati sumus in Christo Jesu, in morte ipsius baptizati sumus 1 ? Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in morlem, ut quomodo Christus surrexit a mortuis per gloriam Patris, ila et nos in novitate vitse ambulemus. Rom., vi, 2 sq. Nous participons à la mort du Sauveur, parce que le baptême nous fait mourir au vieil homme, vêtus homo noster simitl crucifixus est, c’est-à-dire détruit en nous tous les péchés qui souillaient notre âme. Nous participons à la résurrection du Christ, parce que le baptême produit en nous une vie nouvelle, que saint Paul décrit ensuite en termes magnifiques. Rom., vin. De cette doctrine générale, relative au baptême, l’apotre tire une conclusion particulière. C’est que, dit-il, il n’y a plus rien à condamner chez ceux qui vivent dans le Christ Jésus : Nihil ergo nunc danmationis est iis qui sunt in Christo Jesu. Rom., viii, 1. La généralité de cette parole a conduit les Pères, les théologiens, et même le concile de Trente à l’interpréter en ce sens, que le baptême a pour effet de nous exonérer complètement vis-à-vis de la justice divine, puisqu’il n’y a plus rien à condamner chez les baptisés considérés comme tels, abstraction faite de toute faute postérieure, car le baptême ne rend pas impeccables ceux qui l’ont reçu. I Cor., x, 12. En d’autres termes, le sacrement, non seulement nous délivre de la peine éternelle, mais remet aussi les peines temporelles dues au péché. Il nous donne droit aussi à la vie éternelle dont nous sommes les héritiers en espérance. Act., ni, 5-7. — La régénération baptismale nous établit en même temps dans de nouvelles relations vis-à-vis de Dieu. D’abord, elle constitue un engagement général envers lui, comme nous l’apprend saint Pierre : Et vos nunc… salvos facit baptisma, non caniis depositio sordium, sed conscientiæ bonse interrogalio (inîpwTr l u.a, stipulatio, engagement) in Deum. I Pet., ni, 21. Le sens le plus probable de ce passage, d’ailleurs obscur et très discuté, c’est que l’effet salvifique du baptême dépend beaucoup moins de l’ablution extérieure de l’eau, qui efface simplement en soi les souillures matérielles, carnis deposilio sordium, que de l’engagement sincère d’une conscience droite vis-à-vis de Dieu, im^il>xr t xa. eî ; Geov. Saint Pierre ne dit pas, remarquons-le bien, que le baptême consiste dans cet engagement envers Dieu ; il suppose clairement que le rite baptismal comprend à la fois l’ablution de l’eau et l’engagement en question, mais que ce second élément est le plus important des deux au point de vue salvifique. Estius, In Paulmn comment., Paris, 1653, p. 1184-1185. En outre, la régénération baptismale nous « revêt du Christ » , c’est-à-dire reproduit en nous son image, et nous fait « entants de Dieu » . Gal., iii, 26, 27. L’Écriture a soin de nous dire que cette filiation est réelle, I Joa., ni, 2, mais pourtant adoptive. Rom., viii, 15 ; Eph., i, 5 ; Gal., iv, 5. Elle participe à la fois de l’adoption et de la génération proprement dite. Voir Adoption surnati relle, t. I, col. 433. Dans h’baptême, on reçoit également le Saint-Esprit, que Dieu le Père communique avec une effusion abondante, selon l’expression de saint Paul : Salvos nos fecit per lavacrum regenerationis et renovationis Spiritus Sancti, quem effudit in nos abunde. Tit., iii, 5, 6. Un autre effel du baptême, c’est d’agréger les croyants à l’Église. Déjà insinuée dans le passage qui attribue au sacrement « l’entrée du royaume de Dieu » , Joa., ni, 5, et dans le précepte d’enseigner et de baptiser toutes les nations, docete, y.y.br^i-^vx.zz, c’est-à-dire « faites des disciples » en baptisant, Maltb., xxviii, 19, cette vérité est affirmée plus clairement par saint Luc, quand il dit : qui receperunt sermonem ejus [l’etri] baptizati sunt, et [hoc baptisnto] appositæ sunt [Ecclesise] in die illa animée circiter tria millia. Act., ii, 41. Saint Paul, en termes encore plus formels, déclare que « tous, dans le même Esprit, nous avons été baptisés pour un seul corps » , eîç Ev crwua. I Cor., XII, 13. Par suite il n’y a dans l’Église qu’un seul baptême. Eph., iv, 5. Ajoutons, afin d’être complet, que les passages scripturaires qui désignent les effets de la justification en général, sans mention expresse d’aucun sacrement, peuvent entrer en ligne de compte, au moins d’une laçon indirecte, pour marquer les effets du baptême, puisqu’il est la source première de toute justification sacramentelle.

VI. Usage. —

Deux questions se posent à ce sujet, concernant ceux qui donnaient le baptême et ceux qui le recevaient, en d’autres termes le ministre et le sujet du sacrement.

Ministre.


Autant que nous pouvons en juger par les rares passages qui parlent de l’administration du baptême, ce sacrement était conféré par des personnes de différentes catégories. Jésus-Christ laisait baptiser par ses disciples, si toutelois il s’agit du baptême chrétien. Joa., iv, 2. Les apôtres, sans aucun doute, baptisèrent eux-mêmes après la Pentecôte, du moins dans certaines circonstances ; témoin saint Paul, qui administra le sacrement au gardien de sa prison et à toute sa famille, Act., xvi, 23, et à Corinthe baptisa Crispus et Caius et la maison de Stephanas. I Cor., I, 14-16. Mais lorsque le nombre des chrétiens devint plus considérable, tout porte à croire qu’ils confièrent à d’autres le soin de baptiser les nouveaux croyants, en se réservant à eux-mêmes la prédication et la prière. Saint Pierre fit baptiser le centurion Corneille avec toute sa famille, Act., x, 48, et saint Paul déclarait que sa mission n’était pas de baptiser, mais d’évangéliser. I Cor., i, 17. C’est un diacre, Philippe, qui administra le sacrement à Simon le magicien, à un grand nombre d’habitants de Samarie et à l’eunuque de la reine Candace. Act., viii, 12, 13, 38. Enfin, quand il s’agit de baptiser saint Paul à Damas, ce fut Ananie, c’est-à-dire, selon toute apparence, un simple laïque, qui en reçut directement de Jésus la mission. Act., ix, 18. "Voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 542.

Sujet.


Tous les hommes peuvent recevoir le baptême, suivant la parole de Jésus-Christ à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les. » Matth., xxviii, 19. Les païens, comme les Juifs, sont les sujets du sacrement. Et pour le recevoir comme il faut, les uns et les autres doivent réaliser exactement les mêmes conditions, celles que nous avons énumérées plus haut. C’est donc faute d’avoir compris la portée universelle de la parole du Sauveur, qu’un certain nombre de chrétiens de la primitive Eglise prétendirent que les païens ne devaient pas recevoir le baptême, a moins de passer d’abord par le judaïsme. Il fallut une intervention divine pour dissiper ce préjugé. La vision de saint Pierre à Joppé et la descente du Saint-Esprit sur le centurion Corneille firent comprendre à tous que les païens, comme les Juifs, pouvaient recevoir le baptême et entrer directement dans l’Église. Act., x. Les explications que saint Pierre crut devoir donner de sa conduite achevèrent d’éclairer les esprits droits sur ce point important. Act., xi.

On s’est demandé si l’Écriture comprenait aussi les enfants parmi les sujets du baptême. Il est certain qu’elle n’eu fait pas mention expresse. On a conjecturé

que les passages on il est question du baptême généra] de toute une famille désignaient aussi le baptême des